Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec



CHAPITRE IV
D. LE CIEL ET L'ENFER


Le livre, publié en 1865, comprend deux parties : Doctrine et Exemples.
Dans la première partie, une dizaine de chapitres traitent de la mort, du ciel et de l'enfer, du purgatoire, des peines éternelles, des anges et des démons, ainsi que du problème de l'évocation des morts.
Nous allons résumer chaque chapitre séparément.

I. L'avenir et le néant

« Nous vivons, nous pensons, nous agissons, voilà qui est positif ; nous mourrons, ce n'est pas moins certain. »
Oui.... mais en quittant la terre, où allons-nous ? Etre ou ne Pas être, telle est l'alternative.
L'avenir, comme anéantissement total, est la conséquence logique de l'incrédulité dans la survivance de l'âme. Au matérialisme athée et désespérant, le spiritisme doit dire non ; car toute morale ne serait plus possible et la vie sociale se désagrégerait.
Certains pensent qu'après la mort, l'âme est dissoute dans le Tout universel. L'objection qu'on peut y faire est la suivante : pourquoi cette égalité, du bon et du mauvais, du génie et du sot, dans le même océan qui noie tout ?
La troisième alternative est l'individualité de l'âme avant et après la mort. La logique nous y amène invinciblement.
En effet, instinctivement, l'homme croit en l'avenir.
Or, la doctrine spirite sur l'avenir n'est pas une œuvre d'imagination plus ou moins bien conçue, mais le résultat de l'observation des faits matériels qui se déroulent aujourd'hui sous nos yeux.

II. Appréhension de la mort


« L'appréhension de la mort est un effet de la sagesse de la Providence et une conséquence de l'instinct de conservation commun à tous les êtres vivants. Elle est nécessaire tant que l'homme n'est pas assez éclairé sur les conditions de la vie future, comme contre-poids à l'entraînement qui, sans ce frein, le porterait à quitter prématurément la vie terrestre, et à négliger le travail d'ici-bas qui doit servir à son propre avancement. »
A mesure que l'homme comprend mieux la vie future, l'appréhension de la mort diminue. La certitude de retrouver ses amis après la mort donne du courage.
Allan Kardec note que le tableau brossé par l'Eglise au sujet de la vie future - n'est pas trop réjouissant. D'un côté, les damnés, les flammes, les tortures. De l'autre, les âmes languissantes du purgatoire. Ce n'est qu'au-dessus qu'il plane une catégorie restreinte d'élus. De sorte que la mort est plutôt un passage repoussant et plein d'inquiétude quant à l'avenir réservé à l'âme.
Par contre, le spiritisme dévoile la réalité ; le monde spirituel nous apparaît dans toute sa réalité pratique. L'âme cesse d'être une abstraction pour devenir une réalité éthérée.

III. Le ciel

Le mot ciel vient du latin coelum, formé du grec coïlos (creux, concave). Par la suite, le sens est devenu figuré : le ciel est le séjour des bienheureux. Or le spiritisme, expliquant la notion du monde, de l'être humain et de l'Esprit, a rendu plus objective et plus exacte la définition du ciel. Il devient un espace qui nous environne et dont l'accès est possible grâce à la vie morale de chaque homme. Le monde invisible devient synonyme de ciel. Mais il faut établir une hiérarchie selon le degré de pureté de l'âme désincarnée. Par contre, par un mouvement inverse, le ciel se révèle partiellement à la science humaine, grâce à l'enseignement donné par les Esprits.

IV. L'Enfer

L'homme primitif a imaginé le châtiment dans le monde futur selon l'optique des maux terrestres : feux, flammes, tortures... C'est l'enfer. Les Chrétiens ont gardé cet enfer païen ; pire encore : ils ont surenchéri sur l'enfer primitif. A la place de Pluton, c'est Satan qui y règne.
L'Eglise admet, il est vrai, une position spéciale dans certains cas particuliers. Elle parle des limbes, situation mixte. N'empêche, l'enfer s'avère comme une grande injustice. Dans le Tartare païen, on voit des ombres qui souffrent. Ce sont donc, dit Allan Kardec, « des âmes avec leurs corps fluidiques, images de leur existence terrestre ». On n'y voit pas les hommes reprendre leur corps charnel pour souffrir matériellement, ni le feu pénétrer sous leur peau... ni le raffinement des supplices qui font la base de l'enfer chrétien. Dans l'enfer païen les juges sont inflexibles, mais justes. Dans l'enfer de Satan, les mêmes tortures pour tous. Il n'y a aucune équité. C'est un enfer matériel. Dans l'extase, sainte Thérèse y a vécu un cauchemar.

V. Le purgatoire

Historiquement parlant, le purgatoire a été admis par l'Eglise en l'an 593. « C'est, dit Allan Kardec, un dogme plus rationnel et plus conforme à la justice de Dieu que l'enfer, puisqu'il établit des peines moins rigoureuses et rachetables pour des fautes d'une moyenne gravité. »
Cependant, à la longue, le purgatoire est devenu une mine productive : il a donné naissance au commerce scandaleux des indulgences. C'est la cause de la Réforme luthérienne.
Pour le spiritisme, le purgatoire réveille l'idée d'un lieu circonscrit : c'est pourquoi il s'applique plus naturellement à la terre, considérée comme lieu d'expiation, qu'à l'espace infini où errent les Esprits souffrants, et qu'en outre, la nature de l'expiation terrestre est une véritable expiation. La terre est donc un purgatoire qui doit fournir de bons esprits au monde invisible. Le Christ n'a pas parlé de purgatoire. Il s'est servi du mot enfer pour désigner les peines futures, sans distinction. En fait, l'enfer est le purgatoire et celui-ci, en tant que lieu de punition (expiation) est sur la terre.

VI. Doctrine des peines éternelles

Il faut remonter à l'aurore de la civilisation humaine pour expliquer l'origine de l'idée de peine éternelle. L'homme primitif est presque nul, la vie morale est pour lui inexistante. Les religions, à cette époque, durent parler en termes absolus, impitoyables, pour obliger les hommes à une vie morale. Et Jésus, lui-même, a dû les menacer de la Géhenne, le feu de l'enfer. Cependant, le feu éternel est pour Jésus une figure. En fait, il prêche le repentir, donc la possibilité d'un rachat. Pourquoi alors cette peine éternelle de l'enfer ?
De plus, l'homme est un être imparfait. Il est limité dans ses vertus, ses connaissances, sa puissance. Tout ce qu'il produit, est limité. Sa peine aussi. L'éternité n'appartient qu'à Dieu. Mais Dieu a pitié : il ne peut être pour la punition éternelle quand il est « infiniment bon ». Il est juste, aussi. La justice absolue n'est pas inexorable. Donc:
« Si la condamnation est irrévocable, le repentir est inutile, le coupable, n'ayant rien à espérer de son retour au bien, persiste dans le mal ; de sorte que, non seulement Dieu le condamne à souffrir perpétuellement, mais encore à rester dans le mal pour l'éternité. Ce ne serait là ni de la justice, ni de la bonté. »

VII. Les peines futures selon le spiritisme

L'expression « la chair est faible » s'explique, selon le spiritisme, par la faiblesse de l'Esprit. La chair n'a pas de responsabilité morale ; c'est à l'Esprit de vouloir et de penser.
Le code pénal de la vie future est décrit par le spiritisme scientifique. Il dit : « il n'est pas une seule imperfection de l'âme qui ne porte avec elle ses conséquences fâcheuses, inévitables, et pas une seule bonne qualité qui ne soit la source d'une jouissance ».
Ce code a, selon Allan Kardec, trente-trois articles. Ils concernent la vie future, le repentir, la justice devant Dieu. Trois sont les principes qui sont à la base du code :
1) La souffrance est attachée à l'imperfection.
2) Toute imperfection et toute faute qui en est la suite, porte avec elle son propre châtiment, par ses conséquences naturelles et inévitables, comme la maladie est la suite des excès, l'ennui celle de l'oisiveté, sans qu'il soit besoin d'une condamnation spéciale pour chaque faute et chaque individu.
3) Tout homme, pouvant se défaire de ses imperfections par l'effet de sa volonté, peut s'épargner les maux qui en sont la suite, et assurer son bonheur futur.
Bref « à chacun selon ses œuvres, dans le ciel comme sur la terre ».

VIII. Les anges

Selon l'Eglise, les anges sont des êtres purement spirituels antérieurs et supérieurs à l'humanité, créatures privilégiées, vouées au bonheur suprême et éternel dès leur formation.
Selon le Spiritisme, il n'y a pas d'exception pour les esprits dits angéliques. Dieu ne fait la part ni plus large ni plus facile à certains Esprits au détriment des autres. Il donne la loi égale pour toutes les âmes. C'est à celles-ci d'acquérir, par leur travail ; l'ange, c'est-à-dire l'Esprit pur, n'arrive qu'après un long perfectionnement.
« Les anges sont donc les âmes des hommes arrivés au degré de perfection que comporte la créature, et jouissant de la plénitude de la félicité promise. »
Ce n'est qu'après que ces Esprits purs retransmettent les ordres de Dieu à des Esprits placés au bas de la hiérarchie spirituelle.

IX. Les Démons

L'idée de démons est contradictoire. Dieu ne peut être faillible. L'existence des démons semble dire : Dieu s'est trompé ; depuis, il poursuit la race humaine afin d'apaiser sa soif de vengeance.
Selon le Spiritisme, les démons, comme les anges, sont des Esprits créés par Dieu en état de totale perfectibilité... C'est-à-dire qu'il leur a donné pour but la perfection, mais qu'il ne leur a pas donné la perfection.
Si les anges sont des Esprits arrivés en haut de l'échelle spirituelle, par contre les « démons » sont, si l'on veut, les Esprits restés en bas de l'échelle. Ils sont enclins au mal. Cela ne signifie point qu'ils soient damnés à jamais; eux aussi suivent la loi du progrès moral. Par expiation, épuration matérielle et effort de volonté, ils peuvent monter vers le ciel pur des Esprits parfaits.

X. Intervention des démons dans les manifestations modernes

Allan Kardec tient à préciser qu'il n'y a aucun rapport entre la magie qui fait appel au démon ou ange et le spiritisme. Mieux encore, le spiritisme, qui fait de l'évocation un moyen de connaissance du monde invisible, désavoue les pratiques magiques en démontrant leur inefficacité. Tout d'abord, parce que les âmes des morts ne peuvent se manifester qu'avec la permission de Dieu.
Le Livre des Médiums a déjà parlé des moyens et des conditions à remplir pour qu'une manifestation spirite soit possible. En fait, le blâme de l'Eglise tombe sur les charlatans, les exploiteurs, les praticiens de la magie et de la sorcellerie. Car toutes ces pratiques sont le produit du mal, du démoniaque dû à l'homme, puisque aucun Esprit ne peut venir sans la permission de Dieu.

XI. De la défense d'évoquer les morts

L'interdit de communiquer avec les âmes des défunts date de Moïse. Allan Kardec explique les conditions historiques qui ont poussé Moise à interdire aux fugitifs superstitieux de l'Egypte le commerce avec le monde invisible. Cependant, la loi évangélique n'en parle pas. Il faut donc choisir entre Moïse et Jésus. L'Eglise a tort de condamner l'évocation des morts, parce que certains facétieux ont présenté les réunions spirites comme des assemblées de sorciers et de nécromanciens.
En fait, le spiritisme évoque les Esprits d'une façon religieuse. Il se recueille et prie Dieu avant toute évocation.
On dit que chaque âme a son séjour que Dieu lui a assigné. Pourquoi alors l'Eglise invoque-t-elle l'assistance des Saints ? Pourquoi conseille-t-elle aux malades de les invoquer dans les maladies et pour les préserver des fléaux?
« Que les incrédules nient la manifestation des âmes, cela se conçoit, puisqu'ils ne croient pas à l'âme ; mais ce qui est étrange, c'est de voix ceux dont les croyances reposent sur son existence et son avenir s'acharner contre les moyens de prouver qu'elle existe, et s'efforcer de démontrer que cela est impossible. » Allan Kardec se demande si ce n'est pas par peur que les hommes de l'Eglise refusent de reconnaître la possibilité d'entrer en rapport avec les Esprits. Peur, en effet, de se voir éclairer sur des vérités qui détruiraient l'échafaudage de superstition qui empêche l'homme d'être heureux. »
« Mais on aura beau faire, dit Allan Kardec, si l'on interdit aux hommes d'appeler les Esprits, on n'empêchera pas les Esprits de venir vers les hommes ôter la lampe de dessous le boisseau. »
Bref :
« Repousser les communications d'outre-tombe, c'est rejeter le puissant moyen d'instruction qui résulte pour soi-même de l'initiation à la vie future, et des exemples qu'elles nous fournissent. »
C'est, en définitive, renoncer à la science, à la philosophie et à la morale spirites.

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La deuxième partie de l'ouvrage classe par catégories les innombrables exemples de survivance obtenus par le moyen de communications. Il est inutile de reproduire les déclarations faites par les Esprits des désincarnés : cela n'apporte rien de plus à la théorie incluse dans la première partie, et qui, du reste, n'est que le résultat théorique des manifestations expérimentées.
Retenons néanmoins les chapitres de classifications concernant les groupes :
a) Esprits heureux ;
b) Esprits dans une situation moyenne ;
c) Esprits souffrants ;
d) Suicidés ;
e) Criminels repentants ;
f) Esprits endurcis ;
g) Expiations terrestres.

Tout cela suit la hiérarchie spirite de la perfection et de l'état moral de l'âme.

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