Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Ode à la mort


1er mars 1917.

A Mademoiselle Bedette

Ce matin comme hier toutes les fleurs écloses
Exhalaient dans les airs leurs suaves parfums.
Quelle étrange illusion m’a fait parmi les roses
Evoquer aujourd’hui les manes des défunts ?

Amis ne cherchons pas dans le froid cimetière
Ce que les vers ont fait de leurs membres glacés
Notre corps est de fange, il retourne en poussière
Elle s’envole ailleurs l’âme des trépassés

D’un vêtement usé, quand nous jetons les drilles
Il nous importe peu d’en connaître le sort
Pourquoi donc tenir aux humaines guenilles
Que notre âme abandonne à l’instant de la mort.

Au milieu des tombeaux où gisent pêle-mêle
Tous nos débris charnels quand nous ne sommes plus
On perçoit cependant le doux frôlement d’ailes
De nos morts si vivants au séjour des élus.

Nous les croyons bien loin, nous pleurons leur absence
Et nous nous lamentons près des tombeaux fleuris
Alors qu’autour de nous, pour montrer leur présence
Ils restent attristés de n’être pas compris.

Victor Hugo nous dit ce que c’est que la tombe.
Qu’un lugubre appareil jusqu’ici nous voilà,
« On y monte étonné d’avoir cru qu’on y tombe »
Par un enchantement s’entrouvre l’au-delà.

Poète tu l’as dit : le rendez-vous des âmes
N’est pas le ciel béat, où l’on chante à genoux
Ni le sombre géhenne aux implacables flammes
Le royaume des morts est au milieu de nous.

A l’heure du trépas restons donc impassibles
Par delà le cercueil nos regards plus perçants
Nous montrerons alors que s’ils sont invisibles
Nos chers disparus ne sont pas des absents.




FIN




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