Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


CHAPITRE III
Automatisme et suggestion mentale

 

Sommaire : La transmission de la pensée permet de comprendre le genre d'action exercée par les esprits sur les médiums. Admission des faits.Remarques sur les circonstances extérieures qui peuvent simuler la suggestion mentale. La mémoire latente, le milieu psychique. Véritable transmission mentale.Transmission des sensations pendant l'état magnétique. Transmission des idées d’un sujet dans l'état magnétique.Les travaux de la Société de Recherches psychiques. - Transmission de la volonté pendant l'état magnétique. - Ces faits se reproduisent pendant la veille. - Mesmer, Froissac, du Potet, Lafontaine, les docteurs Dusart, Ch. Richet, Héricourt, Gibert, P. Janet, etc. - Conditions nécessaires pour que la suggestion mentale puisse se produire entre magnétiseur et sujet. - Exemples de suggestions mentales agissant sur l'automatisme de l'écriture. - Le cas de miss Summerbell. - Les expériences du Révérend P. H. Newnham, avec sa femme comme sujet. - Résumé.

La transmission de la pensée

Dès l'origine du Spiritisme, les incrédules de bonne foi, — ceux qui ne voyaient pas seulement dans ces faits de grossières supercheries, — les expliquèrent en faisant intervenir la transmission de la pensée, que l'on appelle aujourd'hui la suggestion mentale. Cette hypothèse n'était guère de nature à satisfaire l'école positiviste, car si l'on admet avec elle que la pensée est une résultante de l'organisme, on ne peut guère imaginer comment cette pensée, qui ne serait, en dernière analyse, qu'un mouvement moléculaire du système nerveux, pourrait sortir du corps pour agir, à distance, sur un autre cerveau.

"Je n'ai jamais compris, dit M. Brown Séquard, comment un homme intelligent et connaissant les principes fondamentaux de la physiologie peut admettre une telle transmission, (une transmission de force nerveuse d'un individu à un autre) alors que l'étudiant le moins instruit sait combien sont vains, après la section d'un nerf moteur, les efforts, les désirs, la volonté de mouvoir la partie paralysée[1] . » Feu M. Ponchet, professeur au Muséum d'histoire naturelle, disait plus emphatiquement[2] : « Démontrer qu'un cerveau, par une sorte de gravitation, agit à distance sur un autre cerveau, comme l'aimant sur le fer, le soleil sur les planètes, le terre sur le corps qui tombe. Arriver à la découverte d'une influence, d'une vibration nerveuse se propageant sans conducteur matériel ! Le prodige c'est que tous ceux qui croient peu ou prou à quelque chose de la sorte, ne semblent même pas, les ignorants ! Se douter de l'importance, de l'intérêt, de la nouveauté qu'il y aurait là-dedans et de la révolution sociale que ce serait pour le monde de demain. Mais trouvez donc cela, bonnes gens, démontrez-nous donc cela, et votre nom ira plus haut que celui de Newton dans l'immortalité, et je vous réponds que les Berthelot et les Pasteur vous tireront leur chapeau bien bas. »


Comme le dit M. de Rochas, auquel nous empruntons cette tirade ampoulée : « Nous n'en demandons point tant ! » La transmission d'une dépêche par la télégraphie sans fil est aussi extraordinaire que celle de la pensée, et cependant ce prodige est devenu banal ; toute la question est de savoir d'abord si le phénomène de la transmission de la pensée est réel, l'explication viendra ensuite.
Il est évident que les spirites ont le plus grand intérêt à démontrer que la transmission de la pensée est un phénomène réel, car une fois ce point admis, il deviendra plus facile de comprendre comment les esprits entrent en rapport avec les médiums.
Si déjà, durant la vie, il est possible que deux intelligences communiquent sans aucune intervention des organes physiques, la disparition de l'enveloppe matérielle de l'agent ne peut, évidemment, que favoriser la manifestation de l'activité psychique qui agit sur l'âme d'un médium. Il y aurait ainsi une continuité entre les phénomènes animiques et les phénomènes spirites qui enlèverait à ces études les caractères de merveilleux et de surnaturel qu'on s'est plu, bien gratuitement, à leur attribuer. Nous allons donc d'abord passer en revue les faits précis qui démontrent cette communication mentale, en déplorant que le cadre restreint de notre ouvrage ne nous permette guère que d'effleurer la question. Mais en se reportant aux documents originaux que nous signalons, le lecteur pourra se faire une opinion motivée, basée sur des matériaux scientifiques de premier ordre.
Il n'entre pas non plus dans notre plan de rechercher le procédé par lequel s'opère le transfert de la pensée d'un individu à un autre. Cependant, afin de prévenir des confusions fâcheuses, nous ferons observer que ce n'est pas la pensée elle-même qui se transporte dans l'espace, parce que la pensée est un phénomène interne, subjectif, qui n'a d'existence qu'au moment où il se produit chez l'être pensant. Mais la physiologie nous apprend que lorsque la pensée est engendrée, il existe toujours un mouvement corrélatif du cerveau, qui est la traduction matérielle, externe, du fait psychique. Le Spiritisme nous fait connaître aussi le mouvement vibratoire du périsprit. C'est donc seulement ce dernier mouvement ou d'autres auxquels il peut donner naissance, qui se propage dans l'espace et qui, en pénétrant dans un ou plusieurs cerveaux propres à le percevoir, y déterminera une pensée.
La répugnance du monde savant pour ces faits commence à disparaître, grâce aux recherches vraiment scientifiques entreprises en Angleterre par la Société de Recherches psychiques. Même en France, nous assistons à cette évolution.

Admission des faits

Parlant de la suggestion inconsciente, M. Beaunis, professeur de physiologie à la faculté de Nancy, dit :

« Quelque répugnance qu'éprouve l'esprit humain à reconnaître la réalité de phénomènes qui choquent complètement les idées reçues, il est bon cependant d'enregistrer ces phénomènes, et, tout en réservant l'avenir, de les vérifier sévèrement et d'en essayer une explication. » Ailleurs[3] le même auteur dit encore en parlant de la suggestion mentale ; « Nous avons affaire ici, à n'en pas douter, à un fait qui bouleverse toutes nos idées sur la fonction du cerveau. Pour ma part, jusqu'à ces derniers temps, je ne pouvais ajouter foi à ces choses. Aujourd'hui, je suis forcément convaincu qu'on ne peut pas les rejeter. Les réussites, rares à la vérité, sont trop nombreuses pour qu'on puisse songer à un hasard, et surtout à un moment où la question de la transmission de la pensée est portée devant le forum de la Société de psychologie physiologique, je me suis cru obligé d'apporter mon tribut, si étranges que ces phénomènes me paraissent. »

Dans son livre consacré à l'étude de la suggestion mentale, le Dr Ochorowicz, professeur de psychologie à l'Université de Lemberg, après avoir écarté par une savante analyse toutes les causes qui simulent la transmission de la pensée, conclut en affirmant qu'il a l'absolue certitude expérimentale, que toutes les modalités de la pensée peuvent se transmettre à un sujet, dans certaines conditions que nous aurons précisément à étudier tout à l'heure. M. Ch. Richet, membre de l'Académie de médecine, jadis tout à fait incrédule, admet aujourd'hui cette forme de suggestion mentale à laquelle on a donné le nom de télépathie. Pour expliquer les apparitions de vivants, il reconnaît que le hasard ne peut, seul, rendre compte de tous les faits, et que les exemples avec coïncidence d'événements réels sont trop nombreux pour qu'on puisse les expliquer par de simples hallucinations :

« Je regarde comme impossible, dit-il, cette immense illusion se prolongeant sans quelque parcelle de vérité. On n'a pas le droit d'exiger pour les phénomènes psychiques une plus forte probabilité que pour les autres sciences.... On trouve une telle quantité de faits impossibles à expliquer autrement que par la télépathie, qu'il faut admettre une action à distance. Peu importe la théorie, le fait me semble prouvé et absolument prouvé."


Dans son dernier livre sur l'Inconnu et les problèmes psychiques, Camille Flammarion écrit : « L'action d'un être sur un autre à distance est un fait scientifique aussi certain que l'existence de Paris, de Napoléon, de l'oxygène ou de Sirius. » Nous n'avons pas l'intention d'entreprendre la démonstration complète du fait de la transmission de la pensée, car il nous faudrait pour ce seul travail, écrire un volume. Il suffira pour notre sujet de citer quelques-unes des expériences les plus démonstratives, et de rechercher dans quelle mesure elles s'appliquent aux phénomènes de l'écriture automatique.
Peut-être est-il bon de signaler d'abord quelques causes d'erreurs qui peuvent faire croire à une intervention occulte, alors qu'il n'y a en jeu ni transmission de pensée des assistants, ni action des Esprits. Voici quelques-unes de ces observations dont nous empruntons la description à M. Ochorowicz, qui les a fort bien résumées, et qui sont de nature à mettre les Spirites en garde contre les illusions qui peuvent si facilement se produire dans les réunions intimes, composées généralement des mêmes personnes.

Rôle de la mémoire latente

Nous avons insisté déjà sur l'importance de ce facteur si négligé jusqu'alors. Rapportons encore un exemple de son action :

"Voici une expérience faite sur un sujet endormi, laquelle simule la vision sans le secours des yeux, et qui pourrait aussi bien être répétée avec l'écriture automatique que par l’énonciation verbale[4] .
Je prends un livre, dit M. Ochorowicz, en dehors de la vue du sujet, je l'ouvre au hasard et je lui ordonne de lire.
Je ne vois pas bien, dit-il. Je lui suggère les deux ou trois premiers mots de la page et je l'engage à continuer. C'est au milieu du second volume, dit-il, chapitre tel et tel ; c'est le volume de Krasewski : Le monde et le poète !
Parfaitement. Continuez alors ! Et, à notre grand étonnement, il se mit à lire une page entière, presque sans faute. Si je déposais le livre, il s'arrêtait ; il « lisait » couramment quand j'avais les yeux sur le texte. Je changeais de page : il lisait toujours bien. Quelques-unes des personnes qui ont assisté à cette expérience ent cru pouvoir constater « la double vue », malgré les explications que je vais donner tout à l’heure.
Mais si ce n'était pas une double vue, faut-il une preuve meilleure de la suggestion mentale ?
Malheureusement oui. D'abord, il « lisait », quoique moins bien, le livre fermé ; il fallait seulement lui communiquer la première phrase du passage. Ce n'était donc pas la transmission de la pensée ; ce n'était pas non plus de la double vue, puisque sans cette suggestion verbale il ne pouvait même pas lire les numéros des pages ni reconnaître un objet quelconque.
Voici l'explication du mystère.
Le jeune homme en question a lu dernièrement deux fois de suite, le roman mentionné de Krasewski ; il l'avait lu, comme on lisait dans le temps en Pologne, surtout à l'âge de 17 ans. Il le savait presque par coeur. Evidemment, il ne saurait pas réciter à l'état de veille des pages entières textuellement, mais, en somme, notre expérience n'a prouvé qu'une seule chose : une vivacité étonnante des souvenirs en somnambulisme. Et quant à influence de ma pensée, la cause en était bien simple : il « voyait » mieux quand je regardais dans le livre, parce que, machinalement, je corrigeais ses petites erreurs. Ce sont même ces erreurs-là qui m'ont suggéré l'explication vraie de l'expérience ; car, au lieu de lire mal un mot écrit, il le remplaçait par un autre, analogue comme sens, mais tout à fait différent comme forme. Ayant été entraîné en dehors des associations exactes par une erreur semblable, il s'arrêtait si je fermais le livre, parce que je ne pouvais plus lui venir en aide."

Le milieu psychique

Lorsqu'on expérimente souvent dans les mêmes milieux, avec les mêmes personnes, il arrive très fréquemment qu'il se produit des coïncidences inattendues entre les idées des sujets et celles des expérimentateurs. Il n'y a pas suggestion de ceux-ci à ceux-là, mais simplement un même processus mental, amenant des résultats identiques. Voici comment M. Ochorowicz signale ce mécanisme inconscient[5] :

"Toutes les fois que plusieurs personnes s'entretiennent pendant un certain temps, il s'établit entre leurs intelligences un enchaînement réciproque. Il suffit alors à un observateur habile de s'isoler par la pensée du mécanisme involontaire, de l'embrasser mentalement par un aperçu général, pour prévoir quelquefois l'objet qui, dans quelques instants, va occuper l'attention des assistants. C'est le même mécanisme qui fait que, souvent, dans une société, deux personnes émettent simultanément une même pensée ou posent une même question. Mieux on connaît son monde, et mieux en réussit dans cette « clairvoyance » psychologique. Je me rappelle qu'étant secrétaire d'une société qui avait pour but la publication d'une Encyclopédie des sciences, j'avais préparé à l'avance le protocole d'une de nos réunions. On avait à discuter la question de savoir s'il fallait ou non, parmi les sciences à traiter, réserver une place à la Théologie. J'ajoute que deux prêtres faisaient partie de la commission. Mais, connaissant les personnes et les opinions, j'ai risqué l'expérience. Le protocole fut préparé; il rendait compte de la discussion générale terminée par le vote suivant : « La théologie ne doit être traitée que comme faisant partie de l'histoire des religions ». — Je n'ai eu que quelques mots à changer pour soumettre ce protocole à la signature des membres.
Evidemment, on n'est pas si bon prophète sans être un peu complice, mais, on est toujours complice dès qu'on commande l'exécution d'une idée qui vous vient machinalement à l'esprit. En voici un exemple : vous êtes un habitué de la maison. Vous ne vous rappelez pas que, la dernière fois, on causa de la politique coloniale, et qu'aussitôt après une dame s'est mise au piano. On cause de nouveau de la politique coloniale, tandis que l'idée vous vient d'essayer la suggestion mentale : vous ordonnez à la dame d'aller au piano, et elle y va. Vous êtes tout étonné du succès, d'autant mieux que vous ne voyez absolument aucun rapport entre la politique coloniale et un morceau de piano, et que votre compère, lui aussi, vous assure, de la meilleure foi du monde, qu'il ne comprend pas du tout comment l'idée de se mettre au piano lui est venue subitement.
"

Ces remarques sont absolument justes et nous permettent de nous prémunir contre des illusions possibles, dues à l'état psychique ambiant. Voici trois expériences, faites à l'improviste, qui montrent l'influence du milieu psychique sur une personne non hypnotisable :

SUGGESTION
REPONSES
Rouge
UNE COULEUR
Rose
Le lilas
UNE FLEUR
Le lilas
M. J…
UNE PERSONNE PRESENTE
Mme D…


"L'aspect général de ces trois expériences parait assez favorable à la transmission ; mais examinons les circonstances : on prévient le sujet qu'il s'agit d'une couleur, il ne la devine qu'approximativement : c'était rouge, il devine rose. « Rose » qui est en même temps le nom d'une fleur, nous suggère, à tous, l'idée d'une fleur.
On prévient le sujet qu'il s'agit d'une fleur. Le lilas se trouve au milieu de la table. C'est une primeur, tout le monde l'avait remarqué, il se présente le premier à l'esprit de tout le monde. Puis, dès qu'il s'agit d'une idée un peu plus éloignée et où la probabilité reste toujours assez forte (il n'y avait qu'une dizaine de personnes) il y a échec. Non seulement il ne devine pas la personne, mais il prend une femme pour un homme. Par conséquent, ces trois expériences à l'aspect séduisant quand on les considère in abstracto, sont presque sans valeur ; et si je dis presque c'est uniquement à cause d'un certain rapprochement entre le rouge et le rose, qui peut être occasionné par une cause tout à fait fortuite, c'est-à-dire étrangère à la suggestion."


On devra également examiner attentivement les circonstances dans lesquelles les messages automatiques font allusion à certaines maladies des personnes présentes, car nous savons que beaucoup de somnambules éprouvent, par sympatisme organique, des sensations qui les instruisent sur les maladies des personnes avec lesquelles elles sont en rapport. Ces notions utilisées par la subconscience et exprimées par l'écriture sous la forme personnalisée que nous connaissons, pourraient induire en erreur l'observateur qui ne tiendrait pas compte de cette source possible de renseignements. D'autres causes encore, telles que les sensations olfactives[6] — la plupart des maladies ont leurs odeurs spéciales — ou les jeux de physionomie agissent parfois sur l'écrivain. Il ne faut pas attribuer à ces facteurs une importance démesurée ; l'on ne doit les retenir qu'à titre d'indications qui peuvent servir dans certains cas obscurs.
Après avoir mis les expérimentateurs en garde contre ces causes d'erreurs, assez directement applicables aux expériences d'écriture automatique, nous allons montrer que la suggestion mentale existe très réellement entre un magnétiseur et son sujet, sans parole, sans contact, et sans gestes.

La transmission des sensations pendant l'état magnétique

La pensée se transmet généralement par la parole ou par l'écriture. Dans le premier cas, c'est l'air qui est l'intermédiaire obligatoire pour transporter les ondes sonores ; dans le second cas, c'est la lumière qui nous fait connaître les caractères qui reproduisent la pensée. Il arrive aussi que l'on devine la pensée d'une personne à ses gestes, puisque les pantomines sont basées sur le rapport qui existe entre les idées et les mouvements du corps qui les expriment. Certains sujets magnétiques jouissent d'une hyperesthésie des sens assez développée pour percevoir, les yeux fermés, les gestes de leur magnétiseur et leur attribuer un sens précis. C'est de cette manière qu'opèrent beaucoup de prestidigitateurs pour simuler la transmission de la pensée, et il est possible que quelque chose de semblable se produise parfois dans les expériences les plus sérieuses, où un sensitif peut deviner la pensée d'un assistant à des indices inappréciables pour toute autre personne.
Tous les phénomènes de la vie mentale peuvent se ranger sous trois titres généraux : sensibilité, intelligence et volonté. Les sensations s'accompagnent toujours d'un état émotif. Nous commencerons donc par cette catégorie de phénomènes. On a souvent observé qu'un sujet endormi ressent d'une manière très vive les émotions du magnétiseur.
Baragnon[7] rapporte le fait suivant, qui est caractéristique :

"Sortant d'un repas dans lequel je m'étais un peu échauffé, je fus invité à magnétiser une jeune personne qui passait la soirée dans la même réunion. Je produisis le sommeil avec une énergie d'action singulière. J'attribuai ce fait à mon excitation, bien qu'elle me parût fort légère. Je fus encore plus étonné d'apercevoir chez la magnétisée, plongée en somnambulisme, les effets les plus manifestes de l'ivresse. Personne n'en présuma la cause, vu que j'avais l'air de sang-froid mais j'expliquai tout surpris moi-même, ce merveilleux effet de transmission, produisant l'ivresse chez une femme délicate, éminemment plus sensible qu'un homme à l'effet des spiritueux."

Lafontaine raconte qu'il produisit un effet analogue sur un peintre de ses amis, parce qu'il avait pris plusieurs verres de vin en le magnétisant[8] .

"Il m'est arrivé souvent, dit le comte de Maricourt[9] , d'être confus et gêné par la clairvoyance des somnambules ressentant les impressions ou devinant les sentiments que j'eusse voulu leur cacher."

Baragnon dit encore :

« Quelle est cette communication intime de deux natures (magnétiseur et magnétisée) au point que les plus légères douleurs, les impressions physiques les plus diverses perçues par l'une soient répercutées par l'autre, dont les sens sont abolis, dont les moyens de perception sont anéantis ? Il faut écraser sa plume plutôt que de chercher l'explication de pareils faits ; on les constate, voilà tout. Si le magnétiseur ressent une impression, à l'instant même le somnambule éprouve une commotion identique. Si vous piquez par exemple le bras de l'opérateur, de façon à ce qu'il en souffre, le sujet manifestera de la douleur, dira toujours, sans erreur, l'endroit qui a été lésé, si c'est une brûlure, une piqûre, un coup. »

Alfred Russel Wallace[10] étudia le magnétisme en 1844 et fit des expériences sur quelques-uns de ses élèves. Voici comment il parle des transmissions de sensations.

"La sympathie de sensation entre mon sujet et moi-même fut alors pour moi le phénomène le plus mystérieux que j'aie constaté. Je trouvais que lorsque je tenais la main de mon sujet, il éprouvait exactement les mêmes sensations du goût, du toucher et de l'odorat que j'éprouvais moi-même.
Je formais une chaîne de plusieurs personnes ; à l'une des extrémités je plaçais le sujet, à l'autre moi-même. Lorsque dans un silence parfait, j'étais pincé ou piqué, le sujet, immédiatement, portait sa main à la partie correspondante de son corps, et se plaignait d'être piqué ou pincé aussi. Si je mettais dans ma bouche un morceau de sucre ou de sel, le sujet s'acquittait immédiatement de l'action de sucer, et bientôt montrait par gestes et paroles de la manière la plus excessive, qu'il éprouvait la même sensation de goût que moi. Je n'ai jamais, jusqu'à présent, été satisfait par aucune des explications de ce fait, données par nos physiologistes. Ceux-ci s'arrêtent à la supposition que le garçon n'éprouvait aucune sensation du toucher ni du goût, mais acquérait par une extra naturelle acuité d'ouie connaissance de ce que je ressentais à la peau ou au palais ! Or il est contraire au résultat de toutes nos recherches que mon sujet ait joui de quelque extra naturelle acuité de cette espèce, et l'expérience était précisément conduite de manière à empêcher le garçon de recevoir par le moyen des sens ordinaires, aucune notion de ce que je ressentais ou touchais."


La Société Anglaise de Recherches psychiques a étudié ces phénomènes pendant plusieurs années, et elle affirme que la transmission de sensations est absolument démontrée. Voici un exemple de la manière de procéder qui fut employée[11] .

"Fred Wells, jeune homme de vingt ans, endormi, était assis sur une chaise, les yeux bandés, et M. Smith, l'opérateur, se tenait derrière lui. Le sujet fut endormi par M. Smith à l'aide des passes. L'opérateur fut alors piqué ou pincé dans différents endroits assez fortement, et cette opération durait généralement une ou deux minutes. Un silence absolu fut observé, à l'exclusion d'une question nécessaire : « Sentez-vous quelque chose ? » Cette question était prononcée par M. Smith, puisque le sujet paraissait ne pas entendre les autres personnes. Dans la première série d'expériences, M. Smith tenait l'une des mains du sujet, mais cette précaution ayant été trouvée ensuite inutile, tout contact entre l'opérateur et son sujet a été rompu dans les expériences ultérieures."

PREMIERE SERIE — 4 janvier 1883.
1. La partie supérieure du bras droit de M. Smith a été pincée plusieurs fois. — Environ deux minutes après, M. Wells se mit à frotter la partie correspondante de son corps.
2. La nuque pincée. — Même résultat.
3. Le mollet de la jambe gauche frappé. — Même résultat.
4. L'aile de l'oreille gauche pincée. — Même résultat.
5. Le dos de la main gauche pincé. — Même résultat.
6. La partie du dos frappée. — Même résultat.
7. Les cheveux tirés. — Wells localise la douleur dans son bras gauche.
8. L'épaule droite frappée. — La partie correspondante du sujet est déterminée exactement.
9. Le dos de la main gauche piqué. — Même résultat.
10. La nuque piquée. — Même résultat.
11. Le doigt du pied de la jambe gauche foulé. — Action nulle.
12. L'oreille gauche piquée. — La partie correspondante est indiquée exactement.
13. L'omoplate gauche frappée. — Même résultat.
14. Le mollet de la jambe droite pincé. — Wells touche son bras.
15. Le creux de la main gauche piqué. — La partie correspondante est indiquée exactement.
16. Le cou, au-dessous de l'oreille droite, piqué. — Même résultat.


Par conséquent nous avons ici :
Sur 16 expériences : 13 succès, 3 échecs.
Dans la seconde série d'expériences, Wells avait les yeux bandés comme précédemment, mais en outre un paravent séparait Wells de M. Smith. Durant une partie des expériences M. Smith se trouvait dans une chambre voisine, séparé de son sujet par un rideau épais.

DEUXIEME SERIE — 10 avril 1883.
17. La partie supérieure de l'oreille gauche de M. Smith pincée. — Au bout de deux minutes environ, Wells s'écria : « Qui est-ce qui me pince ! » et il se mit à frotter la partie correspondante.
18. La partie supérieure du bras gauche pincée. — Wells indique le point presque instantanément.
19. L'oreille droite pincée. — Au bout d'environ une minute, Wells tapa sur sa propre oreille droite, comme s'il eût voulu attraper une mouche importune, en criant : « Veux-tu me laisser tranquille ! »
20. Le menton pincé. — Wells indique la place presque immédiatement.
21. Les cheveux sont tirés. — Action nulle.
22. La nuque pincée. — Wells pince assez promptement, la partie correspondante.
23. L'oreille gauche pincée. — Même résultat.
24. On a mis du sel dans la bouche de M. Smith. — Wells s'écria : je n'aime pas manger les bougies. » (Une idée suggérée sans doute par le mot bougie qui était prononcé devant lui, 5 minutes auparavant.)
25. La poudre de gingembre très brûlante. — « Je n'aime pas les choses qui brûlent, pourquoi me donner du poivre comme cela ? »
26. Du sel. — Qu'est-ce que cette confiture dégoutante ? »
27. L'absinthe de Judée. — Vous me faites mal aux yeux. Je n'aime pas la moutarde. »
Il faut mentionner que dans ces deux dernières expériences, le goût de gingembre persiste et se confond avec les sensations nouvelles.
28. Le mollet droit pincé. — Wells se fâche et refuse de parler. Enfin il étend violemment la jambe droite et se frotte le mollet.

Après cette expérience, Wells devient tout à fait irrité et ne veut plus répondre aux questions, en disant que s'il continue à le faire, on va continuer à le pincer. (Pendant ce temps, le mollet gauche de M. Smith a été continuellement pincé.)
Donc, dit M. Ochorowicz, sur vingt-quatre expériences concernant le tact, il y a en somme vint succès. Parmi les quatre échecs, deux seulement pouvaient être prévus, car en tirant les cheveux on réussit rarement à produire un transfert. Une fois la réponse n'a pas été donnée, et une fois seulement elle a été fausse. Ces procès-verbaux ont été signés par MM. W. F. Barrett, Edmond Gurney, F. W. H. Myers, Henry N. Ridley, W. H. Stone, Georges Wyld et F. Podmore.
La transmission des émotions et des sensations est donc très nette. Elle s'accomplit à distance, comme l'avaient signalé les anciens magnétiseurs[12] et comme l'a vérifié plus tard M. P. Janet. Voici son témoignage[13] .

"Mme B semble éprouver la plupart des sensations ressenties par la personne qui l'a endormie. Elle croyait boire elle-même quand cette personne buvait. Elle reconnaissait toujours exactement la substance que je mettais dans ma bouche et distinguait parfaitement si je goûtais du sel, du poivre ou du sucre.
Nous avons remarqué que le phénomène se passe encore de même si je suis dans une autre chambre. Si même dans une autre chambre je me pince fortement la jambe, elle pousse des cris et s'indigne qu'on la pince au bras ou au mollet. Enfin mon frère qui assistait à ces expériences et qui avait sur elle une singulière influence, car elle le confondait avec moi, essaya quelque chose de plus curieux. En se tenant dans une autre chambre, il se brûla fortement le bras, pendant que Mme B... était dans cette phase de somnambulisme léthargique[14] où elle ressent les suggestions mentales. Mme B... poussa des cris terribles et j'eus de la peine à la maintenir. Elle tenait son bras droit au-dessus du poignet et se plaignait d'y souffrir beaucoup. Or, je ne savais pas moi-même exactement l'endroit où mon frère avait voulu se brûler. C'était bien à cette place-là. Quand Mme B… fut réveillée, je vis avec étonnement qu'elle serrait encore son poignet droit et se plaignait d'y souffrir beaucoup sans savoir pourquoi. Le lendemain elle soignait encore son bras avec des compresses d'eau fraîche, et le soir, je constatai un gonflement et une grosseur très apparents à l'endroit exact où mon frère s'était brûlé ; mais il faut remarquer qu'elle s'était touché et gratté le bras pendant la journée. Ce phénomène de la communication des sensations ne se produisit qu'après une longue suite de séances et à la fin d'une séance qui a duré elle-même plusieurs heures : aussi ne l'ai-je pas revu une autre fois avec la même netteté."

Transmission des idées pendant l'état magnétique

Nous savons aujourd'hui que dans certaines maladies nerveuses, les sujets en crise présentent des états analogues au sommeil magnétique[15] , il n'est donc pas surprenant que l'on ait pu constater parfois, la transmission de pensée entre les exorcistes et les malades que l'on croyait possédés du démon. Les Ursulines de Loudun[16] ; les camisards[17] ; les convulsionnaires de Saint-Médard offrent des exemples indéniables de cette transmission de pensée qui était prise pour une preuve certaine de la possession diabolique. Citons un exemple peu connu, emprunté au Dr Dupouy[18] :

"Les religieuses du couvent d'Auxonne, au commandement ou même sur l'ordre mental des exorcistes, tombaient en extase, et dans cet état, elles devenaient insensibles à la douleur, comme on le constata en enfonçant des aiguilles sous les ongles de la soeur Denise. L'évêque de Chalone rapporte que « toutes les dites filles, tant séculières que régulières, au nombre de dix-huit, avaient le don des langues et répondaient en latin aux exorcistes faisant parfois des discours entiers en cette langue. Presque toutes ont témoigné avoir connaissance de l'intérieur et du secret de la pensée, ce qui a paru particulièrement dans les commandements intérieurs qui leur ont été faits par les exorcistes en diverses occasions, auxquels elles ont obéi très exactement pour l'ordinaire, sans que les commandements fussent exprimés ni par des paroles ni par aucun signe extérieur. Ce dont ledit évêque a fait plusieurs expériences, entre autres sur la personne de Denise Pariset, à laquelle ayant fait commandement dans le fond, de sa pensée, de le venir trouver pour être exorcisée, elle y est venue incontinent, quoique demeurant dans un quartier de la ville assez éloigné, disant au seigneur évêque qu'elle avait été commandée par lui de venir : ce qu'elle a fait plusieurs fois. (Nous verrons tout à l'heure des expériences analogues faites de nos jours). Et encore en la personne de la soeur Jamin, novice, qui en sortant de l'exorcisme lui dit le commandement intérieur qu'il avait fait au démon pendant l'exorcisme. Et en la personne de la soeur Borthon, à laquelle ayant commandé mentalement, au plus fort de ses agitations, de venir se prosterner devant le Saint-Sacrement, le ventre contre terre et les bras étendus, elle exécuta le commandement au même instant qu'il eût été formé, avec une promptitude et une précipitation tout extraordinaires. » Voilà des démons bien sages et bien complaisants.

Puységur, après sa découverte du somnambulisme, fut surpris de voir que son sujet répétait tout haut un air que lui fredonnait intérieurement[19] .

"Quand il est dans l'état magnétique, dit encore le marquis, ce n'est plus un niais paysan sachant à peine répondre une phrase : c'est un être que je ne sais pas nommer. Je n'ai pas besoin de lui parler, je pense devant lui, il m'entend, il me répond. Vient-il quelqu'un dans sa chambre, il le voit si je veux. Il parle bien, il dit les choses que je veux qu'il lui dise, non pas toujours telles que je les lui dicte, mais telles que la vérité l'exige. Quand il veut dire plus que je ne crois prudent qu'on en entende, alors j'arrête ses idées, ses phrases au milieu d'un mot, et je change son idée totalement."

Le Dr Petetin[20] , d'abord adversaire du magnétisme, remarque sur une malade :

"Que non seulement elle prévoyait ce qui devait lui arriver, mais formait-on une pensée sans la manifester par la parole, elle en était instruite aussitôt et exécutait ce qu'on avait l'intention de lui commander, comme si la détermination fut venue d'elle-même ; quelquefois cependant elle priait de suspendre l'ordre mental ou de le révoquer, lorsque ce qu'on lui prescrivait était au dessus de ses forces ou qu'elle était fatiguée."

Deleuzedit[21] :

"Lorsqu'on veut demander quelque chose aux somnambules, il faut exprimer sa volonté par des paroles. Les bons somnambules entendent sans qu’on leur parle. Mais pourquoi employer ce moyen sans nécessité ?"

Charpignon[22] affirme en ces termes sa certitude sur la communication de pensée :

"Nous avons maintes fois formé dans notre pensée des images fictives et les somnambules que nous questionnions voyaient ces images comme des réalités. Nous avons souvent obtenu une parole, un signe, une action d'après une demande mentale. D'autres adressant aux somnambules des questions en langues étrangères inconnues des magnétisés, ont obtenu des réponses indiquant non pas l'intelligence de l'idiome, mais de la pensée de celui qui parlait, car si l'expérimentateur parlait sans comprendre, le somnambule restait impuissant à saisir le sens de la question."

Nous pourrions multiplier ces témoignages en citant des extraits empruntés aux ouvrages des Docteurs Teste, Puel, Barrier, Cornet, Perronet, etc. Nous préférons renvoyer le lecteur à l'ouvrage du Docteur Ochorowicz : la suggestion mentale, auquel nous avons emprunté quelques-unes des citations précédentes. Nous préférons signaler les recherches contemporaines, et principalement celles de la Société de Recherches psychiques, qui ont démontré rigoureusement l'existence d'un rapport entre le magnétiseur et son sujet, par des expériences très complètes et très minutieuses.

La Société anglaise de Recherches psychiques

Dans les Proceedings, nous trouvons des essais de toutes sortes de transmissions de pensée, faites sur des personnes différentes, dans des conditions excessivement variées, et par des comités d'investigateurs qui étudiaient d'une manière indépendante.
Les résultats de ces enquêtes sont concordants et affirment l'action d'un esprit sur un autre.
Une classe importante, et particulièrement intéressante de phénomènes, est celle où toute correspondance par les organes sensoriels étant écartée, le sujet cherche à reproduire un dessin exécuté par l'expérimentateur ou par un assistant ; dans ce dernier cas, il faut que la personne qui veut faire la transmission fixe le dessin avec la plus vive attention.
Parmi les membres qui prirent part à ces expériences, il faut citer : M. Gurney, psychologue ; M. F. W. H. Myers, professeur à Cambridge ; Barrett, professeur de physique à Dublin ; Balfour Stewart, professeur de physique à Manchester, membre de la Société Royale ; le Dr Oliver Lodge, professeur de physique à Liverpool, membre de la Société royale ; le Dr Herdman, professeur de Biologie à Liverpool ; Guthrie professeur de physique à South-Kensington. Citons encore les Docteurs Shears, Hyla Greves, le professeur Sidgwick et sa femme, et MM. Mabire et Schmoll.
Voici des exemples de transmissions d'images mentales qui ont eu lieu en présence de M. Malcom Guthrie et du professeur Herdman. Le sujet, Mlle Relp, reste assis, et les objets choisis sont cachés par un rideau tendu derrière son dos. Les expériences ont lieu sans contact. L'agent fixe fortement les objets.

Objet pensé
Objet deviné
Papier rouge découpé en forme de coquetier, avec un oeuf blanc dedans. 1. Quelque chose de rouge, plus long que large.
2. Papier bleu en forme de cruche. 2. C'est bleu. C'est plus large au sommet qu'au milieu, puis de nouveau plus large. C'est comme une cruche. Elle dessine une cruche.
3.Papier rouge découpé en forme de vase 3. C'est rouge, je ne puis voir que la couleur.
4. Une râpe neuve. 4. Quelque chose qui luit... Argent ou acier... long et incisif.
5. Une rondelle en bois sur un fond noir. 5. Je ne peux pas distinguer cela.
6. Une rondelle rouge. 6. C'est rouge.
7. Même objet que dans la cinquième expérience. 7. Y-a-t-il quelque chose de rouge tout autour ? De jaune rougeâtre, quelque chose de léger.
8. Papier argenté, découpé en forme de théière. 8. C'est de l'argent luisant, comme une chaudière ? C'est une théière.
9. Un rectangle allongé jaune. 9. Est-ce jaune ? C'est plus long que large.
10. Un louis d'or. 10.Est-ce jaune brillant ?... De l'or. Est-ce rond ?
11. Trois de coeur. 11. Est-ce une carte avec des points rouges ?... Un trois, ou quelque chose comme cela.
12. Cinq de trèfle. 12. C'est une autre carte avec cinq points noirs ?
13. Huit de carreau. 13. Est-ce une autre carte avec beaucoup de points... rouge... un dix ?
14. Une carte avec deux croix rouges. 14. Est-ce quelque chose de jaune et clair... je ne vois pas bien... Est-ce une carte avec des points rouges... Je ne vois pas.
15. Sans objet. On imagine une croix blanche sur un fond noir. 15. Je vois quelque chose de blanc et noir... Je vois deux lignes.

Nous avons noté déjà que les sensations du magnétiseur sont bien exactement éprouvées par le sujet. Le mode de reproduction des dessins présente parfois des variations. Souvent ce n'est qu'une partie de l'objet qui est reproduite ; quelquefois il y a renversement de droite à gauche ou de haut en bas. Mais on retrouve fréquemment quelques traits caractéristiques, ou des analogies qui témoignent qu'il y a eu action sur le cerveau du percipient. Par exemple, un 8 est reproduit sous forme d'une haltère. Des ciseaux sont représentés par deux grands cercles avec une barre au milieu. Au lieu d'un X, une croix. Une tête de chat, tandis que le dessin représente l'animal vu de dos[23] . Ou bien encore une seule lettre, un C. au lieu d'un A. et d'un B, entrelacés. Il arrive encore que la reproduction soit enjolivée de dessins fantaisistes qui n'existent pas dans l'original ; une simple flèche, par exemple, sera dessinée avec des enroulements et des attributs héraldiques.
Suivant le professeur Barrett, des transmissions de ce genre se produisent même quand les opérateurs sont séparés par une cloison. On fit une fois l'expérience suivante : on boucha les oreilles du sujet avec du mastic ; une taie d'oreiller fut tirée sur sa tête, et cependant la transmission de pensée réussit. On porta l'intervalle entre l'agent et le percipient à 30 pieds, de manière qu'ils fussent séparés par deux portes closes. Même dans ces conditions, qui furent très sérieusement surveillées, l'action psychique à distance se produisit.

Transmission de la Volonté pendant l'état magnétique

Le marquis de Puységur raconte que son sujet Magdeleine, en somnambulisme et mise en rapport avec un M. Mitouard, chimiste, obéissait aux ordres mentaux que celui-ci avait fait connaître préalablement aux assistants. Voici ce récit[24] :

"Ayant donc mis Magdeleine en communication avec M. Mitouard, je la laissai à son entière disposition et me retirai dans un coin de la chambre. M. Mitouard, après l'avoir fait marcher et s'asseoir, lui avoir fait prendre différents objets, tant sur la cheminée que sur les tables, ce qui, d'après la promptitude avec laquelle elle obéissait à ses intentions, me faisait juger de la fermeté de leur direction, s'arrêta ; et debout devant elle, sans faire aucun mouvement, il demeura profondément recueilli. Dans l'instant, la somnambule porte la main vers une poche de son habit, y pénètre jusqu'au fond, et en rapporte trois petits clous à vis qu'il y avait mis et qu'il avait eu, en effet, l'intention qu'elle allât y prendre."

Dans une séance, dit Lafontaine, on écrivait sur un morceau de papier le nom d'une dame ; on me communiquait le papier et un instant après on voyait la somnambule se lever, prendre un bouquet et le porter à la dame indiquée[25] . Signalons un phénomène observé par M. Beaunis, dont nous avons rapporté plus haut le témoignage[26] . Le professeur Beaunis était chez le Dr Liébault.

"Le sujet est un jeune homme, très bon somnambule, bien portant, un peu timide. Il accompagnait chez M. Liébault sa cousine, très bonne somnambule aussi, et qui est traitée par l'hypnotisme pour des accidents nerveux. M. Liébault endort le sujet et lui dit pendant son sommeil : « A votre réveil, vous exécuterez l'ordre qui vous sera donné mentalement par les personnes présentes. » J'écris alors au crayon sur un papier ces mots : « Embrasser ma cousine. » Ces mots écrits, je montre le papier au Dr Liébault et aux quelques personnes présentes, en leur recommandant de le lire des yeux seulement et sans prononcer, même des lèvres, une seule des paroles qui s'y trouvent, et j'ajoute : « A son réveil, vous penserez fortement à l'acte qu'il doit exécuter, sans rien dire et sans faire aucun signe qui puisse le mettre sur la voie. » On réveille le sujet et nous attendons tous les résultats de l'expérience.
Peu après son réveil, nous le voyons rire et se cacher la figure dans les mains, et ce manège continue quelque temps sans autre résultat. Je lui demande alors : Qu'avez-vous ? — Rien. — A quoi pensez-vous ? — Pas de réponse. — Vous savez, lui dis-je que vous devez faire quelque chose à quoi nous pensons. Si vous ne voulez pas le faire, dites-nous au moins à quoi vous pensez. — Non. — Alors je lui dis : Si vous ne voulez pas le dire tout haut, dites-le moi tout bas à l'oreille et je m'approche de lui. — « A embrasser ma cousine », me dit-il. Ma foi le premier pas fait, le reste de la suggestion s'accomplit de bonne grâce."


M. Ochorowicz, fort incrédule pendant longtemps, fut à même d'observer un sujet sensible sur lequel il fit une certaine quantité d'expériences qui le convainquirent. En voici une[27] .

24 janvier
Le sujet est endormi sur le fauteuil.
ORDRE SUGGÉRÉ MENTALEMENT.
39. Souffler une bougie sur le piano.
EXÉCUTION.
Elle se lève. Se dirige vers moi, puis vers le piano. Elle se tient si près de la bougie que je la souffle moi-même, de peur que sa robe prenne feu.
Donne la bougie ! Touche la musique en tâtant. Retire la bobèche.
40. Donne la main gauche ! (je la tiens par la main droite). Elle lève la main gauche et me la donne.
41. Viens à moi. (Cette expérience a été faite avec beaucoup de précautions ; la somnambule ne savait pas que j'étais parti et j'agissais à la distance, de plusieurs mètres, du fond du couloir). Froncement de sourcils.
Elle se lève.
Etend le bras droit, s'avance, ouvre la porte et va directement dans le couloir, où je me précipite à sa rencontre.


Nous assistons ici à une action se produisant d'une chambre à l'autre, mais l'ordre mental peut être donné à une bien plus grande distance, comme l'a montré le Dr Dusart[28] . Il fit avec un plein succès plus de cent suggestions mentales pures, à distances qui variaient entre 200 mètres et 7 kilomètres. Dans un cas entre autres, le réveil fut produit à cette distance, et le sujet annonça à ses parents que c'était la volonté du Docteur qui l'avait tiré du sommeil. Une autre fois, l'action magnétique du père fut entravée par la volonté du Docteur, qui parvint au sujet d'un endroit éloigné de 10 kilomètres. Le Dr Dufay agit d'une manière semblable sur trois personnes ; et dans un cas sa pensée se fit sentir à 112 kilomètres de distance. Nous allons voir de suite, en étudiant la transmission de pensée sur des personnes éveillées, que l'éloignement entre les deux opérateurs ne paraît entraver en rien l'action psychique.

La transmission de pensée pendant la veille

On se rappelle peut-être le bruit fait en France, il y a une vingtaine années, par « Les liseurs de pensée » dont M. Cumberland fut un des plus habiles. On sait que l'espérience consiste à trouver un objet caché par une personne de l'assitance, à laquelle le sujet donne la main. Il est dirigé involontairement par l'opérateur, dont la main exécute, inconsciemment, une série de petits mouvements, d'après lesquels le sujet devine l'endroit où il doit se rendre et l'objet qu'il doit prendre. Mais on s'aperçut bientôt que le contact n'était pas nécessaire pour la transmission d'une impression, et que l'on pouvait non seulement, sans l'intervention d'aucun signe, commander des actes, mais aussi faire indiquer un objet pensé par un expérimentateur.
M. C. Richet[29] eut l'heureuse idée d'appliquer à la transmission de pensée le calcul des probabilités. Si un observateur regarde successivement des cartes que le sujet doit nommer, il est facile de savoir si le nombre de résultats exacts dépasse celui que le calcul indique, comme dû au hasard. Sur une série, de 2.997 expériences, il obtint 789 succès, tandis que le nombre probable était de 732. La possibilité que ce résultat ne soit pas attribuable au hasard, mais soit produit par une connexion causale, est exprimée par le rapport de 999 999 999 à 1 ; ce qui équivaut à la certitude qu'il y a eu transmission de pensée. Depuis, les Proceedings de la S. P. R. ont publié les résultats de 17 séries d'expériences. Le nombre total des expériences est de 7.653 ; le nombre total des succès est de 4.760, et ce nombre surpasse de 347 celui indiqué par le calcul.
Le professeur Lombroso[30] s'est convaincu, avec un nommé Pickman, que la transmission de la pensée est possible, alors que toutes les précautions sont prises pour éviter tout contact. Sans rien toucher, les yeux bandés et les oreilles bouchées, Pickman devina juste, 9 fois sur 10, des cartes désignées d'avance par Lombroso. Les mêmes expériences faites par le célèbre criminaliste sur un jeune médecin donnent encore 6 résultats justes sur 12 essais.
On peut également transmettre des nombres. Dans une série d'expériences instituées par Mesdemoiselles Wingfield, le sujet devait deviner un nombre de 2 chiffres (de 10 à 99). Sur 2.614 essais, on obtint 275 succès tandis que le nombre probable était de 29. Plus tard, en juin 1886, MMlles Wingfield sur 400 expériences obtinrent 27 succès complets, tandis que le nombre probable était 4 [31] .
Des mots inventés, simulant des noms propres, furent suggérés par concentration mentale aux enfants de la famille Creery, par MM. Myers et Gurney. Voici un tableau qui résume ces expériences véritablement convaincantes[32] .

Essai de transmission de pensée, le 17 avril 1882

Agents : MM. Myers et Gurney
Sujets : Enfants de la famille Creery, à l'état normal
PENSER
DEVINER
 
1ère réponse
2ème réponse
William Stubbs William Stubbs.  
Elisa Holmes Elisa H.  
Isaak Harding Isaak Harding.  
Sophia Shaw Sophia Shaw.  
Hester Willis Cassandra Hester Wilson.
John Jones John Jones.  
Timothy Taylor Tom Timothy Taylor.
Esther Ogle Esther Ogle.  
Arthur Higgins Arthur Higgins.  
Alfred Henderson Alfred Henderson.  
Amy Frogmore Amy Frogmore. Amy Frogmore.
Albert Sinelgrove Albert Grover. Albert Sinelgrove.

On doit attribuer ces succès à une sensibilité exquise des sujets, et probablement à des qualités spéciales des expérimentateurs, car dans d'autres expériences les résultats parfaits furent moins nombreux. Voici les essais faits à Brighton, le 3 décembre 1882. L'agent (l'opérateur) était Douglas Blackburn et le percipient (le sujet) G. A. Smith. Edmond Gurney et F. W. H. Myers établirent les conditions d'essai, la suite et le mode d'expérience, et garantissent, grâce à la surveillance attentive qu'ils ont exercée, qu'aucune communication ou indication inconsciente n'a pu se produire entre l'agent et le percipient.

PENSER
DEVINER
Noms désignés auparavant par les expérimentateurs.
1ère réponse
2ème réponse
3ème réponse
Barnard Harland Barnard.  
Bellairs Hamphreys Ben Nevis. Benaris.
Johnson Jobson Johnson.  
Regent Street Rembrandt Street Regent Street.  
Hobhouse Hanter    
Black Drack Blake.  
Queen Anne Queechy Queen.  
Wissenchaft Wissie Wisenaft.  

(Blackburn ne sait pas l'allemand)

Toutes les expériences que nous avons relatées ont eu lieu pendant que l'opérateur et le sujet étaient dans la même salle ou séparés seulement par un paravent, enfin dans deux chambres voisines dont la porte était fermée. Les précautions les plus minutieuses ont été prises pour éliminer des chances d'erreur telles que : transmission de sensations odorantes, concordance d'association d'idées, fraude, mouvements inconscients, suggestion verbale, etc. Il paraît donc certain que la pensée s'extériorise, indépendamment de toute médiation sensorielle. Afin qu'il ne reste pas l'ombre d'un doute à cet égard, nous allons signaler l'action à grande distance d'un opérateur sur son sujet.

Action à distance sur un sujet éveillé

On a beaucoup plaisanté les magnétiseurs au sujet de leur croyance au « fluide magnétique », mais si l'on ne peut admettre aujourd'hui un dégagement fluidique dans le sens d'une substance sortant du corps, d'une émanation physique, il faut nécessairement imaginer un rayonnement dynamique pour expliquer comment un magnétiseur agit sur un sujet à travers des cloisons ou des murailles, alors que l'imagination ne peut jouer aucun rôle, puisque c'est à l'insu du sujet qu'on opère. Il n'est même pas démontré que ces ondulations qui se propagent dans l'espace n'entraînent pas avec elles des particules matérielles infiniment petites, car les travaux de Reichenbach sur l'od, montrent que les lueurs qui s'échappent incessamment du corps de tous les êtres vivants ondulent comme des flammes lorsque l'air est agité[33] . Les récentes expériences du Dr Le Bon[34] et de M. de G. de Heen établissent que certaines réactions chimiques produisent des émanations qui ionisent Yak et déchargent l'électroscope. Il ne serait donc pas impossible que le corps humain, qui est un laboratoire toujours en activité, émît des corpuscules infiniment petits qui seraient entraînés par les vibrations dynamiques qui se propagent dans l'espace. Mais délaissons les hypothèses pour ne voir que les faits, ils sont assez nombreux et convaincants pour établir l'action à distance d'un homme sur un autre.
Mesmer est le premier qui ait donné une démonstration de ce phénomène. En 1775, au château de Rochow, en Hongrie, en présence du savant autrichien Scifert, il fit accomplir des actes variés à un sujet qui était dans une pièce voisine, et qui pouvait voir ou entendre les gestes du grand magnétiseur. L'action se produisait ou était suspendue suivant que Mesmer agissait ou s'arrêtait, et les sensations transmises étaient celles que Mesmer voulait provoquer[35] .
Dès que le magnétisme fut pratiqué en France, on s'aperçut que la présence de l'opérateur dans la même chambre que celle où se trouvait le sujet n'était pas nécessaire pour produire le sommeil. Le marquis de Dampierre et Bruno en citent des cas[36] et [37]mais les faits les mieux constatés de cette époque sont sans contredit ceux que Du Potet a produits à l'Hôtel-Dieu en 1820[38]. Le 4 novembre, le Dr Husson, médecin de cet hospice proposa à Du Potet d'endormir un sujet, Melle Samson, en restant dans un cabinet fermé à clef et séparé par une forte cloison de la pièce où se tiendrait la malade. Il accepta. On convint d'un signal, et lorsque le sujet fut arrivé, on le fit asseoir, le dos tourné, à trois ou quatre pieds de cette cloison. Au signal convenu, Du Potet commença à magnétiser en observant le plus profond silence, et sans faire le moindre bruit qui pût decéler sa présence. Trois minutes après, Melle Samson dormait. Le 7 novembre suivant, la même expérience eut lieu devant le professeur Récamier, et le résultat fut le même que la première fois. Une troisième tentative fut couronnée de succès si qu'on opérât sur la malade dans la salle où elle était couchéee et à plus de vingt pieds de distance. On a essayé d'expliquer ces résultats par auto-suggestion du sujet, qui se serait douté qu'on voulait l'endormir, en voyant M. Husson à une heure inaccoutumée. Mais la contre-épreuve a été favorable à l'hypothèse de l'action à distance, puisque le sujet amené dans le cabinet de M. Husson, placé aux mêmes endroits que précédemment, et devant lequel on tint les mêmes propos et on fit les mêmes gestes que précédemment, ne s'endormit nullement, ce qui prouve que son imagination n'était pas intervenue la première fois pour la mettre en somnambulisme ; puis à peine Du Potet commence-t-il à magnétiser, à l'insu de Melle Samson, que celle-ci s'endort.
Cinq ans après, le Dr Froissac renouvelait ces expériences, sur Cazot, avec un plein succès et dans des conditions qui ne laissaient rien à désirer[39] . Lafontaine[40] endormit à Rennes son sujet, sans que celui-ci fût prévenu, en agissant sur lui d'un étage à l'autre de l'hôtel où il était descendu. A Saint-Mars-la-pille, il put montrer la réalité de l'action dite magnétique en plongeant un sujet dans le sommeil, malgré qu'il en fût séparé par une distance d'un demi-kilomètre. Nous avons vu le Dr Dusart agir à 700 mètres de distance et dans un cas à 12 kilomètres.
Le professeur Ch. Richet a raconté que pendant son internat à l'hôpital Baujon ; deux fois il endormit une malade en restant dans la salle de garde, pendant que le sujet était couché dans son lit. Le Dr Hérapporte qu'il eut l'occasion exerçant à Perpignan, de magnétiser une dame sur laquelle il acquit un grand pouvoir, il lui était possible d'agir sur elle à 300 mètres de distance, en choisissant des heures où le sommeil normal ne se produisait jamais.
M. le Dr Moutin a consigné des observations d'actions à distance dans sa thèse doctorale[41]. MM. Gibert et P. Janet[42] ont étudié l'action à distance sur un sujet très sensible, nommé Léonie, et ils ont pu convaincre divers observateurs comme MM. Ochorowicz, Marillier, Myers, Paul Janet de leur pouvoir de mettre cette femme en somnambulisme, bien qu'elle demeurât à 500 mètres de distance du cabinet du Dr Gibert. Sur vingt deux expériences, il y eut six échecs : trois tout au début quand l'habitude somnambulique n'était pas assez bien établie ; un peu plus tard, également après une interruption de quelques jours dans les séances ; et deux quand le sujet a résisté plus d'une demi-heure avant de s'endormir. En somme seize succès « précis et complets ».

"Faut-il croire, ajoute M. P. Janet, qu'il y a eu seize fois une coincidence fortuite quoique exacte ? La supposition est peut-être peu invraisemblable ; y a t-il eu suggestion involontaire de notre part ? Je ne puis répondre qu'une chose, c'est que très sincèrement nous avons pris toutes les précautions possibles pour l'éviter."

M. Richet a fait à Paris 39 expériences avec Léonie et obtint cinq succès. En parlant des expériences réussies, il dit[43] :

"Deux hypothèses seules se présentent : il y a eu simple hasard ou action à distance. Il est bien difficile d'admettre la première hypothèse : celle du hasard pur et simple. D'autre part, je me suis entouré des précautions les plus minutieuses pour éviter la supercherie, le soupçon, l'éveil de la perspicacité qui est si grande chez ces malades. Reste donc l'action à distance. Or, ma réussite dans des conditions aussi sévères que possible d'expérimentation, me force à reconnaître son existence."

Ceci est catégorique. La science la plus méfiante est obligée d'admettre l'action à distance d'un magnétiseur sur son sujet. Nous disons magnétiseur, car il est évident que l'hypnotisme n'a rien à faire ici. On sent que les observateurs se servent de ce vocable pour ne pas trop effaroucher les sensibles oreilles de leurs confrères scientifiques, déjà suffisamment horrifiés par ces nouveautés, qui mettent en évidence la fausseté de leurs théories favorites.
Mais il nous faut aller plus loin encore, et constater que ce qui se produit entre magnétiseur et sujet, se réalise dans la vie ordinaire, c'est-à-dire que la transmission de pensée est un phénomène relativement fréquent, entre des personnes reliées par des liens de parenté, d'affection ou de sympathie. On a donné à cette action le nom de Télépathie. Nous l'étudierons au chapitre suivant.
Maintenant que nous avons la certitude de la possibilité de transmettre la pensée sans intermédiaire sensoriel, il devient urgent de préciser dans quelles conditions ce phénoméne peut se produire, et de nous demander dans quelle mesure il peut servir à l'explication des messages automatiques qui relatent des faits inconnus de l'écrivain, mais dont un assistant peut affirmer l'authenticité.

Conditions nécessaires pour que la suggestion mentale puisse se produire entre magnétiseur et sujet

Jusqu'ici nous n'avons relaté que des résultats, sans nous occuper des circonstances qui favorisent ou entravent la suggestion mentale. Il est cependant fort important de remarquer qu'elle ne se produit pas régulièrement, même lorsqu'on a pu la constater quelquefois avec certitude entre un opérateur et son sujet. Nous avons mentionné, en même temps que les réussites, les échecs subis par MM. Gibert, Janet, Ochorowicz, Ch. Richet, de sorte que nous devons en conclure que cette transmission dépend d'un certain concours de circonstances qui ne se trouvent pas réunies lorsque l'expérience échoue. Il nous faut donc examiner séparément l'état du magnétiseur, celui du sujet, et la relation qui les lie lorsque la suggestion mentale se réalise.
L'opérateur — D'après les rapports faits par les commissions de la Société de Recherches psychiques, « il résulte qu'un état sceptique de l'agent est défavorable à la transmission, parce que cet état empêche la participation intensive de la volonté à l'activité de conception. » Tous les assistants paraissent influencer le phénomène dans son résultat, et la tenue d'esprit de l'observateur lui-même, vis à vis de l'objet de l'épreuve, est dans le même cas. Pour que l'on puisse suggérer mentatement une pensée, il est indispensable que l'opérateur se recueille, s'isole et pense nettement. Dans les expériences qui eurent lieu au Havre, avec Léonie, le Dr Gibert et M. P. Janet avaient pour habitude de se retirer dans leur cabinet afin de pouvoir mieux être à l'abri des distractions. Dans un cas[44], M. Gibert, à force de concentrer sa pensée, a eu une forte syncope. M. P. Janet, dans une autre expérience, s'isole et emploie toute sa volonté pour ordonner à Léonie, éloignée d'un kilomètre environ, de tomber en somnambulisme[45] , ce qui eut lieu.
A vrai dire, ce n'est peut-être pas encore tant l'intensité de la volonté qui est en jeu, c'est surtout la clarté de la vision intérieure et la fixité de l'image mentale que l'opérateur doit maintenir dans son cerveau. Tous les expérimentateurs ne sont pas également aptes à concentrer leur pensée, et par conséquent à se faire une idée exacte de ce qui doit être transmis. Nous avons assisté assez souvent à des essais de transmissions mentales qui réussissaient avec des personnes et échouaient avec d'autres, parce que ces dernières ne savaient pas, lorsqu'elles voulaient faire accomplir un acte, décomposer la série des mouvements que le sujet doit exécuter pour réaliser la pensée de l'agent.

"Un récit de M. Ochorowicz montre bien la nécessité d’énumération successive[46]. La malade endormie doit se lever, aller au piano, prendre une boite d'allumettes, l'apporter au docteur, allumer l'une d'elles, puis retourner à sa place. Voici la série des injonctions mentales de l'opérateur actionnant le sujet."
Se lever Elle se lève avec difficulté.S'approche de moi.
Va au piano ! Elle va au piano. Mais passe devant,
Retournes ! Elle revient.
Encore en arrière ! Elle s'avance vers la porte.
Je l’arrête par la main. Elle revient au piano. Cherche trop haut.
Plus bas ! = o
Plus bas ! Sa main s'abaisse.
Prends la boite ! Elle touche la boite, puis recule.
Prends la boite ! Elle la touche de nouveau et la prend.
Viens à moi ! Elle vient à moi.Elle veut me passer la boite.
Allume ! Elle retire une allumette.
Allume ! Elle l'allume.
Retourne à ta place. Elle retourne à sa place.

Indépendamment de cette nécessité de savoir diriger et concentrer nettement sa pensée, l'opérateur qui endort un sujet influe sur son genre de somnambulisme, par son action personnelle. L'individualité psycho-physiologique joue un rôle important, car, ainsi que nous allons le voir, il y a un état spécial dans lequel le sujet peut recevoir la pensée. Ceci nous amène à reparler du rapport magnétique , dont nous avons signalé déjà l'existence[47] .
QU’EST-CE QUE LE RAPPORT ? Un somnambule endormi par les procédés magnétiques reconnaît toujours parmi plusieurs autres l'attouchement de son magnétiseur, qui lui est agréable. C'est un des phénomènes qui différencie l'hypnotisme du magnétisme. Le sujet hypnotisé entend tout le monde, sent les contacts de toutes les personnes présentes et peut être réveillé par n'importe qui. Le sujet magnétique, au contraire, est généralement isolé du milieu ambiant ; il est sourd et aveugle pour tout ce qui ne lui vient pas de son magnétiseur, mais, en revanche, les seules sensations qu'il perçoit ont une acuité remarquable. Il semble que les passes ont opéré une sorte de réglage, d'unisson vibratoire entre l'organisme de l'opérateur et celui du sujet, comme il en existe un entre deux diapasons qui donnent la même note. Lorsque cette sympathie est établie, le somnambule voit son magnétiseur les yeux fermés, ou, plus exactement, il traduit en images visuelles toutes les sensations qui en proviennent. Il le sent par ses gestes qui produisent des mouvements de l'air ; par les émanations de la senteur cutanée ; par la chaleur qui s'en dégage. Il juge ainsi s'il est à droite ou à gauche, devant ou derriere et toutes ces sensations, associées par l'habitude à des images mentales, font que le somnambule traduit ses impressions en langage des yeux[48]. Cette explication convient parfaitement pour les expériences où l'agent et le percipient sont dans la même salle, mais ne s'applique plus au cas de suggestions lointaines.
Lorsqu'un sujet a été magnétisé souvent par le même opérateur, il se développe un rapport d'une autre nature, puisque la transmission de pensée a lieu à grande distance et que toute impression sensorielle est supprimée entre l'expérimentateur et son sujet. C'est là la véritable action magnétique ; elle peut être comparée aux ondes hertziennes qui, elles aussi, se propagent au loin, sans conducteur matériel, en traversant presque tous les obstacles non métalliques.
La transmission de pensée expérimentale exige donc impérieusement un rapport, et celui-ci ne s'établit qu'après un contact matériel ou des magnétisations prolongées. Dans les expériences du Havre, lorsque c'était le Dr Gibert qui endormait Léonie, M. Janet ne pouvait pas lui transmettre sa pensée, alors même qu'il l'avait souvent endormie auparavant et qu'il avait pu lui faire déjà des suggestions mentales. Le magnétiseur a une action qui lui est particulière ; il crée une liaison invisible, mais bien réelle, entre lui et le sujet dont il règle l'organisme d'après sa constitution physiologique, suivant son rayonnement dynamique propre, de manière, probablement, à créer une sorte de synchronisme vibratoire entre les deux organismes.
Voici, d'après M. Ochorowicz[49] , les faits incontestables qui appuient cette manière de voir.

"Il existe des cas où le magnétisé perçoit l'action de son magnétiseur sans que ses sens puissent l'avertir de sa présence, il distingue son attouchement entre plusieurs autres, même par l'intermédiaire d'un corps inerte (une tige en bois, par exemple) qui ne peut pas l'influencer différemment par elle-même. Par conséquent, si le sujet distingue aussi bien l'attouchement du magnétiseur à travers une tige que directement, il faut bien qu'il existe un courant moléculaire quelconque, propre à l'organisme du magnétiseur et qui dénote sa présence, à peu près comme un courant galvanique décèle la présence d'une pile par l'intermédiaire d'un fil qui nous touche. L'objection, que la majorité des sujets n'éprouve rien, est sans valeur, puisqu'on ne sent rien avec le courant d'une faible pile, quoique la boussole indiquera nettement sa présence, et que pour un courant encore plus faible, celui d'un téléphone ou d'une grenouille, on n'obtient rien du tout en employant la même boussole. Il faut un instrument plus sensible encore, un galvanomètre comme celui de M. Du Bois Raymond pour en indiquer l'existence.
En second lieu, on peut obtenir des effets marqués au point de vue thérapeutique en agissant sans contact et à l'insu des malades, par exemple chez des enfants endormis. Il y a donc une action inductive qui dépasse la surface du corps de l'opérateur. On constate également des différences très nettes dans l'action magnétique de différentes personnes sans que l'influence morale puisse les expliquer. Une main agit autrement qu'une autre main ; il y a donc bien une action physique et cette action est spéciale pour chaque individu."


Enfin puisque les faits nous obligent à constater l'action à distance, c'est que quelque chose sort de l'opérateur pour agir sur le sujet.

"Si ce rapport n'était pas établi par une magnétisation préalable, dit encore M. Ochorowicz[50] , ou bien par des magnétisations précédentes, je crois que l'action mentale resterait sans résultat.
Il y a des faits qui semblent s'opposer à cette manière de voir. On a obtenu des transmissions de pensées avec des personnes qui n'ont jamais été magnétisées. Mais, en examinant ce fait de près, on voit que d'abord le sujet a toujours été prévenu, que toujours son attention expectante le mettait dans un état plus ou moins anormal, et que toujours avant d'obtenir un résultat quelconque, l'opérateur était obligé de concentrer bien sa pensée, avec l'idée d'influencer le sujet, ce qui équivaut, à peu de chose près, à une magnétisation. Donc, je crois qu'il n'y a pas de suggestion mentale sans rapport magnétique."


C'est là une constatation très importante au point de vue spirite, car même en supposant que le médium soit un somnambule éveillé, il est nécessaire, pour que la transmission de la pensée soit possible entre lui et un assistant, qu'un rapport magnétique ait été préalablement établi, sans quoi la suggestion mentale n'a pas lieu. D'ailleurs celle-ci ne se produit pas toujours, même avec un sujet très entraîné. Il faut une certaine espèce de sommeil magnétique pour amener l'état psychique particulier, qui est seul favorable à la réception de l'onde mentale. Nous allons définir tout à l'heure cet état.
En résumé, le rapport magnétique résulte soit :
1° - D’une concentration de l'attention du sujet dirigée uniquement vers le magnétiseur (c'est le cas le plus fréquent).
2° - D'un réglage particulier psychique obtenu en partie par cette concentration même, mais principalement provoqué par les procédés de magnétisation et soutenu par des indications involontaires de l'attitude, de la voix, etc., du magnétiseur (c'est déjà un cas un peu moins fréquent).
3° - D'une action physique individuelle.
4° - D'une suggestion mentale.
Etudions maintenant quel est l'état du sujet lorsque la transmission mentale se produit.
Le sujet[51] . — S'il est un fait aujourd'hui bien constaté, c'est qu'il n'y a pas de sommeil magnétique proprement dit, mais une série d'états somnambuliques, qui se succèdent ou se remplacent, en accompagnant toutes les modifications physiologiques du sujet. Suivant l'intensité de l'action magnétique, l'état psychique du sujet peut passer par tous les degrés, depuis l'aïdéie profonde, c'est-à-dire l'absence complète d'idée, le néant cérébral, jusqu'à un état d'excitation très grand que l'on nomme la polyïdéie. Quel est parmi tous ces états celui qui est le plus favorable à la transmission de la pensée ? Pour le savoir, il faut bien se rendre compte de ce qu'est la suggestion mentale. On peut considérer ce phénomène comme une sorte d'audition mentale ; alors on va comprendre de suite dans quels cas elle peut le mieux se produire. On n'entend pas la parole ordinaire pour plusieurs raisons :
1° - Lorsqu'on est sourd ;
2° - Quand il y a trop de bruit ;
3° - Quand on est distrait.
Appliquons ces observations au sommeil magnétique, elles vont nous renseigner[52] .
On est sourd pour une transinitsion de pensée, lorsque l'on dort si bien que le cerveau ne fonctionne plus. Comment un sujet serait-il sensible à une action aussi délicate que celle de la pensée lorsqu'il n'entend même pas la voix de son magnétiseur ? Il est sourd. Inutile de lui crier à l'oreille, et à plus forte raison de lui chuchoter à distance. La suggestion mentale sera donc plus difficile dans cet état d'aïdéie paralytique profonde que dans l'état de veille, et ceux qui s'imaginent qu'il suffit d'endormir profondément quelqu'un pour le rendre sensible à l'action mentale se trompent complètement.
En second lieu, en poursuivant notre comparaison, on n'entend pas une voix faible lorsqu'il y a trop de bruit dans l'appartement. Un sujet hypnotisé n'entendra pas une voix mentale, parce que n'étant pas isolé, il est à la merci de tout le monde parce qu'il a trop de sensations fortes et différentes ; parce que son attention n'est pas dirigée exclusivement sur l'opérateur en un mot parce qu'il n'y a pas rapport magnétique.
Enfin on n'entend pas quand on est distrait ou pour mieux dire, quand on est occupé à autre chose, parce qu'une action exclut l'autre. Celui qui parle écoute mal. Les rêves du somnambulisme actif étant plus vifs qu'à l'état normal, étant presque toujours des rêves parlés, s'opposent davantage à une perception délicate, que l'état de veille lui-même, plus mobile et plus varié dans ses phénomènes. Par conséquent, inutile d'essayer la suggestion mentale directe sur un somnambule qui cause avec vivacité, il ne vous entendra pas. Son attention n'est pas nulle comme chez l'hypnotisé, mais ce qui est pis pour la transmission de la pensée, elle est dirigée ailleurs. Donc, malgré les apparences favorables (il peut vous entendre toujours, vous, son magnétiseur) l'état de polyïdéie fortement active ne convient pas plus aux expériences qu'une aïdéie paralytique.
Quand donc alors peut se produire la suggestion mentale ? C'est pendant les états intermédiaires.
Généralement, les sujets ne passent pas brusquement de l'absence de pensée à une idéation active ; ils s'arrêtent plus ou moins longtemps à une phase à laquelle on a donné le nom de monoïdéisme. Dans cet état on n'est plus en face d'une paralysie complète du cerveau, il commence à fonctionner et se concentre sur une seule idée, qui par ce fait devient très intense parce qu'elle est seule dominante. Ce monoïdéisme peut être actif ou passif. Lorsqu'il est actif, il s'approche de la polyïdéie et n'est pas favorable à la transmission de la pensée, tandis que lorsqu'il est passif, les idées ne peuvent naître d'elles-mêmes, elles ont besoin d'être suggérées, et bien qu'elles soient très vives, elles sont acceptées avec une facilité extrême. Dans cette phase, la transmission de pensée est toujours possible, mais elle peut être troublée par l'instabilité mentale du sujet. Il faut donc chercher encore un peu plus bas pour atteindre la limite entre l'état aïdéique et le monoïdéisme passif. Comment arriver à régler le sommeil somnambulique pour le fixer juste à ce degré ? Voici les conseils que donne M. Ochorowicz a ce sujet[53] :

" Comment régler un somnambule ? Ah ! Voilà la grande question. Heureusement elle n'est pas beaucoup plus difficile en hypnologie qu'en téléphonie. Seulement, ici comme là, il faut que l'instrument soit réglable. Or, il y a des sujets qui ne se laissent pas manier sous ce rapport. On n'aura qu'à les employer pour autre chose, ou bien se contenter d'une action furtive comme on l'a fait jusqu'à présent. Mais aussi il faut éviter les sujets par trop obéissants et déjà éduqués, les sujets à manivelle. En revanche il faut apprendre à provoquer le degré de sommeil voulu. Les premières séances doivent être destinées uniquement à une observation purement passive de ce qu'a produit votre action primitive, pour bien se rendre compte de la nature du sujet. Attendre même plusieurs heures, s'il le faut pour que le sujet se réveille de lui-même, à moins qu'il ne demande à être réveillé plus tôt. Chez les sujets éminemment sensibles au sommeil (car il y en a avec lesquels vous pouvez faire toutes les expériences physiques, mais pas psychiques), vous obtiendrez toujours deux phases principales : le sommeil profond, qui se dissipe peu à peu, puis le sommeil lucide ou somnambulisme proprement dit. C'est un état intermédiaire qu'il vous faut. Ne pas laisser le sujet se réveiller de trop, en regagnant son activité spontanée et ne pas le rendre par trop assoupi, car alors il ne vous entendra pas. Le meilleur moyen pour obtenir cette gradation, ce sont les passes dites magnétiques, longitudinales et transversales, car la profondeur du sommeil augmente généralement avec le nombre de celles-là (longitudinales) et diminue avec le nombre de celles-ci (transversales). En faisant donc deux, trois, quatre passes devant le sujet (sans contact), vous obtenez un peu plus ou un peu moins de sommeil, et on arrive quelquefois jusqu'à pouvoir graduer à volonté les phases intermédiaires que je viens d'énumérer. Si cette gradation n'est pas possible par des passes, il vous sera difficile de l'obtenir par un autre moyen quel qu'il soit. Et il faut éviter surtout d'employer une méthode différente pour les phases différentes, car alors vous créez une association idéo-organique artificielle, une mauvaise habitude qui désorganise le sujet."

En résumé, nous voyons que la transmission de la pensée entre un magnétiseur et la personne sur laquelle il agit, nécessite des conditions nombreuses, variées et délicates, qui dépendent à la fois de l'opérateur, du sujet et du rapport magnétique. Si l'un quelconque de ces éléments vient à faire défaut, la suggestion mentale n'est plus possible, et l'on assiste à ces insuccès qui ont permis de nier pendant si longtemps la réalité de ces phénomènes.
Mais en revanche, il est très possible que la transmission mentale ait lieu dans un certain nombre de cas, alors que les circonstances précédentes sont réunies. Lorsqu'on se livre à des expériences spirites en famille, ou dans un milieu où les assistants se connaissent bien et depuis longtemps, l'automatiste peut percevoir la pensée, grâce à cet état spécial d'hémi-somnambulisme que nous avons constaté, et faire des réponses qu'il oublie immédiatement. Dans ce cas, c'est son propre esprit qui répond, et il le fait le plus souvent en conjecturant, lorsqu'il s'agit d'un événement inconnu. On peut donner quelques exemples de ces faits[54] .

Le Cas de miss Summerbell

Voici une expérience d'écriture automatique qui contient une apparence de prophétie ; ce message montre comment une préoccupation de l'avenir peut être interprétée comme une prédiction.

"Je me suis souvent servie de la planchette, écrit miss Summerbell, mais je n'ai guère obtenu de résultats que dans les deux cas suivants, dans lesquels fut traduite la pensée de l'une des personnes présentes, dont les mains, cependant, ne touchaient pas la planchette. Il y a un an, nous demandions quels présents nous recevrions à Noël. Mes mains, et, je crois celles de miss Lay posaient sur la planchette ; il est absolument certain qu'elle n'était touchée par aucune autre personne qui eût pu donner une réponse à la question que je posais et qui était celle-ci : « Combien miss T. recevra-t-elle à Noël ? » Miss T... était bien dans le salon, mais à une certaine distance de la table. La planchette indiqua aussitôt une assez forte somme. Je demandai : « Qui la donnera ? » Réponse : « B. et un autre. » Quelques semaines plus tard je rencontrai miss T..., qui me demanda si je me rappelais cette réponse et ajouta : « J'ai reçu encore davantage et je comptais bien, à cette époque, recevoir quelque chose ; mais je ne savais pas combien. Il est possible qu'il y ait eu là un phénomène de communication de la pensée, car je suis certaine que dans l'assemblée aucune autre personne que moi ne connaissait quoi que ce fût de la question. » L'argent venait effectivement d'un de ses parents dont le nom commençait par un B. et d'une autre personne."

Miss Summerbell paraît appartenir exclusivement à la classe des Automatistes simples, dépourvus même de clairvoyance, puisque malgré ses nombreuses expériences elle n'a jamais obtenu que ce fait et celui que nous allons citer. Nous ne voyons, malgré l'inconscience de l'écriture, aucune raison d'attribuer ce message à un Esprit, car la somme touchée était indiquée inexactement. La transmission de la pensée se manifeste par l'indication du nom de B., inconnu de l'écrivain, mais sur lequel la pensée de miss T. s'était arrêtée. Il n'y a donc ici qu'une apparence de communication ; elle nous instruit sur le rôle que joue parfois la pensée d'un assistant dans ces expériences d'écriture automatique. Voici le second fait rapporté par miss Summerbell, où l'on pourra constater l'action du souvenir latent d'un des expérimentateurs :

"Dans une autre occasion, je priai une amie de poser une question à laquelle aucune personne présente ne pût répondre. Elle dit : « Qui viendra déjeuner demain ? » Miss Lay et moi ayant les mains sur la planchette, celle-ci écrivit : « Lucas ». Notre amie reconnut que c'était exact. Ni miss Lay, ni moi, n'avions entendu parler de ce Monsieur. Notre amie dit : « Demandez son prénom. » Réponse : « William. » — « Est-ce exact ? » — « Je ne sais dit notre amie, je n'ai jamais entendu prononcer son prénom. » Alors l'un des assistants qui ne touchaient pas la planchette, fit observer que l'on trouverait parmi les morceaux de musique une oeuvre signée Lucas. On regarda et l'on trouva le nom complet : William Lucas. Personne ne se rappelait avoir vu ce nom."

Il nous paraît très probable que l'amie de M. Lucas, laquelle transmettait la pensée, avait connu le prénom de M. Lucas, puisqu'il était imprimé sur un morceau de musique qui se trouvait chez elle ; il était sorti de sa mémoire consciente, mais il existait en elle, et elle l'a suggéré involontairement par suite d'une association formée dans sa pensée. Elle avait oublié le prénom, mais il restait dans sa mémoire latente en contiguïté avec le nom propre, et la question posée le fit surgir de l'inconscient, mais pas avec assez d'intensité cependant pour être connu par le moi normal.
Voici un autre exemple où la transmission expérimentale de la pensée s'est produite d'une manière remarquable et avec une précision et une continuité extraordinaires.

Les expériences du Révérend P. H. Newnham

Le Révérend P. H. Newnham était vicaire de Maker Devonport. Expérimentateur froid et méthodique, sans idées préconçues, sa parfaite bonne foi nous est affirmée par M. Myers, membre de la Société de Recherches psychiques. Ce pasteur s'est adonné pendant de longues années à l'étude des questions psychiques ; il est probable qu'il dût la réussite de ses expériences à ce qu'il trouva dans sa femme un sujet exceptionnellement sensible en parfaite harmonie sympathique avec lui. Déjà, étant jeune homme, pendant son sommeil il s'était dégagé de son corps pour aller la voir chez ses parents, et celle-ci sentit sa présence avec assez de netteté pour le reconnaître[55] . Pendant longtempg M. Newnham fit un grand nombre de tentatives pour transmettre volontairement sa pensée à sa femme ; il n'y parvint qu'en 1871, et seulement pendant une période de huit mois.
A cette époque, il tint un journal de ses expériences quotidiennes et recueillit ainsi 385 réponses écrites automatiquement. Il est très important de signaler tout de suite que Mme Newnham ne pouvait avoir aucune connaissance, ni par l'ouïe, ni par la vue, des questions mentales écrites par M. Newnham. Comme les réponses correspondaient directement aux questions posées, pour rester fidèle à la méthode scientifique, nous devons supposer qu'il y a eu suggestion mentale du mari à sa femme. D'ailleurs, les réponses données ne semblent pas, pendant ces huit mois, témoigner de la présence d'une intelligence étrangère, et nous remarquerons que presque toujours la présence d'un tiers troublait complètement l'expérience.
Nous allons reproduire quelques extraits du Journal de M. Newnham, qui nous feront connaître le mode opératoire qu'il a employé pendant ses recherches, ainsi que les principaux résultats obtenus ; ses observations nous permettront, d'abord, de vérifier l'exactitude de nos affirmations sur le rôle que joue l'esprit de l'Automatiste pendant que se produit l'écriture, et ensuite, ils nous mettront à même de l'apprécier sous les différents aspects qu’il revêt pendant cet état spécial d’hémi-somnambulisme.

"Conditions de l’expérience. — Ce fut en janvier 1871 que je songeai à étudier les phénomènes de l'écriture avec la planchette ; j'arrêtai soigneusement avec ma femme les conditions de l'expérience, qui furent soigneusement suivies. Les voici :
1° - La question est toujours écrite avant que l'on mette la planchette en mouvement. Elle n'est jamais connue de l'opérateur (Mme Newnham).
2° - Lorsqu'une première réponse est vague et nécessite d'autres questions pour arriver à une formule claire, I'opérateur n'est mis au courant d'aucune de ces questions, ni du sujet qui les provoque, avant que la réponse définitive n'ait été obtenue.
3° - Toutes les fois que l’opérateur n’est pas nommé, c’est de ma femme qu’il s’agit.
4° - Lorsque le questionneur n’est pas nommé, c’est moi qui remplis ce rôle.
Quoique notre mutuelle bonne foi ne puisse être mise en doute, je ferai remarquer que ma femme s'est toujours assise devant une table basse, sur une petite chaise. Quant à moi, j'étais assis à une distance de huit pieds, à une table beaucoup plus haute, et nous nous tournions le dos pendant que j'écrivais. Il lui était absolument impossible de deviner ma pensée, soit à un geste, soit au moindre jeu de ma physionomie. En général, elle tenait les yeux fermés, mais jamais elle ne tomba, à aucun degré, dans le sommeil magnétique ou naturel[56] .
Ces huit mois d'expérience épuisèrent à tel point le système nerveux de ma femme que nous décidâmes de suspendre les séances lorsque le fait de la transmission de la pensée nous parut suffisamment démontré.
Avec ma femme, la planchette se mit instantanément en mouvement, et souvent la réponse était déjà à moitié écrite avant que j'eusse achevé d'écrire la question. Je posai d'abord trois simples questions sur des sujets connus de l'opérateur, puis trois autres sur des sujets connus de moi seul : les six réponses furent exactes.
Voici quelques-unes des questions que je posai ensuite, avec les numéros qu'elles portent sur mon journal."

Puisque Mme Newnham ne savait pas ce que la planchette écrivait sur le papier, quelle était l'intelligence qui dirigeait cette planchette ? Ce fut la première préoccupation de M. Newnham. Voici les questions qu'il fit à ce sujet :

29 Janvier
13 — D — Est-ce le cerveau de l'opérateur ou quelque force externe qui remue la planchette ? Répondez « cerveau » ou « force » — R — Volonté.
14 — D — Est-ce la volonté d'une personne vivante ou d'un esprit immatériel, distinct de cette personne ? Répondez : « Personne » ou « Esprit » — R — Femme.
15 — D — Donnez-moi d'abord le prénom de cette femme et le nom familier que j'aime à lui donner. (Ceci fut fait très exactement).
27 — D — Quel est votre propre nom ? — R — « Comme vous. »
28 — D — Nous ne sommes pas bien sûrs d'avoir compris. Expliquez-vous. — R — Femme.
Ne pouvant d'abord obtenir rien de plus, nous revînmes sur cette question après le n° 114. Ayant serré de près un autre sujet, nous reçûmes cette courte réponse : « Dis tout ce que je sais. »

18 Février
117 — D — Qui êtes-vous, vous qui écrivez, et avez-vous dit tout ce que vous savez ? — R — Femme.
118 — D — Mais quelqu'un ne dit-il pas à ma femme ce qu'elle doit écrire ? Et alors, qui est-ce ? — R — Un Esprit.
119 — D — Quel Esprit ? — R — Le cerveau de votre femme.

Remarquons, en passant, que l'intelligence qui agit ici ne se donne pas pour l'esprit d'un mort. Malgré les suggestions du pasteur, elle s'affirme comme celle de la femme de M. Newnham. Ceci est important à signaler, car nous en déduisons que dans l'état d'hemi-somnambulisme, lorsque le sujet n'est pas suggestionné par sa conviction ou des lectures sur le Spiritisme, il n'y a pas tendance, de la part de la conscience somnambulique, à se faire passer pour un esprit désincarné.
Mais alors, lorsque nous trouverons des sujets qui ignorent le Spiritisme et qui obtiennent cependant de l'écriture automatique signée du nom d'une personne décédée, il y aura de fortes présomptions pour que ce message soit réellement celui d'une intelligence de l'espace. Poursuivons. Mme Newnham, lorsqu'elle écrit, ne paraît pas avoir des facultés supérieures à celles de son état normal, aussi est-elle incapable d'expliquer comment la pensée de son mari lui parvient, comme en témoigne le dialogue suivant pendant lequel les demandes, il ne faut pas l'oublier, sont toujours mentales :

15 Mars
132 — D — Qui donc l'impressionne ? (Mme Newnham) — R — Beaucoup de choses étranges.
133 — D — Quelle espèce de choses étranges ? — R — Des choses qui sont au-dessus de notre connaissance.
134 — D — Des choses au-dessus de notre connaissance impressionnent donc l’esprit de ma femme ? — R — Des choses qu'aucun homme ne connaît ou ne comprend.
136 — D — Ces influences que nous ne pouvons comprendre sont-elles extérieures à ma femme ? — R — Extérieures — Invisibles.
137 — D — Cette influence est-elle exercée par un esprit ou des esprits ? — R — Non — Jamais. — (Ces mots écrits en grands caractères et avec solennité).

Notons que cette réponse s'applique strictement au cas de Mme Newnham et ne peut être invoquée comme un argument contre les communications des Esprits, puisque toutes les réponses se réfèrent exclusivement à la femme du pasteur, qui se rend bien compte qu'il n'y a, dans son cas, aucune intervention étrangère. Quelques jours plus tard, il semble qu'un travail s'est fait dans l'intelligence de l'écrivain, qu'il existe maintenant une sorte d'auto-suggestion, car elle va formuler une espèce de théorie, en utilisant les idées qui avaient cours à cette époque en Angleterre sur ce que l'on appelait « L'électro-biologie[57] ».
Voici :

19 Mars
142 — D — Par quels procédés, des secrets qui lui sont inconnus sont-ils transmis au cerveau de ma femme[58] ? — R — Par des influences que vous appelez mesmériques.
144 — D — Pourquoi dites-vous : « que vous appelez. » Et vous comment appelez-vous cela ? — R — Electro-Biologie.
145 — D — Par qui ou par quoi cette force électro-biologique est-elle mise en oeuvre ? — R — Je vous ai dit que vous ne pouviez en savoir plus que vous ne savez.
146 — D — Ma femme pourrait-elle donner une réponse que je ne connaîtrais pas ? — R — Pourquoi essayez-vous de me faire dire plus que je ne le veux ?
147 — D — Simplement parce que je désire m'instruire. Pourquoi ne le direz-vous pas ? — R — Votre femme pourrait le dire si quelqu'un d'autre, doué d'une grande volonté et le sachant, se trouvait dans cette pièce.

Ici encore nous avons affirmation, par l'écrivain lui-même, qu'il ne sait des choses étrangères que ce qui peut lui en être communiqué par transmission de pensée. En voici de nouvelles preuves :

10 avril
190 — D — Pourquoi n'êtes-vous pas toujours influencée par ce que je pense ? — R — Votre femme sait quelquefois ce que vous pensez.
191 — D — Comment ma femme le sait-elle ? — R — Lorsque son cerveau est excité et n'a pas été trop tourmenté auparavant.
192 — D — Par quels moyens ma pensée est-elle transmise à son cerveau ? — R — Par l'électro-biologie.
193 — D — Qu'est-ce que l'électro-biologie ? — R — Personne ne le sait.
194 — D — Vous ne le savez donc pas ? — R — Non, votre femme ne le sait pas.
195 — D — Pourquoi l'appelez-vous toujours femme ? — R — Vous pensez toujours à votre femme.
196 — D — Mais je ne l'ai jamais appelée femme ? Pourquoi le faites-vous ? — R — Je ne suis rien sans la femme.
200 — D — Ceci n'est pas une réponse. Pourquoi l'appelez-vous ainsi ? — R — Parce qu'elle est bien une femme.

L'intelligence de Mme Newnham, dans cet état spécial, ne possède aucune faculté transcendante ni par la clairvoyance, ni par la prémonition de l'avenir. De même que dans tout automatisme, il y a évidemment dans son cas rétrécissement temporaire du champ total de la conscience, car la planchette n'hésite pas à répondre mensongèrement lorsque l'on insiste pour lui faire dire des choses qu'elle ne sait pas. En voici un exemple :

7 mai
267 — D — Que fera X..., demain soir ? - R — Je ne sais.
268 — D — Vous ne pouvez donc jamais prévoir l'avenir ? — R — Non, je ne le puis.
269 — D — Alors comment savez-vous qu'il m'arrivera quelque chose à Noël ? (Allusion à une prédiction faite antérieurement par la planchette). — R — Ceci est déjà décidé dès aujourd'hui, ce n’est plus une chose à décider.
270 — D — Qui donc l'a décidé, et à quel moment ? — R — Qu'avez-vous besoin de le savoir ?
271 — D — Je voudrais contrôler votre attestation lorsque le moment sera venu. — R — X... l'a décidé depuis trois mois.
272 — D — Qui le lui a proposé ? — R — M… et P...
(Noms complets des deux personnes qui devaient le plus probablement s'occuper de la question).
Toutes ces réponses, ajoute M. Newnham, faites aussi rapidement que les questions mentales, ne sont que d'audacieuses inventions, imaginées dans le but de maintenir le crédit acquis quelques mois auparavant par les premières réponses.

Ces affirmations tout à fait inexactes sont semblables à celles que l'on obtient souvent dans les séances spirites, et les expérimentateurs novices ne manquent pas de les attribuer à des « esprits trompeurs », quand ce ne sont que des produits de l'imagination violentée du sujet. Généralement les premières réponses sont sincères ; mais si elles sont négatives et que l'on continue d'insister, on est trompé. C'est l'obstination du questionneur qui est la cause de ces racontages, car par son désir d'obtenir des renseignements que l'écrivain ne peut donner, il l'oblige en quelque sorte à se débarrasser de cette contrainte fatigante en inventant des fables. En voici encore un exemple :

18 — D — Qu'arrivera-t-il au vieux J..., ? (C'était un de mes vieux paroissiens assez malade en ce moment). La réponse faite se rapporte à un sujet traité précédemment.
19 — D — Je vous prie de me répondre au sujet de J... — R — Non.
20 — D — Ne pouvez-vous pas ou ne voulez-vous pas ? — R — Je ne.... (Ici le crayon glisse hors du papier).
21 — D — Je répète la question. — R — Je ne puis.


L'expérience aurait dû se terminer là, mais le pasteur revient à la charge.

22 — D — Ira-t-il mieux ? Le savez-vous ? — R — Oui.
23 — D — Ce oui est-il pour la première ou pour la seconde question ? Répondez par un ou deux. — R — Deux.
24 — D — Ai-je tort de vous poser cette question ? — R — Non.
25 — D — Alors, J..., succombera-t-il oui ou non à la maladie actuelle ? — R — Bientôt.
Il n'en fut cependant rien. J... vécut encore plusieurs années.

Il est utile de faire observer que pendant l'écriture automatique, la volonté consciente étant considérablement diminuée, l'esprit de l'écrivain a moins de pouvoir sur lui-même et cède comme un enfant à toutes ses impulsions, ce qui parfois l'amène à s'amuser, à plaisanter, et contribue dans les expériences spirites à fortifier l'hypothèse beaucoup trop généralisée des esprits farceurs. Le journal du pasteur anglais nous en offre un cas.

16 Avril
Nous avions tous été préoccupés de certaines questions, et lorsque nous posâmes, le soir, la première question, la planchette refusa d'écrire des mots. Après avoir fait un griffonnage illisible, elle traça le profil d'une figure hideuse. J'intervins alors :
201 — D — Votre réponse est inintelligible. — R — Je ne puis voir la question. (Elle reproduit ensuite le même profil grimaçant).
202 — D — Pourquoi tracez-vous cette figure à la fin ? — R — Je m'amuse.
203 — D — Est-ce le portrait de quelqu'un ? — R — La femme veut vous amuser.
204 — D — Cette figure a-t-elle la prétention d'être un portrait ? R — Certainement.
205 — D — De qui, alors ? — R — Lorsque les gens sont légers ; il faut les amuser.
206 — D — De qui faites-vous donc le portrait ? — R — Vous le savez fort bien.
207 — D — Je n'en sais rien, veuillez me répondre. — R — Peut-être que je le sais mieux.
208 — D — Je le pense : mais répondez-moi. — Ici un vrai griffonnage.
208 — D — La question est posée de nouveau. — R — Ce que vous voudrez.
Après avoir éludé encore quelques questions, je lui dis :
221 — D — Répondez à ma question et ne dites pas de sottises. — R — Ne vous fâchez pas.
Quelques minutes plus tard, en réponse à une question 230, la planchette trace une ligne plus ou moins ondulée et elle écrit : « Un joli petit homme. »
231 — D — Veuillez vous expliquer sans plaisanterie. — R — Elle reproduit le profil du n° 201.
232 — D — Je vous prie de répondre. — Elle dessine une espèce de muraille avec une tour crénelée.
233 — D — Ne soyez donc pas ridicule et répondez moi. — R — C'est le portrait de D… (la sœur de ma femme).
234 — D — Répondez à ma question ou déclarez que vous ne le voulez pas. — R — Vous ne comprenez pas la plaisanterie.
235 — D — Si, je l'entends, mais ce n'est pas le moment. Veuillez répondre. — R — Il vaut beaucoup mieux être quelquefois un peu fou, que d'être toujours sage.
236 — D — J'en conviens avec vous. Cependant, répondez à ma question. — R — Trop de travail sans distraction rend Jeannot stupide.
237 — D — Voulez-vous, ou non, répondre à ma question ? — R — Vous êtes assommant.
238 — D — Répondez à ma question. — Ici des traits illisibles.
239 — D — Répétez de façon lisible. — R — Il est temps de dormir. Bonsoir.

Pendant les huit mois que durèrent les expériences, les réponses furent toujours banales, et sauf deux cas que nous allons rapporter et qui ont des apparences spirites, tout l'intérêt du phénomène résida dans cette conversation mentale, qui est véritablement surprenante par sa régularité, et dans l'automatisme absolument inconscient du sujet. Voici les deux faits qui auraient pu faire croire que l'automatisme se compliquait de clairvoyance. Le premier a trait à la divination exacte d'un nom inconnu de M. et Mme Newnham.

"J'avais à cette époque, dit le pasteur, un jeune étudiant auque je donnais des leçons particulières. Le 12 février, en rentrant de vacances, il entend parler de nos expériences et manifeste l'incrédulité la plus déterminée. J'offre de lui donner telles preuves qu'il voudra, pourvu que je voie auparavant la question. Mme Newnham prend place dans mon cabinet de travail, sur sa chaise ordinaire, tandis que nous passons dans le vestibule, en fermant la porte derrière nous. Là, il écrit sur un morceau de papier :
87 — D — Quel est le nom de ma soeur aînée ?
Nous rentrons aussitôt et nous trouvons la réponse qui nous attendait déja. — Mina.
C'est l'abréviation de Wilhelmina et je fais remarquer que je ne connaissais pas ce nom."


Comme ce cas est isolé et que nous avons constaté par les expériences faites à la S. P. R. qu'un sujet aussi sensible que Mme Newnham est capable de ressentir la suggestion mentale d'une chambre à une autre, nous pensons qu'on peut attribuer cette réponse à l'action télépathique du jeune homme, car nous en verrons d'autres exemples dans les chapitres suivants.
Voici le second cas :

"C'était pendant la guerre Franco-Allemande ; deux jeunes français, mes élèves, avaient été rappelés au service militaire. Pour mettre l'intelligence à l'épreuve, je posai les questions suivantes :

29 Janvier
29 — D — Où est actuellement A. H. ? — R — Il se porte bien. (Il fut prouvé plus tard que cette réponse était juste ; mais mon jeune ami fut tué plus tard).
30 — D — Et L. D. ? — R — Il est hors de chez lui.
32 — D — Est-il encore en campagne ? — R — Non.
32 — D — S'est-il battu ? — R — Oui.
33 — D — Dans quel pays se trouve-t-il ? — R — Prisonnier.
Il faut surtout remarquer cette curieuse façon d'éluder la question : du reste il a été prouvé que la réponse était juste.
Plus tard, le 19 mai, je demandai :
156 — D — Qui vous a dit que L. D. fût prisonnier ? — R — Il aura encore seulement une légère punition.
157 — D — Répondez, je vous prie, à ma dernière question. — R — Ils aimaient beaucoup son sermon.
Il y a bien ici une volonté formelle d'éviter de répondre.
158 — D — Comment avez-vous appris que L. D. fût prisonnier ? — R — Le cerveau de la femme est surmené.
Plus tard, en octobre, je demandai, l'opérateur connaissant cette fois la question.
313 — D — Où le cerveau de l'opérateur a-t-il puisé les réponses 29 et 30 ? — R — Le cerveau de la femme l'a connu, parce qu'elle connaissait leurs caractères.

En étudiant les réponses de la planchette, on constate que la première relative à A H , peut être purement fortuite, et ne répond pas tout à fait à la question posée. Pour la seconde, il faut observer que Mme Newnham savait que ce jeune homme partait pour faire son service militaire et comme elle n'indique ni quand, ni comment il fut fait prisonnier, pas plus que l'endroit où il se trouvait, nous pouvons accepter parfaitement l'explica¬tion qu'elle donne elle-même, c'est-à-dire que son affirmation n'était qu'une simple conjecture, qui s'est trouvée accidentellement exacte. D'ailleurs, à cette date, les journaux avaient annoncé les désastres de Sedan et de Metz ; l'on savait donc en Angleterre que les armées françaises avaient été capturées tout entières, et la supposition que L D. fût prisonnier était la plus probable. Ce sont des cas comme ceux-ci qui simulent la clairvoyance ou la communication des Esprits ; mais il est facile, par un simple examen, de se rendre compte que cette faculté n'y a aucune part et que l'intervention d'intelligences désincarnées est tout à fait inutile.

Remarques sur les conditions dans lesquelles la pensée était transmise

Une partie du journal de M. Newnham est consacrée à l'étude des réponses de la planchette sur des sujets complètement inconnus de l'opérateur ; c'est une des plus instructives, car elle nous renseigne sur le rôle joué par chacun des expérimentateurs et sur les limites de cette faculté de transmettre la pensée.
Nous constatons d'abord que le rôle de Mme Newnham est tout à fait passif. Ce n'est pas elle qui pénètre dans la pensée de son mari ; elle reçoit l'influx cérébral, mais elle est incapable de lire dans le cerveau du questionneur. Nous l'avons déjà signalé, en voici une nouvelle preuve.

21 Mai
280 — Pouvez-vous écrire ce soir le triple R. A. Mot[59] ? — R — Abracadabra.
281 — Ce n'est pas cela. Essayez de nouveau. — R — La femme ne peut écrire des paroles secrètes.
282 — D — Pourquoi, l'autre jour, avez- vous prétendu l'écrire ? — R — Je n'ai écrit que ce que la femme savait.
283 — D — Mais si elle le sait, pourquoi ne pas l’écrire ce soir ? — R — Vous le lui avez dit.
284 — D — Que lui ai-je dit ? — Un jour que votre influence sur elle était très grande.
(N.B. La réponse du n° 284 est une réponse retardée, c'est-à-dire que c'est la suite de la réponse au n° 283).
285 — D — Mais pourquoi ne l'écrit-elle pas maintenant ? — R — La femme ne peut comprendre.
286 — D — Est-ce ma question ou la réponse à celle-ci qu'elle ne peut comprendre ? — R — Je ne sais.
287 — D — Qu'avez-vous donc ce soir ? — R — Vous êtes fatigué ainsi que la femme.


Nous constatons que pendant l'état d'automatisme, Mme Newnham n'est pas clairvoyante, ce que nous avons déjà signalé. Elle ne comprend que les questions nettement posées par son mari, mais elle en ignore la réponse, alors même que M. Newnham la connaît.
Cette observation montre clairement qu'un sujet ne pénètre pas dans la pensée de celui qui l'interroge, même quand il perçoit la suggestion mentale. Si par hasard elle donne un renseignement vrai, c'est que son mari le connaît, mais il faut qu'il concentre sa pensée sur ce sujet spécial, sans quoi la transmission ne peut s'opérer. On voit combien l'hypothèse que la suggestion mentale peut expliquer tous les cas dans lesquels l'interrogateur connaît la réponse, est fausse dans sa généralité. Ce n'est que l'ardente volonté de l'opérateur et sa concentration mentale qui peut amener une réussite, et encore quand le rapport est longuement et fortement établi.
Même avec un excellent sujet, les circonstances ne sont pas toujours favorables. La fatigue est souvent une cause de non réussite. Il est encore d'autres facteurs qui entravent la manifestation, car le journal de M. Newnham relate des expériences manquées lorsque des incrédules assistaient aux séances. On doit penser que les influences délicates qui agissent sur l'automatisme peuvent être neutralisées par des influences de même nature, mais contraires. C'est ce que le Dr Paul Joire a signalé, en montrant qu'un sujet sur lequel il expérimentait a subi d'abord son action mentale, puis celle d'un autre assistant, qui s'est substituée à la sienne[60] . Ces échecs ne sont pas rares dans les séances où les incrédules dominent ; mais ceux-ci ne sauraient rien en inférer, puisque, la plupart du temps, c'est leur scepticisme qui est la cause de ces insuccès.
Lorsque l'on veut opérer sincèrement, il est indispensable de soustraire le médium à ces causes perturbatrices qui agissent puissamment sur lui ; il faut qu'il se sente dans une sécurité morale parfaite, soutenu et protégé par ceux qui savent qu'il existe une atmosphère psychique favorable, aussi réelle que l'atmosphère matérielle, et qu'elle peut être troublée et viciée par des éléments antagonistes.

Résumé

Nous savons aujourd'hui que les anciens magnétiseurs ne s'étaient pas trompés, et qu'il n'est plus possible de douter maintenant de la transmission de la pensée par d'autres procédés que la parole, l'écriture, la télégraphie, la téléphonie ou le geste. La pensée, ou plus exactement le corrélatif dynamique qui la représente, se propage dans l'air par un procédé encore inconnu, mais dont les ondes Hertziennes nous offrent une frappante analogie. Nous avons vu par l'observation et l'expérience que toutes les modalités de la pensée peuvent se transférer, d'une manière rudimentaire et incomplète dans la plupart cas, et souvent sous une forme hallucinatoire lorsqu'il s'agit de sensations visuelles, auditives ou tactiles. Quand la pensée est formulée en langage intérieur, c'est tout au plus un mot, un chiffre qui est transmis, et l'exemple du pasteur Newnham qui fait comprendre des phrases entières, reste unique dans son genre.
Ce mode anormal de transmission de la pensée est soumis à des conditions rigoureuses sans la réunion desquelles il ne peut se produire.
C'est d'abord un état spécial de l'opérateur, une concentration de son activité mentale indispensable à la projection de pensée ; ensuite il est nécessaire que le sujet soit d'une passivité absolue, qu'il réalise un état monoïdéique ; enfin un rapport magnétique fortement établi entre les opérateurs. Si l'une quelconque de ces conditions vient à manquer, l'expérience ne réussit pas.
Ces observations nous permettent de préciser dans quels cas la transmission de la pensée pourra être invoquée pour l'explication des faits inconnus de l'écrivain, relatés par l'écriture. Si les expériences ont lieu dans un milieu familial, avec un médium bien connu des assistants, auquel il est lié peut-être par la parenté ou l'affection, nous devons prudemment tenir le plus grand compte de la suggestion mentale, qui a toutes les facilités pour se produire. Cependant, il ne faudra pas perdre de vue que la concentration mentale de l'interrogateur est un facteur important, et ne pas se presser de conclure que sa pensée seule a fourni le renseignement désiré, puisque nous avons vu que Mme Newnham, malgré le désir de son mari, ne pouvait pas lui donner une réponse sur des questions qu'il connaissait bien. Ici l'appréciation est délicate et demande une grande habitude de ces expériences.
Mais dans les cas où la séance a lieu avec des personnes complétement inconnues du médium, où nul rapport magnétique n'existe, nous devons conclure que si des renseignements exacts sont fournis et que la clairvoyance ne puisse être invoquée pour les expliquer, il faut absolument admettre l'intervention d'une intelligence étrangère et savoir si c'est celle d'un vivant ou d'un mort. Avec la transmission mentale de la pensée, nous avons fait encore un pas en avant dans notre enquête. Observons, en effet, que nous sommes ici en présence d'un phénomène de transition entre l'automatisme proprement dit et la médiumnité. L'automatisme simple ne nécessite pas d'autre facteur que l’auto-suggestion, tandis qu'avec la suggestion mentale, nous assistons à l'influence d'un esprit extérieur agissant sur celui du médium. Spontanément, Mme Newnham n'écrirait pas mécaniquement ; il lui faut l'adjuvant de la suggestion mentale de son mari pour que l'automatisme se produise. En un certain sens, Mme Newnham est déjà médium, puisqu'elle perçoit une pensée étrangère sans l'intermédiaire des sens, mais c'est elle qui y répond, et c'est en cela qu'elle rentre dans la classe des automatistes, dans celle signalée par Allan Kardec où l'esprit du médium intervient seul. Lorsque nous rencontrerons des sujets qui seront assez sensibles à la suggestion mentale pour la reproduire intégralement, sans y rien mélanger de leurs propres idées, nous serons en présence de véritables médiums, alors même que le suggestionneur serait un être vivant.
Notons encore que si les expériences de transfert des idées ne réussissent parfaitement bien qu'avec certains opérateurs, quand le rapport magnétique est bien établi, il ne sera pas étonnant qu'il en soit de même pour les Esprits ; on peut donc admettre avec raison que certains d'entre eux sont plus aptes à transmettre leur pensée à un médium particulier, que beaucoup d'autres habitants de l'espace. Nous ne serons alors pas trop surpris de constater que Mme Piper ou Mme Thomson ont un guide, un être spécial qui sert d'intermédiaire aux autres désincarnés, puisque c'est lui qui peut le plus facilement transmettre sa pensée. Nous reviendrons sur cette question dans la troisième partie, lorsque les faits nous seront mieux connus, il nous suffisait ici de signaler cette analogie.
Voyons maintenant des cas de communications de vivants se manifestant pendant leur sommeil, par action télépathique, ils formeront un développement logique des cas simples de suggestion mentale, et une transition naturelle aux messages qui nous arrivent du monde spirituel.

[1] Voir la préface à l’ouvrage de Braid : La Neurhypnologie.

[2] Le temps du 12 août 1893, cité par M. de Rochas dans l’Extériorisation de la motricité. Page 477

[3]H. Beaunis. Un fait de suggestion mentale. Revue Philosophique 1886 n° 2. Page 204.

[4] Ochorowicz. La suggestion mentale. Page 7.

[5] Ochorowicz. La suggestion mentale. Page 17.

[6] Dr Monin. Les odeurs du corps humain. Paris. 1886.

[7] Baragnon. Etude de magnétisme animal sous le point de vue d’une exacte pratique. Page 136.

[8] Lafontaine. Mémoires d’un magnétiseur. Tome 1. Page 96.

[9] R. Manicourt. Souvenirs d’un magnétiseur. Page 96.

[10] A1fred Russel Wallace. Les miracles et le moderne Spiritualisme. Page 168.

[11] Proceedings. Volume I, part III, page 225. Voir aussi le numéro de décembre 1885, pages 17 et 205 ; et avril 1887, page 425. Consulter également : Facts in mesmerism par le Dr Ellioston, Loist. Volume V. Pages 242 – 245. Phantasms of the living. Tome II, cas 359. Professeur Smith de l’Université de Sidney, dans Phantasms, Tome II, cas 360

[12] Voir Lafontaine. Mémoires. T.I. Page 157.

[13] P. Janet. Notes sur quelques faits de somnambulisme. Bulletin de la Société de Psychologie Physiolog. 1885. Fascicule Ier. Revue Philosophique n° 8, août 1886.

[14] Somnambulisme léthargique est une contradiction. Il s’agissait d’un état intermédiaire entre l’aïdéie (léthargie) et la polydéie (somnambulisme), c’est à dire un état monoïdéique. (Note de M. Ochorowicz).

[15] Ch. Richet. L’Homme et l’Intelligence. — Les démoniaques d’autrefois. Page 297.

[16] Théâtre sacré des Cévennes. — Dans Bertrand. — Le Magnétisme Animal. Page 435.

[17] Théâtre sacré des Cévennes. — Dans Bertrand. — Le Magnétisme Animal.

[18] Dr Dupouy. Sciences occultes et Physiologie psychique. Page 104.

[19] Puységur — Mémoires pour servir à l’établissement du Magnétisme. Pages 22 – 29 et suiv.

[20] Petetin. Mémoire sur la découverte des Phénomènes que présentent la catalepsie et le somnambulisme. Lyon 1787.

[21] Deleuze. Introduction pratique sur le magnétisme animal. Page 135.

[22] Charpignon. Physiologie, Méd. et Métaph. du Mag. Page 325

[23] Camille Flammarion. L’Inconnu et les problèmes psychiques. Voir page 353, des reproductions de dessins suggérés, mis en regard des originaux.

[24] Puységur. Du Magnétisme animal. Pages 15 – 24.

[25] Lafontaine. L’art de magnétiser. Page 99.

[26] H. Beaunis. Un fait de suggestion mentale. Revue Philosophique n° 2, 1886.

[27] Ochorowicz. La suggestion mentale. Page 106.

[28] Dr Dusart. Tribune Médicale, 16 et 30 mai 1875. Voir aussi Revue Scientifique et morale du Spiritisme. Année 1898.

[29] Ch. Richet. Revue Philosophique. La suggestion mentale et le calcul des probabilités. Décembre 1884.

[30] Lombroso. Pickman e transmission del pensiero. Gaz Litt. Volume XIV, page 12. Turin 1892.

[31] Pour la transmission des nombres, voir spécialement l’article de Mme Sidgwick dans les Proceedings S.P.R. (XV).

[32] Schrenck. Sur la télépathie et la clairvoyance. Ann. des Scienc. Psy. 1891. Page 86.

[33] Reichenbach. Le fluide des magnétiseurs, traduit par M. de Rochas. Voir aussi du même auteur : L’extériorisation de la sensibilité.

[34] Revue scientifique. Dr Le Bon. La transparence de la matière et la lumière noire, 4 avril 1900 ; et Mme Curie. Les nouvelles substances radioactives, 24 juillet 1900.

[35] Dr J. Kerner. Frantz Anton Mesmer aus Schwaben. Page 23.

[36] Réflexions impartiales sur le Magnétisme animal etc.

[37] De Lausanne. Des principes et des procédés du magnétisme animal et de leurs rapports avec la physique et la physiologie, T I, page 12 et suiv.

[38] Du Potet. Traité complet de magnétisme animal. Pages 55 à 60.

[39] Du Potet. Traité complet etc. Rapport de Husson à l’Académie, page 137. Edition de 1883.

[40] Voir l’ouvrage du Dr Ochorowicz : La suggestion mentale où ce cas et celui de M. Richet sont rapportés en détail, page 436 et suiv.

[41] Dr Moutin. Le diagnostic de la suggestibilité.

[42] P. Janet. Bulletin de la société de psychologie physiologique de mai 1886.

[43] Ch. Richet. Hypnotisme à grande distance, communication à la société de psychisme physiologique. (Revue de l’Hypnotisme 1er janvier 1888).

[44] Ochorowicz. La suggestion mentale. Page 128.

[45] Ochorowicz. La suggestion mentale. Page 138.

[46] Ochorowicz. La suggestion mentale. Page 94.

[47] Voir page 81.

[48] Ochorowicz. Ouvrages cités. Voir page 295 et suiv.

[49] Ochorowicz. La suggestion mentale. Page 506.

[50] Ochorowicz. Ouvrage cité. Page 333.

[51] Ochorowicz. Ouvrage cité. Voir page 397.

[52] Nous résumons ici la discussion et les observations faites par M. Ochorowicz dans son ouvrage sur la Suggestion mentale. Page 111 et suiv.

[53] Ochorowicz. Ouvrage cité. Page 116.

[54]Cet exemple, et les suivants, sont empruntés à l’étude de M.F.W.H. Myers sur l’écriture automatique, publiée dans les Proceedings de la S.P.R. de l’année 1888. C’est la seule étude sérieuse et impartiale qui ait été faite de l’écriture automatique, encore que l’auteur émette des hypothèses bien contestables sur la dualité des hémisphères cérébraux.

[55] Gabriel Delanne. L’âme est immortelle. Voir page 149 où ce cas est rapporté complètement.

[56] Nous avons vu que l’automatisme peut conserver toutes les apparences de la veille, alors même qu’il est déjà dans l’état d’hémi-somnambulisme. C’est précisément l’ignorance dans laquelle on était généralement de cette modification de la personnalité, qui passe inaperçue de l’écrivain lui-même, qui a causé pendant si longtemps la confusion entre l’automatisme et la médiumnité.

[57] Consulter l’ouvrage de Durand, de Gros, intitulé : Electrodynamisme Vital dans lequel est exposée la doctrine du fario-grismisme ou électrobiologie.

[58] Ici M. Newnham fait allusion à certaines réponses de la planchette concernant des rites et symboles maçonniques que sa femme ignorait, mais que lui, franc-maçon, connaissait bien.

[59] Un mot maçonnique dont le révérend Newnham recherchait l’origine linguistique, et qui était inconnu de l’écrivain.

[60] Paul Joire. De la suggestion mentale, Ann. Psych. Juillet-Août 1897. Page 280.

 

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