Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Orgueil et simulation


Au début du Groupe Amitié, mon ami, Monsieur Laurent de Farget était très assidu à nos réunions. Un soir en arrivant, il me demande : « Avez-vous lu la Revue Spirite de ce mois ? - Non pourquoi ? - Parce qu’elle contient une communication signée, George Sand, qui n’a aucun rapport avec le style de cet auteur que je préfère à beaucoup d’autres, ça lui ressemble autant qu’un âne a un évêque ! - Indifférent à l’âne, lui dis-je en riant, mais peu flatteur pour l’évêque ! Et il ajouta : J’ai écrit à M. Leymarie pour lui dire que je ne comprenais pas que la revue publie des insanités pareilles. »
A la réunion suivante, de Faget me dit : « Connaissez-vous à Lyon, un médium, du nom de Marguerite ? J’ai bien connu chez M. Finet vers 1874, un médium de ce nom-là mais depuis dix ans je l’ai perdu de vue, autant que je me souvienne, elle était très infatuée de sa médiumnité et elle cessa de venir aux réunions, parce qu’on ne prisait pas ces communications, comme elles devaient l’être. - Eh bien ! Tenez ! Lisez cette réponse à l’affaire de la communication signée G. Sand. - Et je lus : « Monsieur, je n’ai que faire de vos appréciations, les Esprits qui m’assistent sont trop élevés pour s’abaisser à discuter avec de petites gens comme vous. »
Qu’en dites-vous ? Que l’orgueil est toujours un très mauvais conseillé.
Etant donné les résultats que nous obtenions dans notre petit groupe, de dix personnes, nous fûmes bientôt, vingt et vingt cinq, sans bien savoir à qui nous avions à faire. Parmi les nouveaux venus se trouvait une dame G… d’une instruction très primaire, mais bon médium, et obtenant d’excellentes communications écrites avec une orthographe phonétique, ultra fantaisiste. On la prisait d’autant plus que ses dictées étaient de vraies pages de littérature et même d’éloquence dont nous étions surpris et charmés.
Un soir, j’étais seul chez moi et je lisais auprès de mon fourneau de cuisine lorsque j’entends, au dessus de ma tête, un bruit singulier ; on aurait dit de vieilles ferrailles remuées dans un panier à salade. Je prends ma lampe à la main et je cherche la cause de ce bruit ; je ne vois rien qui puisse me mettre sur la voie. Je reprends ma lecture mais un instant après le même bruit se reproduit. Je cherche de nouveau, plus attentivement et toujours rien. Mais alors il me vient à l’idée que c’est peut- être un avertissement qu’on veut me donner. Si c’est cela, dis-je, recommencez, et aussitôt pour la troisième fois le bruit se renouvelle et j’écris alors : « On vous trompe, ne dit rien mais observe et tu verras ». Signé, ton grand-père. Et le même bruit se produit pour la quatrième fois, sitôt après. Le lendemain, jour de séance, je venais de mettre Melle Louise en somnambulisme lorsqu’elle me dit : « Votre grand-père est près de vous, c’est lui qui est venu chez vous hier soir : observez et vous verrez ». Mon attente ne fut pas de longue durée. A la deuxième réunion suivante, Mme G… lut une communication d’un lyrisme superbe ; mais, à mesure qu’elle lisait, un ronronnement se produisait dans mon cerveau, et lorsqu’elle eut fini sa lecture, je lui dit : « c’est signé Chateaubriand ? Oui Monsieur, précisément. - C’est le rossignol. - Oui. - J’ai appris cela en classe, dans un recueil de morceaux choisis en littérature !…
La bonne femme devînt rouge, comme une crête de coq, mais ne reparut plus à nos réunions. Elle avait des fillettes qui apprenaient en classe dans un recueil, les pages des maîtres de notre langue ; en les leur faisant réciter, elle les apprenait aussi puis elle les écrivait comme elle pouvait ; et cependant, elle était médium ; elle en a donné des preuves sérieuses depuis, mais, pour paraître et s’attirer des louanges, elle truquait une faculté vraie contre une simulée. Flatter les médiums c’est les perdre, ne les adulons donc jamais si nous ne voulons pas être trompés par eux, tenons-nous toujours sur nos gardes.




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