Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Chapitre XVII : La Society for Psychical Research

L'histoire complète des activités de la S.P.R., avec ses comptes rendus curieusement mêlés de choses utiles et d'obstructions, n'aurait pas sa place dans cet ouvrage. Il y a cependant certains points qu'il faut mettre en évidence et certaines affaires qu'il faut examiner. Dans certains domaines, les travaux de la société se sont révélés excellents mais, dès le début, elle a commis l'erreur capitale d'afficher un certain dédain envers le spiritualisme, ce qui a eu pour conséquence de lui aliéner pas mal d'hommes qui auraient été utiles dans ses conseils et, par-dessus tout, d'offenser les médiums sans la coopération active desquels la tâche de la société ne peut manquer d'être stérile. Actuellement, la société possède une excellente salle de séance mais le difficile est de persuader un médium d'y pénétrer. Cela est conforme à la justice car tant le médium que la cause qu'il représente sont en danger quand des accusations injurieuses et des faux rapports sont faits avec autant de légèreté que par le passé. La recherche psychique devrait montrer quelque respect pour les sentiments et les opinions des spiritualistes car il est tout à fait certain que sans ces derniers la première n'existerait pas.
Au milieu de l'irritation causée par ce qu'ils considèrent comme une critique offensive, les spiritualistes ne doivent pas oublier qu'à diverses reprises la société a accompli un excellent travail. Elle a, par exemple, été la mère de beaucoup d'autres sociétés qui sont plus actives qu'elle. Elle a aussi instruit beaucoup d'hommes, à Londres et dans sa branche américaine, qui ont accepté les preuves et sont devenus des avocats passionnés du point de vue spiritualiste. De fait, ce n'est pas trop dire que d'affirmer que presque tous les très grands hommes, ceux qui portaient les marques d'une forte mentalité en dehors de ce sujet particulier, adoptèrent l'explication psychique.  Sir William Crookes, Sir Oliver Lodge, Russel Wallace, Lord Rayleigh, Sir William Barrett, le professeur  William James, le professeur Hyslop, le Dr Richard Hodgson et M. F. W. H. Myers étaient tous, à des degrés divers, du côté des anges.
Il y a eu une première société de la même nature, la Psychological Society of Great Britain, fondée en 1875 par M. Serjeant Cox. A la mort de ce monsieur en 1879, la société disparaît. Le 6 janvier 1882 une assemblée, sur l'initiative de Sir William Barrett, se tient afin d'envisager la formation d'une nouvelle société et le 20 février, elle voit le jour. Le professeur Henry Sidgwick, de Cambridge, est élu président et, parmi les vice-présidents, on trouve le Révérend W. Stainton Moses. Le conseil comprend des spiritualistes représentatifs comme M. Edmund Dawson Rogers, M. Hensleigh Wedgwood, le Dr George Wyld, M. Alexander Calder et M. Morell Theobald. Nous verrons au fur et à mesure de l'examen de son histoire comment la Society for Psychical Research va peu à peu s'aliéner les sympathies de ces membres et amener nombre d'entre eux à démissionner, et comment le clivage né très tôt ne cessera de s'élargir avec les années qui passent.
Un manifeste de la société déclare :
« On a largement ressenti que le moment était favorable pour entreprendre un essai organisé et systématique d'investigation du vaste groupe de phénomènes discutables désignés par les termes de mesmériques, psychiques et spiritualistes. »
Le professeur Sidgwick, dans son premier discours présidentiel à la société, le 17 juillet 1882, dit à propos du besoin de recherches psychiques :
« Nous sommes tous d'accord sur le fait que l'état de choses actuel est un scandale pour l'époque éclairée dans laquelle nous vivons, que la querelle sur la réalité de ces merveilleux phénomènes — dont il est tout à fait impossible d'exagérer l'importance scientifique, si seulement un dixième de ce que des témoins dignes de foi ont allégué devait se révéler exact —  je dis que c'est un scandale que la querelle sur la réalité de ces phénomènes fasse encore rage, que tant de témoins compétents aient dû déclarer leur croyance en eux, que tant d'autres s'intéressent profondément à ce que la question soit tranchée et pourtant que le monde instruit, en tant que corps social, doive simplement demeurer dans une attitude d'incrédulité. »
L'attitude de la société ainsi décrite par son premier président est juste et raisonnable. Répondant à une critique exprimant qu'ils ont l'intention de rejeter comme peu dignes de foi les résultats de toutes les études antérieures sur les phénomènes psychiques, il dit :
« Je ne me permettrais pas de supposer que je pourrais produire des preuves de meilleure qualité que bien des choses portées à la connaissance du monde par des auteurs d'une réputation scientifique indubitable — des hommes comme M. Crookes, M. Wallace et le regretté professeur De Morgan. Mais il est clair, à partir de ce que j'ai défini comme devant être le but de la société, qu'aussi satisfaisante que soit la qualité des preuves et des témoignages déjà acquis, nous en exigeons beaucoup plus. »
Le monde savant, il le souligne, n'est pas encore assez convaincu et il faut donc entasser davantage de preuves et de témoignages. Il n'ajoute pas qu'il existe déjà des preuves abondantes mais que le monde n'a pas encore jugé bon de les examiner.
Revenant sur ce point à la fin de son discours, il dit :
« L'incrédulité scientifique a mis si longtemps à se développer, et a des racines si nombreuses et si puissantes que nous ne la tuerons, si nous pouvons jamais la tuer à propos de n'importe laquelle de ces questions, qu'en la brûlant vive sous une montagne de faits. Comme disait Lincoln, nous devons continuer à « persévérer » ; nous devons accumuler fait après fait et ajouter expérience sur expérience et, je dirais, ne pas trop nous chamailler avec des incrédules du dehors sur le caractère probant d'aucune en particulier mais nous en remettre à la masse des preuves pour convaincre. Le plus haut degré de force de démonstration que nous pouvons obtenir d'un seul rapport d'investigation est bien entendu limité par la confiance que nous avons dans les enquêteurs. Nous avons fait tout ce que nous pouvions quand il ne reste plus rien au critique que d'alléguer que l'investigateur est dans le coup. Mais, quand il ne lui reste plus rien d'autre, c'est ce qu'il affirme... Nous devons pousser l'objecteur dans la position où il est obligé soit d'admettre que les phénomènes sont inexplicables, au moins par lui, soit d'accuser les enquêteurs de mensonge, de tricherie, d'aveuglement ou de négligence incompatible avec un seul état intellectuel hormis l'idiotie totale. »
Les premiers travaux de la société sont consacrés à une investigation expérimentale sur la transmission de pensée, sujet que Sir William Barrett (alors encore professeur) a abordé devant l'Association Britannique en 1876. Après de longues et patientes recherches on considère que la transmission de pensée ou télépathie comme l'appelle M. F. W. Myers est un fait établi. Dans le domaine des phénomènes mentaux la société a accompli un gros et précieux travail, enregistré avec soin dans les Proceedings (Comptes rendus) systématiques de la société. Ses recherches dans ce qu'on appelle les « Correspondances Croisées » constituent aussi une phase importante de ses activités. L'investigation de la médiumnité de Mme Piper est aussi un travail notable auquel nous ferons allusion plus loin.
La société est moins heureuse dans son examen de ce qu'on connaît sous le nom de phénomènes physiques du spiritualisme. M. E. T. Bennett, qui a été pendant vingt ans secrétaire de la société, parle ainsi de cet aspect de leurs travaux :
« C'est une chose remarquable, nous serons enclins à dire l'une des choses les plus remarquables de l'histoire de la société que ce domaine d'étude ait été — il est à peine exagéré de le dire — absolument stérile quant aux résultats. On pourrait aussi dire que les résultats n'ont été tels qu'en proportion de la simplicité des soi-disant phénomènes. En ce qui concerne les tables tournantes et les déplacements d'objets à distance, la production de coups frappés audibles et de lumières visibles, l'opinion à l'intérieur même de la société, pour ne pas parler du monde intelligent extérieur, se trouve dans le même chaos que celui que nous connaissions il y a vingt ans. La question des déplacements de tables sans contact est exactement dans l'état où l'a laissée la Société Dialectique en l'année 1869. Même alors, le fait du mouvement d'une lourde table de salle à manger, touchée par aucune des personnes présentes et hors la présence d'un médium professionnel, était attesté par maintes personnes célèbres. Si c'était « un scandale que la querelle sur la réalité de ces phénomènes se poursuive encore » à l'époque où le professeur Sidgwick prononçait son premier discours de président, quel scandale est-ce aujourd'hui quand, après presque un quart de siècle, « le monde savant en tant que corps conserve simplement une attitude d'incrédulité. » Dans toute la série de volumes publiés par la société, aucune lumière n'est jetée sur ces phénomènes allégués et simples de la vue et de l'ouïe. Eu égard aux phénomènes physiques supérieurs dont la production implique une intelligence comme l'Écriture Directe et la photographie d'esprit, quelques investigations ont été menées qui, dans une large mesure quoique pas entièrement ont apporté des résultats négatifs[1]. »
Ces accusations sans appel contre la société sont portées par un critique amical. Voyons comment les spiritualistes de ce temps considéraient ses activités. Pour commencer presque au commencement, nous trouvons en 1883, un an après la fondation de la société, un correspondant qui écrit ceci à Light : « Quelle différence y a-t-il entre la S.P.R. et l'Association Centrale des Spiritualistes ? » et qui demande aussi s'il existe des antagonismes entre les deux organismes. La réponse parait dans un éditorial[2] dont nous tirons cet extrait. Avec quarante ans de recul, il présente un intérêt historique : « Les spiritualistes ne peuvent douter de ce que sera la fin – ils ne peuvent douter que, avec le temps qui passe, la Société pour la Recherche Psychique apportera des preuves aussi nettes et indiscutables de l'existence de la clairvoyance, de l'écriture des esprits, des apparitions d'esprits et des diverses formes de phénomènes physiques que celles qu'elle a réussi à apporter pour la transmission de pensée. Mais cela n'empêche qu'il y a une ligne de démarcation nette entre la Society for Psychical Research et l'Association Centrale des Spiritualistes. Les spiritualistes ont une foi enracinée – non, mieux, une connaissance certaine – quant aux faits sur lesquels la Society for Psychical Research affirme ne pas encore posséder la moindre connaissance. La Society for Psychical Research ne se préoccupe que de phénomènes, cherchant les preuves de leur existence... Pour elle, l'idée d'une communion des esprits, d'une douce conversation avec de chers amis défunts – si précieuse aux yeux des spiritualistes – ne présente actuellement aucun intérêt. Nous parlons, bien entendu, de la société en tant que telle – pas de ses membres pris individuellement. En tant que société, ses membres étudient simplement les os et les muscles ; ils n'ont pas encore accédé au coeur et à l'âme. »
L'éditorialiste poursuit par une incursion dans l'avenir, bien qu'il soit incapable de fixer une date à cet avenir :
« En tant que société, ses membres ne peuvent encore se dire spiritualistes. En tant que société, ils deviendront, au fur et à mesure que les preuves s'accumuleront – d'abord « des spiritualistes sans les esprits » – et finalement, très semblables aux autres spiritualistes, avec la satisfaction supplémentaire qu'en atteignant cette position ils auront bonifié chacun des pas accomplis dans cette voie et que par leur conduite prudente ils auront induit beaucoup d'hommes et de femmes nobles et intelligents à emprunter le même chemin qu'eux. »
En conclusion, le correspondant est assuré qu'il n'y a aucun antagonisme entre les deux organismes et que les spiritualistes sont confiants dans le fait que la Society for Psychical Research accomplit un travail des plus utiles.
Cet extrait est intéressant en ce qu'il montre les sentiments aimables entretenus par le principal organe spiritualiste envers la nouvelle société. La prophétie qui l'accompagne sera pourtant loin de se réaliser. Dans un effort exagéré, après ce qui a été considéré comme une attitude impartiale et scientifique, un certain petit groupe à l'intérieur de la société a continué pendant de nombreuses années à conserver une position sinon d'hostilité du moins de négation persistante de la réalité des manifestations physiques observées avec certains médiums. Le poids des témoignages leur importe peu alors qu'ils proviennent d'hommes dignes de foi étant donné leurs qualifications et leur expérience. Dès que la Society for Psychical Research en arrive à examiner de tels témoignages ou, plus rarement, à mener une investigation par elle-même, soit on lance des accusations ouvertes de fraude contre les médiums soit on suggère des possibilités sur la manière dont les résultats auraient pu être obtenus par des moyens qui ne soient pas supranormaux. Nous avons ainsi le cas de Mme Sidgwick qui, à cet égard, est l'une des pires coupables ; elle affirme d'une, séance avec Mme Jencken (Kate Fox) qui a eu lieu dans une lumière suffisante pour lire des textes imprimés, alors qu'une écriture directe est obtenue sur une feuille de papier fournie par les participants et placée sous la table : « Nous pensons que Mme Jencken aurait pu écrire le mot avec son pied. » Sur Henry Slade :  « L'impression sur mon esprit après une dizaine de séances avec le Dr Slade... est que les phénomènes sont produits par des trucages. » Sur l'écriture sur ardoise de William Eglington : «Quant à moi je n'ai maintenant aucune hésitation à attribuer les performances à une habile manipulation. » Une dame médium, fille d'un professeur renommé, raconta à l'auteur combien l'attitude de Mme Sidgwick en pareille occasion pouvait être insoutenable et vraiment à quel point elle était inconsciemment injurieuse.
Comme nous l'avons déjà dit, on pourrait donner beaucoup d'autres citations dans le même sens, sur d'autres médiums célèbres. Un article intitulé « Mr Eglington » écrit par Mme Sidgwick pour le Journal de la société en 1886, suscite une tempête de critiques acerbes et un supplément spécial de Light est consacré aux lettres de protestations. Dans un commentaire en forme d'éditorial signé par M. Stainton Moses, ce journal qui dans le passé a montré une sympathie si égale pour le nouvel organisme, dit :
« La Society for Psychical Research s'est placée en plus d'une occasion dans une position fausse et quand son attention a été attirée sur le fait, elle a permis un jugement par défaut. L'histoire secrète de la « Recherche Psychique » en Angleterre se révélera, quand elle sera faite, vraiment très instructive et pleine de suggestions. En outre, nous avons le regret de dire que (et nous le disons avec la pleine connaissance de la gravité de nos paroles) dans la mesure où une discussion libre et totale de ces questions est en cause, la société a mené une politique d'obstruction... Dans ces conditions, par conséquent, c'est à la Society for Psychical Research elle-même de décider si le désaccord qui existe malheureusement aujourd'hui devra grandir ou si un modus vivendi entre elle et l'organisation spiritualiste devra s'instaurer. A ce jour, pourtant, aucun désaveu officiel des opinions de Mme Sidgwick en tant que représentant la société n'a encore été publié. Ce serait assurément le premier pas. »
La situation mentionnée ici dans la quatrième année d'existence de cette société n'a guère connu de grand changement jusqu'à nos jours. Nous la trouvons fort bien décrite par Sir Oliver Lodge[3] qui dit de la société, tout en n'approuvant évidemment pas : « On a dit que c'était une société pour la suppression des faits, pour l'imputation générale d'imposture, pour le découragement des sujets
sensitifs et pour la répudiation de toute espèce de révélation qui, soi-disant, s'impose à l'humanité à partir des régions de lumière et de connaissance. »
Si on peut trouver cette critique trop sévère, elle donne au moins le ton d'une partie très influente de l'opinion concernant la Society for Psychical Research.
L'une des premières activités publiques de la S.P.R. est le voyage en Inde de son représentant, le Dr Richard Hodgson, afin d'enquêter sur les prétendus miracles survenus à Adyar, le quartier général de Mme Blavatsky qui a joué un rôle si important dans la résurrection de l'antique sagesse de l'Orient et dans sa transformation, sous le nom de Théosophie, en un système philosophique que l'Occident saurait comprendre et accepter. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner le caractère mixte de cette remarquable femme mais qu'il nous suffise de dire que le Dr Hodgson s'est fait d'elle et de ses miracles allégués une opinion entièrement négative. Pendant un temps, il sembla que cette conclusion était définitive mais, plus tard, on avança certaines raisons pour son réexamen, dont le meilleur résumé peut être trouvé dans la défense de Mme Besant[4]. Le point essentiel de Mme Besant est le suivant : les témoins étaient entièrement malicieux et corrompus et une bonne partie des témoignages se trouvaient nettement fabriqués. Il s'ensuit que si cet épisode, et d'autres analogues, jetteront toujours une ombre sur les comptes rendus de Mme Blavatsky, on ne peut affirmer que le cas particulier ait reçu une réponse définitive.
Dans ce cas comme en d'autres, les critères de la société, quand elle souhaite démontrer la fraude, sont beaucoup plus élastiques que lorsqu'elle examine un phénomène prétendument psychique.
On aura davantage de plaisir à se tourner vers l'examen complet de la médiumnité de Mme Leonora Piper, le célèbre sujet sensitif de Boston, Massachusetts, car c'est l'un des meilleurs résultats obtenus par la Society for Psychical Research. L'investigation s'est poursuivie sur une quinzaine d'années et les comptes rendus sont volumineux. Parmi les enquêteurs on trouve des hommes aussi connus et compétents que le professeur William James, de l'université Harvard, le Dr Richard Hodgson et le professeur Hyslop, de l'université Columbia. Ces trois hommes furent convaincus de l'authenticité des phénomènes se produisant en sa présence, et tous approuvèrent leur interprétation spiritualiste.
Naturellement, les spiritualistes jubilèrent devant cette justification de leurs affirmations. M. E. Dawson Rogers, président de l'Alliance Spiritualiste de Londres, déclare lors d'une réunion, le 24 octobre 1901[5] :
« Un petit événement s'est produit ces derniers jours qui, pense-t-on, appelle quelques mots de ma part. Comme beaucoup d'entre vous le savent, nos amis de la Society for Psychical Research – ou certains d'entre eux – sont passés dans notre camp. Je ne veux pas dire qu'ils ont rallié l'Alliance Spiritualiste de Londres – mais je veux dire que certains qui se riaient et se moquaient de nous il y a quelques années, proclament désormais qu'ils adhèrent à notre foi ; c'est-à-dire qu'ils acceptent l'hypothèse ou la théorie que l'homme continue à vivre après la mort et que dans certaines conditions il a la possibilité de communiquer avec ceux qu'il a laissés derrière lui.
Eh bien, j'ai un souvenir assez pénible des débuts de la vie de la Society for Psychical Research. Je fus, heureusement ou malheureusement, membre de son premier conseil, ainsi d'ailleurs que notre cher ami disparu, W. Stainton Moses. Nous participions tous les deux aux travaux et nous étions désolés par la façon dont le conseil de la Society for Psychical Research recevait toute suggestion sur la possibilité de démontrer que l'existence de l'homme se poursuivait après ce qu'on appelle la mort.  La conséquence fut que, incapables de le supporter plus longtemps, M. Stainton Moses et moi donnâmes notre démission de notre siège au conseil. Quoi qu'il en soit, le temps a eu sa revanche. A cette époque nos amis professaient un grand désir de découvrir la vérité mais ils espéraient, et l'espéraient avec force, que la vérité dirait que le spiritualisme était une supercherie...
Par bonheur, cette époque est révolue, ainsi que cette attitude, et nous pouvons désormais considérer la Society for Psychical Research comme une excellente amie. Elle s'est mise au travail avec assiduité et application et a prouvé que notre affaire –si tant est qu'elle eût besoin de preuves – était entièrement juste. Avant tout, nous avons eu notre cher ami, M. F. W. H. Myers, dont nous chérissons tous le souvenir, et nous n'oublions pas que M. Myers déclara nettement qu'il était arrivé à la conclusion que seule l'hypothèse spiritualiste permettait d'expliquer les phénomènes auxquels à avait lui-même assisté. Ensuite, il y a eu le Dr Hodgson. Ceux d'entre vous qui connaissent le sujet depuis longtemps se rappelleront comment il poursuivait avec sévérité tous ceux qui professaient le spiritualisme. Il était terrible comme un Saul persécutant les chrétiens. Pourtant, même lui, par la vertu de ses investigations sur les phénomènes qui se produisent en présence de Mme Leonora Piper, a rejoint notre bord et proclame honnêtement et sans crainte sa conversion à l'hypothèse spiritualiste. Et maintenant, ces tout derniers jours nous avons eu un remarquable volume dû au professeur Hyslop, de l'université Columbia, de New York, publié par la Society for Psychical Research – un livre de 650 pages qui montre que lui aussi, vice-président de la Society for Psychical Research, est convaincu que l'hypothèse spiritualiste est la seule hypothèse possible pour expliquer les phénomènes dont il a été le témoin. Ils y arrivent tous et je commence presque à nourrir un espoir en ce qui concerne notre bon M. Podmore. »
Aujourd'hui, vingt dures années plus tard, nous voyons que cette prévision était dans l'ensemble trop optimiste. Mais le travail avec Mme Piper reste inégalé.
Le professeur James fit la connaissance de Mme Piper en 1885, ayant appris la visite d'un de ses proches qui obtenait des résultats extrêmement intéressants. Quoique plutôt sceptique, il se décida à enquêter de son propre chef. Il reçut bon nombre de messages probants. Par exemple, sa belle-mère avait perdu son carnet de chèque mais le Dr Phinuit, le contrôleur de Mme Piper, quand il lui demanda d'aider, à le retrouver, dit où il se trouvait et ce renseignement se révéla exact. Une autre fois, ce contrôleur dit au professeur James : « Votre enfant a un camarade de jeu dans notre monde qui se nomme Robert F. » Les F. sont des cousins de M. James qui habitent dans une ville éloignée. Le professeur dit à sa femme que le Dr Phinuit a fait une erreur sur le sexe de l'enfant décédé des F. parce qu'il a prétendu qu'il s'agit d'un garçon. Or le professeur James a tort ; l'enfant était vraiment un garçon et le renseignement fourni est correct. Il ne peut s'agir là d'une lecture dans le cerveau conscient de l'expérimentateur. On pourrait donner beaucoup d'autres exemples de communications véridiques. Le professeur décrit Mme Piper comme une personne parfaitement simple et vraie et il parle ainsi de son investigation : « Le résultat me donne la certitude aussi absolue que celle de n'importe quel fait personnel au monde qu'elle sait des choses pendant ses transes dont elle n'aurait absolument pas pu entendre parler en état de veille normal. »
Après la mort du Dr Richard Hodgson en 1905, le professeur Hyslop obtient, par l'intermédiaire de Mme Piper, une série de communications probantes qui le convainquent qu'il est réellement en contact avec son ami et collègue. Par exemple, Hodgson lui rappelle un médium privé sur les pouvoirs duquel les deux hommes ont eu un différend. Il dit qu'il a été la voir et ajoute : « J'ai trouvé les choses en meilleur état que je ne le pensais. » Il parle d'un test à l'eau colorée que Hyslop et lui ont utilisé pour mettre un médium à l'épreuve à huit cents kilomètres de Boston et au sujet duquel Mme Piper ne peut rien savoir. Il y a aussi la mention d'une discussion qu'il a eue avec Hyslop sur les coupes à faire dans le manuscrit de l'un des ouvrages de Hyslop. Le sceptique peut objecter que ces faits sont connus du professeur Hyslop de qui Mme Piper les obtient par télépathie. Mais, accompagnant les communications il y a de nombreuses preuves de traits personnels propres au Dr Hodgson que le professeur Hyslop a identifiées.
Pour permettre au lecteur de juger du caractère péremptoire de certaines preuves obtenues par le canal de Mme Piper sous le contrôle de Phinuit, nous extrayons le passage suivant[6] :
« Au cours de la 45ème séance anglaise, le 24 décembre 1889, en présence de MM. Oliver et Alfred Lodge et de M. et Mme Thompson, Phinuit dit soudain : « Connaissez-vous Richard, Rich, M. Rich? »
Mme Thompson : « Pas bien. J'ai connu un Dr Rich. »
Phinuit : « C'est lui. Il est décédé. Il envoie à son père ses affectueuses pensées. »
Au cours de la 83e séance, en présence à nouveau de M. et Mme Thompson, Phinuit dit tout à coup:
« Voici le Dr Rich ! » Sur quoi le Dr Rich commence à parler :
Dr Rich : « C'est très aimable à ce monsieur (c'est-à-dire le Dr Phinuit) de me laisser vous parler. M. Thompson, je voudrais que vous transmettiez un message à mon père. »
M. Thompson : « Je le lui donnerai. »
Dr Rich : « Merci mille fois ; c'est très gentil de votre part. Vous voyez, j'ai décédé plutôt subitement.
Père en a beaucoup souffert et il en souffre encore. Il ne l'a pas encore surmonté. Dites-lui que je suis vivant – que je l'embrasse. Où sont mes lunettes ? » (Le médium passe les mains devant ses yeux). « J'avais l'habitude de porter des lunettes. (Exact). Je crois qu'il les a, ainsi que certains de mes livres. J'avais une mallette noire – je crois qu'il l'a aussi. Je ne veux pas qu'on la perde. Il est parfois ennuyé par une sensation de vertige dans sa tête – cela le rend nerveux – mais c'est sans Importance. »
M. Thompson : « Que fait votre père ? »
Le médium prend une carte et paraît écrire dessus ; il fait semblant de mettre un timbre dessus dans le coin.
Dr Rich : « Il s'occupe de ce genre de chose. M. Thompson, si vous voulez lui faire ce message, je vous aiderai de bien des façons. Je le peux et je le veux. »
Le professeur Lodge, à propos de cet épisode, fait remarquer : « M. Rich, le père, dirige la Poste de Liverpool. Son fils, le Dr Rich, était presque un étranger pour M. Thompson et tout à fait inconnu de moi. Nous avons découvert que le père était très abattu par la mort de son fils. M. Thompson est allé le voir pour lui communiquer le message. Il (M. Rich père) considère que l'épisode est très extraordinaire et inexplicable, sauf par une quelconque fraude. La phrase « Merci mille fois », nous a t-il assuré, est caractéristique et il a admis souffrir de légers vertiges. » M. Rich ne savait pas ce que son fils voulait dire par « une mallette noire. » La seule personne qui, à l'époque, pouvait donner des renseignements à ce sujet se trouvait en Allemagne. Mais on a rapporté que sur son lit de mort le Dr Rich parlait sans arrêt d'une mallette noire.
M. Sage fait ce commentaire : « II ne fait aucun doute que M. et Mme Thompson connaissaient le Dr Rich, l'ayant rencontré une fois. Mais ils ignoraient complètement tous les détails donnés ici. D'où le médium les tirait-il ? Pas de l'influence laissée sur quelque objet car il n'y avait aucun objet de cette sorte à la séance. »
Mme Piper a eu plusieurs contrôleurs aux divers moments de sa longue carrière. Le premier a été un Dr Phinuit, qui affirmait avoir été un médecin français mais le récit de sa vie terrestre est plein de contradictions et peu satisfaisant. Lui-même mis à part, ses prestations ont toujours été des plus remarquables et il a convaincu un grand nombre de gens qu'il était effectivement un intermédiaire entre les vivants et les morts. Pourtant, certaines objections à son égard ne manquent pas de force car, bien qu'il soit tout à fait possible qu'une expérience prolongée des conditions régnant dans l'Autre Monde puisse émousser nos souvenirs terrestres, il n'est guère concevable qu'elle puisse le faire dans la mesure impliquée dans les déclarations de ce contrôleur. D'un autre côté, l'autre théorie selon laquelle il est une personnalité secondaire de Mme Piper, un toron isolé, pour ainsi dire, échappé du tissu complet de son individualité, ouvre sur des difficultés encore plus grandes car tant de choses ont été apportées qui dépassaient toutes les connaissances possibles du médium.
En étudiant ces phénomènes, le Dr Hodgson, qui a fait partie des censeurs les plus sévères de toutes les explications transcendantes, est progressivement obligé d'admettre l'hypothèse spiritualiste comme la seule qui recouvre les faits. Il trouve que la télépathie entre les assistants et le médium n'y parvient pas. Il est très impressionné par le fait que là où l'intelligence en communication avait eu l'esprit troublé avant la mort, les messages ultérieurs étaient obscurs et sauvages. Cela resterait inexplicable si les messages n'étaient que le simple reflet de la mémoire des personnes présentes. D'un autre côté, il y a eu des cas, tels celui de Hannah Wild, où un message scellé pendant la vie ne put être donné après la mort. Tout en admettant la validité de pareilles objections, on ne peut que répéter que nous devrions rester fidèles aux résultats positifs et espérer que des connaissances plus étendues pourront donner la clef qui expliquera ceux qui semblent négatifs. Comment nous rendre compte des lois et des difficultés particulières de ce genre d'expérience ?
En mars 1892, le contrôleur Phinuit est en grande partie supplanté par le contrôleur George Pelham et toute la tonalité des communications s'élève du fait de ce changement. George Pelham est un jeune littérateur mort à l'âge de trente-deux ans à la suite d'une chute de cheval. Il s'est intéressé à l'étude du psychique et a effectivement promis au Dr Hodgson que s'il trépassait il s'efforcerait de fournir des preuves. C'est une promesse qu'il tient parfaitement bien et l'auteur souhaite exprimer ici sa gratitude car c'est l'étude des comptes rendus de George Pelham[7] qui a rendu son intellect réceptif et ouvert jusqu'à ce que les preuves finales lui soient apportées pendant la Grande Guerre. Pelham préférait écrire par la main de Mme Piper et c'était une chose assez courante que d'entendre Phinuit parler tandis que, en même temps, Pelham écrivait. Pelham établit son identité en rencontrant trente anciens amis que le médium ne connaissait pas, les reconnaissant tous et s'adressant à chacun sur le ton qu'il utilisait dans la vie. Il ne confondit jamais' un étranger et un ami. On a du mal à imaginer comment la continuité de l'individualité et le pouvoir de communication – les deux fondements du spiritualisme – pourraient être plus clairement établis que par une telle preuve. Il est instructif de savoir que Pelham trouvait l'acte de communication très agréable. « Je suis heureux ici et davantage encore depuis que j'ai découvert que je pouvais communiquer avec vous. J'ai pitié de ces gens qui ne savent pas parler. » Il montrait parfois une ignorance du passé. Commentant ce point, M. Sage dit avec sagesse : « S'il y a un autre monde, les esprits ne s'y rendent pas pour ruminer sur ce qui est arrivé dans notre vie incomplète : ils y vont pour être emportés dans le tourbillon d'une activité plus haute et plus grande. Si, par conséquent, ils oublient parfois, ce n'est pas surprenant. Néanmoins, ils semblent oublier moins que nous[8]. »
Il est clair que si Pelham a établi son identité, alors tout ce qu'il peut nous dire sur son expérience réelle de l'autre monde revêt une importance extrême. C'est là que le côté phénoménal du spiritualisme cède la place à l'aspect purement religieux, car quelle assurance du plus vénérable des professeurs, ou des écrits les plus respectables, pourra nous donner la même absolue conviction qu'un compte rendu de première main par quelqu'un que nous avons connu et qui mène réellement la vie qu'il décrit ? Ce sujet est traité plus complètement un peu plus loin, aussi nous suffit-il de dire ici que le rapport de Pelham est, dans l'ensemble, le même que ce que nous avons si souvent reçu et qu'il décrit une vie d'évolution progressive en continuation de la vie terrestre et qui présente la plupart des mêmes caractéristiques, quoique sous une forme généralement plus agréable. Ce n'est pas une vie faite uniquement de plaisirs ou d'oisiveté égoïstes mais une vie où toutes nos facultés personnelles reçoivent un champ d'action très étendu.
En 1898, James Hervey Hyslop, professeur de logique et de morale à l'université Columbia, remplace le Dr Hodgson à la direction des expérimentations. Démarrant avec la même position de scepticisme, il est à son tour obligé, par les mêmes expériences, d'en arriver aux mêmes conclusions. Il est impossible de lire ses rapports, qu'on trouvera dans ses divers ouvrages ainsi que dans le volume XVI des Proceedings de la S.P.R., sans ressentir combien il ne pouvait le moins du monde résister aux preuves. Son père et de nombreux parents reviennent et ont des conversations qui dépassent de loin toute explication alternative sur la personnalité secondaire ou la télépathie. Il ne tourne pas autour du pot dans sa conversion mais dit : « J'ai parlé avec mon père, mon frère, mes oncles », et quiconque lit son rapport est obligé de tomber d'accord avec lui. Comment cette société peut-elle disposer de pareilles preuves dans ses propres « Proceedings » et pourtant, dans la mesure où la majorité de son Conseil est concernée, ne pas se convertir au point de vue spiritualiste, cela reste un véritable mystère. On ne peut l'expliquer que par le fait qu'il existe un certain type de mentalité centrée sur elle-même et limitée – quoique parfois bien vive – qui n'est absolument pas impressionnée par ce qui arrive à un autre et qui est pourtant faite de telle manière que c'est la dernière espèce de mentalité qui obtiendra des preuves pour elle-même à cause des effets qu'elle produit sur le matériel dont ces preuves dépendent. L'on trouve ici la raison de ce qui autrement resterait inexplicable.
Aucun souvenir n'est trop infime ou trop précis pour le père de Hyslop ; il rapporte tout à son fils. Bien des faits étaient oubliés et certains sont encore ignorés par ce dernier. Deux bouteilles sur son bureau, son canif marron, son tuyau de plume, le nom de son cheval, sa casquette noire – les gens peuvent trouver ces choses triviales mais elles sont essentielles pour établir une personnalité. Il était membre d'une petite secte assez stricte. Il ne paraît avoir changé qu'en cela. « L'orthodoxie n'importe pas ici. J'aurais changé d'avis sur bien des choses si j'avais su.»
On notera avec intérêt qu'au cours de son seizième entretien, le professeur Hyslop adopte les méthodes des spiritualistes ; conversant librement et sans mise à l'épreuve, il obtient davantage de recoupements réels que dans les quinze séances où il a adopté toutes les précautions. Ceci confirme l'opinion que moins il y a de contraintes dans ces entretiens, plus les résultats sont satisfaisants et que le chercheur méticuleux gâche souvent sa propre séance. Hyslop a raconté que sur les 205 épisodes cités dans ces conversations, il a pu en vérifier pas moins de 152.
Il se peut que la conversation la plus intéressante et la plus intense jamais tenue à travers Mme Piper ait été celle qui eut lieu entre les deux chercheurs après la mort de Richard Hodgson en 1905. Nous avons là deux hommes au cerveau de premier plan – Hodgson et Hyslop – l'un « mort », l'autre disposant de toutes ses facultés, entretenant une conversation à leur niveau habituel à travers la bouche et la main de cette femme peu instruite et en état de transe. C'est une situation merveilleuse et presque inconcevable que celui qui a pendant si longtemps examiné l'esprit qui utilisait la femme doive désormais être effectivement l'esprit qui utilise la femme pour être à son tour examiné par son ancien collègue. L'épisode dans son entier mérite une étude attentive[9].
Il en va de même pour le message suivant, prétendument de Stainton Moses. Le passage que nous donnons ci-après devrait donner à penser à plus d'un de nos chercheurs psychiques trop matérialistes. Le lecteur décidera tout seul s'il est vraisemblable qu'il soit issu du cerveau de Mme Piper :
« Nous souhaitons tous vous faire bien saisir, ainsi qu'aux amis sur la terre, cette pensée qu'il y a une différence entre l'entrée dans le Monde des Esprits de ceux qui recherchent un développement spirituel et celle de ceux qui cherchent simplement une connaissance scientifique. Le Dr Hodgson me dit que je dois vous annoncer que c'était une grande erreur pour lui de s'être tenu aussi près de la vie matérielle et des choses matérielles. Vous comprendrez qu'il veut dire qu'il ne se situait pas dans le royaume élevé du spirituel. Il ne considérait pas ces affaires psychiques du même point de vue que moi. Il cherchait à tout fonder essentiellement sur des faits matériels et ne désirait pas tout interpréter comme entièrement spirituel. Quand quelqu'un vient ici comme il est venu, il est
transplanté d'une sphère de vie dans une autre comme un bébé qui vient de naître. Depuis qu'il est ici il a été assiégé de messages en provenance de votre monde. Des messagers lui apportent toutes sortes de questions. Tout cela est vain : il ne sait pas répondre. Il répète que je dois vous dire qu'il se rend compte maintenant qu'il n'a vu qu'un seul côté de cette grande question et que c'était le moins important .»
Une description de ce remarquable médium peut intéresser le lecteur. M. A. J. Philpott dit d'elle : 
« Je découvris une femme d'âge mûr, bien proportionnée, avenante et respirant la santé, d'une taille supérieure à la moyenne, aux cheveux châtain foncé et qui se tenait avec une sorte de maintien respectable dénotant un assez bon naturel. Elle ressemblait à une femme riche sans caractéristiques particulièrement marquées, intellectuelles ou autres. Je me serais plutôt attendu à trouver une autre sorte de femme, quelqu'un qui montrerait des signes plus apparents d'énergie nerveuse ; cette femme avait l'air aussi calme et flegmatique qu'une hausfrau germanique. A l'évidence, elle ne s'était jamais souciée de métaphysique ni d'aucune autre question au caractère vague ou abstrait. D'une certaine façon, elle me faisait penser à une infirmière que j'avais vue autrefois dans un hôpital – une femme calme, maîtresse d'elle-même. »
Comme beaucoup d'autres grands médiums, comme Margaret Fox-Kane, elle était très agnostique quant à l'origine de ses propres pouvoirs, ce qui dans son cas est des plus naturels puisqu'elle se trouvait toujours dans un état de transe profonde et ne disposait que de renseignements de seconde main pour juger de ce qui se produisait. Elle était elle-même encline à une explication plutôt superficielle et grossière par la télépathie. Comme dans le cas d'Eusapia Palladino, sa médiumnité lui arriva après une blessure à la tête. Il semble que ses pouvoirs l'aient quittée aussi subitement qu'ils lui étaient survenus. L'auteur a fait sa connaissance à New York en 1922, époque à laquelle elle semblait avoir totalement perdu tout don personnel, bien qu'elle eût conservé son intérêt pour le sujet.
La société a consacré une somme énorme de travail et de patience à l'examen de ce qu'on connaît sous le nom de « correspondances croisées ». On trouve dans les Proceedings de la société des centaines de pages sur ce sujet qui a soulevé une vive polémique.
On a suggéré que le plan avait été conçu dans l'Autre Monde par F. W. H. Myers comme méthode de communication qui éliminerait cet épouvantail de tant de recherches psychiques — la télépathie des vivants. Nous avons au moins la certitude que sur terre Myers avait envisagé le projet sous une forme plus simple, c'est-à-dire obtenir le même mot ou message par l'intermédiaire de deux médiums différents.
Mais la correspondance croisée de la S.P.R. est pour l'essentiel d'un caractère beaucoup plus compliqué. Ainsi, un message écrit n'est pas la simple reproduction de déclarations faites dans un autre message ; les écrits semblent plutôt conçus pour représenter des aspects différents de la même idée et souvent l'information contenue dans l'un éclaire et complète celle contenue dans l'autre.
Mlle Alice Johnson, agent de recherche de la S.P.R., fut la première à remarquer ce lien entre divers écrits. Elle cite cet exemple simple :
« Dans un cas le message écrit de Mme Forbes, censé provenir de son fils Talbot, affirmait qu'il devait maintenant la quitter car il recherchait un sujet sensitif qui écrivait automatiquement, afin d'obtenir une corroboration de ses propres messages à elle.
« Le même jour, Mme Verrall écrivait quelque chose sur un sapin planté dans un jardin et le message écrit était signé d'une épée et d'un clairon suspendu. Celui-ci faisait partie de l'insigne du régiment auquel avait appartenu Talbot Forbes et Mme Forbes avait dans son jardin quelques sapins, dont les graines lui avaient été envoyées par son fils. Ces faits étaient inconnus de Mme Verrall. »
Mlle Johnson, qui procède à un examen serré des messages parvenant par Mme Thompson, Mme Forbes, Mme Verrall, Mme Willett, Mme Piper, entre autres, écrit en ces termes la conclusion à laquelle elle arrive :
« Les caractéristiques de ces cas — ou au moins de certains d'entre eux — est que nous n'obtenons pas dans le message écrit d'un automatiste quelque chose qui ressemble à une reproduction mécanique mot pour mot des phrases d'un autre. Nous n'obtenons même pas la même idée exprimée de diverses façons — ainsi qu'il pourrait résulter d'une télépathie directe entre eux. Ce que nous obtenons est une expression fragmentaire dans un message qui paraît n'avoir aucun sens ni signification particulière, et une autre expression fragmentaire dans un autre message, d'un caractère tout aussi inintéressant ; mais quand nous rapprochons les deux, nous constatons qu'ils se complètent et qu'il y a apparemment une idée cohérente sous-jacente en eux deux mais qui ne s'exprime que partiellement dans chacun.»
Elle dit[10] — ce qui n'est certainement pas un fait car on peut citer des centaines de cas contraires — que :
« La faiblesse de tous les cas bien authentifiés de télépathie apparente ou provenant des morts est, bien entendu, qu'on peut en général les expliquer par la télépathie entre les vivants. »
Et elle ajoute :
« Dans ces correspondances croisées nous trouvons pourtant apparemment une télépathie se rapportant au présent — c'est-à-dire que les déclarations correspondantes sont approximativement contemporaines — et à des événements dans le présent qui, à tous égards, sont inconnus de toute personne vivante puisque le sens et l'objet de chaque message sont souvent incompréhensibles de chacun des automatistes jusqu'à ce qu'on découvre la solution en réunissant les deux messages. En même temps, nous possédons la preuve de ce qui s'est produit dans les écrits mêmes. Il apparaît ainsi que cette méthode a pour but de satisfaire à nos conditions expérimentales. »
Le chercheur qui entreprendra l'immense tâche d'examiner avec soin ces documents — il y en a des centaines de pages imprimées — sera peut-être satisfait par la preuve apportée.
Mais, en réalité, nous constatons que bien des chercheurs psychiques capables et expérimentés considèrent ceci comme peu satisfaisant. Voici quelques opinions sur le sujet.
Richet dit :
« Ce sont certainement des cas bien nets de cryptesthésie mais qu'il y ait cryptesthésie, lucidité ou télépathie, ils ne supposent en aucun cas la survivance d'une personnalité consciente[11]. »
Il faut cependant se rappeler que Richet n'est pas un opposant impartial car admettre les esprits signifierait pour lui une contradiction des enseignements de toute une vie.
Le Dr Joseph Maxwell appartient à la même école de pensée que Richet. Il dit :
« Il est impossible d'admettre l'intervention d'un esprit. Nous voulons la preuve de faits et le système des correspondances croisées repose sur des faits négatifs ce qui en fait une fondation instable. Seuls les faits positifs ont une valeur intrinsèque, ce que les correspondances croisées ne peuvent pas montrer, pas jusqu'ici en tout cas. »
On peut remarquer que Maxwell, comme Richet, a aujourd'hui parcouru un bon bout de chemin en direction de la position spiritualiste.
Nous trouvons dans le Spectator de Londres un examen de la question sur un ton de gravité appropriée.
« Même si ces choses (c'est-à-dire les correspondances croisées d'un type complexe) étaient courantes, ne pourrait-on pas dire qu'elles prouveraient simplement que quelque être conscient les produit ; qu'elles prouveraient à peine que l'être conscient serait « dans l'esprit » ; qu'elles ne prouveraient certainement pas qu'il est précisément la personne morte qu'il prétend être ? Une correspondance croisée est une preuve possible d'organisation, pas d'identité. »
Il est exact que beaucoup d'hommes de talent, comme Sir Oliver Lodge et M. Gerald Balfour, acceptent pour preuves les correspondances croisées. Mais si celles-ci n'apportent satisfaction qu'à un nombre relativement faible, alors elles n'ont pas atteint leur but.
Voici quelques exemples de l'espèce la plus simple tirés des Proceedings de la S.P.R. Comme il y a de cinquante à cent pages imprimées consacrées à un seul des cas les plus complexes, il est difficile de les résumer correctement en quelques phrases et il est impossible d'exagérer l'ennui qu'ils procurent au lecteur dans leur intégralité.
Le 11 mars 1907 à une heure, Mme Piper dit en sortant de transe :
« Violettes. »
Le même jour à onze heures du matin, Mme Verrall écrit automatiquement :
« Avec des boutons de violettes leurs têtes étaient couronnées.
Violaceae odores (parfums de couleur violette.)
Violette et feuille d'olivier, pourpre et antique.
La cité de la violette... »
Le 8 avril 1907, le prétendu esprit de Myers dit à Mme Sidgwick, par l'intermédiaire de Mme Piper :
« Vous souvenez-vous d'Euripide ?... Vous souvenez-vous de l'Esprit et de l'Ange ? J'ai donné les deux... Presque tous les mots que j'ai écrits aujourd'hui se rapportent aux messages que j'essaie de donner par Mme V. »
Le 7 mars, pendant une séance d'écriture automatique, Mme Verrall avait produit les mots « Hercules Furens » et « Euripide. » Et le 25 mars Mme Verrall écrit :
« La pièce Hercule entre en jeu ici et la solution se trouve dans la pièce d'Euripide, si seulement vous pouviez le voir... »
Cela nous semble sans aucun doute dépasser la coïncidence.
A nouveau, le 16 avril 1907, Mme Holland, en Inde, produit un message écrit dans lequel viennent les mots « Mors » et « L'ombre de la mort. »
Le lendemain, Mme Piper prononce le mot Tanatos (Thanatos étant le mot grec pour « mort », comme Mors en latin).
Le 29 avril, Mme Verrall écrit un message entièrement concerné par l'idée de la Mort, avec des citations de Landor, Shakespeare, Virgile et Horace qui impliquent toutes l'idée de Mort.
Le 30 avril, Mme Piper, dans la phase de sortie de transe, répète le mot Thanatos trois fois de suite. Ici encore la théorie de la coïncidence paraît très forcée.
Une autre correspondance croisée à propos de la phrase Ave Roma immortalis est beaucoup trop longue.
A son propos, M. Gerald Balfour[12] dit que l'idée complète était un célèbre tableau se trouvant au Vatican.
Le message de Mme Verrall donne des détails du tableau sans signification pour elle mais que la phrase «Ave Roma immortalis » qui arrive quelques jours plus tard dans un message de Mme Holland rend clairs.
Une caractéristique intéressante est l'apparente compréhension du contrôleur quant à ce qui se passe.
Le 2 mars, quand la correspondance croisée commence, Mme Verrall écrit qu'elle aura un mot envoyé « par une autre dame » qui élucidera la question. Le 7 mars, à la fin de la correspondance croisée, la contribution de Mme Holland se termine par ces mots : « Comment rendre les choses encore plus claires sans lui donner la solution ? »
M. Gerald Balfour considère avec raison que ces deux commentaires montrent que cette correspondance croisée a été délibérément amenée.
Dans un commentaire sur la façon dont la signification est ingénieusement enveloppée dans ces correspondances croisées, Sir Oliver Lodge dit de l'une d'elles :
« L'habileté, la complication et le caractère allusif et littéraire rendent difficile la lecture de ce rapport, même débroussaillé et présenté avec le talent de M. Piddington. »
Cette critique, de la part de quelqu'un qui est convaincu de leur caractère véridique, indique suffisamment que les correspondances croisées ont peu de chances d'exercer autre chose qu'une attraction limitée. Pour le spiritualiste ordinaire elles semblent être une méthode excessivement détournée pour démontrer ce qu'on peut prouver par des méthodes plus aisées et plus convaincantes. Si un homme s'essayait à prouver l'existence de l'Amérique en ramassant du bois flotté sur les rivages européens ainsi que le fit jadis Colomb, au lieu de se mettre en contact avec le pays et ses habitants, on aurait une analogie avec ces méthodes d'investigation détournées.
Mis à part les correspondances croisées par écrit, d'autres procédés ont été analysés en détail par la S.P.R., le plus remarquable et le plus convaincant étant ce qu'on a appelé « L'Oreille de Dionysios».
On doit admettre qu'après l'atmosphère humble et parfois sordide des phénomènes physiques, ces excursions intellectuelles nous emportent dans une atmosphère plus pure et plus raréfiée. Les correspondances croisées étaient trop prolongées et trop compliquées pour garantir l'acceptation, et elles ressemblaient par trop à quelque pédant jeu de salon. Il en va autrement avec l'Oreille de Dionysios. Elle prend nécessairement un ton académique car le sujet est classique, sans doute traité par deux professeurs, mais il s'agit d'une tentative très directe et très claire pour prouver la survie en montrant que personne sauf ces messieurs précisément n'aurait pu produire le message écrit et qu'il dépassait sans aucun doute les connaissances ou les facultés de celui qui écrivait.
Ce rédacteur, qui choisit de porter le nom de Mme Willett, produisit en 1910 la phrase « Oreille de Dionysios. Le Lobe. » Le hasard voulut que Mme Verrall, épouse d'un célèbre érudit classique fût présente et qu'elle parlât de la phrase à son mari. Il expliqua qu'on donnait ce nom à une immense carrière abandonnée à Syracuse qui avait en gros la forme d'une oreille d'âne. C'est dans cet endroit qu'on avait rassemblé les malheureux captifs athéniens après leur célèbre défaite, immortalisée par Thucydide, et il avait reçu ce nom parce qu'on affirmait que ses propriétés acoustiques particulières avaient permis au tyran Dionysios d'écouter les conversations de ses victimes.
Le Dr Verrall mourut peu après et en 1914, les messages de Mme Willett commencèrent à comporter de nombreuses références à l'Oreille de Dionysios. Elles semblaient du défunt docteur. Par exemple, une phrase disait : « Vous rappelez-vous que vous ne saviez pas et que je me plaignis de votre ignorance en matière classique ? C'était au sujet d'un endroit aux propriétés acoustiques où l'on gardait les esclaves. Pensez à la galerie des murmures. »
Certaines des allusions, comme celle citée ci-dessus, indiquaient le Dr Verrall tandis que d'autres semblaient associées à un autre érudit décédé en 1910. Il s'agissait du professeur S. H. Butcher, d'Edimbourg. Ainsi, un message écrit disait : « Le Père Cam marche bras dessus bras dessous avec le Canongate, » c'est-à-dire, Cambridge avec Edimbourg. Toute l'étrange mosaïque était décrite par un contrôleur comme « une association d'idées littéraires indiquant l'influence de deux esprits désincarnés ». L'idée fut certainement mise en oeuvre et personne ne peut lire le résultat avec soin sans acquérir la conviction qu'il a son origine dans quelque chose d'entièrement distinct du rédacteur. Les références classiques étaient si abstruses que même les meilleurs spécialistes se trouvaient parfois déroutés et l'un d'eux déclara qu'aucun cerveau à sa connaissance, sauf ceux de Verrall .et de Butcher, n'aurait pu produire ce résultat. Après un examen attentif des documents, M. Gerald Balfour déclara qu'il était prêt à accepter ces savants comme « auteurs réels de ce curieux puzzle littéraire ». Les êtres invisibles en communication paraissent s'être fatigués de méthodes aussi détournées et on prétend que Butcher aurait dit : « Oh, ces vieilles bêtises sont diablement ennuyeuses ! » Quoi qu'il en soit, le résultat obtenu est l'un des plus réussis et des plus nets de toutes les explorations purement intellectuelles de la S.P.R.
Le travail récent de la S.P.R. n'a pas rehaussé sa réputation et c'est avec réticence que l'auteur, qui en est l'un des plus anciens membres, est obligé de l'avouer. L'appareil central de la société est tombé aux mains d'hommes dont le seul souci semble être non de démontrer la vérité mais de démontrer la fausseté de ce qui paraît surnaturel. Deux grands hommes, Lodge et Barrett, se sont opposés à ce courant mais les obstructionnistes les ont mis en minorité. Les spiritualistes, en particulier les médiums, considèrent avec aversion les enquêteurs et leurs méthodes. Ces gens semblent n'avoir jamais entrevu que le médium est ou devrait être inerte et qu'il peut y avoir une force intelligente derrière le médium qui ne peut être encouragée et attirée que par une douce sympathie et une attitude mesurée et pleine de tact.
Éva, le médium à matérialisation, venait de France ; les résultats furent insuffisants et des précautions excessivement exagérées empêchèrent d'atteindre au but visé. Le rapport dans lequel le comité annonce sa conclusion est un document bourré de contradictions car tandis que le lecteur ordinaire en déduirait qu'aucun résultat – aucun digne d'être enregistré – ne fut obtenu, le texte est en fait illustré de photographies d'extensions ectoplasmiques qui ressemblent exactement, en miniature, à celles obtenues à Paris. Mme Bisson, qui accompagnait sa protégée à Londres, à leur grand désagrément à toutes deux, s'indigna naturellement de pareilles conclusions et le Dr Geley publia un article mordant dans les Annales de l'Institut Métapsychique dans lequel il dénonçait les fautes de l'investigation et l'absence de valeur du rapport. On peut excuser des professeurs de la Sorbonne d'avoir traité Éva sans égards pour la loi psychique, mais les représentants d'un organisme scientifique psychique auraient dû montrer une meilleure compréhension.
Les attaques contre M. Hope, le photographe psychique, furent examinées par une forte commission indépendante qui montra qu'elles étaient dénuées de tout fondement et qu'elles dépotaient même certains signes d'un complot contre le médium. La société se trouva directement impliquée dans cette affaire malsaine car un de ses responsables avait pris part aux conclusions qui furent publiées dans le Journal. Toute l'histoire de cette affaire et le refus de la société d'assumer les faits quand on les lui montra, laissent une ombre sur les rapports de tous les épisodes concernés.
Cependant, tout compte fait, le monde s'est fort bien porté de l'existence de la S.P.R. Elle a été un lieu de défrichement des idées psychiques et une étape commode pour ceux que le sujet attirait mais qui craignaient un contact plus étroit avec une philosophie aussi radicale que le spiritualisme. Il y a eu un mouvement permanent parmi les membres entre la droite qui niait et la gauche qui acceptait.  Le simple fait qu'une série de présidents aient été des spiritualistes avérés est en soi un signe que l'élément anti-esprit n'était pas trop intolérant ni intolérable. Dans l'ensemble, comme toutes les institutions humaines, elle s'ouvre autant à la louange qu'au blâme. Si elle a connu des passages obscurs, elle a également été illuminée par des périodes de clarté. Elle a dû sans cesse se battre contre l'accusation d'être une société purement spiritualiste, ce qui l'aurait privée de cette position d'impartialité quasi judiciaire dont elle se prévalait mais qu'elle n'exerça point toujours. La situation fut souvent difficile et le simple fait que la société se soit maintenue pendant tant d'années est une preuve qu'il y a eu quelque sagesse dans son attitude ; et nous ne pouvons qu'espérer que la période de stérilité et de critique totalement négative touche à sa fin. Entre-temps, le Collège Psychique, institution fondée grâce au travail et aux sacrifices de M. et Mme Hewat McKenzie, a amplement  montré qu'un souci rigoureux de la vérité et des conditions nécessaires d'administration de la preuve ne sont pas incompatibles avec un traitement humain des médiums ainsi qu'avec une attitude générale de sympathie envers le point de vue spiritualiste.

[1] Twenty Years of Psychical Research de Edward T. Benett, 1904, pp. 21‐22.

[2] Light, 1883, p. 54.

[3]The Survival of Man (1909), p. 6.

[4]H.P. Blavatsky and the Masters of Wisdom (Theosophical Publishing House)

[5] Light 1901, p. 523.

[6]Proceedings de la S.P.R., vol. VI, p. 509. Cité dans l’ouvrage de M. Sage Mrs Piper and the S.P.R.

[7] Rapport du Dr Hodgson in Proceedings de la S.P.R., vol. XIII, p. 284‐582.

[8]M. Sage. Mrs Piper and the S.P.R., p. 98.

[9] The Psychic Riddle (l’Enigme psychique) de Funk, p. 58 et suiv.

[10] S.P.R. Proceedings, vol. XXI, p. 375.

[11]Trente ans de Recherche Psychique.

[12]S.P.R. Proceedings, vol. XXV, p. 54.

 

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