Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

Chapitre précédent - Retour - Nous écrire




VI. - LE CHRISTIANISME.


C'est au désert qu'apparaît ostensiblement, dans l'histoire, la croyance au Dieu unique, l'idée mère d'où devait sortir le Christianisme. A travers les solitudes pierreuses du Sinaï, Moïse, l'initié d'Égypte, guidait vers la Terre promise le peuple par qui la pensée monothéiste, jusqu'alors confinée dans les Mystères, allait entrer dans le grand mouvement religieux et se répandre sur le monde.

Le rôle du peuple d'Israël est considérable. Son histoire est comme le trait d'union qui relie l'Orient à l'Occident, la science secrète des temples à la religion vulgarisée. Malgré ses désordres et ses souillures, en dépit du sombre exclusivisme qui est un des côtés de son caractère, il a le mérite d'avoir adopté, jusqu'à l'incarner en lui, ce dogme de l'unité de Dieu, dont les conséquences dépasseront ses vues et prépareront la fusion des peuples en une famille universelle, sous un même Père, sous une seule Loi.

Ce but grandiose et lointain, les prophètes seuls, jusqu'à la venue du Christ, le connurent ou le pressentirent. Mais cet idéal, caché aux yeux du vulgaire, repris et transformé par le fils de Marie, reçut de lui sa rayonnante splendeur. Ses disciples le communiquèrent aux nations païennes, et la dispersion des Juifs aida encore à sa diffusion. Poursuivant sa marche parmi les civilisations croulantes et les vicissitudes des temps, il restera gravé en traits ineffaçables dans la conscience de l'humanité.

Un peu avant notre ère, en même temps que la puissance romaine monte et s'étend, on voit la doctrine secrète reculer, perdre de son autorité. Les vrais initiés se font rares. La pensée se matérialise ; les esprits se corrompent. L'Inde est comme endormie dans son rêve ; la lampe des sanctuaires égyptiens s'est éteinte ; la Grèce, livrée aux rhéteurs et aux sophistes, insulte les sages, proscrit les philosophes, profane les mystères. Les oracles sont muets ; la superstition et l'idolâtrie ont envahi les temples. L'orgie romaine se déchaîne sur le monde, avec ses saturnales, sa luxure effrénée, ses ivresses bestiales. Du haut du Capitole, la louve, repue, domine peuples et rois. César, empereur et dieu, trône dans une apothéose ensanglantée.

Pourtant, sur les rives de la mer Morte, des hommes conservent dans la retraite la tradition des prophètes et le secret de la pure doctrine. Les Esséniens, groupes d'initiés dont les colonies s'étendent jusqu'à la vallée du Nil, se livrent ouvertement à l'exercice de la médecine, mais leur but réel est plus élevé. Il consiste à enseigner à un petit nombre d'adeptes les lois supérieures de l'univers et de la vie. Leur doctrine est presque identique à celle de Pythagore. Ils admettent la préexistence et les vies successives de l'âme, et rendent à Dieu le culte de l'esprit.

Chez eux, comme chez les prêtres de Memphis, l'initiation est graduée et nécessite plusieurs années de préparation. Leurs moeurs sont irréprochables ; leur vie s'écoule dans l'étude et la contemplation, loin des agitations politiques, loin des menées d'un sacerdoce avide et jaloux[1].

C'est évidemment parmi eux que Jésus a passé les années qui précédèrent son apostolat, années sur lesquelles les évangiles gardent un silence absolu. Tout l'indique : l'identité de ses vues avec celles des Esséniens, l'aide qu'ils lui prêtèrent dans plusieurs circonstances, l'hospitalité gratuite qu'il recevait à titre d'adepte, et la fusion finale de l'ordre avec les premiers chrétiens, fusion d'où sortit le Christianisme ésotérique.

Cependant, à défaut de l'initiation supérieure, le Christ possédait une âme assez vaste, assez débordante de lumière et d'amour, pour y puiser les éléments de sa mission. Jamais la terre ne vit passer un plus grand esprit. Une sérénité céleste enveloppait son front. Toutes les perfections s'unissaient en lui pour former un type de pureté idéale, d'ineffable bonté. Dans son coeur est une immense pitié pour les humbles, les déshérités. Toutes les douleurs humaines, toutes les plaintes et les misères y trouvent un écho. Pour calmer ces maux, tarir ces larmes, pour consoler, pour guérir, pour sauver, il ira jusqu'au sacrifice de sa vie ; il s'offrira en holocauste pour relever l'humanité. Lorsque, pâle, il se dresse sur le Calvaire, cloué sur le bois infamant, il trouve encore dans son agonie la force de prier pour ses bourreaux et de prononcer ces paroles, qu'aucun accent, aucun élan de tendresse ne dépassera plus : « Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! »

Parmi les grands missionnaires, Christ, le premier de tous, a communiqué aux foules les vérités qui avaient été jusqu'alors le privilège du petit nombre. Par lui, l'enseignement caché devenait accessible aux plus humbles, sinon par l'intelligence, au moins par le coeur ; et cet enseignement, il le leur offrait sous des formes que le monde n'avait pas connues, avec une puissance d'amour, une douceur pénétrante, une foi communicative, qui faisaient fondre les glaces du scepticisme, ravissaient ses auditeurs et les entraînaient à sa suite.

Ce qu'il appelait « prêcher l'Évangile du royaume des cieux aux simples », c'était mettre à la portée de tous la connaissance de l'immortalité et celle du Père commun. Les trésors intellectuels que des adeptes avares ne distribuaient qu'avec prudence, le Christ les répandait sur la grande famille humaine, sur des millions d'êtres courbés vers la terre, qui ne savaient rien de la destinée et attendaient, dans l'incertitude et la souffrance, la parole nouvelle qui devait les consoler et les réchauffer. Cette parole, cet enseignement, il les a distribués sans compter, et il leur a donné la consécration de son supplice et de sa mort. La croix, cet antique symbole des initiés, que l'on retrouve dans tous les temples de l'Égypte et de l'Inde, est devenue, par le sacrifice de Jésus, le signe de l'élévation de l'humanité, arrachée à l'abîme des ténèbres et des passions inférieures, et ayant enfin accès à la vie éternelle, à la vie des âmes régénérées.

Le sermon sur la montagne condense et résume l'enseignement populaire de Jésus. La loi morale s'y montre avec toutes ses conséquences ; les hommes y apprennent à trouver leur élévation et leur bonheur, non dans les qualités brillantes, mais dans les vertus humbles et cachées : l'humilité, la charité, la bonté.

« Heureux les pauvres d'esprit[2], car le royaume des cieux est à eux. - Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. - Heureux ceux qui sont affamés de justice, car ils seront rassasiés. - Heureux ceux qui sont miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. - Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu[3]. »

Ainsi s'exprime Jésus. Ses paroles ouvrent à l'homme des perspectives inattendues. C'est dans les profondeurs de l'âme qu'est la source des joies à venir : « Le royaume des cieux est au-dedans de vous ! » Et chacun peut le réaliser par la domination des sens, le pardon des injures et l'amour du prochain.

Aimer, pour Jésus, c'est toute la religion et toute la philosophie :

« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous persécutent et vous calomnient, afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et fait pleuvoir sur les justes et les injustes. Car si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous[4] ? »

Cet amour, Dieu même nous en donne l'exemple, car toujours ses bras sont ouverts au repentir. C'est ce qui ressort des paraboles de l'Enfant prodigue et de la Brebis égarée :

« Ainsi votre Père qui est dans les cieux ne veut pas qu'un seul de ces petits périsse. »

N'est-ce pas là la négation de l'Enfer éternel, dont on a faussement attribué l'idée à Jésus ?

Si le Christ montre quelque rigueur et parle avec véhémence, c'est aux pharisiens hypocrites qui se livrent à des pratiques minutieuses de dévotion et méconnaissent la loi morale. Le Samaritain schismatique est plus louable à ses yeux que le lévite qui a dédaigné de secourir un blessé. Il désapprouve les manifestations du culte extérieur et s'élève contre ces prêtres :

« Aveugles, conducteurs d'aveugles, hommes de rapine et de corruption qui, sous prétexte de longues prières, dévorent le bien des veuves et des orphelins. »

Aux dévots qui croient se sauver par le jeûne et l'abstinence, il dit :

« Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme, mais ce qui en sort. »

Aux partisans de longues oraisons, il répond :

« Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez. »

Jésus condamnait la hiérarchie sacerdotale en recommandant à ses disciples de ne choisir aucun chef, aucun maître. Son culte était le culte intérieur, le seul digne d'esprits élevés. C'est ce qu'il exprime en ces termes :

« Le temps vient où les vrais croyants adoreront le Père en esprit et en vérité, car ce sont là les adorateurs que le Père cherche. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité. »

Il n'impose que la pratique du bien et la fraternité :

« Aimez votre prochain comme vous-mêmes, et soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. C'est là toute la loi et les prophètes. »

Dans sa simplicité éloquente, ce précepte révèle le but le plus élevé de l'initiation, la recherche de la perfection qui est en même temps celle de la puissance et de la félicité. A côté de ces enseignements de Jésus qui s'adressent aux simples, il en est d'autres dans lesquels la doctrine cachée des Esséniens est reproduite en traits de lumière[5]. Tous ne pouvaient monter à ces hauteurs ; c'est pourquoi les traducteurs et les interprètes de l'Évangile en ont, à travers les siècles, altéré la forme et corrompu le sens. Malgré ces altérations, il est facile de reconstituer cet enseignement, si l'on se dégage de la superstition de la lettre pour voir les choses par la raison et par l'esprit. C'est surtout dans l'Évangile de Jean que nous en trouverons les traces encore visibles :

« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Je m'en vais vous préparer le lieu, et après que je m'en serai allé et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai et je vous retirerai à moi, afin que, là où je serai, vous soyez aussi[6]. »

La maison du Père, c'est le ciel infini avec les mondes qui le peuplent et la vie qui s'épanouit à leur surface. Ce sont là les stations innombrables de notre course, stations que nous sommes appelés à connaître si nous suivons les préceptes de Jésus. Celui-ci reviendra vers nous pour nous entraîner par l'exemple vers ces mondes supérieurs à la terre.

Nous y voyons aussi l'affirmation des vies successives de l'âme.

« En vérité, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu[7]. »

« Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit.

« Ne vous étonnez pas de ce que je vous ai dit, qu'il fallait que vous naissiez de nouveau.

« L'Esprit souffle où il veut, et vous entendez bien sa voix, mais vous ne savez d'où il vient, ni où il va ; il en est de même de tout homme qui est né de l'esprit[8]. »

Quand les disciples du Christ l'interrogent et lui demandent : « Pourquoi les scribes disent-ils qu'il faut d'abord qu'Élie revienne ? » il répond : « Élie est déjà venu, mais ils ne l'ont point reconnu. » Et ils comprennent que c'est de Jean-Baptiste qu'il veut parler. Jésus leur dit encore, dans une autre circonstance :

« En vérité, entre tous les enfants des femmes, il n'y en a point de plus grand que Jean-Baptiste. Et, si vous voulez entendre, il est lui-même Élie qui doit venir. Que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre[9]. »

Le but à poursuivre par chacun de nous et par la société entière est clairement indiqué. C'est le règne du « Fils de l'homme », du Christ social, ou, en d'autres termes, le règne de la vérité, de la justice et de l'amour. Les vues de Jésus se portent vers l'avenir, vers ces temps qui nous sont annoncés.

« Je vous enverrai le consolateur. - J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter présentement. - Quand cet esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité, etc.[10]. »

Parfois il résumait en images grandioses, en traits de flamme, les vérités éternelles. Ses apôtres ne l'entendaient pas toujours, mais il laissait aux siècles et aux événements le soin de faire germer ces principes dans la conscience de l'humanité, comme la pluie et le soleil font germer le grain confié à la terre. C'est dans ce sens qu'il adressait aux siens ces paroles hardies : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. »

Jésus s'adressait donc à la fois au coeur et à l'esprit. Ceux qui n'auraient pu comprendre Pythagore et Platon sentaient leurs âmes s'émouvoir aux éloquents appels du Nazaréen. C'est par là que la doctrine chrétienne domine toutes les autres. Pour atteindre la sagesse, il fallait, dans les sanctuaires de l'Égypte et de la Grèce, franchir les degrés d'une longue et pénible initiation, tandis que par la charité tous pouvaient devenir de bons chrétiens et des frères en Jésus.

Mais, avec le temps, les vérités transcendantes se voilèrent. Ceux qui les possédaient furent supplantés par ceux qui croyaient savoir, et le dogme matériel remplaça la pure doctrine. Dans son expansion, le Christianisme perdit en valeur ce qu'il gagnait en étendue.

A la science profonde de Jésus venait s'ajouter la puissance fluidique de l'initié supérieur, de l'âme affranchie du joug des passions, dont la volonté domine la matière et commande aux forces subtiles de la nature. Le Christ possédait la double vue ; son regard sondait les pensées et les consciences, il guérissait d'un mot, d'un signe, en imposant les mains ou même par sa seule présence. Des effluves bienfaisants s'échappaient de son être et, sur son ordre, les mauvais esprits s'éloignaient. Il communiquait à volonté avec les puissances célestes et, aux heures d'épreuve, puisait dans ce commerce la force morale qui le soutenait dans sa voie douloureuse. Au Thabor, ses disciples effrayés le voient s'entretenir avec Moïse et Élie. C'est ainsi que, plus tard, ils le verront apparaître, après le crucifiement, dans le rayonnement de son corps fluidique, éthéré, de ce corps dont Paul parlait en ces termes : « Il y a en chaque homme un corps animal et un corps spirituel[11] », et dont les expériences de la psychologie moderne démontrent d'ailleurs l'existence.

Les apparitions de Jésus après sa mort ne peuvent être mises en doute, car elles seules expliquent la persistance de l'idée chrétienne. Après le supplice du Maître et la dispersion des disciples, le Christianisme était mort moralement. Les apparitions et les entretiens de Jésus, seuls, rendirent aux apôtres leur énergie et leur foi.

*

*     *

Certains auteurs ont nié l'existence du Christ et attribué à des traditions antérieures ou à l'imagination orientale tout ce qui a été écrit à son sujet. Un mouvement d'opinion s'est produit en ce sens, tendant à réduire aux proportions d'une légende les origines du Christianisme.

Il est vrai que le Nouveau Testament contient beaucoup d'erreurs. Plusieurs des événements qu'il relate se trouvent dans l'histoire d'autres peuples anciens, et certains faits attribués au Christ figurent également dans la vie de Krishna et dans celle d'Horus. Mais, d'autre part, il existe de nombreuses preuves historiques de l'existence de Jésus de Nazareth, et ces preuves sont d'autant plus péremptoires qu'elles nous sont fournies par les adversaires mêmes du Christianisme. Tous les rabbins israélites reconnaissent cette existence. Le Talmud en parle en ces termes :

« La veille de Pâques, Jésus fut crucifié pour s'être livré à la magie et aux sortilèges. »

Tacite et Suétone mentionnent aussi le supplice de Jésus et le développement des idées chrétiennes[12]. Pline le Jeune, gouverneur de la Bithynie, rend compte de ce mouvement à Trajan, cinquante ans plus tard, dans un rapport qui a été conservé.

Comment admettre, d'ailleurs, que la croyance à un mythe ait suffi à inspirer aux premiers chrétiens tant d'enthousiasme, de courage, de fermeté en face de la mort, qu'elle leur ait donné les moyens de renverser le paganisme, de s'emparer de l'Empire romain et, de siècle en siècle, d'envahir toutes les nations civilisées ? Ce n'est assurément pas sur une fiction que l'on fonde une religion qui dure depuis vingt siècles et révolutionne la moitié d'un monde. Si l'on remonte de la grandeur des effets à la puissance des causes qui les ont produits, on peut dire avec certitude qu'il y a toujours une personnalité éminente à l'origine d'une grande idée.

Quant aux théories qui font de Jésus, soit une des trois personnes de la Trinité, soit un être purement fluidique, elles paraissent aussi peu fondées l'une que l'autre. En prononçant ces paroles : « Que cette coupe passe loin de moi ! » Jésus s'est révélé homme, sujet à la crainte et aux défaillances. Lui-même s'appelle souvent le « fils de l'homme », expression qui se trouve vingt-cinq fois dans Matthieu. Jésus, comme nous, a souffert, a pleuré, et cette faiblesse tout humaine, en nous rapprochant de lui, le fait davantage notre frère, et rend son exemple et ses vertus plus admirables encore.

L'apparition du Christianisme a eu des résultats incalculables. Il a apporté au monde l'idée d'humanité que l'antiquité n'a pas connue dans son sens étendu. Cette idée, incarnée dans la personne de Jésus, a pénétré peu à peu dans les esprits, et aujourd'hui elle se manifeste en Occident avec toutes les conséquences sociales qui s'y rattachent. A cette idée, il ajoutait celles de la loi morale et de la vie éternelle, qui avaient été seulement jusque-là le partage des sages et des penseurs. Dès lors, le devoir de l'homme sera de préparer par toutes ses oeuvres, par tous les actes de la vie individuelle et sociale, le règne de Dieu, c'est-à-dire celui du Bien, de la Justice : « Que ton règne vienne sur la terre comme au ciel. »

Toutefois, ce règne ne peut se réaliser que par le perfectionnement de tous, par l'amélioration constante des âmes et des institutions. Ces notions renferment donc en elles une puissance de développement illimitée. Il ne faut pas s'étonner qu'après vingt siècles d'incubation, de travail obscur, elles commencent à peine à produire leurs effets dans l'ordre social. Le Christianisme contenait, à l'état virtuel, tous les éléments du vrai progrès ; mais, dès les premiers siècles, il a dévié, et ses principes véritables, méconnus par ses représentants officiels, sont passés dans la conscience des peuples, dans l'âme de ceux-là mêmes qui, ne se croyant ou ne se disant plus chrétiens, portent inconsciemment en eux l'idéal rêvé par Jésus.

Ce n'est donc ni dans l'Église, ni dans les institutions du prétendu droit divin, qui n'est autre que le règne de la Force, qu'il faut chercher l'héritage du Christ. Ce sont là, en réalité, des institutions païennes ou barbares. La pensée de Jésus ne vit plus guère que dans l'âme du peuple. C'est par ses efforts pour s'élever, par ses aspirations constantes vers un état social plus conforme à la justice et à la solidarité, que se révèle le grand courant humanitaire dont la source est au sommet du Calvaire, et dont les flots nous portent vers un avenir qui ne connaîtra plus les hontes du paupérisme, de l'ignorance et de la guerre.

Le catholicisme a dénaturé les belles et pures doctrines de l'Évangile par ses conceptions de salut par la grâce, de péché originel, d'enfer et de rédemption. De nombreux conciles ont, dans tous les siècles, édifié de nouveaux dogmes, s'éloignant de plus en plus des préceptes du Christ. Le faste et la simonie ont envahi le culte. L'Église a dominé le monde par l'épouvante, par la menace des supplices, alors que Jésus voulait régner par l'amour et la charité. Elle a armé les peuples les uns contre les autres, élevé la persécution à la hauteur d'un système et fait couler des flots de sang.

En vain la science, dans sa marche progressive, a signalé les contradictions qui existent entre l'enseignement catholique et l'ordre réel des choses ; l'Église en est arrivée à la maudire comme une invention de Satan. Un abîme sépare maintenant les doctrines romaines de l'antique sagesse des initiés, qui fut la mère du Christianisme. Le matérialisme a profité de cet état de choses et poussé partout ses racines vivaces.

Par contre, le sentiment religieux s'est sensiblement affaibli. Le dogme n'exerce plus aucune influence sur la vie des sociétés. L'âme humaine, fatiguée des entraves dans lesquelles on l'avait enserrée, s'est élancée vers la lumière ; elle a brisé ces liens chétifs pour aller s'unir aux grands esprits qui ne sont ni d'une secte, ni d'une race, mais dont la pensée éclaire et console l'humanité entière. Affranchie de toute tutelle sacerdotale, elle veut désormais penser, agir et vivre par elle-même.

Nous ne voulons parler du catholicisme qu'avec impartialité. Cette croyance, nous ne l'oublions pas, a été celle de nos pères ; elle a bercé d'innombrables générations. Mais la modération n'exclut pas l'examen. Or, de tout examen sérieux il résulte ceci : l'Église infaillible s'est trompée, et dans sa conception physique de l'univers, et dans sa conception morale de la vie humaine. La terre n'est pas plus le corps central le plus important de l'univers, que la vie présente n'est l'unique théâtre de nos luttes et de nos progrès. Le travail n'est pas un châtiment, mais plutôt le moyen régénérateur par lequel l'humanité se fortifie et s'élève. Sa fausse idée de la vie a conduit le catholicisme à la haine du progrès et de la civilisation, et ce sentiment est exprimé sans réserve dans le dernier article du Syllabus :

« Anathème à qui dira : Le pontife romain peut et doit se réconcilier et se mettre en harmonie avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne. »

Le catholicisme prête à l'Être suprême toutes nos faiblesses. Il en fait une sorte de bourreau spirituel qui voue aux derniers supplices les êtres débiles, ouvrage de ses mains. Les hommes créés pour leur bonheur, succombent en foule aux tentations du mal et vont peupler les enfers. Ainsi son impuissance égale son imprévoyance, et Satan est plus habile que Dieu !

Est-ce donc là le Père que Jésus nous fait connaître, lorsqu'il nous recommande en son nom l'oubli des offenses, lorsqu'il nous dit de rendre le bien pour le mal et nous prêche la pitié, l'amour, le pardon ? L'homme compatissant et bon serait-il supérieur à Dieu ?

Il est vrai que, pour essayer de sauver le monde, Dieu sacrifie son propre fils, membre de la Trinité et partie de lui-même, mais là encore on tombe dans une erreur monstrueuse, et on justifie la parole de Diderot : « Dieu a tué Dieu pour apaiser Dieu ! »

Le catholicisme a obscurci les consciences par la superstition, troublé les intelligences par l'idée sombre et terrible d'un Dieu vengeur. Il a déshabitué l'homme de penser ; il lui a appris à étouffer ses doutes, à annihiler sa raison et ses plus belles facultés, à s'éloigner de tous ceux qui cherchaient librement et sincèrement la vérité, à estimer seulement ceux qui portaient le même joug que lui.

Puis, à côté de l'enseignement erroné, les abus sans nombre, les prières et les cérémonies tarifées, la taxe des péchés, la confession, les reliques, le purgatoire et le rachat des âmes ; enfin les dogmes de l'Immaculée Conception et de l'infaillibilité du pape ; le pouvoir temporel, violation flagrante de ce précepte du Deutéronome (XVIII, 1 et 2) qui défend aux prêtres « de posséder les biens de la terre et d'avoir part à aucun héritage, parce que le Seigneur est lui-même leur héritage », tout cela montre quelle distance sépare les conceptions catholiques des véritables enseignements des livres saints.

Néanmoins, l'Église a fait oeuvre utile. Elle a eu ses époques de grandeur ; elle a opposé des digues à la barbarie ; elle a couvert le globe d'institutions de bienfaisance. Mais, comme pétrifiée dans ses dogmes, elle s'immobilise, tandis qu'autour d'elle tout marche et avance ; de jour en jour, la science grandit et la raison humaine prend son essor.

Rien n'échappe à la loi du progrès, les religions pas plus que le reste. Elles ont pu répondre aux besoins d'un temps et d'un état social arriérés, mais le moment arrive où ces religions, emprisonnées dans leurs formules comme en un cercle de fer, doivent changer ou mourir. Ayant donné à l'Histoire tout ce qu'il pouvait lui offrir, le catholicisme est devenu impuissant à féconder l'esprit humain ; celui-ci l'abandonne, et, dans sa marche incessante, s'avance vers des conceptions plus vastes et plus élevées. L'idée chrétienne ne périra pas pour cela ; elle se transformera seulement, pour reparaître sous une forme nouvelle et épurée. Un temps viendra où les dogmes et les pratiques catholiques ne seront plus qu'un vague souvenir presque effacé de la mémoire des hommes, comme l'est pour nous le paganisme romain et scandinave. Mais la grande figure du Crucifié dominera les siècles, et trois choses subsisteront de son enseignement, car elles sont l'expression de la vérité éternelle : l'unité de Dieu, l'immortalité de l'âme et la fraternité humaine.

*

*     *

Malgré les persécutions religieuses, la doctrine secrète s'est perpétuée à travers les temps. On en retrouve la trace dans tout le moyen âge. Déjà les initiés juifs l'avaient, à une époque reculée, consignée en deux ouvrages célèbres, le Zohar et le Sepher-Jésirah. Leur réunion forme la Kabbale, une des oeuvres capitales de la science ésotérique[13].

Le christianisme primitif en porte la forte empreinte. Les premiers chrétiens croyaient à la préexistence et à la survivance de l'âme en d'autres corps, comme l'ont fait voir les propos tenus par Jésus sur Jean-Baptiste et sur Élie, et cette question posée par les apôtres au sujet de l'aveugle-né, lequel, semblait « s'être attiré cette punition par des péchés commis avant de naître[14] ». L'idée de la réincarnation était tellement répandue dans le peuple juif, que l'historien Josèphe reprochait aux Pharisiens de son temps de n'admettre la transmigration des âmes qu'en faveur des gens de bien seulement[15]. C'est ce qu'ils appelaient Gilgul, ou le roulement des âmes.

Les chrétiens se livraient aussi aux évocations et communiquaient avec les esprits des morts. On retrouve dans les Actes des Apôtres de nombreuses indications sur ce point[16] ; saint Paul, dans sa première épître aux Corinthiens, décrit, sous le nom de dons spirituels, tous les genres de médiumnité[17]. Il se déclare instruit directement par l'esprit de Jésus dans la vérité évangélique.

On attribuait parfois ces inspirations aux mauvais Esprits, à ce que certains appelaient l'Esprit de Python :

« Mes bien-aimés, disait Jean l'Évangéliste, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez si les esprits sont de Dieu[18]. »

Les pratiques spirites furent en usage pendant plusieurs siècles. Presque tous les philosophes alexandrins, Philon, Ammonius Saccas, Plotin, Porphyre, Arnobe, se disent inspirés par des génies supérieurs ; saint Grégoire thaumaturge reçoit les symboles de la foi de l'Esprit de saint Jean.

L'école d'Alexandrie resplendissait alors du plus vif éclat. Tous les grands courants de la pensée humaine semblaient s'y réunir et s'y confondre. Cette école célèbre avait produit une pléiade de brillants esprits, qui s'efforçaient de fusionner la philosophie de Pythagore et de Platon avec les traditions de la kabbale juive et les principes du Christianisme. Ils espéraient former ainsi une doctrine définitive, aux larges et puissantes vues, une religion universelle et impérissable. C'était le rêve de Philon. Comme Socrate, ce grand penseur a son esprit familier, qui l'assiste, l'inspire, le fait écrire pendant le sommeil[19].

Il en est de même d'Ammonius et de Plotin, dont Porphyre dit qu'il était inspiré par un génie, « non pas de ceux nommés démons, mais de ceux que l'on appelle dieux[20] ». Plotin a écrit un livre sur les Esprits familiers.

Comme eux, Jamblique était versé dans la théurgie et communiquait avec l'invisible.

De tous les champions du christianisme ésotérique, Origène est le plus connu. Cet homme de génie, qui fut un grand philosophe et un saint, établit dans ses oeuvres[21] que l'inégalité des êtres est la conséquence de leurs mérites divers. Les seules peines conformes à la bonté et à la justice divine sont, dit-il, les peines « médicinales », celles qui ont pour effet de purifier progressivement les âmes dans des séries d'existences, avant leur admission dans le ciel. Parmi les Pères de l'Eglise, beaucoup partageaient ses vues[22] et s'appuyaient sur les révélations des Esprits aux prophètes ou médiums[23].

Saint Augustin, le grand évêque d'Hippone, dans son traité De Curâ pro mortuis, parle des manifestations occultes et ajoute :

« Pourquoi ne pas attribuer ces opérations aux esprits des défunts et ne pas croire que la divine Providence fait un bon usage de tout pour instruire les hommes, les consoler, les épouvanter ? »

Dans sa Cité de Dieu[24], au sujet du corps lucide, éthéré, aromal, qui est l'enveloppe de l'âme et qui conserve l'image du corps charnel, ce Père de l'Église parle des opérations théurgiques connues sous le nom de Télètes, qui le rendaient propre à communiquer avec les Esprits et les Anges et à recevoir des visions admirables.

Au sujet de la pluralité des vies affirmée par Origène, Augustin s'exprime ainsi dans ses Confessions[25] :

« Mon enfance n'a-t-elle point succédé à un autre âge mort avant elle ?...

« Même avant ce temps-là, ai-je été quelque part ? Étais-je quelqu'un ? »

Cet autre passage de ses oeuvres nous semble encore plus significatif :

« J'ai l'assurance de trouver chez les Platoniciens bien des choses qui ne répugnent pas à nos dogmes... Cette voix de Platon, la plus pure et la plus éclatante qu'il y ait dans la philosophie, s'est retrouvée dans la bouche de Plotin, si semblable à lui, qu'ils paraissaient contemporains, et cependant assez éloignés par le temps pour que le premier des deux paraisse ressuscité dans l'autre[26]. »

Saint Clément d'Alexandrie[27] et saint Grégoire de Nysse s'expriment dans le même sens. Ce dernier expose[28] que « l'âme immortelle doit être guérie et purifiée, et, si elle ne l'a pas été par sa vie terrestre, la guérison s'opère dans les vies futures et subséquentes ».

Dans bien des milieux, les Esprits combattaient le dogmatisme naissant de l'Église et soutenaient les hérésiarques. Ils se plaignaient de ce que les enseignements si simples de l'Évangile fussent obscurcis par les dogmes inventés et imposés à la croyance, malgré les révoltes de la raison. Ils s'élevaient contre le luxe déjà scandaleux des évêques[29].

Ces révélations étaient devenues autant d'entraves pour l'Église officielle. Les hérétiques y puisaient leurs arguments et leur force ; l'autorité du sacerdoce en était ébranlée. Avec la réincarnation et la succession des vies, avec le rachat des fautes commises, par l'épreuve et le travail, la mort n'était plus un sujet de terreur ; chacun se délivrait soi-même du purgatoire terrestre par ses efforts et ses progrès, et le prêtre perdait sa raison d'être. L'Église, ne pouvant plus ouvrir à son gré les portes du paradis et de l'enfer, voyait s'amoindrir son prestige et sa puissance.

Elle jugea donc nécessaire d'imposer silence aux partisans de la doctrine secrète, de renoncer à tout commerce avec les Esprits et de condamner leurs enseignements comme inspirés par le démon. C'est à partir de ce jour que Satan prit une importance de plus en plus grande dans la religion chrétienne. Tout ce qui gênait celle-ci lui fut attribué. L'Église déclara qu'elle seule était la prophétie vivante et permanente, l'unique interprète de-Dieu. Origène et les gnostiques furent condamnés par le concile de Constantinople (553) ; la doctrine secrète disparut avec les prophètes, et l'Église put accomplir à son aise son oeuvre d'absolutisme et d'immobilisation.

On vit alors les prêtres romains perdre de vue la lumière que Jésus avait apportée en ce monde et retomber dans l'obscurité. La nuit qu'ils voulaient pour les autres se fit en eux-mêmes. Le temple ne fut plus, comme dans les temps anciens, l'asile de la vérité. Celle-ci abandonna les autels pour chercher un refuge caché. Elle descendit dans les classes pauvres ; elle alla inspirer d'humbles missionnaires, des apôtres obscurs, qui, sous le nom d'évangile de saint Jean, cherchèrent à rétablir, sur différents points de l'Europe, la simple et pure religion de Jésus, la religion de l'égalité et de l'amour. Ces doctrines furent étouffées par la fumée des bûchers ou noyées dans des flots de sang.

Toute l'histoire du moyen âge est pleine de ces tentatives de la pensée, de ces réveils éclatants, suivis des réactions du despotisme religieux et monarchique et de périodes de morne silence.

Cependant, la science sacrée était gardée, sous des aspects différents, par plusieurs ordres secrets. Les alchimistes, les Templiers, les Rose-Croix, etc., en conservèrent les principes. Les Templiers furent poursuivis avec acharnement par l'Église officielle. Celle-ci redoutait au plus haut point les écoles secrètes et l'empire qu'elles exerçaient sur les intelligences. Sous le prétexte de sorcellerie, de pactes avec le diable, elle les détruisit presque toutes par le fer et le feu.

La Réforme réussit à arracher la moitié de l'Europe au joug de Rome. Le protestantisme se distingue du catholicisme en ce qu'il repose sur le principe du libre examen. Sa morale est plus précise. Il a le mérite de se rapprocher davantage de la simplicité évangélique. Mais l'orthodoxie protestante ne saurait être considérée comme le dernier mot de la rénovation religieuse, en raison de son attachement exclusif à la « lettre qui tue » et au bagage dogmatique qu'elle a conservé en partie.

Malgré les efforts de la théocratie, la doctrine secrète ne s'est pas perdue. Longtemps elle est restée cachée à tous les yeux. Les conciles et les sbires du Saint-Office avaient cru l'ensevelir à jamais ; cependant, sous la pierre scellée sur elle, cette doctrine vivait toujours, semblable à la lampe sépulcrale qui brûle, solitaire, dans la nuit.

Même au sein du clergé, il y eut toujours des partisans cachés de ces idées de préexistence et de communication avec l'invisible. Certains d'entre eux osèrent élever la voix.

Déjà en 1843, dans un de ses mandements, M. de Montal, évêque de Chartres, parlait en ces termes :

« Puisqu'il n'est pas défendu de croire à la préexistence des âmes, qui peut savoir ce qui a pu se passer dans le lointain des âges entre des intelligences ? »

Le cardinal Bona, le Fénelon de l'Italie, dans son traité Du Discernement des Esprits, s'exprimait ainsi :

« On a sujet de s'étonner qu'il se soit pu trouver des hommes de bon sens qui aient osé nier tout à fait les apparitions et les communications des âmes avec les vivants, ou les attribuer à une imagination trompée, ou bien à l'art des démons. »

Enfin, tout récemment, M. Calderone, directeur de la Filosofia della Scienza, de Palerme, publiait quelques lettres adressées par Mgr Louis Passavalli, archevêque, vicaire de la basilique de Saint-Pierre de Rome, à M. Tancredi Canonico, sénateur et Garde des Sceaux, au sujet de la réincarnation. En voici un des principaux passages[30] :

« Il me semble que si l'on pouvait propager l'idée de la pluralité des existences pour l'homme, aussi bien dans ce monde que dans d'autres, comme un moyen admirable de réaliser les dessins miséricordieux de Dieu, dans l'expiation ou purification de l'homme, dans le but de le rendre, enfin, digne de Lui et de la vie immortelle des Cieux, on aurait déjà fait un grand pas, car cela suffirait à résoudre les problèmes les plus embrouillés et les plus ardus qui agitent actuellement les intelligences humaines. Plus je pense à cette vérité, plus elle m'apparaît grande et féconde en conséquences pratiques pour la religion et la société. »

Signé : « † Louis, archevêque. »


[1]     Voir Josèphe, Guerres des Juifs, II, et Philon, De la Vie contemplative.

[2]     Par cette expression, il faut entendre les esprits simples et droits.

[3]     Matthieu, V, 1-12 ; Luc, VI, 20-26.

[4]     Matthieu, V, 44 et suiv.

[5]     On lit dans Marc (IV, 10-13) : Il leur dit : Il vous est donné de connaître le mystère du royaume de Dieu ; mais pour ceux qui sont du dehors, tout se traite par des paraboles. - La même pensée est exprimée par Matthieu, XIII, 11, 13.

       Voir, pour tous détails sur la doctrine secrète du Christ, mon ouvrage Christianisme et Spiritisme, chap. IV, notes 4, 5, 6, etc.

[6]     Jean XIV, 2, 3.

[7]     Jean, III, 3.

[8]     Jean, III, 13.

[9]     Matthieu, XI, 11-15 ; XVII, 11 et 12. Voir aussi Marc, IX, 10 et 11, etc.

[10]   Jean, XVI, 12, 13. L'Église ne voit dans ces paroles que l'annonce du Saint-Esprit descendu quelques mois plus tard sur les apôtres ; mais si l'humanité (car c'est à elle que s'adresse cette prophétie) n'était pas alors capable de comprendre la vérité, comment l'aurait-elle pu cinquante jours plus tard ?

[11]   I° Cor. Dans cette même épître (XV, 5 à 8), Paul énumère les apparitions du Christ après sa mort. Il en compte six, entre autres une aux Cinq cents « dont plusieurs sont encore vivants ». La dernière est celle du chemin de Damas, qui fit de Paul, ennemi acharné des chrétiens, le plus ardent des apôtres.

[12]   Tacite, Annales, XV, 44 ; Suétone, Vitæ ; Claud., 25 ; Neron 16.

[13]   Voir le beau volume d'Ad. Franck, de l'Institut, sur la Kabbale.

[14]   Jean, IX, 2.

[15]   Josèphe, Guerres des Juifs, liv. VIII, chap. VII.

[16]   Actes des Apôtres, VIII, 26 ; XI, 27, 28 ; XVI, 6, 7 ; XXI, 4.

[17]   XIV, 26 à 29 ; XV, 44. Les médiums étaient alors appelés prophètes.

       Dans le texte grec des Évangiles on trouve presque toujours isolé le mot esprit. Saint Jérôme, le premier, y ajoute celui de saint, et ce sont les traducteurs français de la Vulgate qui en ont fait le Saint-Esprit.

[18]   Ep., I, IV, 1.

[19]   Philon, De Migrat. Abraham., p. 393.

[20]   Bayle, Diction. phil. et hist., art. Plotin.

[21]   De Principiis.

[22]   Voir Histoire du Manichéisme, par Beausobre, II, 595.

[23]   Orig., Contrà Celse, pp. 199, 562.

[24]   De Civit. Dei, livre X, chap. IX et XI.

[25]     Confessions, t. I°, p. 28.

[26]     Augustini opera, I, p. 294.

[27] Stromat., liv. VIII, Oxford, 1715.

[28]     Grand discours catéchétique, t. III, chap. VIII, édition Morel.

[29]   Le P. de Longueval, Histoire de l'Église gallicane, I, 84.

[30]   Voir Annales des Sciences psychiques, septembre 1912, p. 284.

Chapitre suivant




Téléchargement | Bulletin
nous écrire | L’Agora Spirite