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Chapitre XVI : Les grands médiums de 1870 à 1900 : Charles H. Foster– Madame d’Espérance – Eglington – Stainton Moses

Il y a eu beaucoup de médiums remarquables et quelques-uns de notoires entre 1870 et 1900. Parmi ceux-ci nous avons déjà parlé de D.-D. Home, de Slade et de Monck. Il en est quatre autres dont les noms resteront dans l'histoire du mouvement : l'américain C.-H. Foster, Madame d'Espérance, Eglington et le Révérend Stainton Moses. Nous donnerons maintenant un bref récit sur chacun d'eux.
Charles H. Foster a la chance d'avoir un biographe qui l'admire tellement qu'il l'appelle « le plus grand médium spiritualiste depuis Swedenborg ». La tendance existe chez les auteurs à exagérer les prétentions du médium particulier avec lequel ils sont entrés en contact. Quoi qu'il en soit, M. George C. Bartlett dans son ouvrage The Salem Seer (le Prophète de Salem) montre qu'il connaît Foster personnellement et de près et que ce dernier est réellement un médium très remarquable. Sa renommée ne reste pas limitée à l'Amérique car il voyage beaucoup et se rend en Australie comme en Grande-Bretagne. Dans ce pays, il devient l'ami de Bulwer Lytton, rend visite à Knebworth et devient le modèle de Margrave dans A Strange Story.
Foster semble avoir été un clairvoyant aux pouvoirs étendus ; il possède le don singulier de pouvoir donner sur sa propre peau, en général son avant-bras, le nom ou les initiales de l'esprit qu'il décrit. Ce phénomène se répète si souvent et est examiné si attentivement que le fait ne peut soulever le moindre doute. La cause de ce fait est une tout autre question. De nombreux points dans la médiumnité de Foster suggèrent une extension de la personnalité plutôt qu'une intelligence extérieure. Il est, par exemple, franchement incroyable que les esprits des grands disparus comme Virgile, Camoëns et Cervantès aient pu être au service de ce natif ignorant de la Nouvelle-Angleterre ; et pourtant, l'autorité de Bartlett confirme le fait, illustré de nombreuses citations, qu'il a des conversations avec ces entités qui sont disposées à citer le contexte de toute strophe qu'on voudra choisir dans leurs nombreuses oeuvres.
Une telle preuve de familiarité avec la littérature qui dépasse de loin la capacité du médium n'est pas sans ressembler à ces tests-livres souvent employés ces dernières années au cours desquels une ligne de n'importe quel volume est citée sur-le-champ. Cela ne présuppose pas la présence réelle de l'auteur d'un tel volume mais reposerait plutôt sur quelque pouvoir mal défini du soi éthérique dégagé du médium, ou encore de quelque autre entité douée de possibilités de contrôle qui pourrait rassembler des informations rapidement de quelque façon surnaturelle. Le spiritualisme est tellement irrésistible que les spiritualistes n'ont pas besoin de prétendre à ce que tous les phénomènes psychiques aient nécessairement la valeur qu'ils prétendent avoir et l'auteur avoue qu'il a souvent remarqué comment beaucoup de choses enregistrées quelque part, à un certain moment, que ce soit imprimé ou écrit, nous sont retransmises alors que le médium n'a pas pu consulter cet imprimé ou ce manuscrit par aucun moyen normal.
Le don particulier de Foster, par lequel des initiales sont gribouillées sur sa chair, obtient quelques effets comiques. Bartlett raconte l'histoire d'un M. Adams qui vient consulter Foster. « En partant, M. Foster lui dit que dans toute son expérience il n'a jamais connu une personne capable de faire venir autant d'esprits... La pièce était littéralement bourrée d'esprits qui allaient et venaient. A deux heures, le lendemain matin, M. Foster vint me trouver... « George, dit-il, pouvez-vous allumer le gaz s'il vous plaît ? Je ne peux pas dormir la pièce est encore pleine de la famille Adams et j'ai l'impression qu'ils écrivent leur nom partout sur moi.» Et, à mon grand étonnement, je vis une liste de noms de la famille Adams un peu partout sur son corps. Je dénombrai onze noms différents ; l'un se trouvait inscrit en travers de son front, d'autres sur son bras et plusieurs dans son dos. » De telles anecdotes feront sans doute rire les moqueurs et pourtant nous avons bien des preuves que dans l'Au-delà le sens de l'humour est accru plutôt qu'amoindri.
Le don de faire apparaître des lettres rouge sang sur la peau de Foster paraît pouvoir être étroitement comparé au célèbre phénomène des stigmates apparaissant sur les mains et les pieds des fidèles très pieux. Dans un cas, la concentration des pensées d'une personne sur un sujet a un résultat positif. Dans l'autre, il se peut que la concentration à partir de quelque entité invisible ait un effet semblable. Nous devons garder en tête que nous sommes tous des esprits, que nous soyons ou non dans un corps, et que nous possédons tous les mêmes pouvoirs à des degrés divers.
L'avis de Foster sur sa propre profession semble très contradictoire car il déclare fréquemment, comme Margaret Fox-Kane et les Davenport, qu'il ne se risquera pas à dire que ses phénomènes sont dus à des êtres spirituels alors que, d'un autre côté, toutes ses séances sont menées sur l'hypothèse nette qu'il en est ainsi. Il donne par exemple la description détaillée de l'aspect d'un esprit et transmet des messages de sa part aux parents survivants. Comme D.D. Home, il est extrêmement critique envers les autres médiums et ne veut pas croire aux pouvoirs photographiques de Mumler, quoique ces pouvoirs soient aussi bien attestés que les siens. Il semble posséder à un degré exagéré l'esprit inconstant du médium typique, facilement influencé pour le bien comme pour le mal. Son ami, qui est sans conteste un excellent observateur, dit de lui :
« Il était double de façon extravagante. Non seulement il était le Dr Jekyll et M. Hyde, mais encore il représentait une demi-douzaine de chaque. Il possédait des dons étranges et, d'un autre côté, il était lamentablement déficient. C'était un génie déséquilibré et parfois, je dirais même fou. Il avait si grand coeur qu'il y englobait le monde il pleurait pour les malheureux ; il donnait de l'argent aux pauvres ; son coeur vibrait à chaque soupir. A d'autres moments, son coeur se rétrécissait jusqu'à disparaître. Il devenait maussade et avec la vivacité d'un enfant, il trompait ses meilleurs amis. Il épuisa bien des amis, comme un cheval indomptable épuise son propriétaire. Aucun harnais ne convenait à Foster. Il n'était pas vicieux mais totalement incontrôlable. Il suivait son chemin à lui et c'était souvent le mauvais. Comme un enfant, il semblait ne pas prévoir. Il paraissait vivre au jour le jour, sans se soucier du lendemain. Si c'était possible il faisait exactement ce qu'il souhaitait faire, sans égards pour les conséquences. Il n'acceptait les conseils de personne, simplement parce qu'il ne le pouvait pas. Il paraissait inaccessible aux opinions des autres et cédait apparemment à tous les désirs ; mais après tout il ne se maltraitait pas trop puisqu'il continua en parfaite santé jusqu'à la séparation finale. Quand on lui demandait « Et votre santé ? » son expression favorite était : «Excellente. J'éclate tout simplement de bonne santé physique. » La même nature double se montrait dans son travail. Certains jours, il restait assis à la table toute la journée et jusque tard dans la nuit, soumis à une tension mentale terrible. Il faisait cela jour après jour, nuit après nuit. Puis venaient des jours et des semaines où il ne faisait absolument plus rien – il dépensait des centaines de dollars et décevait les gens, sans aucune raison apparente, si ce n'est qu'il était d'humeur à fainéanter. »
Madame d'Espérance, dont le véritable nom est Mme Hope, naît en 1849 et sa carrière s'étend sur plus de trente ans ; ses activités englobent l'Europe continentale comme la Grande-Bretagne. C'est T.P. Barkas, citoyen bien connu de Newcastle qui la porte à l'attention du grand public. A cette époque, le médium est une jeune fille à l'éducation bourgeoise. Pourtant, en état de semi-transe, elle manifeste à un degré marqué ce don de sagesse et de connaissance que saint Paul situe en tête de ses catégories spirituelles. Barkas raconte comment il prépare de longues listes de questions qui couvrent toutes les branches de la science et que les réponses sont écrites rapidement par le médium, en général en anglais, mais parfois en allemand et même en latin. M. Barkas résume ainsi ces séances[1] :
« Tout le monde admettra que personne ne peut, par un effort normal, répondre en détail à des questions obscures et critiques dans de nombreux secteurs de la science auxquels il est totalement étranger ; on admettra en outre que personne ne peut normalement voir et dessiner avec une exactitude parfaite dans l'obscurité totale ; que personne ne peut par aucune vision normale lire dans le noir le contenu de lettres fermées ; que personne sans aucune connaissance de la langue allemande ne peut écrire avec rapidité et précision de longues communications en allemand ; et pourtant tous ces phénomènes ont lieu à travers ce médium et sont aussi certains que le sont les événements de la vie quotidienne. »
On admettra cependant que tant que nous ne savons pas quelles sont les limites des pouvoirs étendus produits par la libération totale ou partielle du corps éthérique, nous ne pouvons attribuer en toute sûreté ces manifestations à une intervention des esprits. Elles montrent une remarquable personnalité psychique mais peut-être rien de plus.
Cependant, la célébrité de Madame d'Espérance en tant que médium repose sur de nombreux dons plus nettement spiritualistes. Nous disposons d'un compte rendu très complet de ces dons dû à sa propre plume, car elle a écrit un livre, Shadow Land (Terre d'Ombre), qui peut se ranger avec The Magic Staff de A.J. Davis et The Beginnings of Seership de Turvey, parmi les plus remarquables autobiographies psychiques de notre littérature. On ne le lira pas sans ressentir les bons sentiments et l'honnêteté de l'auteur.
Elle y raconte, comme l'ont fait d'autres grands sujets sensitifs, comment dans sa tendre enfance elle a joué avec des esprits enfants qui étaient aussi réels pour elle que les vivants. Ce pouvoir de clairvoyance va l'accompagner toute sa vie mais le don plus rare de matérialisation s'y ajoute. Le livre déjà cité contient des photographies de Yolande, une belle jeune fille arabe qui est pour ce médium ce que Katie King est pour Florence Cook. Il est arrivé assez souvent qu'elle se matérialise alors que Madame d'Espérance était assise en dehors du cabinet en pleine vue des participants. Le médium a ainsi pu voir son étrange émanation, si intime et pourtant si distincte. La description suivante est de sa main :
« Ses fines draperies permettaient de voir nettement le riche teint olivâtre de son cou, de ses épaules, de ses bras et de ses chevilles. Les longs cheveux noirs ondulés tombaient par-dessus ses épaules jusque sous la taille et étaient retenus par une petite coiffe en forme de turban. Elle avait les traits petits, droits et acérés ; les yeux étaient sombres, grands et vivants ; chaque mouvement qu'elle faisait était plein de grâce, comme ceux d'un jeune enfant, ou plutôt comme cela me frappa quand je la vis debout mi-timide mi-fière, entre les rideaux, comme une jeune biche. »
Quand elle décrit ses sensations pendant les séances, Madame d'Espérance parle de toiles d'araignée qui seraient tissées sur son visage et sur ses mains. Si une petite lueur s'infiltrait entre les rideaux du cabinet elle voyait une masse brumeuse et blanche qui flottait comme la vapeur d'une locomotive et à partir de là se formait la silhouette humaine. Une sensation de vide s'instaurait dès que ce qu'elle appelle le tissu de toile d'araignée était présent, avec la perte de contrôle de ses membres. L'honorable Alexandre Aksakof, de Saint-Pétersbourg, célèbre chercheur psychique et rédacteur en chef de Psychische Studien, a décrit dans son ouvrage A Case of Partial Dematerialisation (Un cas de dématérialisation partielle) une extraordinaire séance au cours de laquelle le corps de ce médium a été en partie dissous. Il fait observer : « Le fait souvent noté de la ressemblance de la forme matérialisée et de celle du médium trouve ici son explication naturelle. Comme cette forme n'est qu'une reproduction du médium, il est naturel qu'elle doive en posséder tous les traits. »
Cela peut être naturel, comme le dit Aksakof, mais il est également naturel que cela doive susciter la moquerie des sceptiques. Une plus vaste expérience les convaincrait cependant que le savant russe a raison. L'auteur a participé à des séances de matérialisations où il a vu des reproductions du visage du médium avec tant de netteté, devant lui, qu'il était prêt à dénoncer les opérations comme frauduleuses mais, avec de la patience et une plus grande accumulation de pouvoirs, il a constaté par la suite la formation d'autres visages qu'aucune gymnastique de l'imagination ne pouvait parvenir à transformer en celui du médium. Dans certains cas, il lui a semblé que les puissances invisibles (qui produisent souvent leurs effets sans grande considération pour les contresens qu'elles peuvent faire naître) ont utilisé le visage physique réel du médium inconscient et l'ont orné d'appendices ectoplasmiques afin de le transformer. En d'autres cas, on pourrait croire que le double éthérique du médium forme la base de la nouvelle création. C'est parfois le cas avec Katie King dont les traits ressemblent quelquefois beaucoup à Florence Cook, même si elle en diffère totalement par sa stature et son teint. L'auteur a observé les trois phases de la construction des esprits dans le cas du médium américain, Mlle Ada Besinnet, dont le personnage ectoplasmique prend parfois la forme d'un bel Indien musclé. Le récit de Madame d'Espérance correspond étroitement à cette variété de pouvoirs.
M. William Oxley, qui a compilé et publié ce remarquable ouvrage en cinq volumes intitulé Angelic Revelations (Révélations angéliques), a donné un compte rendu sur les vingt-sept roses produites au cours d'une séance par Yolande, le personnage matérialisé, et sur la matérialisation d'une plante rare en pleine floraison. M. Oxley écrit :
« Je fis photographier la plante (ixora crocata) le lendemain matin, après quoi je la rapportai à la maison, la plaçai dans ma serre et la confiai aux soins de mon jardinier. Elle vécut trois mois et puis se dessécha. Je conservai les feuilles, les distribuai presque toutes sauf la fleur et les trois feuilles supérieures que le jardinier avait coupées en recevant la plante. »
Le 28 juin 1890, au cours d'une séance en présence de M. Aksakof et du professeur Butlerof, de Saint-Pétersbourg, un lis doré de deux mètres de haut se matérialisa. On le garda une semaine et on en prit six photographies après quoi il se dissout et disparut. Une de ces photographies se trouve dans Shadow Land (en vis-à-vis de la page 328).
Une forme féminine, pas mal plus grande que le médium et connue sous le nom de Y-Ay-Ali, suscita la plus grande admiration. M. Oxley dit : « J'ai vu bien des esprits matérialisés mais en ce qui concerne la perfection de la symétrie dans la silhouette et la beauté du maintien, je n'en ai vu aucun qui égale celui-ci. » La forme leur donna la plante qui s'était matérialisée puis releva son voile. Elle déposa un baiser sur sa main et lui tendit la sienne, qu'il embrassa.
« Comme elle se trouvait dans la lumière, j'aperçus clairement son visage et ses mains. Le maintien était superbe à contempler et les mains étaient douces, chaudes et parfaitement naturelles et, sauf pour ce qui s'ensuivit, j'aurais pu croire que je tenais la main d'une dame au corps permanent, si parfaitement naturelle et pourtant si délicieusement belle et pure. »
Il continue à raconter comment elle recula jusqu'à une soixantaine de centimètres du médium dans le cabinet et, au vu de tous, « se dématérialisa progressivement en fondant à partir des pieds, jusqu'à ce que seule la tête apparût au-dessus du sol, et puis elle diminua jusqu'à ce qu'il ne restât plus qu'un point blanc qui demeura quelques instants avant de disparaître à son tour ».
Au cours de la même séance une forme de bébé se matérialise et place trois doigts de sa menotte dans la main de M. Oxley. M. Oxley pend ensuite la menotte et l'embrasse. Cela se produit en août 1880.
M. Oxley rapporte une expérience très intéressante et d'une haute valeur probatoire. Tandis que Yolande, la jeune Arabe, parle à une dame présente, « le haut de son voile tombe et révèle sa forme. Je remarque que la forme est imparfaite, car le buste est embryonnaire et la taille non formée, ce qui prouve bien que la forme n'est pas un mannequin. » Il aurait pu ajouter, ni le médium en personne. Écrivant son Comment se sent un médium pendant les matérialisations, Madame d'Espérance jette une certaine lumière sur la curieuse sympathie dont on a constaté l'existence constante entre le médium et la forme. Décrivant une séance où elle est installée en dehors du cabinet, elle dit[2] :
« Et maintenant une autre forme apparaît, petite et délicate, avec ses petits bras tendus. Quelqu'un à l'autre bout du cercle se lève, s'approche et ils s'embrassent. J'entends des cris inarticulés « Anna, oh, Anna, mon enfant, mon enfant chéri ! » Puis une autre personne se lève et jette ses bras autour de l'esprit ; sur quoi j'entends des sanglots et des exclamations entrecoupées de bénédictions. Je sens mon corps remué de part et d'autre ; tout devient sombre devant mes yeux. Je sens le bras de quelqu'un autour de mes épaules ; le coeur de quelqu'un bat contre mon sein. Je sens que quelque chose se passe. Personne n'est près de moi ; personne ne me prête la moindre attention. Chaque regard est braqué sur ce petit personnage, blanc et fluet, dans les bras des deux femmes en deuil.
« Ce doit être mon coeur que j'entends battre aussi distinctement, pourtant il y a certainement des bras qui m'entourent ; je n'ai jamais senti une accolade aussi totalement. Je commence à me demander : Qui suis-je ? Suis-je l'apparition en blanc ou suis-je ce qui reste assis dans le fauteuil ? Sont-ce mes bras autour du cou de la plus âgée des femmes ? Ou bien sont-ce les miens qui sont devant moi, posés sur mon giron ? Suis-je le fantôme, et si oui, comment dois-je appeler l'être dans le fauteuil ?
Certainement, on embrasse mes lèvres ; mes joues sont humides des pleurs si copieusement versées par les deux femmes. Mais comment cela se peut-il ? Ce sentiment de doute quant à sa propre identité est redoutable. Je souhaite tendre l'une des mains posée sur mes genoux. Je ne le peux pas. Je souhaite toucher quelqu'un afin de savoir avec certitude si je suis moi, ou bien un rêve ; si Anna est moi, et si je suis, d'une certaine façon, perdue dans son identité. »
Tandis que le médium se trouve dans cet état de doute éperdu un autre petit esprit d'enfant, qui s'est matérialisé, vient glisser ses mains dans celles de Madame d'Espérance.
« Comme je suis heureuse de sentir le contact de quelqu'un, même d'un petit enfant. Mes doutes sur qui je suis et où je suis ont disparu. Et tandis que j'éprouve tout cela, la forme blanche d'Anna disparaît dans le cabinet et les deux femmes regagnent leur place, en larmes, secouées par l'émotion mais intensément heureuses. »
Il n'est guère surprenant d'apprendre que lorsqu'un participant à l'une des séances de Madame d'Espérance saisit la forme matérialisée, il déclare que c'est le médium lui-même. A cet égard, l'opinion d'Aksakof sur la question est intéressante[3] :
« On peut saisir la forme matérialisée, et la tenir, et s'assurer qu'on ne tient rien d'autre que le médium lui-même, en chair et en os ; ce n'est pourtant pas une preuve de fraude du médium. En fait, d'après notre hypothèse, que pourrait-il se passer si nous retenions le double du médium par la force quand il est matérialisé à un tel degré qu'il ne reste qu'un simulacre invisible du médium sur le siège derrière le rideau ? Il est évident que le simulacre – cette petite portion, fluide et éthérée –sera immédiatement absorbée dans la forme déjà matérialisée de façon compacte qui ne manque de rien (pour être le médium) sauf de ce reste invisible.
M. Aksakof, dans l'introduction qu'il a rédigée pour le livre de Madame d'Espérance Shadow Land lui rend un vibrant hommage en tant que femme et en tant que médium. Il dit qu'elle est aussi intéressée que lui à essayer de découvrir la vérité. Elle s'est soumise volontiers à tous les tests qu'il lui a imposés.
Un événement intéressant dans la carrière de Madame d'Espérance est sa réussite de la réconciliation entre le professeur Friese, de Breslau, et le professeur Zöllner, de Leipzig. La séparation entre les deux amis s'est produite à cause de l'adhésion de Zöllner au spiritualisme mais le médium anglais a réussi à donner de telles preuves à Friese qu'il cesse de contester les conclusions de son ami.
Il faut remarquer qu'au cours des expériences de M. Oxley avec Madame d'Espérance, on fait des moulages des mains et des pieds des personnages matérialisés avec des orifices pour les poignets et les chevilles trop étroits pour permettre le retrait, sauf par le moyen d'une dématérialisation. Au vu du grand intérêt soulevé par les moulages à la paraffine effectués en 1922 à Paris sur le médium Kluski, il est curieux de remarquer que la même expérience a été tentée, et réussie, sans que quiconque en parle en dehors de la presse psychique, par ce chercheur de Manchester en l'année 1876 !
La dernière partie de la vie de Madame d'Espérance, qu'elle passe pour une bonne part en Scandinavie, est gâchée par une mauvaise santé d'abord suscitée par le choc qu'elle subit à l'occasion de la prétendue « dénonciation du trucage » où Yolande est saisie par un chercheur mal avisé, à Helsingfors en 1893. Personne n'a exprimé plus clairement qu'elle combien les sujets hyper-sensibles souffrent de l'ignorance du monde qui les entoure. Dans le dernier chapitre de son remarquable livre, elle traite de ce sujet. Elle conclut : « Ceux qui me suivront souffriront peut-être comme moi du fait de l'ignorance des lois divines. Pourtant, le monde est plus sage qu'il n'était et il se peut que ceux qui entreprendront la tâche à la prochaine génération n'auront pas besoin de combattre, comme moi, la bigoterie étriquée et les jugements cassants des guides non coopératifs. » Chacun des médiums traités dans ce chapitre a bénéficié d'un ou plusieurs livres consacrés à sa carrière. Dans le cas d'Eglington il y a un volume remarquable Twixt Two Worlds (l'Entre-Deux Mondes) de J. S. Farmer, qui englobe la plupart de ses activités.
Eglington naît à Islington le 10 juillet 1857 et, après une brève période à l'école, il entre dans l'affaire d'imprimerie et, d'édition d'un parent. Enfant, il est très imaginatif, rêveur et sensible mais, à la différence de tant d'autres grands médiums, il ne montre durant son enfance aucun signe qu'il possède la moindre parcelle de pouvoir psychique. En 1874, à dix-sept ans, Eglington entre dans le cercle familial grâce auquel son père procède à des investigations sur les prétendus phénomènes spiritualistes. Jusqu'alors, le cercle n'a obtenu aucun résultat mais quand le jeune homme arrive, la table s'élève progressivement au-dessus du sol jusqu'à ce que les participants soient obligés de se lever pour garder leurs mains dessus. Des questions reçoivent des réponses, à la satisfaction des participants. La séance suivante a lieu le lendemain soir ; le garçon entre en transe et on reçoit des messages probants de sa mère décédée. En quelques mois, sa médiumnité se développe et des manifestations plus fortes s'annoncent. Sa réputation de médium s'étend et il reçoit de nombreuses demandes de séances ; mais il résiste à tous les efforts accomplis pour le pousser à devenir un médium de profession. Il doit finalement adopter ce parti en 1875.
Eglington décrit ainsi ses sentiments avant de pénétrer pour la première fois dans la salle de séance et le changement qui s'opère en lui :
« Avant cela, mes façons étaient celles d'un garçon plein de joie ; mais dès que je me trouvai en présence des « enquêteurs », un sentiment étrange et mystérieux me gagna dont je ne pus me débarrasser. Je m'assis à la table, décidé à tout arrêter si quoi que ce soit se produisait. Quelque chose se produisit mais j'étais impuissant à l'empêcher. La table commença à montrer des signes de vie et de vigueur ; elle s'éleva soudain et commença à grimper en l'air sans arrêt jusqu'à ce que nous soyons obligés de nous lever pour l'atteindre. Cela se passa en plein sous la lumière des becs de gaz. Elle répondit ensuite intelligiblement à des questions qu'on lui posa et donna bon nombre de communications probantes à des personnes présentes.
Le soir suivant nous vit nous réunir ardemment dans l'attente d'autres manifestations, avec un cercle plus nombreux, car la nouvelle s'était vite répandue que nous avions « vu des fantômes et leur avions parlé », et autres informations du même genre.
Après avoir lu la prière habituelle, je semblai ne plus être de cette terre. Un sentiment parfaitement extatique me gagna et je tombai bientôt dans un état de transe. Tous mes amis étaient novices en la matière et ils essayèrent plusieurs façons pour me faire retrouver conscience, en vain. Au bout d'une demi-heure, je repris conscience, éprouvant un puissant désir de retomber dans l'état antérieur. Nous avions eu des communications qui démontraient de façon probante, pour moi, que l'esprit de ma mère nous était vraiment revenu... je commençai alors à me rendre compte combien fausse – combien totalement vide et dépourvue de spiritualité – avait été ma vie passée et j'éprouvai un plaisir indescriptible à savoir, sans l'ombre d'un doute, que ceux qui avaient quitté la terre pouvaient revenir et démontrer l'immortalité de l'âme. Dans la quiétude de notre cercle familial... nous appréciions pleinement notre communion avec les défunts et nombreuses sont les heures heureuses que j'ai passées de cette manière. »
A deux égards, son oeuvre évoque celle de D.D. Home. Ses séances se déroulent généralement en pleine lumière et il accepte toujours de bon gré tous les tests qu'on lui propose. Un autre point d'étroite similitude est le fait que ses résultats ont été observés et enregistrés par beaucoup d'hommes éminents et par de bons témoins critiques.
Comme Home, Eglington a beaucoup voyagé et sa médiumnité s'est exercée en bien des endroits. En 1878 il s'embarque pour l'Afrique du Sud. L'année suivante il se rend en Suède, au Danemark et en Allemagne. En février 1880, il se rend à l'université de Cambridge et donne des séances sous les auspices de la Psychological Society. En mars, il traverse la Hollande avant de se rendre à Leipzig où il donne des séances au professeur Zöllner et à d'autres personnes liées à l'université. Dresde et Prague l'accueillent ensuite et, en avril, à Vienne, ont lieu plus de trente séances auxquelles assistent de nombreux membres de l'aristocratie. A Vienne, il est l'hôte du baron Hellenbach, célèbre auteur qui dans son livre Prejudices of Mankind (Préjugés de l'Homme) a décrit les phénomènes qui s'y produisent. Après son retour en Angleterre, il s'embarque pour l'Amérique le 12 février 1881 ; il y reste environ trois mois. En novembre de la même année, il va en Irlande puis, après de nombreuses séances à Calcutta il revient en avril 1882. En 1883, il séjourne de nouveau à Paris et en 1885 se retrouve à Vienne, puis à Paris. Il visite ensuite Venise qu'il décrit comme « un véritable foyer de spiritualisme ».
En 1885, à Paris, Eglington fait la connaissance de M. Tissot, le grand peintre, qui assiste à une séance en sa compagnie et vient ensuite le voir en Angleterre. Une remarquable séance de matérialisation, au cours de laquelle on voit parfaitement deux personnages dont l'un, une dame, est identifiée comme une parente, est immortalisée par Tissot dans un mezzo-tinto intitulé « Apparition Médianimique ». Cette superbe production artistique, dont une copie est accrochée dans les bureaux de l'Alliance spiritualiste de Londres, montre les deux personnages illuminés par des esprits-lumières qu'ils portent dans leurs mains. Tissot exécute aussi un portrait à l'eau-forte du médium qu'on trouvera au frontispice de l'ouvrage de M. Farmer Twixt Two Worlds.
Exemple typique de sa médiumnité de jeunesse, voici une description[4] due à Mlle Kislingbury et au Dr Carter Blake (maître de conférence en anatomie à l'hôpital de Westminster) :
« Les manches de la veste de M. Eglington étaient cousues ensemble derrière son dos près des poignets avec un solide coton blanc ; le comité chargé des liens l'attachait ensuite sur son siège, lui passant la corde autour du cou, et le déposait juste derrière le rideau (du cabinet) face à la compagnie, les genoux et les pieds en vue. Une petite table ronde avec divers objets dessus était placée devant le médium en dehors du cabinet et en vue des participants ; le petit instrument à cordes connu sous le nom de « Carillon d'Oxford » fut déposé à l'envers en travers de ses genoux, et un livre et une clochette à main furent posés dessus. Quelques instants plus tard, on jouait des cordes, bien qu'aucune main visible ne les touchât ; le livre dont le devant était tourné vers les participants s'ouvrit et se ferma (cela se répéta un grand nombre de fois si bien que toutes les personnes présentes ne purent manquer de le voir), et la clochette à main fut agitée et sonna de l'intérieur, c'est-à-dire sans être soulevée du plateau. La boîte à musique placée près du rideau, mais entièrement visible, s'arrêta et se remit en marche tandis que le couvercle restait fermé. Des doigts et parfois une main entière jaillissaient de temps en temps hors du rideau. Un instant après l'une de ces apparitions, on demanda au capitaine Rolleston de passer la main derrière le rideau pour s'assurer que les liens et les coutures étaient dans le même état qu'au début. Il constata qu'elles l'étaient et le même témoignage fut apporté un peu plus tard par un autre monsieur. »
Il s'agit là de l'une des expériences de la série qui eut lieu sous les auspices de l'Association Spiritualiste Nationale Britannique dans ses salons, 38 Great Russell Street à Londres. Le Spiritualist du 12 mai 1876 en dit ceci :
 « Les manifestations tests avec M. Eglington ont une grande valeur non parce que d'autres médiums sont incapables d'atteindre à des résultats aussi concluants mais parce que dans son cas ils ont été observés et enregistrés par de bons témoins critiques dont le témoignage aura du poids devant le public. »
Au début, les matérialisations d'Eglington sont obtenues à la lumière de la lune alors que tous les assistants sont assis autour d'une table, sans qu'il y ait de cabinet. Le médium est en général conscient. Il est poussé à s'asseoir dans l'obscurité pour les manifestations par un ami qui a assisté à une séance donnée par un médium professionnel. Ayant commencé ainsi, il est apparemment obligé de continuer mais il déclare que les résultats obtenus ont un caractère moins spirituel. Un trait caractéristique de ses séances de matérialisation est le fait qu'il se tient parmi les participants et que ses mains sont tenues. Dans ces conditions, on peut voir des matérialisations complètes dans une lumière suffisante pour qu'on reconnaisse les apparitions.
En janvier 1877, Eglington donne une série de séances non professionnelles dans la demeure de Mme Makdougall Gregory (veuve du professeur Gregory, d'Edimbourg) près de Park Lane. Y assistent Sir Patrick et Lady Colquhoun, Lord Borthwick, Lady Jenkinson, le Rév. Maurice Davier, D. D., Lady Archibald Campbell, Sir William Fairfax, Lord et Lady Mount-Temple, le général Brewster, Sir Garnet et Lady Wolseley, Lord et Lady Avonmore, le professeur Blackie et bien d'autres. M. W. Harrison (rédacteur en chef du Spiritualist) décrit ainsi l'une de ces séances[5] :
« Lundi soir dernier, dix ou douze amis siégeaient autour d'une table circulaire, en se donnant la main, ce qui signifie que le médium M. W. Eglington était tenu des deux côtés. Il n'y avait aucune autre personne dans la pièce que ceux assis à la table. Un feu mourant donnait une lumière sourde ne permettant de percevoir que les contours des objets. Le médium était assis, du côté de la table le plus rapproché du feu, par conséquent il tournait le dos à la lumière. Une forme, aux proportions d'un homme, s'éleva lentement du plancher jusqu'aux environs du niveau du bord de la table ; elle se trouvait à une trentaine de centimètres du coude droit du médium. L'autre participant le plus proche était Mme Wiseman, de Rome Square, Bayswater. Cette forme était recouverte d'un drap blanc mais aucun trait n'était visible. Comme elle se trouvait près du feu, elle était vue distinctement par ceux qui en étaient proches. Tous ceux qui étaient ainsi placés observèrent que ni le rebord de la table ni les participants installés devant ne faisaient obstacle à la vision de la forme ; ainsi, elle fut observée par quatre ou cinq personnes à la fois et n'était pas due à des impressions subjectives. Après s'être élevée jusqu'au bord de la table, elle sombra vers le bas et ne fut plus visible, ayant apparemment épuisé tout le pouvoir. M. Eglington était dans une maison étrangère et en habit. En somme, il s'agissait d'une manifestation témoin qui n'aurait pas pu être produite par des moyens artificiels. »
Une séance décrite par M. Dawson Rogers montre des caractères remarquables. Elle a lieu le 17 février 1885, en présence de quatorze personnes, dans des conditions expérimentales. Bien qu'une pièce intérieure serve de cabinet, M. Eglington ne s'y tient pas mais fait les cent pas au milieu des participants qui se sont disposés en fer à cheval. Une forme se matérialise et fait le tour de la pièce
en serrant la main de chacun. Puis, elle s'approche de M. Eglington, qui est en partie soutenu pour ne pas tomber par M. Rogers et, prenant le médium par les épaules, elle l'attire dans le cabinet. M. Rogers dit : « La forme est celle d'un homme plus grand de presque dix centimètres et plus âgé que le médium. Il est revêtu d'une robe blanche flottante et est plein de vie et d'animation, et s'est trouvé à un moment à trois bons mètres du médium. »
Un intérêt particulier s'attache à cette phase de sa médiumnité connue sous le nom de psychographie, ou écriture sur ardoise. Il y a à cet égard une masse écrasante de témoignages. Au vu des merveilleux résultats qu'il obtient, il vaut la peine de remarquer qu'il donne des séances pendant plus de trois ans sans recevoir le plus petit graffiti. C'est à partir de 1884 qu'il concentre ses pouvoirs sur cette forme de manifestation qu'on considérait comme mieux adaptée aux débutants, en particulier parce que toutes les séances ont lieu en pleine lumière. Refusant de donner une séance de matérialisation pour un groupe d'enquêteurs qui n'ont aucune expérience de cette phase, Eglington donne dans une lettre la raison suivante à sa décision : « Je prétends qu'un médium est placé dans une position de haute responsabilité et qu'il a le droit de donner satisfaction, le plus qu'il peut, à ceux qui viennent à lui. Or, mon expérience, qui est variée, me conduit à la conclusion qu'aucun sceptique, aussi bien intentionné, aussi honnête soit-il, ne peut être convaincu étant donné les conditions qui règnent lors d'une séance de matérialisation ; il s'ensuit un plus grand scepticisme de sa part ainsi que la condamnation du médium. Il en va autrement lorsqu'il y a un cercle harmonieux de spiritualistes qui sont suffisamment avancés pour assister à ce genre de phénomènes et avec qui je serai toujours ravi de donner des séances ; mais un néophyte doit être préparé par d'autres méthodes. Si vos amis acceptent de venir à une séance d'écriture sur ardoise, je serai heureux de fixer une heure ; autrement, je dois décliner toute séance pour les raisons avancées plus haut et qui doivent s'imposer d'elles-mêmes à vous comme à tous les spiritualistes réfléchis. » Dans le cas d'Eglington, on peut expliquer qu'on utilise des ardoises d'écoliers ordinaires (chaque participant ayant la liberté d'apporter ses propres ardoises) et, une fois lavées, on place sur la surface supérieure un morceau de mine et on met l'ardoise sous le plateau de la table, appuyé tout contre, et tenu par la main du médium dont le pouce reste visible sur le dessus de la table. Très vite, on entend le bruit d'une inscription et quand le signal de trois coups est donné, on examine l'ardoise sur laquelle on découvre un message. De la même façon on utilise deux ardoises de la même taille, solidement attachées ensemble avec une ficelle ; on a aussi ce qu'on appelle une boîte à ardoises munie d'une serrure et d'une clef. En de nombreuses occasions on a obtenu des messages sur une seule ardoise reposant sur le dessus de la table, la mine se trouvant entre l'ardoise et la table.
M. Gladstone a une séance avec Eglington le 29 octobre 1884 et exprime son plus vif intérêt pour ce qui est arrivé. Quand le compte rendu de cette séance paraît dans Light, il est plagié par la plupart des grands journaux du pays et cette publicité aidera considérablement le mouvement. A la conclusion de la séance, voici ce qu'aurait dit M. Gladstone : « J'ai toujours pensé que les savants avaient trop tendance à la routine. Ils accomplissent une noble tâche dans leurs domaines de recherche particuliers mais trop souvent ils sont peu enclins à consacrer leur attention à des sujets qui paraissent contradictoires avec leurs modes de pensée établis. De fait, il n'est pas rare de les voir essayer de nier quelque chose qu'ils n'ont jamais examiné, sans se rendre suffisamment compte du fait qu'il peut exister dans la nature des forces dont ils ne savent rien. » Peu de temps après M. Gladstone, qui ne se dira jamais spiritualiste, manifeste son intérêt soutenu pour le sujet en adhérant à la Society for Psychical Research.
Eglington n'échappe pas aux attaques habituelles. En juin 1886, Mme Sidgwick, épouse du professeur Sidgwick, de Cambridge, un des fondateurs de la S.P.R., fait paraître dans le Journal de la Society un article intitulé « Mr. Eglington[6]», dans lequel après avoir rapporté la description par d'autres personnes de plus de quarante séances d'écriture sur ardoise avec le médium, elle écrit :
« Quant à moi, je n'ai désormais aucune hésitation à attribuer les performances à une habile manipulation. »
Elle n'a aucune expérience personnelle des séances d'Eglington mais fonde son opinion sur l'impossibilité de maintenir une observation continue pendant les manifestations. Dans les colonnes de Light[7] Eglington fait appel aux témoignages des participants qui sont convaincus de l'authenticité de sa médiumnité et, un peu plus tard, dans un supplément de la même revue, un très grand nombre d'entre eux répondent, dont beaucoup de membres et de correspondants de la S.P.R. Le Dr George Herschell, illusionniste non professionnel qui possédait une expérience de quatorze années de pratique, fournit l'une des réponses les plus convaincantes à Mme Sidgwick. La Society for Psychical Research publie aussi un petit compte rendu des résultats obtenus par M. S. J. Davey qui prétendait obtenir par des trucages des résultats analogues et encore plus merveilleux que ceux de M. Eglington[8]. M.C.C. Massey, avocat et observateur très compétent et expérimenté, membre de la S.P.R. exprime l'opinion de beaucoup d'autres personnes quand il écrit à Eglington à propos de l'article de Mme Sidgwick :
« Je suis entièrement de votre avis quand vous dites qu'elle « n'apporte pas le plus petit commencement de preuve » pour soutenir ce jugement des plus injurieux qui s'oppose à une grande somme d'excellents témoignages, uniquement combattus par des suppositions contraires, me semble-t-il, au bon sens et à toute expérience. »
Dans l'ensemble, l'attaque en règle de Mme Sidgwick contre le médium a un effet excellent parce qu'il suscite un volume entier de témoignages plus ou moins experts en faveur de l'authenticité des manifestations qui se produisent en sa présence.
Comme tant d'autres médiums à manifestations physiques, Eglington a droit à ses «scandales ». L'un deux a lieu à Munich où il est engagé pour donner une série de douze séances. Les dix premières sont très réussies mais au cours de la onzième on découvre dans la pièce une grenouille mécanique et, quoique les mains du médium soient maintenues, on l'accuse de fraude parce que les instruments de musique ayant été secrètement noircis, on retrouve ensuite du noir sur lui. Trois mois plus tard, un des participants avoue qu'il a lui-même apporté le jouet mécanique dans la salle de séance. Aucune explication des traces de noir ne vient mais le fait que les mains du médium aient été tenues aurait dû constituer une réfutation suffisante.
Le progrès de nos connaissances depuis cette époque montre que les phénomènes physiques reposent sur l'ectoplasme et que cet ectoplasme est réabsorbé par le corps du médium, emportant avec lui tout colorant. Ainsi, dans le cas de Mlle Goligher, après une expérience avec du carmin, le Dr Crawford trouve des taches de carmin sur sa peau en divers endroits. Ainsi, tant en ce qui concerne la grenouille mécanique que le noir de fumée ce sont, comme il arrive si souvent, les «dénonciateurs du scandale » qui sont dans l'erreur et pas le malheureux médium.
Une accusation plus grave est portée contre lui par l'archidiacre Colley qui déclare[9] que dans la demeure de M. Owen Harries, où Eglington a donné une séance, il a découvert dans la valise du médium de la mousseline et une barbe avec lesquelles correspondent des morceaux de draperie et des cheveux coupés à des personnages prétendument matérialisés. Mme Sidgwick, dans son article du Journal de la S.P.R., reproduit les accusations de l'archidiacre Colley et Eglington, dans sa réponse générale, se contente de nier purement et simplement, faisant remarquer qu'il se trouvait en Afrique du Sud lors de la publication des accusations et qu'il ne les a apprises que des années plus tard.
Examinant cet épisode, Light écrit dans un éditorial[10] que les accusations en question ont fait l'objet d'une investigation complète de la part du Conseil de l'Association Spiritualiste Nationale Britannique et qu'elles ont été rejetées parce que le Conseil n'est absolument pas parvenu à obtenir des preuves directes de la part des accusateurs. L'article poursuit :
« Mme Sidgwick a supprimé les faits trop matériels dans sa citation telle qu'elle est publiée par le Journal. D'abord, les circonstances incriminées remontaient à deux ans avant la lettre dans laquelle l'accusateur portait ses accusations, période pendant laquelle il ne fit aucune déclaration publique sur ce sujet et ne s'y lança qu'en conséquence d'une rancune personnelle à l'endroit du Conseil de la défunte A.N.S.B. En second lieu, les passages supprimés dans la lettre citée par Mme Sidgwick portent la marque d'une complète inutilité. Nous affirmons que quiconque a l'habitude d'examiner et de peser des preuves de façon scientifique n'accorderait pas la moindre attention sérieuse à cette correspondance sans un témoignage la confirmant avec la plus grande netteté. »
Quoi qu'il en soit, il faut admettre que quand un spiritualiste aussi ardent que l'archidiacre Colley lance une accusation aussi précise, la question prend un caractère de gravité qu'on ne peut facilement rejeter. La possibilité existe toujours qu'un grand médium, constatant que ses pouvoirs l'abandonnent – comme ils le font effectivement – puisse recourir à la fraude en attendant qu'ils reviennent. Home a raconté comment ses pouvoirs lui furent subitement ôtés, situation qui dura une année, puis comment ils lui revinrent dans toute leur plénitude. Quand un médium vit de son travail, ce genre de lacune doit constituer un sérieux problème qui peut le pousser à la fraude. Quelle qu'ait pu être la vérité en ce cas particulier, il est certain, comme nous l'avons montré dans ces pages, qu'il y a une montagne de preuves et de témoignages sur la réalité des pouvoirs d'Eglington qu'on ne peut vraiment pas réfuter. Parmi les autres témoins de ses pouvoirs, on trouve le célèbre illusionniste Kellar qui admet, comme l'ont fait beaucoup d'autres illusionnistes, que les phénomènes physiques dépassent de loin les pouvoirs du manipulateur.
Aucun écrivain n'a laissé une empreinte aussi forte sur l'aspect religieux du spiritualisme que le Révérend Stainton Moses. Ses écrits inspirés confirment ce qui était déjà accepté et définissent bien des choses qui restaient floues. Il est en général reconnu par les spiritualistes comme celui qui a le mieux exposé leurs vues. Ils ne le considèrent cependant pas comme définitif ou infaillible, et dans des paroles posthumes dont la vérité est parfaitement démontrée, il a lui-même déclaré que son expérience élargie a modifié ses conceptions sur certains points. C'est là le résultat inévitable de la nouvelle vie pour chacun de nous. Ces conceptions religieuses seront examinées dans un chapitre séparé qui traite de la religion spiritualiste.
Non seulement Stainton Moses est un maître religieux d'un type inspiré mais encore il est un puissant médium, si bien qu'il est l'un des rares hommes capable de suivre le précepte apostolique et de démontrer non seulement par la parole mais aussi par les actes. Dans ce bref récit nous mettrons l'accent sur le côté physique.
Stainton Moses est né dans le Lincolnshire le 5 novembre 1839 et fait ses études à l'école secondaire de Bedford et au collège d'Exeter, à Oxford. Il se tourne vers le ministère des âmes et, au bout de quelques années de service en tant que vicaire dans l'île de Man et ailleurs, il devient principal de l'École du Collège Universitaire. Il faut remarquer qu'au cours de ses wanderjahre il visite le monastère du Mont Athos et qu'il y passe même six mois – expérience rare pour un pasteur anglais. Il recevra plus tard l'assurance que ce séjour marque la naissance de sa carrière psychique. Pendant que Stainton Moses est vicaire, il a l'occasion de montrer son courage et son sens du devoir. Une grave épidémie de variole se déclare dans la paroisse qui n'a pas de médecin résident. Son biographe écrit : « Jour et nuit, il veillait au chevet de quelque pauvre victime frappée par l'impitoyable mal, et peu après avoir adouci les derniers moments du mourant par ses offices, il était obligé de combiner les fonctions du prêtre avec celles du fossoyeur et de procéder à l'enterrement avec ses propres mains. » Il n'est pas étonnant qu'à son départ il reçoive de ses paroissiens un témoignage d'estime puissamment rédigé qu'on pourrait résumer en une seule phrase : « Plus nous vous avons connu et plus nous avons vu vos oeuvres, plus a grandi notre considération pour vous. » C'est en 1872 que son attention est attirée sur le spiritualisme par l'intermédiaire de séances en compagnie de Williams et de Mlle Lottie Fowler. Il découvre rapidement qu'il possède lui aussi le don de médiumnité à un degré très inhabituel. En même temps, il est incité à procéder à une étude approfondie du sujet, faisant porter sur chaque phase sa puissante intelligence. Ses écrits, sous la signature de « M. A. Oxon » font partie des classiques du spiritualisme. Ils comprennent, entre autres, Spirit Teachings (Enseignements des Esprits) et Higher Aspects of Spiritualism (Aspects supérieurs du spiritualisme). Il finit par devenir rédacteur en chef de Light et conserve à cette publication pendant de longues années ses traditions de qualité. Sa médiumnité progresse sans cesse jusqu'à inclure presque tous les phénomènes physiques que nous connaissons.
Il n'atteindra jamais ces résultats sans s'être soumis à une période de préparation. Il dit:
« Pendant longtemps je ne réussis pas à obtenir les preuves que je voulais et si j'avais fait ce que font la plupart des chercheurs, j'aurais abandonné ma quête en plein désespoir. Mes dispositions d'esprit étaient trop positives et je dus faire quelques efforts personnels avant d'obtenir ce que je désirais.  Morceau par morceau, un petit peu par-ci un petit peu par-là, les preuves arrivèrent tandis que mon esprit s'ouvrait pour les recevoir. Je passai quelque six mois d'efforts quotidiens, sans relâche, pour réussir à obtenir la preuve de l'existence perpétuée d'esprits humains et de leur pouvoir de communiquer. »
En présence de Stainton Moses de lourdes tables s'élèvent en l'air, des livres et des lettres sont apportés d'une pièce à l'autre en pleine lumière. On dispose de témoignages indépendants sur ces manifestations dus à des témoins dignes de confiance.
Feu Serjeant Cox, dans son livre What am I (Que suis-je ?), rapporte l'événement suivant qui s'est produit avec Stainton Moses :
« Le mardi 2 juin 1873, un ami personnel, diplômé d'Oxford et membre de la haute société, vint à ma résidence de Russell Square passer son habit avant de se rendre au dîner auquel nous étions invités. Il avait précédemment manifesté de considérables pouvoirs de sujet psychique. Disposant d'une demi-heure à perdre devant nous, nous nous rendîmes à la salle à manger. Il était exactement six heures et il faisait donc grand jour. J'ouvrais des lettres, il lisait le Times. Ma table de salle à manger est en acajou massif, très lourde, à l'ancienne mode, et mesure un mètre quatre-vingts de large sur deux mètres soixante-dix de long. Elle repose sur un tapis turc qui augmente beaucoup la difficulté qu'il y a à la déplacer.
« Par la suite une tentative pour ce faire montra qu'il fallait employer les efforts réunis de deux hommes puissants et debout pour la déplacer de deux ou trois centimètres. Il n'y avait pas de napperon dessus et la lumière tombait droit sur elle. Il n'y avait personne dans la pièce hormis mon ami et moi. Soudain, comme nous étions assis, des coups frappés rapides et forts se produisirent sur la table. Mon ami, assis, tenait son journal à deux mains, un bras posé sur la table, l'autre sur le dos d'une chaise et tourné de côté par rapport à la table de sorte que ses jambes et ses pieds ne se trouvaient pas en dessous mais sur le côté. Très vite, la grosse table trembla comme prise d'un accès de fièvre. Puis, elle s'ébroua avec une telle violence que les gros pieds en colonne se disloquèrent presque ; il y en a huit. Puis elle avança d'environ huit centimètres. Je regardai dessous pour m'assurer que rien ne la touchait ; mais elle continuait de bouger et les coups résonnaient encore fortement dessus.
« Ce subit accès de force à cette heure et en ce lieu, sans personne d'autre que mon ami et moi, et sans intention de le susciter, provoqua le plus grand étonnement chez chacun de nous. Mon ami me confia qu'il ne lui était jamais rien arrivé de pareil. Je suggérai alors que ce serait une occasion inestimable avec une telle puissance en action, de faire un essai de mouvement sans contact, la présence de deux personnes seulement, la lumière du jour, l'endroit, la taille et le poids de la table, tout cela faisant de l'expérience un test crucial. Nous nous levâmes donc, lui se tenant debout d'un côté de la table, moi de l'autre. Nous nous trouvions à une soixantaine de centimètres d'elle, les mains tendues à vingt centimètres au-dessus. Au bout d'une minute, elle se balança violemment. Puis elle se déplaça de dix-huit centimètres sur le tapis. Enfin, elle s'éleva à sept centimètres au-dessus du sol du côté où se trouvait mon ami. Puis elle s'éleva d'autant de mon côté. Finalement, mon ami tendit les mains dix centimètres au-dessus du bout de la table et demanda qu'elle monte pour venir toucher sa main trois fois. Ce qu'elle fit. Puis, accédant à une requête analogue, elle se souleva jusqu'à la hauteur de ma main que je tenais de l'autre côté à la même hauteur, et procéda de la même façon. »
Un dimanche d'août 1872 à Douglas, dans l'île de Man, une remarquable démonstration du pouvoir des esprits fut donnée. Les faits, relatés par Stainton Moses, sont corroborés par le Dr et Mme Speer, chez qui les phénomènes se produisirent ; ils se prolongèrent de l'heure du petit déjeuner jusqu'à dix heures du soir. Des coups frappés suivirent le médium partout où il allait dans la maison et dans l'église. Le Dr Speer, son épouse et lui les entendirent comme ils s'asseyaient sur leur banc. Au retour de l'église, Stainton Moses constata dans sa chambre qu'on avait déplacé les objets de sa table de toilette pour les disposer sur le lit, le tout formant une croix. Il alla avertir le Dr Speer et lui demanda de venir voir ce qui s'était produit et, en revenant à sa chambre il découvrit que son col, qu'il avait ôté une minute plus tôt, s'était pendant son absence installé autour du sommet de la croix improvisée. Le Dr Speer et lui fermèrent la porte de la chambre à clef et passèrent à table pour le déjeuner ; mais pendant le repas de lourds coups frappés survinrent et la lourde table de la salle à manger fut déplacée à trois ou quatre reprises. En allant examiner la chambre, un peu plus tard, ils découvrirent que deux autres objets de la trousse de voyage avaient été ajoutés à la croix. La pièce fut de nouveau fermée à clef et, lors des trois visites qu'ils firent par la suite, ils constatèrent que de nouveaux objets s'ajoutaient sans cesse à la croix. On nous dit que la première fois il n'y avait personne dans la maison susceptible de jouer un mauvais tour et qu'après ils prirent les précautions nécessaires pour que pareille chose ne se produisît pas.
La version de Mme Speer de cette série d'événements est la suivante :
« Pendant le temps que nous restâmes à l'église, des coups furent entendus par chaque membre du cercle en divers endroits du banc où nous étions tous assis. A notre retour, M. S.-M. trouva sur son lit trois objets provenant de sa table de toilette posés de façon à dessiner une croix. Il appela le Dr S. dans sa chambre pour lui montrer ce qui s'était produit pendant notre absence. Le Dr S. entendit des coups puissamment frappés sur le pied du lit. Il ferma ensuite la porte, mit la clef dans sa poche et laissa la chambre vide pendant un moment. Nous allâmes dîner et pendant notre repas, la grande table couverte de verres, de porcelaine, etc., ne cessa de, bouger, de vaciller et de frapper des coups; elle paraissait pleine de vie et de mouvement.
« Des coups accompagnèrent l'hymne que notre petite fille chantait et des coups intelligents suivirent notre conversation. Nous nous rendîmes à plusieurs reprises dans la chambre fermée et chaque fois nous constatâmes que la croix avait reçu des additifs. Le Dr S. gardait la clef, déverrouillait la serrure et quittait la pièce en dernier. Enfin, tout s'arrêta. La croix était posée en dessous du milieu du lit ; tous les objets de toilette que notre ami emportait avec lui dans sa trousse avaient servi. Chaque fois que nous nous rendions dans la chambre, les coups reprenaient. A notre dernière visite, on proposa de laisser une feuille de papier et un crayon sur le lit et, à notre retour, nous trouvâmes les initiales de trois amis de M. S.-M., tous décédés, et inconnus de tous dans la maison excepté lui. La croix était parfaitement symétrique, avait été composée dans une chambre fermée à clef où personne ne pouvait pénétrer et constituait véritablement une manifestation surprenante du pouvoir des esprits. »
Un dessin montrant les divers objets de toilette dans leur forme arrangée est donné dans l'ouvrage d'Arthur Lillie Modern Mystics and Modern Magic (Mysticisme moderne et Magie moderne) à la page 72. D'autres exemples sont donnés dans l'annexe.
Pendant ses séances avec le Dr Speer et son épouse, de nombreuses communications sont reçues, apportant des preuves de l'identité des esprits sous la forme de noms, de dates et de lieux inconnus des participants mais vérifiés par la suite.
 On affirme qu'un groupe d'esprits s'est associé à sa médiumnité. A travers eux, tout un enseignement a été communiqué au moyen de l'écriture automatique, à partir du 30 mars 1873 et jusque dans l'année 1880. Un choix de ces messages est présenté dans Spirit Teachings. Dans son introduction à ce livre, Stainton Moses écrit :
« La matière du sujet eut toujours un caractère pur et élevé, une bonne part étant destinée à un usage personnel pour me guider et me diriger moi-même. Qu'il me soit permis de dire qu'au travers de l'ensemble de ces communications écrites, qui s'étendent dans une continuité parfaite jusqu'en 1880, il n'y a aucun message irrévérencieux, aucune tentative de badinage, aucune vulgarité ni incongruité, aucune affirmation fausse ou spécieuse pour autant que j'en sache ou que j'en saurais découvrir ; rien d'incompatible avec le but avoué, répété sans cesse, d'une instruction, d'une illumination et d'une gouverne apportées par des esprits adaptés à cette tâche. A les juger comme je souhaiterais qu'on me juge, ils étaient ce qu'ils prétendaient être. Leurs paroles étaient paroles de sincérité, animées par une fin grave et sérieuse. »
On trouvera un compte rendu détaillé des diverses personnes en communication, dont beaucoup portent un grand nom, dans le livre de M. A.-W. Trethewy The Controls' of Stainton Moses (les contrôleurs de Stainton Moses) paru en 1923.
Stainton Moses contribua à la formation de la Society for Psychical Research en 1882, mais en démissionna en 1886, écoeuré par la façon dont cette société traitait le médium William Eglington. Il fut le premier président de l'Alliance Spiritualiste de Londres, formée en 1884, fonction qu'il occupa jusqu'à sa mort.
En plus de ses livres Spirit Identity (Identité des Esprits) – 1879 –, Higher Aspects of Spiritualism (Aspects supérieurs du Spiritualisme) – 1880 –, Psychography (2ème édition en 1882) et Spirit Teachings (1883), il fit de fréquentes contributions à la presse spiritualiste tout comme au Saturday Review, à Punch ainsi qu'à d'autres journaux de grande classe.
Un résumé magistral de sa médiumnité fut donné par F.-W.-H. Myers[11] à la Society for Psychical Research. Dans sa notice nécrologique, M. Myers écrit : « Je considère personnellement sa vie comme une des vies les plus mémorables de notre génération et j'ai appris de la bouche de bien peu d'hommes des faits d'une importance comparable pour moi à ceux qu'il m'a appris. »
On peut dire que les divers médiums étudiés dans ce chapitre recouvrent les différents types de médiumnité qui ont prévalu pendant cette période ; mais il y en a beaucoup qui furent presque aussi célèbres que ceux dont nous avons parlé. Ainsi, Mme Marshall apporta à beaucoup la connaissance; Mme Guppy manifesta des pouvoirs qui, dans certaines directions, n'ont jamais été surpassés ; Mme Everitt, médium amateur, fut pendant sa longue vie un centre permanent de force psychique ; et Mme Mellon, tant en Angleterre qu'en Australie, excella dans les matérialisations et les phénomènes physiques.

[1]Psychological Review, vol. 1. p. 224.

[2] Medium and Daybreak, 1893, p. 46.

[3]A Case of Partial Dematerialisation, p. 181.

[4]The Spiritualist, 12 mai 1876, p. 221.

[5] The Spiritualist, 23 février 1877, p. 96.

[6]Juin 1886, p. 282‐324.

[7] 1886, p. 309.

[8]S.P.R. Proceedings, vol. IV, p. 416‐487.

[9] Medium and Daybreak, 1878, p. 698, 730. The Spiritualist, 1879, vol. XIV, p. 83, 135.

[10] 1886, p. 324.

[11]S.P.R. Proceedings, vol. IX, p. 245‐353, et vol. XI, p. 24.

 

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