Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Haines posthumes…. Réincarnations


Le 12 avril 1887, sur la demande de Mme Comte Caliste, nous prions nos guides de nous aider pour forcer à se manifester un Esprit qui obsède un médium et le pousse au suicide. Cet esprit haineux et jaloux n’est autre que la belle-sœur du médium. A cette dernière tout semble vouloir assurer une existence paisible et heureuse et ce but serait atteint sans l’esprit obsesseur qui, lui, n’ayant pas réussi dans les affaires, avait clôturé son bilan par un suicide. Poussé par une haine féroce, la suicidée n’a ni paix ni trêve ; jour et nuit elle cherche à entretenir dans le cerveau de sa belle-sœur cette idée fixe : « Je suis trop malheureuse, je veux, je dois aussi me suicider ». Le résultat de cette évocation fût une séance fort troublée ; par suite de la perturbation qu’apporte dans l’harmonie des fluides la présence d’un être mauvais et méchant. Celui-ci, furieux de notre intervention, et voulant s’en venger, nous faisait toutes sortes de menaces ; je dus mettre en catalepsie les bras et les jambes de Mlle Louise pour éviter une scène de pugilat. « Si voyiez, comme moi, la férocité de son aspect, vous en seriez effrayés nous dit Mlle Louise ; vous en seriez effrayés. Tenez, il prend une poignée de gravier qu’il vous jette à la figure ! - Il ne m’a pas fait grand mal. » Répondis-je et au même instant nous entendîmes tomber et rebondir sur le parquet deux petites pierres.
Pour amener cet Esprit méchant à d’autres sentiments, nous eûmes besoin de plus de six mois de conseils, d’exhortations, de bonnes paroles et de soins, mais heureusement nous en vînmes à bout.
En venant à nos réunions, Mme Comte-Calixte se faisait accompagner par Mlle Sophie, sa demoiselle de compagnie. Celle-ci, après avoir vu la facilité avec laquelle les médiums étaient mis en somnambulisme, et l’état de bien-être dans lequel ils se trouvaient au réveil, me fit demander d’essayer de l’endormir pour voir si elle avait, à l’état latent, des facultés qui pourraient nous être utiles. A la fin d’une séance, je dis à Mlle Louise avant de la réveiller : « Aidez-là à se dégager, je vais endormir Mlle Sophie. Elle me répondit nerveusement et à vois basse : Non, je ne veux pas… Je ne veux pas et puis faites comme vous voudrez. » Je fus surpris de cette réponse et du ton sur lequel elle fut faite ; mais je n’insistai pas. Le lendemain je revis Mlle Louise et sans lui dire le but de ma visite, je la mis en somnambulisme et lui demandai la cause de sa conduite la veille. Elle s’obstina longtemps à vouloir garder pour elle un secret qui ne me concernait pas ; cependant sur mon insistance, elle finit par me déclarer : « Je m’y suis opposée parce que cette personne a été la cause de mon malheur dans une autre existence ; nous nous sommes jurées une haine éternelle ; je la méprise, je la hais, et jamais je ne lui pardonnerai, jamais entendez-vous, tout le mal qu’elle m’a fait. - Je crois cependant, lui dis-je, que ce n’est pas le hasard seul qui vous a mis sur le même chemin, mais que ce sont nos amis ; pour vous donner le moyen de vous réconcilier ». Elle se révolta, contre cette idée, mais à force de patience et de bonnes raisons, je finis par lui faire promettre qu’elle m’aiderait à l’endormir et lui pardonnerait.
A la séance suivante, je n’avais rien dit à personne de cette dernière entrevue, après avoir endormi simultanément Mlle Louise, Mme Maria et M. Molarel, je fis mettre ce dernier à ma place, à droite de Mlle Louise et Mme Maria à sa gauche et me plaçant en face de Mlle Sophie, je me mis en devoir de provoquer chez elle le somnambulisme. A ce moment, Mme Maria, M. Molaret prirent Mlle Louise par la taille en lui disant : « Allons, Louise, du courage, il faut l’aider à se dégager, il faut aussi lui pardonner ; il faut oublier. Oui, pardonnez et oubliez, ce sont nos amis qui vous le demandent, il faut que cette haine prenne fin et qu’un pardon sincère vous réconcilie. »
Mlle Sophie venait de s’endormir à son tour ; alors Mlle Louise la prit par la main et lui dit : « Voyez et souvenez-vous ». Mlle Sophie resta un moment comme stupéfaite, médusée, puis elle se mit à pleurer à chaudes larmes en disant : « Non, vous ne pouvez pas me pardonner ; je vous ai fait trop de mal pour que vous puissiez l’oublier ; où me cacher, j’ai honte de moi-même ! » et elle pleurait à inonder son corsage. Louise et les autres pleuraient aussi : enfin Mlle Louise dit : « Puisque nos amis le demandent, que tout s’efface de ce passé sinistre ; que tout soit oublié. » Et s’étant levés spontanément les quatre médiums se tenaient enlacés dans une forte étreinte ; pleurant maintenant de joie et de ravissement. J’eus beaucoup de mal à les ramener, tous les quatre, au sentiment de la réalité et à les faire revenir pour les réveiller. Les autres membres du groupe avaient suivi cette scène pathétique, sans bien la comprendre ; je dus leur donner la clef de l’énigme. C’était la fin d’une haine posthume. J’ai observé ailleurs deux autres cas semblables.
En septembre 1887, à une séance un des Esprits qui nous aidaient dans nos travaux, l’ami Joseph nous dit : « Je viens vous faire mes adieux, je ne reviendrai plus à vos réunions où vous m’avez si fraternellement accueilli ; je vais me réincarner. - Si vous vouliez nous dire dans quelles conditions, nous pourrions vous rechercher pour encore nous occuper de vous. - Non, c’est inutile, se serait contre la loi de Dieu ; si le mystère de notre passé nous est caché, c’est qu’il y a pour cela des motifs sérieux et que nous ne pouvons enfreindre en cherchant à soulever le voile qui nous cache notre destinée. » Ce fut sa dernière visite.

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Le 20 décembre 1887, Melle Louise, en somnambulisme, voit des violettes ; il y en a profusion, nous auront tous de gros bouquets. Leur parfum commence à se faire sentir ; puis nous voyons tomber du plafond, une à une, quelques violettes qui se posent sur nous. Mais au lieu d’une riche moisson, il y en a seulement 6 ; or, nous sommes 7 présents. Nous demandons au médium quel est celui qui devra s’en passer : « il y en a une pour chacun de vous ; cherchez bien, vous trouverez la septième violette ». Nous fouillons dans tous les coins de l’appartement, sans pouvoir la découvrir et nous partons, laissant Melle Louise très contrariée de ne pas avoir trouvé celle qui lui était destinée. Sa tristesse ne fut pas de longue durée, car après notre départ, en quittant son corsage, elle trouva la petite violette cachée dans un rucher de dentelle, de son corset. Nous avons donc eu se soir-là, sept violettes comme nos guides nous l’avaient dit.

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Voulant tenter des expériences de matérialisation d’Esprits, nous divisâmes nos séances en deux parties, pendant la première séance obscure, tous les assistants formaient la chaîne dans l’ordre indiqué, chaque fois, par nos guides.
Le 17 janvier 1888, nous étions placés, M. D…à la gauche du médium, moi à sa droite tenant une de ses mains, sans que ni l’un ni l’autre nous ayons cessé de tenir les mains de Melle Louise, une branche de réséda fut mise entre les doigts de M. D…, un œillet blanc, discrètement placé au corsage de M. M… et une tige de myrte en fleur déposée sur mes genoux.
Dans l’obscurité, nous dit le médium, les apports sont beaucoup plus faciles à obtenir ; car les combinaisons fluidiques ne sont pas contrariées par les vibrations lumineuses ; il faut une dépense fluidique presque insignifiante pour les réaliser, mais le contrôle est plus difficile et l’on est tenté de les attribuer à la supercherie.
Le 7 février 1888, pendant une séance obscure, M. Deborne reçoit une tige d’héliotrope et deux anémones épanouies. Melle Louise nous répète, que dans l’obscurité, les apports s’opèrent bien plus facilement ; mais, elle demande à nos guides de ne plus produire ces phénomènes qu’en pleine lumière, afin de dégager sa bonne foi et de la mettre à l’abri de toute suspicion.
Ce qui, plus que toute autre chose, devait mettre nos expériences en dehors de toute supposition de fraude, de toute suspicion ; c’est le désintéressement et la patience du médium qui étaient absolus et la bonne foi de tous les membres du groupe ; car nous poursuivions ces recherches, non pour ébahir la galerie, mais pour nous convaincre par nous-mêmes de l’authenticité de ces manifestations. Au lieu de chercher des subterfuges pour expliquer ces phénomènes ; en nous passant de l’assistance des Esprits, pour les attribuer à des entités inconnues, à des agents imaginaires. Nous avons voulu, autant qu’il était en notre pouvoir, mettre en lumière l’action de nos guides, ou Esprits familiers, dans la réalisation de nos désirs.




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