Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Spiritisme expérimental - Souvenir du Groupe Espérance


Ce petit groupe pour l’étude des phénomènes du Spiritisme, se créa de lui-même, par la réunion fortuite de quelques amis, le 21 mars 1910. Cette première séance ayant donné d’heureux résultats, fut renouvelée le lundi suivant. Depuis, nous avons continué, chaque semaine, avec une assiduité constante et un intérêt toujours croissant.
Lorsque nous voulûmes donner un nom à notre nouveau groupe, nous ne savions lequel prendre ; nos guides se chargèrent de ce soin en le dénommant : groupe Espérance et en nous promettant de le justifier.
Sur leur conseil également, pour éviter les écueils qui avaient autrefois entravé les travaux du groupe Amitié, et si souvent paralysé nos efforts, il fut convenu que notre groupe serait rigoureusement fermé et que nul n’y serait admis sans l’autorisation préalable de nos guides ; et cela pour arriver plus sûrement à l’harmonie fluidique, indispensable à la production des phénomènes transcendants du Spiritisme.
A côté de cette règle de conduite à laquelle aucune infraction ne fut jamais faite, il en est une autre que nous respectons aussi scrupuleusement. Nos séances sont toujours ouvertes par une prière à Dieu et un appel à nos guides.
Il n’est jamais fait d’évocation spéciale de tel ou tel Esprit ; nous acceptons tous ceux qui se présentent, soit pour recevoir ou discuter leurs conseils, soit pour leur venir en aide, quand la chose est en notre pouvoir ; mais nous n’insistons jamais auprès de n’importe quel Esprit pour qu’il réponde à notre appel.
Les réunions ont lieu dans une pièce de mon appartement, à la clarté d’un bec Auer n° 2, ou à la lumière d’un autre bec de même grosseur garni d’un globe rouge[1] . Le cabinet est dans l’angle droit, du côté opposé à la porte unique qui est toujours fermée pendant les séances ; il est formé d’une étoffe en reps rouge, suspendue à une tringle en fer, et lorsque nous formons la chaîne, le médium est enfermé dans son coin et n’en peut sortir. La lumière rouge est toujours suffisante pour permettre tout contrôle et voir l’heure à une montre. Pour plus de sécurité comme aussi pour favoriser la production des phénomènes, le médium, Mlle Bedette [2] , est toujours mis en somnambulisme, par moi, au début de chaque séance ; c’est dans cet état de sommeil, qui dure jusqu’à la fin de la réunion, que les phénomènes se produisent.
Lorsque, pour mieux condenser les fluides ou réunir plus de forces, nos guides nous demandent de chanter, nous le faisons sur l’air de Frère Jacques par l’évocation suivante :
- Chères âmes, parmi nous, en célestes flammes, montrez-vous.
- De vos fluides, aidez-nous, à nos yeux bons guides, montrez-vous.
L’air ou les paroles n’ont aucune importance, mais ce qui en a une très grande, c’est la quantité de fluides qui se dégagent avec les paroles prononcées, quelles qu’elles soient, fluides dont nos guides disent avoir besoin pour produire les phénomènes.
Parmi les guides qui nous assistent, celui qui a pris la direction de nos séances s’est fait connaître sous le nom de Cyclamen ; il est pour tous, incarnés ou désincarnés, plein de sollicitude et a pour chacun des paroles d’encouragement. Il est secondé par l’Esprit Esther et par mon grand-père (qui se manifestait autrefois, au groupe Amitié, par des apports de fleurs), et par d’autres Esprits bienveillants et brillants qui gardent l’anonymat. A ceux-ci se sont joints d’autres Esprits venus à nous dans le trouble et la souffrance, et qui, leur situation s’étant améliorée ou éclairée, viennent aider nos guides de leur concours. Au nombre de ces derniers, Justin, le Grand-Vicaire, Mgr Servonnet et petite Jeanne avec eux, ne manquent pas une séance et tous se dépensent largement pour la bonne marche de nos travaux.
Justin, très souffrant, après une incarnation des plus douloureuses, était au début si tourmenté que je dus bien souvent mettre le médium en catalepsie pour en avoir raison. Peu à peu, à force de conseils, de prévenances, il est arrivé à une situation meilleure, il nous témoigne sa satisfaction en nous aidant de ses fluides, plutôt matériels. Il s’exprime mieux qu’au début, mais il a une façon à lui de tourner ses phrases, d’altérer les mots, qu’il fait qu’il faut être habitué à l’entendre pour bien le comprendre, il faut parfois même deviner sa pensée. Il n’est pas académicien, nous dit-il bien souvent, il n’a pas tous ses tiroirs garnis dans sa tête ; mais, en revanche, il est maintenant plein de bonne volonté et de dévouement. En plus de cela, il a une faculté d’observation remarquable ; il nous rend compte de tout ce qu’il voit dans le cabinet, pendant la séance rouge, et il est bien peiné quand il a vu quelque chose qu’on lui défend de dire, ce qui arrive quelquefois, parce que Cyclamen lui reproche d’être trop bavard, nous dit-il.
Le Grand-Vicaire, au contraire, s’exprime très facilement et très correctement, émaillant ses discours de citations latines dont il nous donne la traduction, car aucun de nous et le médium moins que tout autre, ne saurait ce qu’il veut dire. Il fut au début très hostile à nos études ; autoritaire, arrogant, il ne nous cachait pas qu’il venait pour nous combattre, car nous étions, disait-il, des suppôts de Satan, des ennemis de l’Eglise ; il voulait nous empêcher de poursuivre nos « incantations démoniaques ». Comme il ne se dérobait pas à la discussion, la soutenait, au contraire, et souvent la provoquait, nous avons pu l’ébranler d’abord, puis l’intéresser à ns travaux. Esprit chercheur et très ouvert, il s’est rendu à l’évidence et, au lieu de nous contrecarrer, comme il en avait d’abord l’intention, il est devenu, pour nous, un aide très utile et très assidu, un travailleur infatigable, prenant une large part à tous nos travaux de matérialisation qu’il poursuit et exécute sous le contrôle de Cyclamen ; ses communications et ses discours sont parfois des réponses péremptoires, à la prétention de l’Eglise romaine d’attribuer au démon la production des phénomènes spirites. Le Grand-Vicaire dirige la marche des phénomènes dans notre groupe et se défend d’avoir rien de commun avec Satan. Il nous recommande de prier du cœur et non des lèvres ; il nous a même dicté une prière capable de mettre tous les diables en déroute, s’il en existait au sens que l’Eglise leur attribue. Nous reviendrons par la suite avec lui sur ce sujet.
Jusqu’à présent, le Grand-Vicaire nous a refusé, pour des raisons de famille, de nous faire connaître son état civil ; cependant il nous a promis de signer de ses noms, prénoms, titres et qualités, certain rapport qu’il fera sur les travaux dont il s’est occupé, phénomènes étranges et cependant très réels, et qui sont la partie la plus importante de cette étude.
Par la médiumnité de Mlle Bedette, nous avons eu, non seulement les dictées en latin du Grand-Vicaire, mais des communications en anglais, d’un Esprit se donnant pour William James, lequel nous a promis, pour plus tard, une collaboration plus active, quand le médium sera plus souple à la manifestation et qu’il pourra plus facilement traduire sa pensée. Nous en avons eu aussi en écriture Braille et par les signes de l’alphabet des sourds et muets. Comme personne parmi nous ne connaît le latin, l’anglais, la mimique de l’abbé de l’Epée, il ne saurait y avoir dans ces manifestations ni suggestions, ni productions subconscientes, car aucun de nous et, je le répète, le médium moins que tout autre, ne saurait s’exprimer dans l’une ou l’autre langue, et encore moins en donner une traduction.
Nous avons vu cependant, le Grand-Vicaire traduire en français et ses orémus et les demandes en anglais de William James et un jeune sourd-muet s’exprimer par des signes puis, sur ma demande écrite, nous répondre par l’écriture. Par le médium entrancé, un aveugle est aussi venu se manifester. Nous ne comprenions pas ce qu’il demandait en faisant des signes pour piquer un papier ; puis, lorsque je me suis rendu compte de son désir, je lui ai remis une planchette de Braille par laquelle il a pu dire ce qu’il voulait, et, par ce moyen aussi, j’ai pu lui répondre, ce dont tout autre parmi nous eut été incapable.
Un dernier mot pour terminer ce trop long préambule, et signaler une particularité donnant un attrait de plus à nos réunions. A chaque manifestation qui se produit, la figure du médium prend une expression différente, son langage se modifie, tantôt vif ou lent, bref, autoritaire ou plein de bonhomie et de persuasion. Chaque fois que le même Esprit se manifeste, il revient sous le même aspect, avec le même ton, mêmes gestes, de sorte qu’avant qu’il se soit nommé, nous savons, par le jeu du visage, à qui nous avons à faire.
Nous pouvons maintenant aborder l’exposé des phénomènes, sur lesquels nous croyons devoir attirer l’attention de nos adeptes. Tout d’abord quelques preuves d’identité qui nous paraissent pouvoir retenir l’attention des chercheurs, et ensuite la marche, séance par séance, de ce beau travail qui a consisté à réunir et condenser des fluides dans une forme déterminée, puis à les matérialiser, non pas seulement d’une manière provisoire, mais définitivement, en des objets qui restent entre nos mains.

[1] Depuis nous avons une lampe électrique de 32 bougies ou une rouge de 16 bougies et jamais l’obscurité complète pour que chacun puisse se rendre compte de tout ce qui se passe.

[2]Le prénom du médium étant un peu long à prononcer, ma petite-fille lui a donné le diminutif de Bedette, nom qui lui a plu et sous lequel nous la dénommons depuis, avec son assentiment




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