Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Collomb, la Fée St-Jean, le Facteur


Voici un cas, non solutionné, mais que je crois devoir relater, en raison de la promesse que j’ai faite à ce malheureux Collomb, qui vint à nous, le 8 août 1910 et nous dit sans autre préambule : « Je me nomme Collomb, je me suis engagé dans l’infanterie de marine, à Toulon. Etant venu en permission à Lyon et trompé par l’obscurité, je suis tombé dans la Saône et me suis noyé, mais c’est un accident et non un suicide. Je ne veux pas qu’on dise que je me suis suicidé, ce n’est pas vrai. »
Je lui demande d’autres renseignements sur son état civil, mais il est sous l’impression de l’asphyxie par immersion, il ne peut répondre et me promet de revenir.
Il revient, en effet, le 10 avril 1911 et nous dicte, au verre d’eau :
« Voici quelques renseignements, à peu près exacts, sur ma personnalité : je m’appelais Marius-Joseph Collomb, né à Belmont, canton du Grand-Lemps, j’étais engagé au 4e d’infanterie coloniale ; mon frère était, au moment de ma mort, maire de Belmont, mon pays… papiers perdus envoyés à lui… perdus par moi à Lyon… envoyés à frère… prouvaient identité corps… Explications plus nettes… suite… peux plus… »
Je lui demande alors de revenir quand il pourra pour nous donner son matricule les dates de sa naissance et de sa mort ; il le promet, mais n’est pas venu nous tenir sa promesse. Je lui tiens la mienne et j’ajoute que toutes mes démarches pour avoir la confirmation des renseignements ci-dessus sont restées sans effet.

La fée St-Jean est aussi une personnalité singulière et qui mérite de nous retenir un moment. Elle vint à nous sans y être sollicitée, à la fin de la séance du 4 juillet 1910. Le médium prit un aspect vieillot, ratatiné, se moucha, simula de prendre une prise de tabac, ajusta des lunettes fictives sur son nez, puis nous demanda un jeu de cartes : elle allait nous dire la bonne aventure. Elle fait tirer une carte à chacun d’entre nous, puis elle prend elle-même une carte pour chaque membre présent, et après avoir mis à côté de ma carte celle qu’elle a tirée pour moi, elle en fait autant pour chacun de nous et nous annonce, au passage, de menus faits qui se réaliseront dans la semaine.
Une autre fois, après avoir fait tirer les cartes en recommandant de ne pas les regarder, elle tire elle-même autant de cartes qu’il y a de présents et elle les étale vues de dos ; puis, sans regarder les cartes qu’elle a pour chacun, ni celles qui ont été tirées, elle dit exactement : « Vous avez telle carte, moi telle autre ; vous verrez, ceci ou cela, cette semaine ».
A la séance du 21 novembre 1910, elle voulut nous montrer tout son talent. Je relève, au procès-verbal de ce jour : la fée St-Jean se manifeste, elle ajuste ses lunettes, prend une prise puis, demande un verre d’eau, un bol, une fourchette, une assiette et un œuf. Lorsqu’elle a tout cela, délicatement elle casse l’œuf, sépare adroitement le blanc du jaune ; elle met le jaune dans l’assiette et le blanc dans le bol avec de l’eau magnétisée ; ensuite elle bat le tout un moment, puis elle raconte, à chacun de nous, sa petite histoire. De l’avis de nos amis, ses prédictions étaient assez exactes, mais je ne saurais le garantir, n’ayant attaché pour ma part, aucune importance à ce qu’elle nous prédisait, des envois de lettres, des visites, des contrariétés, de bons dîners et maintes choses sans conséquences, qui n’avaient pour but, me disait Cyclamen, que de nous reposer et distraire un peu les membres du groupe ; et je dois convenir que nos amis prenaient un réel plaisir à l’écouter. Mais le médium ne lui cédait sa place qu’à regret, et ses visites allèrent en s’espaçant, jusqu’au jour où le facteur vint prendre sa place.
Nous avons su depuis qu’elle avait habité au n°19 de la rue St-Jean, et que c’était une tireuse de cartes renommée ; ainsi ses clientes l’avaient dénommée la fée St-Jean, nom sous lequel, sans y être sollicitée, elle vint à nous.
Avec le facteur, nouvelle personnalité originale. Lorsqu’il vint à nous pour la première fois, le médium prit un aspect réjoui, et, c’est en chantant que, le 11 octobre 1911, il nous aborda avec les paroles suivantes :

Je suis le petit Pierre
Du faubourg St-Marceau,
Et comme à l’ordinaire,
Facteur et porteur d’eau.

C’était un jovial compagnon, un peu gavroche, mais plein de bonnes intentions et de réparties heureuses ; il disait quelques mots à chacun de nous, et ce qu’il annonçait arrivait très souvent.
Un soir, le facteur me dit : « Tiens, vous allez avoir une visite ; c’est une personne que vous ne connaissez pas, une dame âgée déjà, une belle prestance et des cheveux blancs ; elle vient vous causer du Spiritisme. Elle sera accompagnée par un monsieur que vous ne connaissez pas non plus. C’est un professeur ; il s’occupe un peu de Spiritisme, mais pas très convaincu. Ne vous en inquiétez pas. Quand ils viendront, vous les verrez. »
Trois semaines plus tard, je recevais la visite de Mme Barchou, qui venait m’informer qu’elle avait l’intention de faire, à Lyon, une conférence publique sur le Spiritisme et elle me priait d’y assister. Mme Barchou était accompagnée par le professeur Rossigneux, traducteur de l’ouvrage de Lombroso, sur le Spiritisme ; effectivement jusqu’alors je ne connaissais ni l’un ni l’autre, mais depuis, je suis très heureux des rapports établis entre nous.




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