Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec



CHAPITRE II
B. LE LIVRE DES MÉDIUMS


Publié en 1861, Le Livre des Médiums est la suite logique de celui des « Esprits ». Si ce dernier pose les fondements théoriques de la doctrine, par contre, Le Livre des Médiums, comme son nom l'indique, traite des conséquences pratiques de la théorie. Nous avons expliqué, dans l'Introduction, les rapports qu'Allan Kardec établit entre l'aspect théorique et l'aspect expérimental de la doctrine. Il nous reste maintenant à suivre en détail la marche pratique de la doctrine spirite. Celle-ci concerne d'abord et surtout la faculté médiumnique de certains êtres humains.
Le Livre des Médiums, qui s'occupe justement de cette faculté à la fois naturelle et surnaturelle, comprend deux grandes parties. Dans la première partie, Allan Kardec passe en revue les « Notions préliminaires » du monde spirite : il traite de l'existence des Esprits, du surnaturel et du merveilleux, de la méthode de procéder avec les matérialistes et les sceptiques, pour terminer avec les « systèmes ». Nous en parlerons plus bas.
La seconde partie parle « des manifestations spirites" et constitue l'analyse et l'expérimentalité de la méthode spirite de « connaissance " et de « communication » dont le fondement réside dans la faculté médiumnique de l'être humain.


Première Partie : Notions préliminaires

Reprenant les conclusions du Livre des Esprits, Allan Kardec écrit :
« Du moment que l'on admet l'existence de l'âme et son individualité après la mort, il faut admettre aussi :
1° Qu'elle est de nature différente du corps, puisqu'une fois séparée, elle n'en a plus les propriétés ;
2° Qu'elle jouit de la conscience d'elle-même, puisqu'on lui attribue la joie ou la souffrance, autrement, ce serait un être inerte, et autant vaudrait pour nous n'en pas avoir. Ceci admis, cette âme va quelque part ; que devient-elle et où va-t-elle ?

L'ancienne croyance parlait d'un ciel - en haut - et d'un enfer - en bas. Mais aujourd'hui, les sciences - physiques et l'astronomie, etc. - n'admettent plus ces explications. Il y a un infini cosmique - avec des innombrables autres planètes et un espace non moins infini.
Alors, puisque rien ne saurait être inutile et déraisonnable, ces planètes et cet espace deviennent le lieu du séjour des âmes des morts, c'est-à-dire des Esprits.
« Reste maintenant la question de savoir si l'Esprit peut se communiquer à l'homme, c'est-à-dire s'il peut faire avec lui échange de pensées. Et pourquoi non ? Se demande Allan Kardec. Qu'est-ce que l'homme, sinon un Esprit emprisonne dans son corps ? Pourquoi l'Esprit libre ne pourrait-il se communiquer avec l'Esprit captif, comme l'homme libre avec celui qui est enchaîné ? »
Voici donc le raisonnement : du moment que l'âme survit il est logique qu'elle garde son individualité et qu'elle puisse reconnaître toute âme semblable - celle des vivants comme celle des désincarnés. Il n'y a qu'un seul pas à franchir sur la ligne de ce raisonnement :
« Pourquoi donc après sa mort, d'accord avec un autre Esprit lié à un corps, n'emprisonnerait-il pas ce corps vivant pour manifester sa pensée comme un muet peut se servir d'un parlant pour se faire comprendre ? »
Les sceptiques devant cette hypothèse répondent par un faux raisonnement. Ils disent : « je ne crois pas, donc cela est impossible. » Allan Kardec triomphe. Car le spiritisme prouve par le raisonnement et par les faits, sa validité. Il n'est pas une croyance, positive ou négative.
D'ailleurs toute la théorie des manifestations réside dans la même adhésion au « surnaturel » devenu « naturel ». Puisqu'on admet la possibilité qu'une table vainc la loi de la pesanteur (grâce à un effort énergétique venu de l'extérieur) - et la chose semble alors naturelle - pourquoi ne pas reconnaître à un phénomène semblable une cause « surnaturelle » : un fluide inconnu, l'onde donnée par un esprit, etc. Car les deux faits sont semblables, en tant qu'effets. Seule leur cause diffère.
Or les sceptiques, s'ils reconnaissent la solidité des faits, considèrent par contre que le « merveilleux » ou le «surnaturel » n'est qu'une superstition. Le merveilleux est, selon eux, absurde. Mais les faits - tels les convulsionnaires de Saint-Médard existent bel et bien. Qu'un certain charlatanisme soit tout prêt à exploiter ces phénomènes, c'est possible. Mais il ne faut pas en accuser le spiritisme.
En réalité, le spiritisme donne la clef de ces phénomènes « insolites », « bizarres », « absurdes ». Il fait de la science là où la science y a renoncé.
Allan Kardec parle ensuite des incrédules. Il y trouve plusieurs catégories. Tout d'abord, ceux qui, par orgueil ou amour-propre, ne veulent à aucun prix se rendre à l'évidence. La seconde classe est constituée par les matérialistes indifférents. Pour les convaincre de la vérité du spiritisme, il faut se mettre à leur place et leur démontrer que les lois physiologiques sont impuissantes pour rendre raison de tout. Ils s'avèrent semblables aux naufragés à qui l'on tend une planche de salut.
Mais la troisième catégorie est formée des incrédules de mauvaise volonté. Ils sont à plaindre. La quatrième catégorie est appelée « les incrédules intéressés» ou « de mauvaise foi ». Ceux-là connaissent le spiritisme, mais le condamnent pour des motifs d'intérêt personnel.
Par contre, il y a des croyants ou des spirites sans le savoir. Une foule de prêtres, écrivains, hommes de sciences en font partie. Certains acceptent l'aspect expérimental de la doctrine, d'autres, les principes philosophiques, ou la morale chrétienne. Ils sont tous plus ou moins imparfaits dans leur formation. Alors, il faut les instruire, les convaincre définitivement de la validité totale du spiritisme.
Comment expliquer la théorie ? Ensuite, donner des exemples. Les manifestations auxquelles ils assistent viennent pour corroborer la théorie.
Avant d'en finir avec les notions préliminaires de la doctrine, Allan Kardec s'occupe de différents systèmes d'interprétation du spiritisme, dus à la jeunesse même de cette science. Il ne trouve pas moins de treize systèmes qui donnent une image fausse de la doctrine, contraire à ce qui a été dit dans ses livres. Un voici la liste :
1o Système du charlatanisme : les effets spirites seraient de la supercherie.
2o Système de la folie : les spirites sont des dupes, voir des imbéciles et des fous.
3o Système de l'hallucination : les spirites sont les victimes des sens.
4o Système du muscle craqueur : « la cause des phénomènes spirites, dit un antagoniste, en est dans les contractions volontaires ou involontaires du tendon du muscle court-péronier ».
5o Système des causes physiques : à la place de la négation absolue, apparaît l'explication physique (le spiritisme étant, en réalité, le résultat du magnétisme, de l'électricité ou d'un fluide quelconque).
6o Système du reflet : l'intelligence des assistants ou du médium se reflète dans la manifestation spirite.
7o Système de l'âme collective : c'est une variante du précédent (le tout collectif détermine la manifestation spirite).
8o Système somnambulique : il admet que toutes les communications intelligentes ont leur source dans l'âme ou Esprit du médium.
9o Système pessimiste, diabolique ou démoniaque : l'intelligence qui intervient dans la manifestation est de nature diabolique.
10o Système optimiste : l’intelligence est due aux bons Esprits.
11o Système unispirite ou monospirite : une variante du précédent (il admet qu'un seul Esprit se communique aux hommes, et que cet Esprit est le Christ)
12o Système multispirite ou polyspirite : comprend tous les systèmes passés en revue, mais incomplets (en tant qu'observations).
13o Système de l'âme matérielle : l'âme ne serait que le périsprit qui s'épuise à travers les transmigrations successives.


Deuxième Partie

C'est la partie la plus importante, car elle s'occupe des manifestations spirites. De la nature même de l'Esprit, Allan Kardec conclut que le périsprit est l'élément le plus important dans l'explication d'un phénomène spirite.
En effet, l'Esprit (dont la nature intime de son essence nous échappe) a besoin de matière pour agir sur la matière. Or, son périsprit est matière. Grâce au fluide immense, sorte de véhicule semblable à l'air, il agit et se fait connaître.
Ses manifestations physiques se traduisent par des effets sensibles : bruit, mouvement, déplacement des corps solides Elles peuvent être indépendantes ou provoquées. Dans ce dernier cas, l'exemple le plus répandu est celui des tables tournantes.
Allan Kardec n'ignore pas que la mode et la frivolité on nui au spiritisme expérimental. Cependant les tables tournantes, malgré les railleries, restent le point de départ de la doctrine spirite. L'inter milieu du médium s'avère nécessaire, afin que ce phénomène puisse se produire.
Il n'y a aucun indice de la faculté médiumnique ; l'expérience seule peut la faire reconnaître. Quant à la forme, nature, etc, de la table, elle est indifférente au phénomène.
Pour que la table puisse se mouvoir, il faut donc qui l'Esprit agisse sur le médium. Cela se passe de la manière suivante : « le fluide propre du médium se combine avec le fluide universel accumulé par l'Esprit ». Il faut donc l'union de ces deux fluides, c'est-à-dire du fluide animalisé avec le fluide universel, pour donner la vie à la table.
Il arrive quelquefois que les mêmes phénomènes ont lieu, spontanément, sans participation de volonté. C'est le spiritisme pratique naturel.
Les plus simples et les plus fréquents sont les bruits et les coups frappés. Ce sont des phénomènes naturels et ce serait une erreur de s'en effrayer. Il est vrai aussi que souvent des esprits inférieurs et facétieux aiment à ennuyer les incarnés.
Allan Kardec aborde ensuite l'examen des manifestations visuelles. Ce sont les plus intéressantes, car les Esprits peuvent se rendre visibles. Les apparitions ont lieu pendant le sommeil et, quelquefois, en état de veille.
Ce qui devient visible, c'est le périsprit qui peut produire une flamme. L'apparition a quelque chose de vaporeux. Le médium voit l'Esprit circuler, s'approcher d'une personne, écouter ce qu'elle dit. Le monde occulte se dévoile. Le médium ressemble au microscope qui nous révèle un infini inconnu. Cette expérience effectuée par le médium prouve l'existence du monde invisible.
Ceux qui ne veulent pas admettre son existence, expliquent les visions du médium par la théorie de l'hallucination (c'est-à-dire « errer »). En fait, il ne s'agit que d'un mépris qui ne se donne pas la peine de voir de près le phénomène.
Un autre phénomène est celui désigné sous le nom de bicorporéité : l'Esprit d'une personne vivante, isolé du corps, peut apparaître comme celui d'une personne morte et avoir toutes les apparences de la réalité. L'individu qui se montre simultanément en deux endroits différents a donc deux corps : un réel, l'autre apparent. Dans la transfiguration, c'est encore le périsprit qui prend une autre apparence.
Sous le titre de « laboratoire du monde invisible » Allan Kardec aborde les secrets de l'apparition et de la modification spirite. Les Esprits se présentent vêtus de tuniques, de draperies, etc. Quelquefois, ils viennent avec divers objets tels que bâtons, armes, pipes, lanternes, livres. Où donc l'Esprit a-t-il trouvé ces objets bien tangibles ?
« Il nous vint alors une pensée, dit Allan Kardec, c'est que les corps inertes pouvaient avoir leurs analogues éthérés dans le monde invisible ; que la matière condensée qui forme les objets pouvait avoir une partie quintessenciée échappant à nos sens. Cette théorie, continue Allan Kardec, n'était pas dénuée de vraisemblance, mais elle était impuissante à rendre raison de tous les faits. »
Interrogé, l'Esprit de saint Louis explique le phénomène. En fait il n'y a pas de bâton, de tabatière, cela en tant que doublure éthérée. Par contre, les esprits font subir à la matière éthérée des transformations à leur gré : de sorte qu'ils peuvent créer une apparence tangible. C'est une faculté inhérente à la nature de l'esprit. Certes, ces objets ont une existence temporaire, surtout donnée à sa volonté par nécessité. Il y a donc formation, mais non création l'Esprit ne peut rien tirer du néant.
En ce qui concerne les lieux hantés, Allan Kardec nous dit « ... qu'il y a des Esprits qui s'attachent à certaines localités et s'y tiennent de préférence. Mais qu'ils n'ont pas pour cela besoin de manifester leur présence par des effets sensibles. Un lieu quelconque peut être le séjour forcé ou de prédilection d'un Esprit, même mauvais, sans qu'il s'y soit jamais produit aucune manifestation. »
Il est vrai aussi que « les Esprits qui s'attachaient aux localités ou aux choses matérielles ne sont jamais des Esprits supérieurs ». Mais ils ne sont pas forcément méchants.
Le chapitre suivant explique la nature des communications spirites. Les Esprits agissent sur nos organes et sur nos sens : ils peuvent se manifester à la vue dans les apparitions, au toucher par des impressions tangibles occultes et visibles. Les plus importantes manifestations sont :
a) Les coups frappés ;
b) La parole,
c) L'écriture.

a) Les premières manifestations intelligentes ont été obtenues par les coups frappés ou typtologie. Perfectionné, ce moyen devient « typtologie par bascule » (mouvement de la table qui se lève d'un côté, puis retombe en frappant du pied). Mais la typtologie se perfectionne davantage et devient typtologie alphabétique (désigne les lettres de l'alphabet au moyen des coups frappés).
b) Les Esprits, pouvant produire des bruits et des coups frappés, peuvent tout aussi bien faire entendre des cris de toute nature, et des sons vocaux imitant la voix humaine : c'est la pneumatophonie. Les sons spirites ont deux manières de se produire : soit comme voix intime qui retentit dans le for intérieur, soit comme voix extérieure, comme provenant d'une personne à côté de soi.
c) La pneumatographie est l'écriture produite directement par l'Esprit, sans aucun intermédiaire. (Elle diffère donc de la psychographie, qui est la transmission de la pensée de l'Esprit au moyen de l'écriture par la main d'un médium.) Les communications sont en général spontanées.

Le progrès de la science spirite est dû en grande partie à l'écriture indirecte : par le moyen de la planchette et de la corbeille.
Les dispositions du crayon au fond de la corbeille fait que l'écriture est celle de la corbeille-toupie, ou de la corbeille à bec. On peut également remplacer la corbeille par une petite table (12-15 cm de longueur sur 10 de hauteur). L'écriture est également indirecte.
Allan Kardec en arrive enfin au problème du médium. Nous avons déjà donné dans la partie expérimentale de l'Etude sur le Spiritisme, les définitions et les variétés de médiums. Allan Kardec donne tous les détails souhaitables pour chaque sorte de médium.
Plus importante nous semble la question suivante qui traite de la formation des médiums.
« Il est à remarquer, dit l'auteur, que lorsqu'on interroge les Esprits sur la question de savoir si l'on est ou non médium, ils répondent presque toujours affirmativement, ce qui n'empêche pas les essais d'être souvent infructueux. » La réponse est générale : il faut savoir ensuite quel genre de médium on est (écrivain, auditif, visuel, etc..). Pour qu'on sache si dans une assemblée il y a des médiums-écrivains, il suffit de faire un appel à de bons Esprits : « Au nom de Dieu-tout-puissant, nous prions de bons Esprits de vouloir bien se communiquer par les personnes ici présentes. »
.Le premier indice d'une disposition à écrire est une sorte de frémissement dans le bras et dans la main ; peu à peu, la main est entraînée par une impulsion qu'elle ne peut maîtriser. Souvent, elle ne trace d'abord que des traits insignifiants ; puis les caractères se dessinent de plus en plus nettement, et l'écriture finit par acquérir la rapidité de l'écriture courante.
Lorsque l'Esprit a terminé ce qu'il avait à dire, ou qu'il ne veut plus répondre, la main reste immobile, et le médium, quelles que soient sa puissance et sa volonté, ne peut obtenir un mot de plus.
Un phénomène ordinaire chez les médiums écrivains, est le changement d'écriture selon les Esprits qui se communiquent.
Le médium peut perdre sa faculté médiumnique. Cela signifie que les Esprits ne veulent plus se communiquer à lui. Faut-il alors penser que le médium a fait un usage immoral de sa faculté ? Que le médium interroge sa propre conscience.
Il y a des inconvénients et même des dangers dans la médiumnité.
La faculté médiumnique est l'indice d'un état anormal, mais non pathologique. De plus, l'exercice de la faculté médiumnique amène la fatigue. Pour certaines personnes, il vaut mieux interrompre leur activité trop surexcitante.
Un autre danger est celui des Esprits trompeurs. Ils induisent en erreur les médiums et les précipitent vers l'état pathologique.
Le rôle du médium est à la fois grand et négligeable. On sait que l'âme du médium peut se communiquer comme celle d'un Esprit, surtout si elle jouit d'une parfaite qualité morale. Des êtres incarnés peuvent également se communiquer à des médiums ; mais alors ils parlent comme Esprits et non pas comme hommes.
Quoi qu'il en soit, nous pouvons distinguer facilement chez un médium ce qui vient de lui et ce qui n'est qu'écho en lui. Le médium est à la fois intuitif et mécanique.
Allan Kardec étudie ensuite le comportement moral du médium :
« Si le médium, au point de vue de l'exécution, n'est qu'un instrument, il exerce dans le rapport moral une très grande influence. Puisque, pour se communiquer, l'Esprit étranger s'identifie avec celui du médium, cette identification ne peut avoir lieu qu'autant qu'il y a entre eux sympathie, et, si l'on peut dire, affinité. L'âme exerce sur l'Esprit étranger une sorte d'attraction on de répulsion, selon le degré de leur similitude ou de leur dissemblance, or, les bons ont de l'affinité pour les bons, et les mauvais pour les mauvais, d'où il s'ensuit que les qualités morales du médium ont une influence capitale sur la nature des Esprits qui se communiquent par leur intermédiaire. S'il est vicieux, les Esprits inférieurs viennent se grouper autour de lui et sont toujours prêts à prendre la place des bons Esprits que l'on a appelés. »
Donc, toutes les imperfections morales sont autant de portes ouvertes qui donnent accès aux mauvais Esprits. L'orgueil est la première, la plus dangereuse : elle a perdu de nombreux médiums.
Le milieu où opère le médium a son influence. Mais si, par exemple, les communications concordent avec l'opinion des assistants, ce n'est pas parce que cette opinion se réfléchit dans l'Esprit du médium comme dans un miroir, c'est parce que des Esprits attirés sympathisent avec l'assemblée.

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Les chapitres suivants traitent de l'obsession, de l'identité des Esprits ainsi que des évocations et des réunions en général.
L'obsession est la preuve que des Esprits inférieurs se sont emparés de l'âme du médium. Quand l'obsession est simple, le médium sait qu'il a à faire à un Esprit trompeur. Il reconnaît sa fourberie. Par contre, quand l'obsession devient fascination, le médium est paralysé. L'Esprit a su lui inspirer une confiance aveugle, de sorte qu'il lui fait croire à des idées bizarres. Le médium prétend alors être dans la vérité et n'écoute plus l'avis des autres personnes.
Allan Kardec considère alors que « tout médium doit se défier de l'entraînement irrésistible qui le porte à écrire sans cesse et dans les moments inopportuns ; il doit être maître de lui-même et n'écrire que quand il veut ».
Quant à l'identité des Esprits, il « n'y a pas d'autre critère pour discerner la valeur des Esprits que le bon sens. Car on juge les esprits comme on juge les hommes, à leur langage et à leurs actions. Ainsi qu'aux sentiments qu'ils inspirent ».
Les mauvais Esprits peuvent frauder, en s'emparant du nom d'un Esprit supérieur. Mais nous pouvons les prendre en défaut, car ils ne sauraient pas conseiller le bien ni enseigner la vérité.
L'évocation, c'est l'appel fait à l'Esprit. Cet appel détermine un lien entre lui et nous - nous l'appelons par notre désir, et nous opposons ainsi une sorte de barrière aux intrus. « Sans un appel direct, un Esprit n'aurait aucun motif de venir à nous», dit Allan Kardec.
On peut évoquer tous les Esprits à quelque degré de l'échelle qu'ils appartiennent : les bons comme les mauvais. Quelquefois, l'esprit est empêché de venir : ce sont les causes inhérentes à sa situation ou bien à la nôtre. De plus l'Esprit n'est pas à nos ordres.
Le langage à tenir avec les Esprits ne doit pas être irrévérencieux. Pas trop poli non plus ; le ridicule tue.
Si on invoque l'Esprit d'une personne incarnée, celle-ci risque alors de sombrer dans le sommeil. A son réveil, la personne vivante n'est pas consciente du dialogue qu'elle a eu avec l'assemblée.
Si deux personnes s'évoquent réciproquement, par le moyen « de la télégraphie humaine », le résultat est positif. Ce sera un moyen universel de correspondance.
On peut poser beaucoup de questions aux Esprits appelés. Mais attention aux Esprits mystificateurs : « nous remplirions un volume des plus curieux avec l'histoire de toutes les mystifications qui sont venues à notre connaissance», dit Allan Kardec.
Les réunions spirites peuvent être frivoles, expérimentales ou instructives. Evidemment, ces dernières sont les plus sérieuses. Il faut également que les membres de la société remplissent les conditions suivantes :
a) Parfaite communauté de vues et de sentiments ;
b) Bienveillance réciproque entre eux ;
c) Abnégation de tout sentiment contraire à la véritable charité chrétienne
d) Désir de s'instruire et de s'améliorer par l'enseignez ment des bons Esprits ;
e) Exclusion de toute question dont le but serait la curiosité ou l'amusement ;
f) Recueillement et silence respectueux pendant les entretiens avec les Esprits ;
g) Concours des médiums de l'assemblée avec abnégation de tout sentiment d'orgueil, d'amour-propre et de suprématie.

Chaque séance doit comporter :
1) Lecture de communications spirites obtenues dans la dernière séance, mises au net.
2) Rapports divers. Correspondance. Lecture de communications spirites obtenues au-dehors des séances. Relations de faits intéressant le spiritisme.
3) Travaux d'études. Dictées spontanées. Questions diverses et problèmes moraux proposés aux Esprits. Evocations.
4) Conférence. Examen critique et analytique des diverses communications.

Après avoir donné le Règlement de la Société d'études spirites de Paris, Allan Kardec traite des médiums intéressés. Il dénonce l'intérêt au gain qui pousse certains médiums à tricher. Mais la fraude est vite identifiée.
Quelques instructions spirites provenues d'Esprits d'élite comme : l'Esprit de Vérité, Jeanne d'Arc, Pascal, Saint- Louis, saint Vincent-de-Paul et Fénelon terminent ce important ouvrage sur les médiums, dont le centenaire commencera le 15 janvier 1961.

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