Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Conclusion


1er mars 1917. Maintenant que nous avons fait défiler sous vos yeux, en deux séries de phénomènes, les preuves promises par nos titres et que nous voulions vous faire connaître, quelles conclusions, ami lecteur, pouvons-nous et devons-nous tirer des faits que nous avons exposés ?
Tout d’abord, si nous nous reportons par la pensée à l’époque où les premiers phénomènes se sont produits, nous nous souviendrons qu’alors, tous ceux qui s’occupaient de pareilles recherches en France se déclaraient franchement et simplement spirites, c’est-à-dire disciples d’Allan Kardec, le fondateur du Spiritisme philosophique. Il y avait même de leur part une certaine crânerie à se déclarer spirite, tenir son drapeau déployé au lieu de le cacher dans sa poche, comme beaucoup de néo-spirites ont cru devoir le faire depuis, pour s’abriter derrière des noms, des mots nouveaux aussi barbares que scientifiques ; et ne pas s’exposer aux railleries, aux sarcasmes des matérialistes auxquels s’étaient joints, pour étouffer le Spiritisme, les menées louches et déloyales du cléricalisme cherchant, de son côté, à le tuer sous le ridicule et la mauvaise foi. Alors il y avait des risques à courir à se déclarer spirite ; mais nos aînés étaient fiers de ce nom que leur avait enseigné Allan Kardec dont ils connaissaient à fond tous les ouvrages et dont ils suivaient les leçons[1] . Ils étaient profondément convaincus de l’existence en nous d’une âme immortelle, de sa survivance à la destruction du corps matériel, de la communication réelle et possible entre les vivants d’ici-bas et les vivants de l’au-delà, c’est-à-dire nos parents, nos amis et tous les contemporains désincarnés qui, s’étant intéressés à cette étude pendant leur vie terrestre, continuaient à le faire dans l’au-delà, avant de se réincarner sur notre planète pour y vivre une existence nouvelle, ou sur tout autre monde habité par des âmes en route pour le grand pèlerinage des existences successives.
Non seulement les spirites d’alors connaissaient bien les enseignements d’Allan Kardec mais ils les mettaient à profit pour leur avancement spirituel et moral et pour celui de la philosophie spirite. Ils étaient convaincus que toutes les communications étaient le fait des Esprits et que notre devoir, à nous, étaient de les étudier pour accepter les bonnes et rejeter celles qui paraissaient mauvaises où seulement douteuses. Ils se gardaient de leur mieux contre les fraudes soit des médiums, soit des désincarnés. Pas plus alors qu’aujourd’hui, l’étude du Spiritisme n’a été considérée comme une chose toute simple. Au contraire, nos aînés la considéraient comme une étude de longue haleine, à laquelle ils apportaient tout le sérieux, toute l’attention et la bonne foi qu’elle comporte et qu’elle mérite.
Or, il advint qu’un jour, les néo-spirites trouvant l’étude de la morale gênante, la délaissèrent pour ne s’occuper que des manifestations tangibles et matérielles. Ce fut alors une éclosion de théories nouvelles, d’hypothèses, de suppositions, d’affirmations sans preuves, toutes plus étranges, plus extravagantes, plus déconcertantes les unes que les autres. Tel savant matérialiste qui ne croyait pas à l’âme humaine ni à la survie rejetait l’âme et les Esprits et attribuait leurs manifestations aux causes les plus hétéroclites, les plus incroyables, qu’il affublait de noms plus ou moins barbares. Tel autre, mécontent de rien découvrir débaptisait les expériences anciennes pour les camoufler sous des mots nouveaux qui embrouillent, de plus en plus, l’étude de la Doctrine jusqu’alors si claire. Alors sortaient de l’ombre tous les inconscients et leurs superlatifs, dont chaque auteur donnait une explication spéciale qui ne définissait rien, mais camouflait l’âme et les Esprits et c’était là, tout ce que voulaient les instigateurs des nouvelles méthodes d’expérimentation. Les cléricaux, de plus belle, mettaient le diable en campagne et du haut de la chaire tonnaient contre le Spiritisme. Tandis que les scientistes escamotaient les Esprits qu’ils ne voulaient ni connaître, ni avouer, dont même ils ne voulaient pas entendre parler.
Parmi toutes les inventions, suppositions et explications nouvelles, avait-on au moins trouvé les moyens de résoudre tous les problèmes que nous posent les manifestations spirites ? Nullement. Aucun des phénomènes du groupe Amitié ne peut être expliqué, analysé par elles. La psychométrie, l’animisme, la télékinésie s’y sont appliqués sans grand succès. Pour les petits mouvements d’objets à courtes distances, on crut trouver un moteur dans les membres supplémentaires ou extensibles que certains médiums qu’ont étudié les savants avaient laissé supposer. Mais pour les gerbes de fleurs comme celles que nous avons reçues, pour les actions à longues distances, l’explication est encore à venir, comme le seraient les causes de la catalepsie après la réalisation des phénomènes, si les Esprits eux-mêmes ne nous en avaient fourni l’explication.
Pour le phénomène de l’écriture directe sous pli cacheté, aucune des théories nouvelles ne peut donner la solution. Lorsque j’écris comme médium, on m’objecte que c’est mon inconscient ou mon subconscient qui dicte la communication qui m’est donnée. Mais dans le cas cité, ni le médium ni moi n’avons rien eu à penser ni à écrire puisque la chose s’est produite sans notre intervention. Comment diable mon inconscient aurait-il pu s’y prendre pour écrire, lui-même sans que je m’en rende compte et ce qu’il y a de plus incroyable c’est que la première communication est d’une écriture fine et suivant les lignes droites bien que le papier fut plié en quatre alors que la deuxième communication signée « Ton Grand-père » est écrite en travers de la seconde feuille et que, l’écriture est si ressemblante avec celle qu’il avait pendant sa vie que ma mère l’a reconnue en passant, sans hésitation. Quelle raison aurais-je après cela à ne pas croire, qu’elle a été écrite par celui même qui l’a signée ?
La création des pilules pour un cas spécial, que personne ne pouvait prévoir et qui se matérialisent à point donnée, est aussi un phénomène que les théories nouvelles ne sauraient résoudre. Pas plus qu’on ne pourrait expliquer sans la pluralité des existences, l’explosion de la haine posthume entre Mme Louise et Mlle Sophie.
Parmi les faits du groupe Espérance, le cas de Mlle Victorine, qui vient nous révéler ses prénoms de Marie-Louise que personne ne savait et ne pouvait connaître, n’est-il pas absolument probant ? Et la sensation macabre éprouvée par le médium lorsque cet Esprit l’a quitté, n’est-elle pas typique ? On subit des effets semblables, on ne les invente pas.
Dans le cas de M. Servonnet, il y a ceci de particulier qu’un de ses neveux, que je ne connaît pas, m’a fait dire par un tiers qu’il avait reconnu son oncle au langage que le journal Le Spiritisme Kardéciste a reproduit de lui.
Et la prière en latin du Grand-Vicaire avec sa traduction ! Comment l’expliquer en dehors d’une intervention directe de ce personnage.
Et la bague de Bedette ! Quelle suite de problèmes ne nous pose-t-elle pas. Elle est créée à son doigt, trop petite, puis agrandie en séance ; elle change de doigt ou de main pendant que je tiens moi-même sa main dans la mienne.
Et la framboise verte de Justin qui se traduit en dix petites émeraudes, dont l’une se glisse entre ma main et celle de Mlle Victorine que je serrais vigoureusement dans la mienne.
De tout cela quelles explications plausibles peuvent donner les théories nouvelles ? Aucune de probante, à mon avis. Pour arriver à trouver une solution vraie, logique, à une explication satisfaisante, il faut revenir à la théorie spirite, à la présence des Esprits amis autour de nous, à leur pouvoir sur la matière qu’ils nous ont révélée être une avant que la science officielle ne soit venue le dire à son tour.
L’action des invisibles dans la production de ces phénomènes est indubitable et tous ceux qui ont suivi nos réunions, ou des réunions semblables, n’ont aucun doute sur la présence réelle autour de nous de nos amis de l’espace dont parfois nous sentons les frôlements aussi certains que s’ils étaient matériellement présents.
Tous les phénomènes que nous venons de passer en revue trouvent leur explication dans l’intervention des Esprits, dans l’assistance de nos amis défunts et ne la trouve complète que grâce à nos guides et à leur volonté, leur désir de nous être utiles et agréables. C’est donc au Spiritisme et au Spiritisme seul que nous devons attribuer ces phénomènes qui sont pour nous la preuve matérielle de la survivance des Esprits dans l’au-delà, de la communication certaine entre les vivants et ceux que nous appelons improprement des morts.
C’est parce que j’étais déjà spirite en 1867 que je me suis occupé de ces recherches ; c’est parce que j’étais spirite que, plus tard, j’ai pu poursuivre d’intéressants phénomènes et c’est à cause de toutes ces manifestations que, quoiqu’on puisse en penser, jusqu’au jour où je recevrai mon ordre de départ pour le grand voyage de l’au-delà, je resterai spirite et fidèle à Allan Kardec.

Henri Sausse.

[1] A Lyon sous l’ordre moral, nous étions à la police classés comme anarchistes et regardés de même.




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