Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


APPENDICE


Correspondances croisées

 

J'ai signalé les différentes raisons qui nous interdisent d'admettre que la télépathie suffirait pour expliquer toutes les communications médianimiques. Il en est de même pour la clairvoyance baptisée des noms de cryptesthésie ou de métagnomie. On ne doit pas perdre de vue que les médiums sont des êtres passifs et que si l'on peut admettre qu'ils soient particulièrement aptes à recevoir les influences télépathiques, cette disposition même les empêche d'être actifs comme le sont les sujets clairvoyants, et par conséquent de prendre connaissance, par lucidité, des choses qui leur sont inconnues. Il est tout à fait remarquable qu'au fur et à mesure que les incrédules s'efforçaient, en se servant des découvertes que nous avons faites, d'expliquer les phénomènes de médiumnité sans faire intervenir les esprits, ceux-ci se soient ingéniés à imaginer des procédés de communication sans cesse nouveaux pour démontrer l'indiscutable réalité de leur action spirituelle. C'est ainsi que depuis une quinzaine d'années, les correspondances croisées sont venues démontrer l'action des esprits par des phénomènes d'écriture que ni la clairvoyance ni la télepathie ne peuvent expliquer.
Dans son livre « La Survivance humaine », Sir Oliver Lodge décrit sommairement ce phénomène si intéressant. Nous allons lui faire quelques emprunts qui montreront nettement qu'aucune des explications précédemment données ne peut s'appliquer à ces cas remarquables[1] .

« Le caractère principal de la correspondance croisée, dit-il, consiste en ceci : nous avons à étudier non pas les phénomènes produits par un seul médium animé par plusieurs contrôles apparents, comme nous l'avons fait jusqu'ici, mais inversement, les manifestations d'un seul contrôle apparent transmises par plusieurs médiums différents ; ceux-ci écrivent automatiquement d'une manière indépendante, ils sont fort éloignés les uns des autres, quelquefois ils ne se connaissent pas ; au début même, ils ne savaient pas quelle était la nature de la correspondance qui se poursuivait... »
« La caractéristique des cas étudiés par la Société anglaise de Recherches Psychiques est qu'on n'obtient pas, dans l'écriture d'un automatiste, la reproduction littérale et comme mécanique des phrases, contenues dans le texte d'un autre, on n'obtient pas même la reproduction de la même idée en des termes différents comme cela pourrait résulter d'une télépathie directe entre eux. Ce qu'on obtient est un fragment de message dans un texte qui semble n’avoir aucun intérêt ni aucun sens, et dans un autre texte un autre message fragmentaire, également sans signification apparente ; mais quand nous réunissons ces deux textes, nous voyons qu'ils se complètent l'un par l'autre et qu'ils sont inspirés en apparence par une seule idée cohérente exprimée partiellement dans chacun d'eux. »


Malgré leur réserve bien connue, les savants de la S. P. R sont arrivés à cette conclusion que l'initiative d'une démonstration irréfutable de l'intervention des défunts a été obtenue. Voici en effet ce que déclare Melle Johnson[2] .

« En attendant la possibilité de communiquer avec les morts, on peut supposer que, dans ces dernières années, un certain nombre de personnes ont essayé de communiquer avec nous ; elles sont assez instruites pour connaître les objections faites aux preuves antérieures par de raisonnables sceptiques, et elles sont assez intelligentes pour bien comprendre la force de ces objections. On peut supposer que ces personnes ont inventé un moyen — celui des correspondances croisées — pour répondre à ces objections. Il est certain que les correspondances croisées sont un élément caractéristique de l'écriture automatique recueillie par nous dans ces dernières années, notamment les textes de Mme Verrall, de Mme Forbes, de Mme Holland, et, plus récemment encore, de Mme Piper...»

C'est bien l'esprit de Myers qui, après sa mort, a imaginé ce procédé pour démontrer d'une manière irréfutable, lui qui connaissait toutes les objections faites par les sceptiques, qu'un Esprit de l'espace peut indiscutablement prouver la réalité de son intervention parmi nous. Melle Johnson en convient implicitement dans les lignes suivantes.

« Nous avons des raisons pour croire, comme je l'ai montré plus haut, que l'idée de donner, dans un écrit, le complément d'une communication donnée dans un autre ne s'est pas présentée à l'esprit de M. Myers de son vivant. Je n'en ai trouvé aucune indication dans ses publications. Ceux qui ont fait des recherches sur l'écriture automatique depuis sa mort n'ont pas imaginé davantage cette méthode, si réellement il y en a une. Ce ne sont pas les automatistes eux-mêmes qui l’ont découverte, mais quelqu'un qui étudiait leurs écrits ; ce fait a toutes les apparences d'un fait importé du dehors ; il suggère l'idée d'une invention indépendante, d'une intelligence active constamment au travail dans le présent, et qui n'est pas simplement l'écho ou le reste d'individualités passées."


Ce dernier genre de phénomène confirme d'une manière absolue les conclusions auxquelles nous étions arrivés précédemment. Il est pour nous absolument certain que si les documents relatifs aux correspondances croisées étaient connus en France par une bonne traduction, l'évidence de l'intervention spirituelle post mortem, de Myers et de Hodgson éclaterait à tous les yeux. Espérons que ce travail sera fait un jour et qu'il contribuera à la démonstration de l'Immortalité et des rapports que nous pouvons entretenir avec les habitants du monde invisible.

Book-Tests
Une autre série de faits vient confirmer, à sa manière, l'indépendance des inspirateurs invisibles. Ce sont les phénomènes que l'on a appelés les « book-tests ». Voici en deux mots en quoi ils consistent : un médium reçoit, au cours d'une communication une citation qui n'a aucun rapport avec ce qui est écrit précédemment. L'intelligence agissante informe que cette phrase est prise dans un ouvrage inconnu du médium et des assistants. L'esprit indique la bibliothèque, jusqu'alors inconnue du médium et des assistants, dans laquelle se trouve l'ouvrage. Ici aucune possibilité de clairvoyance ne peut être invoquée et toute collusion est rendue impossible par le nombre des expériences car, fréquemment, ce sont des livres très rares et presque introuvables desquels le passage a été extrait.
Quelque chose de plus convainquant encore ce sont les « newspaper-tests » L'idée consiste en ceci.

« Rattacher les souvenirs anciens ou les connaissances présentes du communicant à des détails qui n'ont pas encore été rendus publics et qu'on trouvera dans une publication non parue mais sur le point de paraître. Jusqu'à ce qu'il ait vérifié le test par l'examen de la feuille désignée, d'ordinaire le consultant n'a aucune idée de la forme que cette vérification prendra. Deux courants de connaissances s'unissent dans une expérience de manière à exclure toute suggestion d'action télépathique entre des esprits humains. »

Dans la conclusion de son rapport, le Rev. Charles Drayton Thomas[3] après avoir démontré l'impossibilité d'expliquer les faits par l'erreur, la supercherie ou une action télépathique quelconque, déclare que, suivant lui, c'est l'esprit de son père qui est l’auteur des phénomènes.

"Celui-ci se présente comme un expérimentateur apprenant par la pratique à exécuter un programme tracé par un groupe d'esprits plus vieux et plus avancés au profit de ceux qui sont encore sur terre et qui font de sérieux efforts pour comprendre. Ce groupe se rendant compte combien est déconcertante notre incertitude sur les limites possibles de la télépathie dans l'explication des phénomènes médiumniques, a imaginé plusieurs méthodes pour nous aider à éliminer cet élément. Les « book-tests » sont beaucoup plus difficiles à expliquer par n'importe quelle extension imaginable de la télépathie que ne l'avaient été quelques-uns des phénomènes qui les avaient précédés. Et maintenant les « newspaper tests » ont pour but de faire faire un pas de plus à ce processus d'élimination."

On le voit, les preuves de la communication spirite dans chaque ordre de phénomène sont aussi nombreuses que variées ; il n'est pas douteux que l'avenir nous en apportera encore de nouvelles et que devant le nombre et l'écrasante évidence de ces manifestations, le Spiritisme apparaîtra ce qu'il est réellement, c'est-à-dire la démonstration scientifique de l'Immortalité.

G. D.

[1] La Survivance humaine par Oliver Lodge. Pages 254 et suivantes.

[2] Proceedings S.P.R. t. XX. Pages 205 et 275.

[3] Voir Psychica. N° Mai-Juin 1923.

 

FIN




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