Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Octobre 1873


Sommaire : Etudes philosophiques Correspondance Notes spirites Photographies des Esprits à Londres - Le spiritisme en Hongrie Une médiumnité inconsciente - Michigan - Récit d'une séance - Presse étrangère - Études - Dissertations spirites : Couturier le charpentier , Voeux et pensées d'Allan Kardec, Les savants et le progrès, La vérité, comment la dire ?, Sages conseils et souhaits-

 

Etudes philosophiques

Messieurs et frères en Spiritisme,
Vous avez bien voulu accueillir, dans vos colonnes, une étude faite sons l'égide des bons Esprits, les degrés du Ciel ; elle présente l'esquisse du splendide panorama qui s'offre aux regards de l'âme vertueuse, lorsque, après avoir accompli une série d'existences à la recherche du progrès, elle arrive à être touchée par la grâce.
Vous avez également inséré sous le titre de : Rapports du physique au moral chez l'homme, un système inspiré par l'éminent Esprit d'Orfila, qui rendant compte de toutes les conditions possibles des Esprits incarnés, est entièrement basé sur le classement de ces Esprits, et sur les degrés de perfection des organes à l'aide desquels ils doivent se manifester.
Ces fragments sont tirés d'un travail (Etudes philosophiques) dans lequel nous cherchons à établir sur de nouvelles bases la nature des rapports de l'âme avec la matière ; les conséquences qui en découlent selon nous et en font la base des manifestations intellectuelles de l'homme, le point de départ de l'existence des humanités, de leurs civilisations, de leurs progrès.
Je vous adresse aujourd'hui l'introduction de l'ouvrage en vous priant, si toutefois vous le jugez convenable, de lui accorder l'hospitalité dans la Revue spirite. Dans ce cas, je me propose de soumettre au jugement de vos lecteurs quelques fragments détachés de ce travail, propres à en faire connaître l'esprit et le but.
Veuillez agréer mes salutations fraternelles.
Docteur Reignier

Introduction
Il faut bien l'avouer, si un grand mouvement social agite aujourd'hui l'humanité, si une inquiétude profonde semble régner dans les esprits, c'est que la lutte est plus ardente que jamais entre les matérialistes et les spiritualistes ; les premiers , convaincus de leur impuissance , tremblent d'être précipités dans l'abîme qu'ils ont eux-mêmes creusé sous leurs pas ; ils entrevoient aujourd'hui les funestes conséquences de leurs doctrines, savoir : l'ignorance des masses, et, par-dessus tout, l'égoïsme, cette lèpre hideuse qui mine aujourd'hui la Société par sa base, pour la destruction de laquelle nous sommes tous heureux et fiers d'entreprendre une nouvelle et sainte croisade. Oui, mille fois oui, nous sommes esclaves des passions ; nous avons beau nous débattre sous leur horrible étreinte, il semble que nous ne réussissions qu'a resserrer davantage nos chaînes, et que bientôt nous devions périr étouffés par l'anarchie au sein de laquelle nous semblons nous complaire depuis tant de siècles et depuis des siècles les gémissements remplissent notre vallée de larmes, et nos prières s'élèvent vers les cieux, et nulle voix de pardon ne s'est fait entendre, et la tempête possède la même violence.
Mais écoutez le barde inspiré ! Ecoutez le prophète du Très-Haut entendez la grande voix du ciel vous annonçant par sa bouche le remède à toutes vos misères. Ce remède existe dans l'observation de la loi qui, depuis dix-neuf siècles est inscrite sur le Calvaire, et vous recommande de vous aimer parce que vous êtes tous frères, parce que vous êtes les fils de ce Dieu de miséricorde qui n'a pu vous créer pour vous rendre à jamais malheureux ! Oui, c'est dans P amour que vous retremperez vos coeurs ulcérés ; c'est dans l'union qu'amène cet amour que vous puiserez la force de briser vos entraves, c'est par elle que vous parviendrez à terrasser cette hydre à jamais renaissante qu'on nomme le vice ; c'est elle qui doit être désormais le phare lumineux qui éclairera la bonne route, celle de la vertu, et partant du bonheur.
Il vous l'a dit encore, le prophète du Seigneur : « trois rayons nous arrivent de trois points différents : le bleu c'est l'amour, le rouge c'est la force, le jaune c'est la science ; ces trois rayons attirés par l'amour se réunissent entre eux pour combiner leurs efforts, et soudain le rayon blanc, celui de la pure lumière, jaillit pour voiler à jamais les ténèbres de l'erreur ! C'est lui qui va porter l'espérance dans vos coeurs désolés, c'est lui qui vous dira : marche ! Marche ! Dans le sentier de la vertu, celui du salut ; le Seigneur mon Dieu qui a entendu ta prière m'envoie pour te dire ces choses, car bientôt tu dois cesser de souffrir, car bientôt tu dois renaître sous l'influence du rayon blanc de la pure lumière, et la vallée de larmes retentira de tes chants d'allégresse et de tes actions de grâces, car l'Éternel a dit : « Que la lumière soit, Et la lumière sera ! »
Essayons donc de soulever un coin du voile qui nous dérobe les arcanes de la science, cherchons à pénétrer dans ce labyrinthe en nous éclairant du flambeau du Spiritisme, pour en faciliter l'abord à tous ceux qui voudront avec nous chercher la solution redoutable du problème : Connais-toi, toi-même.
Pénétrons-nous tout d'abord de cette grande vérité : Dieu ne nous a mis sur ce globe que pour notre bonheur ; en nous rendant mutuellement heureux nous sommes agréables à notre Créateur, et notre soumission à la loi du progrès accroît nos jouissances. Nous trouvons ainsi en nous l'une des plus précieuses marques d'intérêt que nous a données la Providence, notre âme ayant une tendance naturelle à avancer dans la série des êtres, chaque pas qu'elle fait dans cette voie la rapproche de l'Esprit par excellence vers lequel tendent toutes ses aspirations.
L'ordre que nous adopterons est celui que nous nommerons l'ordre naturel. Pour bien comprendre une machine, il faut avoir étudié avec soin les différentes pièces qui la composent, s'être rendu compte de leurs rapports, et enfin les mettre en mouvement pour en apprécier l'utilité. Toutefois, celui qui se bornerait à cet examen superficiel sans rechercher les causes du mouvement, et sans en établir la théorie, n'en acquerrait qu'une, idée fort imparfaite et partant insuffisante. Celui au contraire qui, par une étude approfondie, aura complété son instruction sur le mécanisme, celui-là seul sera à même d'en tirer tout le parti possible et d'en varier les applications.
Ainsi en est-il de la machine humaine ; l'étude attentive de ses divers rouages ou organes suffit sans doute pour en faire connaître la contexture el les rapports mais, quand on veut pénétrer dans le fonctionnement, ce n'est que par une observation minutieuse et raisonnée qu'on peut arriver à s'en faire une idée assez complète pour comprendre le mécanisme de la vie. Mais au-dessus de cette science il en est une bien plus abstraite, puisqu'elle traite dune chose que tout le monde et que personne n'a jamais vue qui, par sa nature immatérielle échappe à notre analyse, tout en se décelant par ses nombreuses et incessantes manifestations. Nous voulons parler de l'âme, ce ressort de la machine humaine, cet être qui, non-seulement préside aux fonctions de la matière, mais constitue l'intelligence, et fait que l'homme est homme, ayant la conscience de son existence, pouvant arriver à en connaître le but, dirigeant ainsi toutes ses inspirations vers le progrès infini.
Pourquoi la lecture de certains ouvrages de philosophie dus à la plume d'écrivains spiritualistes les plus recommandables, laisse-t-elle néanmoins dans l'esprit comme une sorte de vide, un désir de saisir une inconnue dont l'existence ressort des principes affirmés par ces ouvrages, mais dont on semble toutefois n'avoir pas tenu assez de compte dans l'appréciation des phénomènes de la pensée ?
Pourquoi, pour ne citer qu'un exemple, Descartes, voulant s'expliquer certains faits relatifs à l'entendement humain, a-t-il dû recourir au système des idées innées, théorie vraie au fond, mais restée sans explication suffisante ? On croyait simplement que l'âme était créée ignorante en même temps que le corps. Le Spiritisme ne vient- il pas jeter sur tous ces faits une lumière éclatante, en rétablissant sur ses véritables bases l'ancienne doctrine de la réincarnation, qu'indique clairement l’Évangile, et qu'admettent aujourd'hui un grand nombre d'écrivains recommandables ? A l'aide de cette doctrine, il est démontré que les âmes ont différents degrés d'avancement, on explique toutes les aptitudes, on se rend compte des cas remarquables de précocité, comme aussi des temps plus ou moins longs qu'emploient les individus placés dans des conditions identiques, à acquérir le même degré d'instruction. Arrêtez-vous un instant pour contempler le ciel, jetez vos regards sur cette multitude innombrable de soleils qui semblent comme suspendus à sa voûte pour faire de celle-ci un merveilleux écrin ; armez vos yeux d'un télescope, sondez ce qu'il vous permettra de voir des profondeurs de l'infini, et dites-nous franchement si la science humaine a pu dire son dernier mot sur les lois de la création et sur les phénomènes qui doivent s'accomplir à ces distances incommensurables. Abstenons- nous donc de porter un jugement téméraire. Bien des faits connus dépassent notre intelligence et déconcertent les idées reçues ; il faut, croyez-le bien, s'incliner devant l'évidence, et faire taire la logique humaine, imparfaite comme ceux qui l'ont crée. « Nous limitons ce que Dieu peut faire à ce qu'il nous est donné de comprendre, dit Loke, c'est avouer que notre science a une étendue infinie, ou bien, c'est concevoir Dieu comme fini...» Ne voyons-nous pas dans le passé l'ignorance ou le mauvais vouloir rejetant successivement toutes les idées, toutes les découvertes qui devaient plus tard marquer les étapes de la science, et les noms de leurs auteurs figurant successivement sur le martyrologe des bienfaiteurs de l'humanité... Et Christ lui-même n'a, t-il pas payé de sa vie le tort impardonnable d'avoir eu trop tôt raison !
Que veut dire au surplus le mot surnaturel ? Contre l'ordre de la nature. Qui donc oserait aujourd'hui trouver une ligne de démarcation entre le naturel et le surnaturel ? Depuis quand l'homme prétend-il dominer la création et lire dans la pensée de l'Être suprême ? Orgueil !
La vérité des faits ne saurait plus être mise en doute. La question se pose aujourd'hui entre l'école matérialiste (ceux qui croient tout savoir), et l'école spiritualiste, dont le drapeau porte en caractères de feu cette devise : « Progrès indéfini. » Ceux-ci pensent qu'ils ont encore beaucoup à apprendre, et s'inclinent humblement devant le Très-Haut peur lui demander la force de pénétrer ce Mystère.
Entrons donc sans prétention dans l'arène, nous tous qui voulons découvrir la vérité ; que la prière et l'étude soient nos moyens d'actien ; que les travaux de nos devanciers nous servent de boussole, et, nous ne craignons pas de l'affirmer, nous découvrirons à chaque pas des horizons nouveaux, comme à chaque pas nous verrons aussi combien il nous reste encore à apprendre.
Docteur Reignier

 

Correspondance

Les Esprits stationnaires
Toulon, ce 24 juillet 1873.
Messieurs,
Un de mes parents, capitaine d'artillerie de la marine, âgé de trente-deux ans, ne connaissant pas le Spiritisme, a eu, vendredi dernier, à neuf heures du soir, seul dans sa maison, le bras violemment tiré ; comme il ne dormait pas, il se dressa sur son séant, alluma sa lampe, regarda partout et n'aperçut rien. Fort intrigué, il se recoucha dans la même position et sa main fut encore brusquement secouée ; furieux, il se lève, parcourt sa chambre, ne voit rien encore, n'y comprend rien, se remet au lit et s'endort. Le lendemain, samedi 19, il se couche à son heure ordinaire et maudit les femmes qui causaient dans la maison voisine et l'empêchaient de s'endormir ; neuf heures et demie sonnent, sa chambre se remplit de clarté ; il voit un homme au pied de son lit qui lui dit :
- Capitaine, j'ai quatre de mes amis en bas, voudriez-vous faire une partie ?
- Très volontiers, répond M. Aussenac croyant à une facétie de ses camarades ; mais vous ne réussirez pas à me donner la peur, je me lève.
- Passez-donc votre pantalon, répond l'inconnu.
Tous deux descendent l'escalier et se trouvent dans une salle à manger, près de la table où reposaient des verres et deux bouteilles de limonade dont une était vide. Il y avait aussi quatre individus vêtus absolument comme le premier ; large pantalon de drap marron clair avec une bande plus foncée ; une espèce de justaucorps brun ; chapeau feutre brun à plumes ; gants très longs, garnis de rabats. Le même geste de la part des inconnus enlève les gants et les pose sur la table ; un seul individu cause, c'est le premier ; il sort des dés et des cornets et propose la partie.
- Mais, fait observer mon cousin, je ne connais que les cartes et ne puis jouer aux dés.
- Nous possédons aussi des cartes, lui fut-il répondu, mais nous ne connaissons pas le jeu actuel.
- Je vais vous apprendre le baccarat.
- Très bien, je mets vingt mille francs.
- L'enjeu est fort.
- Bah ! dit l'inconnu, vous pourrez payer.
M. Aussenac gagne la première partie et possède jusqu'à cinquante mille francs, somme déposée en billets de banque. A la dernière partie, il perd vingt mille francs, et le singulier joueur lui dit :
-C'est assez ; je vous dois trente mille francs ; je ne puis vous laisser cet argent, car il est factice ; mais d'ici à la fin du mois, dans n'importe quelle maison de jeu, allez jouer et vous gagnerez ; vous n'avez pas besoin d'argent, vous trouverez là quelqu'un qui vous en offrira ; mais surtout ne jouez jamais après minuit, si vous voulez toujours avoir la chance ; suivez mon conseil. Quoique vous ne soyez point gentilhomme, nous avons bien voulu jouer avec vous ; vos manières et vos façons nous plaisent. Vraiment, vous avez du courage ; de vous nous n'attendions pas tant que cela, vous avez joué avec des Esprits. »
Les cinq personnages disparurent aussitôt, et la clarté qui illuminait la salle s'éclipsa de même ; M. Aussenac dut chercher à tâtons pour trouver la porte et aller se promener dans son jardin. Le lendemain, les verres et la bouteille de limonade vide étaient encore placés sur la cheminée.
Quand mon parent est venu, tout soucieux, me raconter ses aventures de la nuit, je l'ai vivement engagé à résister à la tentation suggérée par ces Esprits légers ; croyant assez à la présence des invisibles pour ne point être étonnée, j'ai néanmoins peu d'expérience et viens recourir à vos lumières, afin de savoir quelle marche il faudra suivre quand ils reviendront car, sans doute, ils ne s'en tiendront pas là.

Madame Marie C***.
Nous avons répondu à madame Marie C., l'engageant bien vivement à persévérer dans sa ligne de conduite ; elle devait décider son cousin à ne point jouer, à fuir toutes les tentations ; il devait étudier, prier et moraliser ces Esprits, qui devaient avoir eu des rapports avec lui dans une existence antérieure : une communication obtenue, 7 rue de Lille, donnait une ligne de conduite, elle conseillait à madame Marie C., médium excellent , d'évoquer les Esprits, de commencer elle-même le bon travail ; nos efforts se joindraient aux siens.
Le 5 août 1873, nous recevions la lettre suivante :
Messieurs,
Si j'ai tardé à vous raconter la suite de l'étrange phénomène, c'est que depuis, à ce sujet, j'ai eu beaucoup de chagrin. Je vous prie ardemment, ainsi que toute la société, de vouloir bien unir vos prières aux miennes, pour délivrer M. A. de l'obsession des Esprits. Ma main tremble, et pourtant j'ai couru dans ma vie de grands dangers. J'ai beaucoup voyagé et n'ai jamais eu peur, cependant je tremble et suis désespérée ; sauvez-le !
Craignant mon influence, les Esprits lui défendent de venir chez moi ; ils lui écrivent qu'ils déroberont l'escalier sous ses pieds ; il est frappé violemment. Chez moi, ils sont toujours, toujours là, et ne lui laissent pas un moment de repos. C'est une vie épouvantable ; mon cousin est violent, il les bat, les cravache, les poursuit avec son sabre ; il brûle leurs lettres et ne veut pas me les montrer, malgré mes supplications. Il ne veut même pas me raconter ce qui se passe, et si je n'avais pas eu l'intuition de ce que je vous raconte, je n'aurai jamais rien su.
Je viens à vous, pleine de trouble et de découragement. Que faut-il faire ? Répondez-moi, je vous en supplie ? Je prie ; tracez-moi une ligne de conduite, et je m'y conformerai. Je pars demain matin pour Porquerolles, îles d'Hyères ; j'emmène mon cousin chez son père et sa mère, là peut-être, les obsessions cesseront.
Voici comment j'ai su tout ce qui précède : M. A. était chez moi à huit heures du soir, toutes portes et fenêtres ouvertes. La lampe à suspension de ma salle à manger éclairait vivement et sa lumière, traversant l'antichambre, me donnait dans les yeux ; je dis à ma fille d'aller abaisser la lampe, elle refusa ; une force invincible me poussait à me lever, une voix intérieure me criait : « Va, les Esprits t'attendent » lorsque M. A. s'élança vivement ; il touchait la lampe lorsqu'il reçut un coup terrible et la défense d'éteindre ; j'entendis son cri, et me précipitant je ne vis rien, mais le tableau de toutes les méchancetés qui lui sont faites se déroula devant moi ; je le suppliai de traiter ces Esprits avec calme, de les évangéliser, et fus impuissante devant son irritation croissante.
Ces Esprits savent que seule j'ai le pouvoir d'empêcher mon cousin d'aller jouer, et j'ai peur qu'ils ne me prennent aussi à partie ; si j'étais seule, je suis assez calme pour les recevoir et les renvoyer doucement, mais j'ai ma fillette qui ne me quitte pas d'une seconde ; ils ont menacé de l'épouvanter. Agissons, messieurs
Marie C.

Étant très-éloignés du lieu de l'obsession, nous avons prié M. C., lieutenant de vaisseau à Toulon, de vouloir bien lui-même s'occuper de ce cas, notre action commune devant ainsi produire un excellent et prompt résultat ; voilà sa réponse :
Chers messieurs,
J'ai reçu votre honorée du 8 août et me suis empressé de seconder vos intentions relativement à l'obsession de M. Aussenac, capitaine d'artillerie de marine ; le retard apporté à ma réponse est dû à des circonstances indépendantes de ma volonté, telle qu'absence des intéressés, etc. Cela dit, j'entre en matière. Et d'abord, permettez-moi de vous faire remarquer que ces manifestations, quelque intéressantes qu'elles soient au point de vue de nos études, ne se distinguent guère de maintes autres connues de nous et publiées dans la Revue ; seulement elles auront pour effet d'ajouter quelque chose à la somme de nos connaissances, et de soulager quelques individualités souffrantes ; d'augmenter enfin à Toulon le noyau du Spiritisme. Tout ce qui arrive a sa raison d'être, cet enchaînement de circonstances ne peut étonner des Spirites. Deux personnes éminemment douées au point de vue médianimique viennent de se révéler : nous devons espérer qu'une fois le branle donné, ce nombre ne tardera pas à s'accroître.
Madame Marie C., créole, mariée à un fonctionnaire du corps médical de la marine qui se trouve actuellement en service à la Martinique, est demeurée en France avec sa fille unique, âgée de treize ans. Le climat des Antilles l'énerve ; il y a donc là : honorabilité parfaite, éducation et intelligence. Madame C. est excellent médium sensitif, écrivain, et parfois voyant. Son Esprit protecteur semble être celui de sa marraine, sainte personne qui l'a élevée (madame C. ayant perdu ses parents de bonne heure) et qui est décédée depuis longtemps.
Madame C. connaît la doctrine spirite depuis quelques mois ; néanmoins elle était depuis longtemps l'objet de manifestations telles que son acquiescement entier à la philosophie d'Allan Kardec fut la coordination de ses propres idées. Ainsi, en 186.., aux colonies, un soir que son mari était en tournée, madame C. se met au lit. Elle se sent touchée au visage et trouve une fleur placée sur ses lèvres. Étonnée, elle se lève, interroge ses enfants, ses gens ? Rien. Chose plus singulière, cette fleur était d'un genre dont madame C. était fort éprise, mais dont elle ne possédait (aucun échantillon, la saison en était passée.
Lors du dernier tremblement de terre de Fort-de-France, madame C. se trouvait chez elle avec sa fille ; après les premières secousses, fort inoffensives, cela est habituel, ce qui aguerrit fortement les habitants, madame C. entendit ces mots à son oreille droite : « Mais, va donc ! » Elle sortit machinalement avec les siens et n'eut pas fait trente pas qu'une forte secousse fit écrouler sa maison. Autre fait plus récent : Vous avez sans doute entendu parler de l'incendie de la corderie de l'Arsenal de Toulon, qui, survenu dans la nuit du 16 au 17 juillet, détruisit en quelques heures cent cinquante mètres d'un bâtiment très solide, estimé trois millions, et construit par Vauban. La rue Saint-Roch fut en grand danger, car elle longe la Corderie ; le moindre souffle de la partie sud eût pu la livrer elle-même à une perte assurée. La veille au soir, vers huit heures et demie, madame C. se trouvait assise dans son salon, légèrement assoupie, tandis que sa fille et une autre personne se tenaient à la fenêtre. Elle eut une sorte de vision ; inconsciente, elle s'écrie : « Ma fille ! Le feu est à l'Arsenal. » On se retourne, on regarde, rien. « C'est un rêve, dit elle-même madame C., parlons d'autre chose. » Mais à deux heures trente de la nuit ; étant réveillée, le ciel était embrasé, le feu gagnait avec la vitesse de la vague ; il y eut en ce moment une sorte de panique que madame C. partageait ; aussi, commençait-elle à emplir ses malles, lorsque, suivant une bonne inspiration, elle demanda conseil à son bon Esprit. « Reste là et ne crains rien » lui fut-il répondu. Aussitôt elle défit ses malles. Je n'aurais garde, quoique incidemment, d'omettre qu'en cette nuit agitée, Dieu et les bons Esprits voulurent bien me donner quelques marques de leur protection. Je leur en suis profondément reconnaissant, ma maison d'habitation étant rue Saint-Roch.
J'arrive au sujet principal. M. A. est âgé de 32 ans, bien portant, d'un tempérament sanguin, calme nonobstant, et doué d'un courage éprouvé. Cet officier ne s'était jamais occupé de Spiritisme. Non seulement il ne connaissait pas la doctrine, mais il était tout disposé à ne point croire à la réalité des phénomènes. Sa pensée ne s'était jamais arrêtée sur cet ordre d'idées. C'est dans ces conditions que vinrent le surprendre les faits relatés dans les deux lettres de madame C. Cette description est en tout point conforme à la réalité.
Cette dame emmena son parent à la campagne, à Porquerolles, où M. A. fut en communication constante avec ses persécuteurs ; ils lui apparaissaient juchés sur des arbres ; ils s'asseyaient près de lui, au café, dans son appartement, enfin ils lui écrivaient des lettres dans lesquelles sa fin prochaine était annoncée ; aussi invitation lui était faite de ne plus travailler. Suivant les excellents conseils de madame C., il n'avait point été joué ; bien plus, il aimait le jeu, et avait acquis la plus vive et la plus salutaire aversion contre les cartes. Les menaces ne l'intimidèrent pas plus que les promesses ne l'avaient entraîné ; il résistait tant bien que mal, aidé par les prières de madame C. et par les siennes propres, car il reconnaissait leur efficacité. De ces cinq esprits joueurs de la nuit du 18 au 19 juillet, un seul avait pris la parole, les quatre autres étant demeurés silencieux et, l'obsession ayant un peu perdu son caractère violent, les muets n'apparurent plus : celui qui disait avoir été le pastre de bignans, avait vécu au siècle dernier avec M. A., enrôlé dans la même compagnie de mousquetaires, ayant assisté ensemble à plusieurs combats, dont les échappées furent mises sous ses yeux ; l'étendard fleurdelisé y était déployé. Les six amis, écrivit ledit pastre, s'étaient adonnés à une passion funeste, qui avait causé leur fin tragique ; depuis, ils se voyaient dans la même situation.
Un soir, à Porquerolles, madame C., sa fille, M. A. et deux dames, se trouvaient réunis dans une salle éclairée. M. A. reçoit sur l'avant-bras un coup si violent qu'un cri de douleur s'échappe de sa bouche : en même temps le mousquetaire, dit « le pastre de bignans », lui apparaît et lui reproche d'être revenu trouver madame C. Celui- ci rentre dans le salon, et voit son interlocuteur s'arrêter à la porte puis, les mains croisées derrière le dos, le regarder fixement. Au même instant, un petit chien qui se trouvait avec les dames s'élança furieux contre cette porte où, sauf M. A., personne ne voit rien. Il semble s'acharner après un être imaginaire ; madame C. prie ; M. A. voit alors l'Esprit se retirer, descendre l'escalier, et le chien le suit en aboyant. Voilà un trait à l'appui de la médiumnité réelle des animaux. Il y eut alors quelque temps de répit, dû peut-être aux prières qui commençaient à converger, répit relatif, en ce que M..A. n'eut plus d'apparitions, Mais en revanche, toutes les nuits il entendit se promener sur sa tête, alors qu'au-dessus de sa chambre se trouve un grenier vide et inoccupé ; les portes de son bureau, quelque soin que son ordonnance et lui prissent de les fermer à double tour, furent constamment trouvées ouvertes le lendemain, le pêne laissé en dehors. Enfin, le 20 courant, il me fut donné de rencontrer madame C., et, par suite, de traiter la question longuement avec elle. M. A., que je comptais voir en même temps, était empêché par le service mais le soir même, le capitaine, se promenant dans son jardin, vit ledit « pastre de bignans » l'accompagner, silencieux, et se tenir ensuite une partie de la nuit au pied de son lit. Le 21, rien. Le 22, dans l'après-midi, je voyais M. A., d'où notre journal s'arrête à cette date.
Un dernier fait avant de terminer. Madame C. s'aperçut, il y a quelques jours, qu'un billet de vingt francs, réservé spécialement, avait disparu. S'étant assurée qu'aucun des siens n'avait soustrait cette somme, elle pensa aux Esprits, et moins pour recouvrer sur-le-champ cette somme que pour prévenir des faits semblables, elle consulta son Esprit familier par l'écriture. « Cette somme était nécessaire pour l'accomplissement d'une bonne oeuvre, lui fut-il répondu, mais elle te sera largement rendue. » Hier 22, M. A., se trouvant chez madame C. et attendant ma venue, voulut prendre un objet sur une étagère ; que vit-il ? Une piastre espagnole, dite à colonnes, du roi Charles III, an 1769, avec l'exergue suivant : Utraque unam ; monnaie universellement répandue, alors que le soleil ne se couchait point sur l'empire de Charles-Quint ou de ses successeurs. Cette piastre est rongée par le temps. Madame C., femme d'ordre, déclare que ni elle ni son mari n'ont possédé cet échantillon de numismatique. Nous vous, l'envoyons par le présent courrier, comme pièce de conviction. Présumant, pour mon compte, si cette piastre a été effectivement apportée par un Esprit, qu'elle aura dû être tirée de quelques décombres ou ruines, à moins qu'à l'instar du billet, elle n'ait été soustraite de quelque cabinet de médailles.
Je clos ce long rapport, en me permettant d'émettre une appréciation : les quatre esprits qui ont obsédé M. A. sont sans doute de la catégorie des esprits stationnaires, qui, en raison de leur infériorité morale, et par suite d'expiations ordonnées, sont rivés temps, à la chaîne même qu'ils se sont forgée de leur vivant ; l'heure de la délivrance, du progrès, sonne enfin pour eux, et M. A., par affinité périspritale, ou pour cause antérieure, est le principal instrument choisi pour faciliter cette conversion. Il doit s'estimer heureux, après avoir subi l'obsession dans son caractère le plus agressif, d'y avoir résisté, de s'être trouvé en rapport avec des personnes qui l'ont soutenu, en appelant l'efficace concours de la Société de Paris. Sans le concours de ces divers éléments, non seulement sa raison eût succombé, mais poussé à jouer, entrainé à continuer, il eût été exposé à perdre l'acquit de ses efforts antérieurs. Conformément aux principes de notre doctrine, j'ai recommandé plus que jamais à M. A. la prière fréquente et l'essai de moralisation ; d'en puiser les premiers éléments dans le Ciel et l'Enter, ainsi qu'il est dit dans les Apôtres spirites auprès des morts, 212, Revue de juillet 1873. Veuillent les spirites qui s'intéressent à M. A. faire de non moins ferventes prières, unies à des exhortations directes et suivies, à l'adresse de ces infortunés Esprits.
La Société voudra bien, comme elle le fait sans cesse, unir ses puissants efforts à nos faibles tentatives ; évoquer ces esprits arriérés pour leur faire plus sûrement sentir l'infériorité de leur fonction présente, les engager à cesser d'inquiéter leur frère ; c'est leur faire entrevoir la voie spirite et les disposer, selon les vues de la Providence, au passage de leur état présent à une situation plus élevée que nous leur souhaitons très-fervemment.
S'il y avait encore des faits remarquables dans cette manifestation spirite, vous seriez prévenus, messieurs ; soyez assez bons de m'instruire des résultats obtenus dans vos évocations.
C.

A Toulon, 9, rue d'Isly, P. du Las, les adeptes de la doctrine trouveront un accueil fraternel ; M. Louis Bérenguier, secrétaire du groupe Demeure, l'affirme au nom de tous les membres ; il réclame la visite des spirites voyageurs.

 

Notes spirites

The spiritual Magazine. Août 1873.
Sous ce titre : « Avis spirituels, » nous lisons quelques observations intéressantes.
Thomas Paine s'exprime ainsi : « Il n'est personne qui, s'étant occupé des progrès de l'esprit humain, n'ait fait cette observation qu'il y a deux classes bien distinctes de ce qu'on nomme « Jetées, ou pensées. » Celles qui sont produites en nous-mêmes par la réflexion, et celles qui se précipitent d'elles-mêmes dans notre esprit. Je me suis fait une règle de toujours accueillir avec politesse ces visiteurs inattendus, et de rechercher avec tout le soin dont j'étais capable, s'ils méritaient mon attention. Je déclare que c'est à ces hôtes étrangers que je dois presque toutes les connaissances que je possède. »
M. Emerton confirme cette loi de l'inspiration, qu'il analyse ainsi. « Les pensées ne me viennent pas, successivement, comme dans un problème de mathématiques, mais elles pénètrent d'elles- mêmes dans mon intellect, semblables à un éclair qui brille dans les ténèbres de la nuit. La vérité m'arrive, non par le raisonnement, mais par intuition. »
La facilité et la promptitude avec lesquelles le barde d'Aven écrivait ses romans, était un sujet d'étonnement pour ses contemporains. Voici l'explication que Walter Scott donne lui-même : « Vingt fois je me suis mis à l'ouvrage, ayant composé le cadre, et jamais de ma vie je ne l'ai suivi. Mes doigts travaillent indépendants de ma pensée, c'est ainsi qu'après avoir écrit le setond volume de Woedstock, je n'avais pas la moindre idée que l'histoire se déroulerait en une catastrophe dans le troisième volume. » En parlant de l'Antiquaire, sir Walter Scott dit : « J'ai un plan général, mais aussitôt que je prends la plume, elle court assez vite sur le papier, à tel point que souvent je suis tenté de la laisser aller toute seule, pour voir si elle n'écrira pas aussi bien qu'avec l'assistance de ma pensée. »
L'éminent compositeur Hoendel écrivait ses oratorios dans l'espace d'un mois, puis se reposait pendant huit à dix mois, pendant lesquels il n'écrivait pas une note.
D'après l'examen de ses manuscrits on pouvait penser que chacune de ses oeuvres était improvisée ou composée sans aucune préméditation.
Le révérend Robert Collper, le prédicateur de la secte des Unitariens en Amérique, en parlant du meilleur sermon qu'il ait jamais prononcé, s'exprime ainsi : « Je n'eus pas besoin de le composer ; il vint de lui-même, sentence par sentence, paragraphe par paragraphe, division par division. Jamais de ma vie je n'ai été plus convaincu qu'un sermon vient de Dieu ! »
Newton nous dit qu'il laissait son esprit se reposer, lorsqu'il avait un sujet à traiter, et que les pensées coulaient d'elles-mêmes.
On rapporte que la première grande découverte faite par James Watt, lui fut inspirée dans une de ses promenades. Il fut subitement frappé de l'idée génératrice de sa découverte, avec une telle spontanéité, que, selon l'auteur anglais, on l'eût à une époque plus reculée, attribuée à une influence supernaturelle.
Nous terminerons par un témoignage bien remarquable, celui de sir Charles Napier. En parlant de sa campagne du Seinde, l'illustre guerrier fit cette confession : « Dois-je être fier de mes succès ? Non, c'est un pouvoir invisible, quoique réel, pour moi, qui m'a guidé. »

 

Photographies des Esprits à Londres

Nos lecteurs apprendront avec plaisir que de nombreux témoignages viennent chaque jour, à Londres, élucider cette question, dont l'ignorance et la mauvaise foi s'étaient emparées. Les plus incrédules sont forcés de se rendre à l'évidence. Nous engageons nos frères de Paris et des départements, à continuer leurs essais : la persévérance est non seulement une vertu, mais un devoir ; elle doit être la réussite complète.

 

Le spiritisme en Hongrie

Nouveau groupe, à Budapest. Organe du groupe : Reflexionen aas der Geisterwelt darchdie. Medien des Vereines, Geistiger Forscher, in Bucla-Pest. Lîngarn.
La Revue paraît par livraisons, 12 livraisons, prix : 4 florins d'Autriche. S'adresser au secrétaire, M. Anton Prochoska, immerstadt Herrengasse, n° 2, à Pesth (Hongrie).
Nous souhaitons la bienvenue à ce nouveau champion de la vérité spirite. Il parait que, dès sa formation, ce groupe fut honoré des insultes de tous les journaux de Pesth, reproduites dans les journaux de Vienne. Nous félicitons nos frères de Pesth de leur confiance dans l'assistance des bons esprits. Cette persécution eut pour résultat de doubler le nombre des membres du groupe et de leur faire obtenir l'autorisation officielle de l'administration. A Pesth, comme à Paris, comme partout, ce sont les ennemis du Spiritisme qui ont fait ses affaires.
Nous espérons que nos frères suivront une marche sage et prudente, en se pénétrant des conseils donnés par notre excellent maître, Allan Kardec, et qu'ils seront assistés par de bons Esprits. Une ardeur trop grande, au début, aurait des inconvénients, en facilitant l'intrusion d'esprits systématiques, qui ne craindraient pas de s'affubler des noms les plus vénérés, pour mieux tromper leurs auditeurs. Nous espérons sincèrement que nos frères de Pesth ne verront, dans notre observation, que notre vif désir du succès complet de leurs études, afin de compter un organe sérieux de plus parmi les organes du Spiritisme.

 

Une médiumnité inconsciente

The Banner of light, 9 août 1873, rapporte un exemple très remarquable de médiumnité inconsciente. Dans un village situé sur les collines de Vermont, vit un homme âgé de 30 ans qui étudia la mécanique jusqu'à l'âge de 13 ans et ne s'est jamais occupé de philosophie, métaphysique, Spiritisme, et ne se préoccupe pas plus du triomphe du spiritualisme que d'une figue, selon l'expression américaine. Cet homme, inconnu hier encore, vient de faire ce que le journal déclare impraticable au delà et en deçà de l'Océan : Il vient de terminer l'oeuvre laissée inachevée par Dickens « Edwin Brood » En Angleterre et en Amérique, il ne s'est trouvé personne capable de découvrir quelle serait la conclusion de ce roman, auquel l'opinion publique, dans les deux pays, donna après la mort de Dickens, le nom de Le Mystère d'Edwin Brood.
La curiosité est très excitée, naturellement, d'autant plus que M., déclare péremptoirement que ce qu'il vient d'écrire n'est pas de lui, mais de Dickens. Voici très brièvement la relation faite par le médium. Il était sceptique et riait des manifestations spirites. Un soir, malgré sa répugnance, il fut invité par quelques personnes à assister à une séance. La table se mit à tourner avec impétuosité, et lorsqu'elle s'arrêta, elle donna par typtologie, une invitation directe de l'esprit de Dickens à M. de se trouver, tel jour,à telle heure, à un endroit désigné. Dans l'intervalle, l'esprit de Dickens apparut plusieurs fois à M. ; au jour indiqué, la veille de Noël, M. a commencé ses fonctions de secrétaire. Il a écrit la valeur d'un vol. in-8° de 400 pages. Il déclare avoir écrit machinalement, sa main guidée par Dickens, qui était assis près de lui. Lorsque la séance était terminée, M. sentait et voyait se poser sur sa main droite la main froide et lourde de la mort, et cette sensation très pénible lui arracha, pendant les premières semaines, un cri d'effroi. Ses mains étaient tellement attachées à la table, qu'il lui fallut, toujours, l'aide de quelqu'un pour les en détacher.
Sortant comme d'un rêve, M. voyait toutes les pages écrites, répandues sur le plancher, l'esprit de Dickens complimenta M. et lui promit de se servir de sa médiumnité pour écrire un nouvel ouvrage. Il l'engagea à écrire à un éditeur de Londres, dont il donna le nom, l'adresse, pensant qu'il accepterait et publierait le manuscrit en Angleterre.

 

Michigan

Il est de mode parmi un assez grand nombre de frondeurs de notre chère France, de vanter à tout propos et hors de propos, la grande liberté dont jouit la République « modèle. » Une lettre de Michigan, insérée dans le dernier numéro de Banner of light, vient de donner un démenti formel au préjugé français : deux citoyens, en tournés dans le Michigan, se sont vus interdire l'autorisation de faire une lecture au peuple, sur les matières religieuses, philosophiques. Le prétexte donné par le conseil de la ville de , fut que tel conseiller ne partageait pas les opinions de l'orateur conférencier. Un autre membre du conseil émit l'avis que ces « conférences excitaient le peuple, etc., etc.
Tous les journaux spirites qui nous arrivent périodiquement des diverses parties de l'Amérique, confirment l'extension énorme que notre chère doctrine prend de jour en jour. Des réunions de quatre à cinq mille personnes ont lieu pour entendre la bonne nouvelle. La question si controversée en Amérique, de la réincarnation se pose, maintenant, comme un fait, et est acceptée par un grand nombre de ministres des diverses communions anglicanes. Ayons confiance dans les promesses des bons Esprits « les temps sont proches. »
Nous nous proposons de donner, dans la Revue, une plus large place, aux faits qui, à Paris, en France, en Angleterre, en Amérique, en Allemagne, signalent, étape par étape, le grand mouvement qui entraîne, par la volonté de Dieu, l'humanité vers des destinées meilleures ! Sursum corda! Frères Spirites de la terre, redoublons d'efforts pour nous rendre dignes de l'assistance des Esprits du Seigneur, et de la bonté infinie du Créateur. N'oublions pas qu'il y a un grand nombre de nos frères dans l'erraticité qui souffrent et qui attendent de leurs frères incarnés la prière qui soulage, qui console, qui fortifie, qui attire, qui moralise. Prions pour nos frères qui souffrent, afin de les préparer à leur réincarnation ; prions pour ceux qui se réincarnent, afin de leur donner la force de supporter, avec courage, leurs épreuves, souvent si pénibles. Prions pour que la lumière divine brille aux yeux de tous les esprits incarnés ou désincarnés, encore plongés dans les ténèbres de l’ignorance. Prions pour remercier notre bon Père céleste du bonheur qu'il nous a accordé, en nous permettant de devenir Spirites.

 

Récit d'une séance

Offert par MM. Gledstane à la revue spirite
Au Pecq, près Saint-Germain, 10 juin 1813.
Les lecteurs anglais, pendant les deux dernières années, ont été tenus au courant du développement progressif de la médiumnité de Miss Florence Cook, âgée de seize ans. Après avoir obtenu des manifestations parfaites, telles que coups frappés, voix directes, transports d'objets pesants, Le trance (somnambulisme ou magnétisation spirituelle), la clairvoyance, l'écriture directe, etc., etc., des figures spirites commencèrent à se faire voir. De l'ombre où ces figures vivantes se formaient insensiblement, elles étaient projetées dans la lumière et restèrent par la suite visibles pendant cinq minutes ; ces êtres purent même causer avec les assistants. J'ai remarqué que ces têtes étaient plus ou moins couvertes d'une draperie, blanche à l'extrême.
Dans le principe, cette draperie couvrait les côtés, le derrière de la tête, et venait sur les joues ; ces figures pour être visibles exigeaient une lumière très faible, la lumière trop intense les fatiguait ; le regard fixe des observateurs leur faisait mal et leur donnait une sensation semblable à celle d'une brûlure, actuellement elles supportent pendant longtemps une lumière vive. Katie-King, l'un des Esprits qui paraissent, est pour la ressemblance une seconde Miss Cook. Depuis lors, d'autres physionomies ayant moins de rapport avec la sienne se présentent sous les aspects suivants : traits plus grands, dents mal arrangées, elles ont une grande blessure au front. Il y a toujours des rapports sensibles entre leurs traits et ceux du médium.
L'Esprit de Katie prétend que ces figures, au moment de leur formation, ressemblent au médium exactement comme deux figurines de plâtre fondues clans le même moule ; elles se modifient ensuite à mesure que les manifestations se développent. Particularité étrange, tous ces Esprits, sauf peu d'exceptions, sont plus blonds que Miss Cook, et la figure de Katie n'est pas toujours la même ; ainsi, ses traits se sont projetés du cabinet, tantôt noirs comme de l'encre et comme vernissés, tantôt couleur jaune chocolat ; ses yeux sont parfois gris, puis noirs ; sa tête est plus grande que nature avec un front plus large que celui du médium.
L'Esprit dit que ces figures sont produites par les émanations fluidiques sorties du corps des assistants, fluides tangibles pour les Esprits ; néanmoins la vitalité de ces têtes dépend du médium seul, de l'action qu'il imprime inconsciemment à leurs molécules réunies.
Il y a quatre intervalles dans une séance, on reste assis quinze ou vingt-cinq minutes au plus, et pendant les moments de repos, d'après l'ordre de Katie, Miss Cook est obligée de se promener pour respirer l'air frais du jardin ; le cabinet et la salle des séances sont ouverts pour être aérés. Pendant l'apparition des figures, le médium est endormi dans le cabinet ; les Esprits demandent que tous les assistants chantent en restant à leurs places ; ils les invitent à se lever de leurs sièges ; le succès dépend de leur passivité complète, soit physique ou morale, les Esprits n'ayant pas besoin de l'avis des mortels qui ignorent la combinaison fluidique dont ils se servent pour produire des apparitions intelligentes.
Les Esprits ont souvent le regard vitré comme celui des somnambules, est-ce un manque de pouvoir ?  Ce phénomène disparaît et les yeux deviennent brillants, si les assistants chantent avec ensemble, et ne sont pas venus seulement à un spectacle, on les voit remuer dans leur orbite, et percevoir tout ce qui les frappe, chose qui avant leur était impossible ; leur visage est touché, dans l'obscurité; graduellement, on a pu le faire avec plus de lumière.
A ce sujet, j'écris une lettre à l'éditeur du Spirituelist, pour constater qu'à cette séance, l'Esprit Katie ayant attaché Miss Cook sur sa chaise, ordonna avec une voix faible qu'on posât de la cire sur tous les noeuds en y imprimant un ou plusieurs cachets. Cinq minutes après, à l'ouverture du cabinet sur laquelle était braquée la lumière, les phénomènes cités plus haut se répétèrent, et après la séance, les cachets étaient intacts, chacun a pu le constater ; on se refusa le droit d'attacher de nouveau le médium ; une tête, reconnue pour un Parsis ou Guèbre (sectateur de Zoroastre), apparut flottant dans l'air ; puis vint un nègre appelé Técumseh. La séance terminée, Miss Cook fut trouvée entransée profondément ; il fallut plusieurs minutes pour l'éveiller.
Nous étant assis, une autre figure reconnue par Miss Cook pour être sa tante, se montra, ayant des dents proéminentes et une mâchoire carrée. A notre demande, cette figure remua la tête  affirmativement. D'autres figures, entre autres Katie, apparurent ne présentant pas d'autres particularités ; les phénomènes, leur formation, fatiguaient beaucoup le médium tout en étant très difficiles à réaliser par les Esprits.
Signé Gledstane

 

Presse étrangère

Le Spiritisme à Mexico
L’Illustration spirite, qui paraît deux fois par mois à Mexico, est une publication remarquable à tous égards et dirigée par des vains de haute capacité.
Le règlement de la Société, qui fut dicté à un médium par l'Esprit protecteur, contient cinquante-neuf articles divisés en cinq points, précédés d'un Credo religieux et scientifique, esquissant sommairement l'origine et le but de la doctrine. La Société fut fondée en août 1872. Elle reçoit quatre classes de sociétaires : ceux de Numéro, Supernuméraire, Correspondant et Honoraire.
Le président est nommé pour un an à la pluralité des votes du conseil, composé de sept membres choisis parmi les écrivains de la Société, avec deux membres en plus que choisira le président parmi les sociétaires de Numéro. La Société tient ses réunions le 1er et le 15 de chaque mois. Il est obligatoire pour chaque membre d'y assister. Les sociétaires contribuent aux charges de la Société par un moyen discret et facile : il a été placé un tronc dans la salle des séances ; là, chaque membre dépose son offrande en entrant, librement et sans témoin. A la fin de la séance, et avant la dispersion des assistants, le tronc est apporté au président, qui l'ouvre en présence des assistants, et, après avoir compté le produit du contenu, porte le montant de la somme sur le livre de la Société.
En plus de cette contribution facultative, les sociétaires sont tenus de prendre un exemplaire ou plus des ouvrages que publiera la Société. Tout sociétaire ayant manqué à quatre séances consécutives sera considéré comme démissionnaire. La Société expédie un numéro de son journal à chaque rédaction de publicité Spirite, indigène ou étrangère, avec prière instante de leur correspondre par un échange, afin d'étendre autant que possible les moyens de propagation de la doctrine. L'association s'est formée sous le patronage de l'Esprit de Pedro Escobedo, célèbre professeur de la Faculté de médecine, son Esprit ayant été évoqué par le cercle La fluz, il se manifesta simultanément à trois personnes en état de somnambulisme. Son élévation est grande dans la hiérarchie des Esprits, il se sert d'intermédiaires pour correspondre avec les voyants ; il a dicté une communication d'un grand mérite sur la science psychologique et les propriétés de l'électricité.
Traduit par madame T.

Compte rendu des publications d'Espagne et de Montevideo
Le volume portant pour titre : Préliminaire à l'étude du Spiritisme, traite des vérités fondamentales de la doctrine ; de plus, et c'est par ce côté qu'il devient plus attachant, il nous montre où en est le Spiritisme en Espagne, en nous donnant un compte rendu des sociétés spirites et particulièrement de la Société centrale à Madrid. Cette Société, fondée en 1865, à Madrid, a fusionné, en 1871, avec la Société Progressiste, d'une plus récente création. Bientôt des groupes de moindre importance se sont joints à elle ; de sorte que le Spiritisme a son organe dans le président, le vicomte Toués Solano, spirite énergique et convaincu, qui rédige le journal de la Société, le Criterio Official, sous l'approbation d'un comité.
Voici comment est organisée cette Société : elle a pour ses réunions un vaste local, rue Cervantès ;  les réunions ont lieu tous les samedis, de neuf à onze heures du soir. On y discute d'abord des questions de Spiritisme ensuite on demande aux Esprits des communications traitant ces mêmes questions. Puis viennent les communications spontanées. Une fois par semaine, il y a conférence où sont admises les personnes qui ont une carte. Le mercredi de chaque semaine, les membres de la Société se réunissent pour discuter tous les faits spirites qui intéressent la doctrine ; ils s'occupent aussi de magnétisme expérimental, de somnambulisme.
Au reste, les réunions sont très fréquentes et même on peut dire journalières, car un comité qui a entrepris de rédiger un ouvrage spirite, travaille depuis deux ans à discuter et à écrire en collaboration. L'ouvrage, qui va bientôt paraître, aura pour titre : Philosophie Spirite. A partir de onze heures du matin, les salons sont ouverts aux Spirites qui peuvent y converser ou choisir dans la bibliothèque les livres et les journaux. Toutes les après-midis du dimanche sont consacrés à former des médiums. Pour être reçu membre de la Société Progressiste on paie un droit d'entrée facultatif. Si même on ne peut payer ce droit, ce n'est point un motif de refus. Le nombre des membres est illimité. Le fondateur de la Société Progressiste est un disciple d'Allan Kardec, Alvérico Péron.
Le journal Criterio Official, est en rapport avec quinze groupes espagnols, parmi lesquels celui de Barcelone est le plus important ; il publie une Revue très bien rédigée, sous la forme (au propre et au figuré) de la Revue Spirite, de Paris. Les principales publications espagnoles sont : 1° Criterio Official, de Madrid ; 2° Revue Spirite, de Barcelone ; 3° Spiritismio, de Sevilla ; 4° Révélacion, d'Alicante.
Impressions d'un fou. C'est une exposition élémentaire de la doctrine spirite. Ouvrage de propagation. Exposition et définition des vérités fondamentales. Même but que le précédent. Faits de magie et de Spiritisme. Résumé de tous les phénomènes spirites qui ont été attribués à la magie. Almanach. C'est la bibliographie des Spirites marquants. Nous reparlerons de cet ouvrage.
Tous ces livres sont dans le courant ; ils présentent sous une forme connue des idées connues (pour des Spirites, s'entend) mais un article très remarquable (ou plutôt une suite d'articles, il n'y a ni le commencement ni la fin), se trouve dans la Revista spiritismo, de Sevilla. L'auteur, Manuel Gonzalès, y traite en dialogues le côté le plus avancé de la doctrine, il reconnaît un Créateur, une essence, une loi. Son article est des plus importants.

Montevidéo
Enfin, dans la Revue de Montevideo, (Amérique), du 10 mars, se trouve le discours prononcé au dernier concile, par l'évêque Strossmayer. Il parle éloquemment contre l'infaillibilité du pape, démontre que saint Pierre, n'ayant jamais eu la puissance papale, ne peut la transmettre à ses successeurs que, dans les différents conciles, les papes s'étant contredits l'un l'autre, ils se sont ainsi montrés faillibles, ne pouvant chacun avoir avec eux le Saint-Esprit pour plaider le pour et le contre. Que, du reste, reconnaître l'infaillibilité de Pie IX, ce serait proclamer ainsi l'incompétence de tous ses prédécesseurs.
En résumé, tous les ouvrages espagnols sont en polémique avec le clergé. Les attaques sont vives de part et d'autres. En pleine Chambre, une discussion s'est élevée et un député Spirite a affirmé haut sa croyance. Ces discussions religieuses n'ont rien qui doive étonner. Les réfutations que nous avons faites au dix-huitième siècle, l'Espagne les fait aujourd'hui mais, plus heureuse, elle trouve une croyance pour remplacer ses préjugés superstitieux, tandis que nous avons dû passer par la phase du matérialisme et de l'incrédulité. Aujourd'hui, elle travaille avec énergie et intelligence à sortir de toutes les dominations, elle accomplit son œuvre ; maintenant son heure a sonné, espérons qu'elle marchera longtemps dans la voie qu'elle a enfin trouvée.
Accolade fraternelle à nos frères d'Espagne et d'Amérique.
Traduit par M. Vincent

 

Études

Recherches sur la pratique de la médiumnité guérissante[1]
Le deuxième moyen de la faculté guérissante est un pas de plus dans la voie de la puissance médianimique. En outre de l'aide donnée aux remèdes du médecin, l'Esprit ajoute des fluides guérissants, ou pour mieux dire des remèdes fluidiques. Les fluides dans lesquels vivent les Esprits, contiennent les éléments de toutes choses. En eux se rencontrent ce qui donne à la rose son parfum, à l'opium sa faculté dormitive. En un mot, les éléments de tous les remèdes et de tous les poisons se trouvent dans ces fluides que les Esprits, nous le savons, distillent, agglomèrent, dissolvent, réunissent, séparent ou condensent par le fait d'un trayail propre, dont nous ne connaissons pas tout le mécanisme, mais dont nous trouvons la preuve patente dans les effets physiques, mouvements de tables, apparitions tangibles, etc.
Tout le monde possède encore cette faculté médianimique, puisque c'est à l'Esprit que l'initiative en appartient. Nais elle peut prendre un caractère particulier chez chaque individu suivant la nature du fluide magnétique, et le degré de sa puissance. Tel médium n'ayant qu'une influence médiocre et même nulle pour permettre à l'Esprit de fournir le remède voulu par certaines maladies, sera au contraire un agent très puissant pour l'Esprit, à l'égard de certaines autres. Tous les Esprits peuvent en se servant du fluide d'un incarné produire des remèdes ; il suffit qu'ils aient pour cela une certaine connaissance de la loi des fluides. Des Esprits inférieurs peuvent faire obtenir ainsi des résultats frappants à des médiums peu avancés en perfection. Ce n'est pas pour l'Esprit une question de pureté, c'est une question de science des fluides, comme la médecine sur la terre est une question de science des vertus des remèdes. C'est ainsi que l'on s'explique les guérisons obtenues par des sauvages ou des êtres très arriérés. Ces hommes ont un Esprit qui a la science des vertus médicales des fluides ; personnellement, ils possèdent un fluide particulier, exceptionnellement favorable pour une maladie déterminée, Le médium qui cherche à guérir quelqu'un n'a pas à se préoccuper à quel degré il possède cette puissance particulière de la médiumnité guérissante, c'est l'affaire de l'Esprit qui ajoutera ou n'ajoutera pas de remèdes fluidiques, suivant que le fluide du médium est plus ou moins propre à la fabrication et à la transmission du remède nécessaire.
Ce moyen de la faculté guérissante, excepté pour des natures fluidiques spéciales, est lent à se développer et ne vient que par le travail persévérant. Les Esprits du reste n'y ont recours que lorsque cela est nécessaire ; il leur est plus simple de se servir des remèdes du médecin. Demander aux Esprits guérisseurs de se passer des remèdes terrestres, c'est avoir une exigence analogue à celle que pourrait avoir un individu qui voudrait absolument que l'on portât sa malle avec beaucoup de travail et d'effort, sur la tête, alors qu'il serait facile et peu fatiguant de la rouler sur une brouette. L'Esprit ne cherche que la guérison et il ne trouverait pas raisonnahie qu'on voulût exiger de lui de vaincre la difficulté, quand le facile est à sa portée.
Le moyen de développer en soi la puissance de cette forme de la faculté médianimique, est celui que nous avons recommandé dans la précédente revue.
Les Esprits pour former des remèdes fluidiques se servent des fluides des incarnés : c'est à l'aide de ceux-ci qu'ils extraient de l'atmosphère fluidique les éléments propres à telle ou telle maladie, comme c'est à l'aide du fluide d'un médium qu'ils condensent des forces fluidiques capables de produire des effets matériels. Mais les individus ayant des fluides divers, chacun de nous, par ce fait, est plus spécialement propre à permettre à l'Esprit de produire tels remèdes, et impropre au contraire, à favoriser la confection de tels autres. Si tout individu peut soulager lés malades et guérir toutes les maladies guérissables, chaque individu cependant a des puissances plus spéciales pour certaines d'entre elles.
Si tous les Spirites faisaient le facile petit sacrifice que, dans la précédente Revue, nous leur avons demandé d'accomplir ; si tous les matins, d'une façon quotidienne et aussi régulière que possible, ils élevaient pendant cinq minutes leur âme à Dieu dans le but de soulager les maladies, sans même avoir de malades à côté d'eux et s'ils priaient le Seigneur de permettre aux bons Esprits de puiser dans leur fluide les éléments propres à guérir les malades, ils apporteraient aux bons Esprits un concours précieux.
Les Esprits guérisseurs viendraient puiser chez chaque individu, comme l'abeille qui va de fleur en fleur, le remède dont le fluide magnétique personnel a la spécialité, et tous ces remèdes de toutes natures, constitués à l'aide de tant de médiums divers, les Esprits, après les avoir recueillis, les reporteraient sur les malades, suivant les maladies, par l'intermédiaire des médiums occupés à guérir et parfois, directement, sans intermédiaires nouveaux. D'un côté les médiums obtiendraient ainsi des résultats plus puissants, résultats auxquels chacun de nous saurait avoir contribué ; de l'autre, les personnes qui se livreraient à cette prière quotidienne, tout en facilitant l'oeuvre des Esprits comme on facilite une oeuvre de charité en souscrivant une petite somme, puisqu'elles fourniraient chaque jour leur petite part de fluide guérissant, développeraient en elles la faculté productrice de bons fluides et acquerraient ainsi, peu à peu, une force guérissante dont elles constateraient les effets lorsqu'elles voudraient à leur tour soulager un malade.
La troisième forme de la médiumnité guérissante est la plus belle et la plus rare : c'est celle des hommes vraiment saints et des prophètes. C'est la guérison sans longues préparations de remèdes fluidiques, sans remèdes matériels, par la seule pureté du fluide ; c'est l'oeuvre des Esprits très avancés qui seuls ont ce pouvoir. Mais pour permettre à ces grands Esprits de faire agir la faculté sur des incarnés, il leur faut des médiums dont la pureté fluidique et l'avancement moral les rapprochent d'eux et permettent l'union des fluides. Cette faculté est universelle encore, et le médium, quelle que soit sa nature fluidique propre, obtient des résultats pour toutes les maladies. Comme la puissance de cette forme de la faculté guérissante est en raison de la perfection morale du médium, il ne dépend que de nos efforts de l'acquérir.
Ces trois moyens de la médiumnité guérissante, nous les avons séparés pour les mieux étudier, mais en réalité ils se confondent dans chacun de nous. Notre action guérissante participe des trois, à des degrés divers. La faculté guérissante est comme toutes les facultés physiques, morales ou médianimiques, elle se développe par le travail. La persévérance est nécessaire, car elle conduit toujours à des résultats.
La guérison médianimique ne doit pas être confondue avec le magnétisme. Dans le magnétisme, l'individu veut, et il émet des fluides, vers le point où se porte son action. Dans la médiumnité, c'est autre chose. Le médium ne doit pas émettre de volonté propre et viser un endroit du malade. Son action doit se borner à désirer soulager le malade, et il doit laisser ses fluides entièrement à la disposition de l'Esprit guérisseur. Celui-ci s'empare de la personne du médium et lui fait faire ce qui est nécessaire.
L'Esprit, qui voit le mal, en découvre facilement la cause, il agit plus sûrement que le magnétiseur ; il dirige l'action, sans que le médium ait à s'en préoccuper, sur le point où il faut que le malade la reçoive. L'émission fluidique par le médium fatigue inutilement celui-ci, gêne souvent l'Esprit dans son action et nuit même parfois au malade. Le rôle du médium guérisseur ne doit pas être d'agir, mais de prier ; l'Esprit lui fera émettre sans qu'il s'en doute le fluide nécessaire, et le mélangera au sien dans une proportion favorable, proportion que le médium ne peut connaître et que fausserait une intervention de sa volonté.
Pour conclure, nous conseillerons à tous les Spirites de faire l'émission fluidique du matin pour la guérison des malades ; c'est le point principal, celui qui fera produire des résultats généraux considérables. Nous leur recommandons ensuite de traiter directement les malades de leur famille, ou leurs amis intimes, sans se décourager de ce que les effets seront inapparents ; ils peuvent être assurés qu'ils donneront aux remèdes du docteur une action que ceux-ci n'auraient pas eue. Le malade, pendant le travail du médium, doit être, s'il est possible, en prière. Les spirites en remplissant ces deux devoirs satisferont aux exigences que les Esprits sont en droit de réclamer de tout individu qui a le bonheur de croire au Spiritisme.
Maintenant, en dehors de ces devoirs modestes et qui se restreignent à, la famille ou au petit groupe d'amis intimes, il y a les Spirites qui ont du temps devant eux et qui peuvent et veulent se dévouer d'une, façon plus spéciale à la pratique de la médiumnité guérissante.
Cela n'est plus alors un devoir, moralement obligatoire, c'est une mission que l'on se donne. Dans ce cas, nous recommandons de ne pas abuser des facultés que l'on peut avoir et de ne pas leur demander plus qu'elles ne peuvent donner.
En général ces médiums, quand ils découvrent en eux une certaine vertu guérissante, s'emportent comme des chevaux échappés. S'ils ont produit quelques résultats remarquables, ne doutant plus de rien, toutes les maladies doivent disparaître sous leur regard, ils se croient capables de guérir cinq cents personnes par jour. Ils s'abusent et il arrive que bientôt ils s'épuisent et finissent pas ne plus guérir personne, surtout si leur faculté fait pénétrer en eux la vanité. La vanité est la mort des facultés médianimiques. Celles-ci se développant et se conservant sous l'influence de la prière et de l'élévation de l'âme vers Dieu, la vanité les tue puisqu'en faisant attribuer à soi la puissance, elle fait oublier la véritable cause de la faculté et éloigne des moyens de l'entretenir et de la conserver.
Quand on possède une force guérissante spéciale, il faut en user modérément, il ne faut pas non plus se décourager ou se mortifier des insuccès, car les facultés d'un médium guérisseur ne sont pas aussi puissantes pour toutes les maladies Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a des maladies dont les suites ne peuvent disparaître qu'à la longue. Un malade peut être guéri spontanément du principe du mal, mais s'il y a eu des désordres organiques qui sont la conséquence de la maladie et qui demandent le temps nécessaire à leur réparation, dans ce cas la guérison ne sera pas apparente, car les douleurs dont le malade se plaint résultent de ces désordres organiques, qui demandent un temps moral pour disparaître et une continuation de l'action guérissante. Enfin il y a des maladies qui ne peuvent être guéries ; la médiumnité guérissante ne supprime pas la mort et ne peut empêcher les douleurs qui sont des expiations ou des épreuves nécessaires aux progrès du malade. Dans ces derniers cas, la guérison peut encore être obtenue, mais seulement lorsque le malade a achevé son épreuve et en a tiré le profit pour lequel elle lui était imposée. C'est alors le malade qui doit, par la prière et par le désir son amélioration, se mettre en mesure d'être guérissable.
Le médium qui veut se dévouer à la pratique de la médiumnité guérissante se prépare bien des échecs, des désagréments et des tentations de vanité. Sa récompense sera grande dans l'autre monde s'il ne se décourage pas et s'il sait rester aussi stoïque devant un fait de guérison superbe que devant un insuccès radical ; s'il sait enfin conserver toujours et dans tous les cas, la foi, la persévérance et la modestie.

 

Dissertations spirites

Couturier le charpentier
Saint-Michel de Maurienne (Savoie), le 7 août 1873.
Messieurs et frères,
Conformément à votre désir, j'ai l'honneur de vous envoyer une manifestation au verre d'eau, obtenue de l'Esprit d'un ivrogne, par madame A. Bourdin, le 17 juillet dernier[2].
Premier tableau. Voilà un homme brun, de quarante à cinquante ans, figure bourgeonnée, grands yeux ouverts, un peu hagards, habillé en ouvrier aisé ; c'est un charpentier, car il a une hache près de lui ; il lève son chapeau, se met la main sur la tête, il a l'air de s'ennuyer et semble se diriger du côté de M. Jaillard (maître d'hôtel à Saint-Michel et membre du groupe), il me fait voir qu'il n'a point d'argent dans sa poche ; il parle ainsi :
« On me dit que je suis mort, mais je ne puis pas le croire ; si c'était vrai, je n'aurais pas soif ; je n'ai point d'argent, j'ai des dettes, je cherche de l'ouvrage et je n'en trouve point, cependant on peut dire que je suis un rude à la besogne ; on a bonne volonté, mais on peut encore mourir de faim dans ce diable de pays. Je sais bien qu'un jour j'ai fait la noce plus que de coutume, puis je me suis endormi par-là, dans un coin ; quand je me suis réveillé, j'étais mort de froid !... puis je me touchais, et il me semblait que mes doigts s'enfonçaient dans du coton ; je n'avais plus d'os, plus de chair, mais ça ne m'empêchait pas d'avoir bien soif. Ma foi, messieurs, faites charité en me payant quelque chose, je sèche d'ennui. »
Il me fait voir comme s'il avait mal à la tête. Le voilà assis, sa hache à côté de lui ; il a l'air de vouloir s'endormir, il est accoudé contre une pierre.
Deuxième tableau. Voilà l'Esprit d’une bonne femme qui vient en pleurant près de lui ; elle s'approche et le secoue, comme pour le réveiller :
« Réveille-toi, mon pauvre garçon ! Tu souffres après ta mort, parce qu'elle a été causée par ta mauvaise conduite ; tu subis la peine de ton défaut dominant, c'est-à-dire l'ivrognerie ; si tu crois avoir soif encore, c'est une expiation de ton intempérance. Viens avec moi, sort de ton isolement et tu t'instruiras des choses qui feront cesser tes souffrances ; viens te désaltérer dans une source pure qui s'appelle l'Espérance, tu seras bien dirigé, bien soutenu par ceux qui t'ont précédé dans le monde des Esprits. »
Elle le tient par la main ; lui, veut rester, il ne parle pas, mais il fait un geste qui veut dire qu'il a soif.
Nota. L'identité de l'Esprit de Couturier (c'est son nom) a été constatée par toutes les personnes très honorables qui assistaient à cette séance. Cet ouvrier charpentier a travaillé quelques années ici ; puis, il est allé à Fourneaux, près Modane. Il y a bientôt deux ans, son corps fut trouvé en plusieurs morceaux sur le chemin de fer, sans qu'on ait pu savoir comment ce malheur était arrivé.
Fait remarquable, le médium fut, dès l'apparition de cet Esprit, atteint d'une soif tellement ardente, qu'il demanda à boire et voulut saisir le verre de la main droite pour le porter à ses lèvres , l'exécution de ce mouvement fut impossible ; cette soif finit, lorsque l'Esprit de cet ivrogne s'accouda contre une pierre pour dormir.
P. Michellier

Voeux et pensées d'Allan Kardec
Villa Ségur. Paris, 19 juillet 1873. Médium M. Pierre.
Mes amis,
Quand je le puis, je viens visiter celle qui a partagé toutes mes peines ; je me rapproche de vous pour prendre part à vos travaux et encourager toutes vos espérances.
Vous avez toujours rendu hommage à mon nom, vous avez bien voulu le regarder comme un porte-drapeau, comme l'emblème de l'idée si rationnelle de la réincarnation. Merci, mes amis, mes élèves ; je ne crois point trop m'avancer et ne point faire ici un acte d'intérêt personnel, en venant dire que, sans cette vérité de la pluralité des existences sur la terre, notre philosophie n'aurait pas sa raison d'être ; d'autant plus que cette déduction de nos études est le complément de toutes les recherches scientifiques faites depuis plus d'un siècle, et que bientôt, par une conversion en ce sens, les positivistes, tout particulièrement, viendront affirmer cette loi primordiale qui a été, est, et sera toujours le pivot de l'oeuvre divine sur les globes.
Aimez-vous donc bien, chers enfants ; serrez vos rangs, afin de ne point être entamés par l'ennemi ; et j'appelle l'ennemi ces circonstances fortuites qui bouleversent les hommes quand il s'agit d'intérêts matériels directs ; qui placent la puissance dans des mains qui ne respectent pas l'expression de la pensée et veulent l'assujettir à une règle absolue et inflexible. Aimez-vous, faites que les hommes de coeur, capables de sacrifices, qui ont compris la doctrine, s'unissent à, vous pour résister aux orages accumulés à, l'horizon et, dès lors, tel qu'un chêne à la puissante ramure, les fortes racines que vous vous serez assimilées auront plongé avec force dans le sol spirite ; secouées par la tempête, si quelques feuilles ou quelques branches sont emportées, au moins le tronc et ses rainures maîtresses auront résisté et vaincu la puissance ennemie.
Le Spiritisme est en tout et partout, il est calme comme doivent l'être les forces indestructibles, il attend ceux qui viennent à lui ; comme cette montagne puissante qui porte sa cime dans les cieux, il possède le calme de la force, et l'humanité va vers lui, l'entre voyant comme un phare qui éclaire vivement le passé, le présent et l'avenir.
Ma compagne, c'est un fait certain, fera honneur au billet à ordre que dans la Revue de décembre 1868, j'ai tiré sur l'avenir, ceux qui ont pensé le contraire ont mal vu ; ils ont condamné croyant être justes, oubliant que les idées deviennent troubles quand elles sont passionnées. De ces opinions diverses que reste-t-il ? Une simple vérité c'est qu'il faut toujours être une intelligence loyale et droite, surveiller ses actes, puisque les invisibles lisent dans votre périsprit comme dans un livre ouvert. Ce que je sais bien, c'est que Ségur, cette propriété spirite, doit en un temps donné, devenir un centre de réunion pour tous les partisans de la doctrine ; les envoyés des sociétés étrangères viendront y chercher, pour les répandre chez tous les peuples, des paroles de paix, de pardon, d'amour et de rédemption.
Bénissez donc vos labeurs, vous tous qui travaillez à la bonne oeuvre ; identifiez-vous avec elle pour revenir, dans une autre existence, mieux remplir votre mission ; unissez-vous, respectez- vous et, parfois, répétez dans vos réunions qu'Allan Kardec vous a aimés et vous aime toujours ; qu'honorer sa veuve, c'est l'honorer lui-même ; qu'en continuant avec énergie à propager la philosophie spirite, on fera une oeuvre utile à soi, à ses frères en épreuve, et surtout un acte agréable aux yeux du souverain Juge. J'autorise madame Allan Kardec à donner de la publicité à cette expression de mes voeux et de ma pensée intime.
A vous fraternellement,                                                           
Allan Kardec

Les savants et le progrès
1, rue de Lille. Paris, 22 février 1872. Médium M. Duneau.
Ils osent se mettre sur mon chemin, les imprudents ; vraiment ils sont fous ! Gare, gare, leur dit-on. Ah bien, oui ! Vous aurez beau leur crier gare, ils se précipitent à ma rencontre, et vous le voyez, ils se feront broyer.
Ces savants-là sont vraiment bien têtus; ce sont des Esprits forts, il est vrai ! Enfin, laissez-les agir, puisqu'ils vous aident plus qu'ils ne le croient.
Demande. - Cher ami, j'écoute tes phrases inachevées et loupées, mais de quoi et de qui parles-tu donc ?
Réponse. - Tu veux savoir de qui je parle mais de tous ces insensés qui veulent me barrer le chemin. Allez, messieurs ; faites des tranchées profondes, coupez les routes, entassez-y les obstacles de toute nature, je passerai !
Signé : le progrès

La vérité, comment la dire ?
7, rue de Lille. ler novembre 1872. Médium, M.P.
La vérité, comment la dire ? Vous tous qui m'entendez, ne vous a-t- elle pas séduits par l'autorité d'Allan Kardec ? Le maître a parlé, et je devrais me taire néanmoins, mon père est présent à cette séance, et la voix des enfants qui semblent être partis avant l'heure doit être entendue.
La vérité existe dans la raison satisfaite ; elle est à l'état latent dans tout ce que Dieu a fait, mais il faut savoir la recueillir et enlever la gangue qui l'enveloppe ; comme le diamant le plus pur, elle est limpide et sans défaut ; comme l'étoile de Sirius qui, à travers les espaces sans limite, nous envoie sa puissance rayonnante, de même la vérité jaillit de toutes choses avec la même projection, car elle est le principe des principes.
Père, je suis mort à la terre, mais non aux choses de la terre ; simple passager, j'ai laissé chez toi ma carte de visite ; mais en disant : Au revoir... Tu le sais, l'Esprit dégagé vit dans l'atmosphère du monde sur lequel il exista, et, s'il est assez pur, parfois il lui est permis de faire une excursion sur une planète plus avancée, sur ces sphères silencieuses et brillantes qu'une loi unique fait graviter sur elles-mêmes, dans une position qui offre à, leurs habitants des facultés précieuses. Oui, Père, habitant des colonies spirituelles, je suis pourtant près de toi et, conscient, heureux, après avoir acquis un peu de cette science qui fait aimer et comprendre Dieu par le travail ; nous chantons l'Eternel dans ces espaces où les jours sont sans lin.
Voilà la vérité l'homme, parti de rien, arrive à tout ; s'il a su le mériter, il peut, à son gré, franchir les espaces interplanétaires, visiter les mondes heureux et, avant de revenir dans le milieu où se concentre son action, dépasser l'ensemble des systèmes solaires de notre voie lactée, et s'en aller dans ce voyage de circumnavigation céleste, toujours plus avant dans le Cosmos, vers la source de toutes choses.
Amis, étudiez et croyez... Père, sois un croyant sincère et éclairé; pendant que ma mère prie là-bas sur ma tombe, pense à ton fils avec le calme d'une conscience satisfaite. Tous deux, vous tous, mes frères, méditez sur les vérités que Dieu donne à tous ses fils, leur laissant pleine et entière liberté de les acquérir à l'aide d'épreuves réitérées. La réincarnation, c'est la justice divine qui passe sur les mondes.
Au revoir, mon petit père bien-aimé,
Henri Sarcy

Remarque. Henri Sarcy est l'Esprit de cet enfant qui mourut, en mai 1871, frappé par une balle perdue, lors de nos déplorables luttes intestines[3].

Sages conseils et souhaits
7, rue de Lille. ler novembre 1873. Médium mademoiselle Cuillot.
Je vous félicite pour le recueillement avec lequel vous écoutez les prières ; vous possédez le bon Esprit, celui de la conviction et du bon souvenir ; puissent ne jamais se relâcher la fraternité et les liens spirituels qui vous unissent en ce jour de commémoration des morts, la charité spirite aura le don de vous attirer les uns vers les autres si vous traduisez en actes les devoirs qu'elle impose, si vous savez bien comprendre son but élevé et moralisateur.
Prier ensemble, en commun, c'est rendre hommage à la charité spirite, car vous avez été pour des Esprits malheureux ce rayon de lumière qui dissipe les ombres ; leur trouble, leur incertitude ont disparu. Amis, séchez les larmes, amoindrissez les douleurs d'autrui et faites naître l'espérance, appelez le secours des invisibles pour vous donner la vie intelligente et le pain matériel, ramenez à Dieu les Esprits égarés, employez chaque heure de votre épreuve à augmenter votre savoir pour mieux concevoir la création, et vous aurez ainsi accompli le devoir que le Père éternel trace à ses enfants.
Si dans ce sens vous obteniez des résultats sérieux si l'instruction, devenue générale, sortait les âmes de la fange pour les élever vers Dieu, si le souffle de liberté et de solidarité vous visitait parce que vous seriez prêts à le recevoir, la grande famille humaine aurait accompli ses destinées sur la terre ; après avoir gravi assez d'échelons Spirites, elle pourrait émigrer sur une planète supérieure, les élèves du Christ s'élèveraient dans l'infini : tel est mon souhait sincère.
Julien, ton guide

Souscription pour les bibliothèques
Nous sommes heureux d'annoncer à nos lecteurs que la Ligue de l'enseignement, dont nous avons eu souvent à les entretenir, vient d'obtenir, à l'Exposition universelle de Vienne, la grande médaille du mérite. Cette récompense était bien due à cette société, intelligemment dévouée au bien du pays, auquel elle a déjà rendu de si grands services.
La dernière oeuvre entreprise par le cercle parisien de la Ligue de l'enseignement mérite sérieusement l'attention et le concours du public ; elle crée, dans chaque régiment, une bibliothèque pour les sous-officiers et soldats, avantage précieux et concurrence opportune à la cantine et à l'ignorance. C'est un progrès considérable vers la moralisation générale de la nation, et personne ne doit rester indifférent au succès de cette institution ; depuis la nouvelle loi militaire, chaque famille n'aura-t-elle pas bientôt un fils, un parent à l'armée ? Les heures de loisir du soldat ne seront plus fatalement livrées à la dissipation, à l'oisiveté et à l'ivrognerie, l'attrait moralisateur de la lecture et de l'étude les rempliront bientôt. La bibliothèque, avec l'école, dont elle est le complément nécessaire, sera certainement pour le soldat un cours de discipline honnête.
Par des souscriptions assez considérables, les hommes de coeur ont compris l'appel fait par la Ligue de l'enseignement mais, doter chaque régiment d'une bibliothèque est une oeuvre immense pour laquelle il faut beaucoup d'argent ; il est utile d'en apporter encore. Après l'honneur d'avoir entrepris une pareille oeuvre de régénération, on doit obtenir le profit de son accomplissement ; au milieu de tous les sacrifices que nous devons faire pour relever notre patrie, ceux que nous ferons pour l'instruction de la France seront toujours les plus urgents et les plus saints. L'occupation étrangère a disparu, mais l'armée des Esprits inférieurs nous domine pour cause d'ignorance ; ne l'oublions pas, l'oeuvre de la Ligue nous aide à chasser les mauvaises influences spirituelles, que nous devons diriger vers le bien, le bon et le juste. Spirites, entendez-vous ?

 

Pour le comité d'administration. Le secrétaire-gérant : P.G. Leymarie

 

[1] Deuxième article, voir page 279 de la revue spirite de septembre 1873.

[2] Madame Bourdin, la médiumnité au verre d’eau.

[3] Voir la Revue de 1871, p. 333.

Chapitre suivant




Téléchargement | Bulletin
nous écrire | L’Agora Spirite