Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

Dernière apparition de Katie King

"Ayant pris une part très active aux dernières séances de Melle Cook, et ayant très bien réussi à prendre de nombreuses photographies de Katie King à l’aide de la lumière électrique, j’ai pensé que la publication de quelques-uns des détails serait intéressante pour nos lecteurs du “Spiritualist”.
« Durant la semaine qui a précédé le départ de Katie, elle a donné des séances chez moi, presque tous les soirs, afin de me permettre de la photographier à la lumière artificielle. »
« Cinq appareils complets de photographie furent donc préparés à cet effet. Ils consistaient en 5 chambres noires, une d’une grandeur de plaque entière, une de demi-plaque, une de quart, plus deux chambres stéréoscopiques binoculaires qui devaient toutes être dirigées sur Katie en même temps, chaque fois qu’elle poserait pour obtenir son portrait. »
« Cinq bains sensibilisateurs et fixateurs furent employés, et plusieurs plaques furent nettoyées à l’avance, prêtes à servir, afin qu’il n’y eut ni empêchement ni retard pendant les opérations photographiques que j’exécutai moi-même, assisté d’un aide. »
« Ma bibliothèque servit de cabinet noir, elle a une porte à deux battants qui s’ouvre sur le laboratoire, un de ces battants fut enlevé de ses gonds et un rideau fut suspendu à sa place pour permettre à Katie d’entrer et de sortir facilement. »
« Ceux de nos amis qui étaient présents étaient assis dans le laboratoire en face du rideau et les chambres noires furent placées un peu derrière eux, prêtes à photographier Katie quand elle sortirait, et à prendre également l’intérieur du cabinet, chaque fois que le rideau serait soulevé dans ce but. »
« Chaque soir, il y avait trois ou quatre positions de plaques dans les cinq chambres noires, ce qui donnait au moins quinze épreuves différentes par séance. Quelques-unes se gâtèrent au développement, d’autres en réglant la lumière. Malgré tout, j’ai quarante-quatre négatifs, quelques-uns mauvais et d’autres excellents. »
« Katie demanda à tous les assistants de rester assis et d’observer les conditions nécessaires. Seul, je ne fus pas compris dans cette mesure, car depuis quelque temps elle m’a donné la permission de faire ce que je veux, de la toucher, d’entrer dans le cabinet et d’en sortir à peu près chaque fois que cela me plaît. »
« Je l’ai souvent suivie dans le cabinet et l’ai vue quelquefois, elle et son médium, en même temps ; mais généralement, je ne trouvais que le médium en léthargie, reposant sur le parquet. Katie et son costume blanc avaient instantanément disparu. »
« Durant ces six derniers mois, Melle Cook a fait chez moi de nombreuses visites, et y est demeurée quelquefois une semaine entière. Elle n’apporte avec elle qu’un petit sac de nuit, qui n’est pas fermé à clé ; pendant le jour elle est constamment en compagnie de Mme Crookes, et moi-même ou de quelqu’autre membre de ma famille, et ne dormant pas seule, il y a un manque absolu d’occasions de rien préparer, même d’un caractère moins compliqué que celui qu’il faudrait pour jouer le rôle de Katie King. »
« J’ai préparé et disposé moi-même ma bibliothèque en cabinet noir, et d’habitude, après que Melle Cook avait dîné et causé avec nous, elle se dirigeait droit au cabinet, et à sa demande, je fermais à clé la seconde porte, gardant la clé sur moi pendant toute la séance. Alors on éteignait le gaz, et on laissait Melle Cook dans l’obscurité. »
« En entrant dans le cabinet, Melle Cook s’étendait sur le plancher, sa tête sur un coussin et bientôt elle était en transe. Pendant les séances photographiques, Katie enveloppait la tête de son médium avec un châle pour empêcher que la lumière ne tombât sur son visage. »
« Fréquemment j’ai écarté le rideau lorsque Katie était debout tout auprès et alors il n’était pas rare que les sept ou huit personnes qui étaient dans le laboratoire puissent voir en même temps Melle Cook et Katie, sous le plein éclat de la lumière électrique. Nous ne pouvions pas alors voir le visage du médium à cause du châle, mais nous apercevions ses mains et ses pieds ; nous la voyions se remuer péniblement sous l’influence de cette lumière intense, et par moments, nous entendions ses plaintes. »
« J’ai une épreuve de Katie et de son médium, photographiés ensemble ; mais Katie est assise devant la tête de Melle Cook. »
« Pendant que je prenais une part active à ces séances, la confiance qu’avait en moi Katie s’accroissait graduellement, au point qu’elle ne voulait pas donner de séance, à moins que je me chargeasse des dispositions à prendre. Elle voulait toujours m’avoir près d’elle et près du cabinet. »
« Dès que cette confiance fut établie, et quand elle eut la satisfaction d’être sûre que je tiendrais les promesses que je pouvais lui faire, les phénomènes augmentèrent beaucoup en puissance, et des preuves me furent données qu’il m’eut été impossible d’obtenir si je m’étais adressé à elle d’une manière différente. »
« Elle m’interrogeait souvent au sujet des personnes présentes aux séances, et sur la manière dont elles seraient placées, car dans les derniers temps elle était devenue très nerveuse à la suite de certaines suggestions malavisées qui conseillaient la force pour aider à des modes de recherches plus scientifiques. »
« Une des photographies les plus intéressante est celle où je suis debout à côté de Katie ; elle a son pied sur un point particulier du plancher. J’habillai ensuite Melle Cook comme Katie ; elle et moi nous nous placâmes exactement dans la même position, et nous fûmes photographiés par les mêmes objectifs placés absolument comme dans l’autre expérience, et éclairés par la même lumière. »
« Lorsque ces deux portraits sont placés l’un sur l’autre, les deux photographies de moi coïncident parfaitement quant à la taille, etc., mais Katie est plus grande d’une demi-tête que Melle Cook et auprès d’elle, elle semble une grosse femme. »
« Dans beaucoup d’épreuves, la largeur de son visage et sa taille diffèrent essentiellement de son médium et les photographies font voir plusieurs autres points de dissemblance. »
« Mais la photographie est aussi impuissante à dépeindre la beauté parfaite du visage de Katie, que les mots le sont eux-mêmes à décrire le chame de ses manières. »
« La photographie peut, il est vrai, donner le contour de son visage, mais comment pourrait-elle reproduire la pureté brillante de son teint ou l’expression sans cesse changeante de ses traits si mobiles, tantôt voilés de tristesse lorsqu’elle racontait quelque amer événement de sa vie passée, tantôt souriante avec toute l’innocence d’une jeune fille, lorsqu’elle avait réuni mes enfants autour d’elle, et qu’elle les amusait en leur racontant des épisodes de ses aventures en Inde ? »
« Autour d’elle, elle créait une atmosphère de vie, ses yeux semblaient rendre l’air même plus brillant, ils étaient si doux, si beaux et si pleins de tout ce que nous pouvons imaginer des cieux, sa présence subjuguait tellement que l’on ne pensait plus que ce fut de l’idolâtrie de se mettre à genoux. »
« J’ai si bien vu Katie récemment, lorsqu’elle était éclairée par la lumière électrique, qu’il m’est possible d’ajouter quelques points aux différences que dans un précédent article j’ai établies entre elle et son médium. »
« J’ai la certitude absolue que Melle Cook et Katie sont deux individualités distinctes, du moins en ce qui concerne leurs corps. »
« Plusieurs petites marques qui se trouvent sur le visage de Melle Cook font défaut sur celui de Katie King. »
« La chevelure de Melle Cook est d’un brun si foncé qu’elle paraît presque noire, une boucle de celle de Katie qui est là sous mes yeux et qu’elle m’avait permis de couper au milieu de ses tresses luxuriantes, après l’avoir suivie de mes propres doigts jusque sur le haut de la tête, et m’être assuré qu’elle y avait bien poussé, est d’un riche châtain doré. »
« Un soir, je comptais les pulsations de Katie : son pouls battait régulièrement 75, tandis que celui de Melle Cook, peu d’instants après, atteignait 90, son chiffre habituel. »
« En appuyant mon oreille sur la poitrine de Katie, je pouvais entendre son cœur battre à l’intérieur, et ses pulsations étaient encore plus régulières que celles de Melle Cook, lorsque, après la séance, elle me permit la même expérience. »
« Eprouvés de la même manière, les poumons de Katie se montrèrent plus sains que ceux de son médium, car au moment où je fis mon expérience Melle Cook suivait un traitement médical pour un gros rhume. »
« Vos lecteurs trouveront sans doute intéressant qu’à vos récits et à ceux de Mme Ross Church, au sujet de la dernière apparition de Katie, viennent s’ajouter les miens, du moins ceux que je puis publier. »
« Lorsque le moment de nous dire adieu fut arrivé pour Katie, je lui demandai la faveur d’être le dernier à la voir. » « En conséquence quand elle eut appelé à elle chaque personne de la société, et qu’elle leur eut dit quelques mots en particulier, elle donna les instructions générales pour la direction future et la protection à donner à Melle Cook. »
« De ces instructions qui furent sténographiées, je cite la suivante : M. Crookes a très bien agi constamment, et c’est avec la plus grande confiance que je laisse Florence entre ses mains, parfaitement sûre que je suis, qu’il ne trompera pas la confiance que j’ai en lui. Dans toutes les circonstances imprévues, il pourra faire mieux que moi-même car il a plus de force. »
« Ayant terminé ses instructions, Katie m’engagea à entrer dans le cabinet avec elle, et me permit d’y demeurer jusqu’à la fin. »
« Après avoir fermé le rideau, elle causa avec moi pendant quelque temps, puis elle traversa la chambre pour aller à Melle Cook qui gisait sans connaissance sur le plancher. Se penchant sur elle, Katie la toucha et lui dit : éveillez-vous, Florence, éveillez-vous ! Il faut que je vous quitte maintenant ! »
« Melle Cook s’éveilla, et tout en larmes, elle supplia Katie de rester quelque temps encore. »
« Ma chère, je ne le puis pas ; ma mission est accomplie, que Dieu vous bénisse ! » répondit Katie, et elle continua à parler à Melle Cook. »
« Pendant quelques minutes, elles causèrent ensemble jusqu’à ce qu’enfin les larmes de Melle Cook l’empêchent de parler ; suivant les instructions de Katie, je m’avançai pour soutenir Melle Cook qui s’était affaissée sur le plancher et qui sanglotait convulsivement. » « Je regardai autour de moi, mais Katie aux vêtements blancs avait disparu. »
« Dès que Melle Cook fut assez calme, on apporta une lumière et je la conduisis hors du cabinet. »
« Les séances presque journalières dont Melle Cook m’a favorisé dernièrement ont beaucoup éprouvé ses forces, et je désire faire connaître le plus possible les obligations que je lui dois pour son empressement à m’assister dans mes expériences. »
« Malgré les épreuves difficiles que j’ai proposées elle a accepté de s’y soumettre avec la meilleure volonté ; sa parole est franche et va droit au but et je n’ai jamais rien vu qui put en rien ressembler à la plus légère apparence du désir de tromper. Vraiment, je ne crois pas qu’elle put mener une fraude à bonne fin si elle venait à l’essayer, et si elle le tentait, elle serait promptement découverte, car une telle manière de faire est tout à fait étrangère à sa nature. »
« Quant à imaginer qu’une innocente écolière de quinze ans ait été capable de concevoir et de mener pendant trois ans avec un plein succès une aussi gigantesque imposture que celle-ci et que pendant ce temps elle se soit soumise à toutes les conditions qu’on a exigées d’elle, qu’elle ait supporté les recherches les plus minutieuses, qu’elle ait consenti à être inspectée à n’importe quel moment, soit avant, soit après une séance. »
« Qu’elle ait obtenu encore plus de succès dans ma propre maison que chez mes parents, sachant qu’elle y venait expressément pour se soumettre à de sévères contrôles scientifiques, quant à imaginer, dis-je, que la Katie King des trois dernières années est le résultat d’une imposture, cela fait plus de violence à la raison et au bon sens que de croire qu’elle est ce qu’elle affirme elle-même. »
« Il ne serait pas juste de ma part de terminer cet article sans remercier Mme et M. Cook pour les grandes facilités qu’ils m’ont données afin de m’aider à poursuivre mes observations et mes expériences. »
« Mes remerciements et ceux de tous les spiritualistes sont dus aussi à M. Charles Blackburn pour sa générosité qui a permis à Melle Cook de consacrer tout son temps au développement de ses manifestations et en dernier lieu à leur examen scientifique. »
William Crookes.

Afin de décider le professeur W. Crookes à s’occuper d’elle et de sa médiumnité, Melle Cook fit une démarche particulière auprès du savant.
En ceci, elle fut sans doute guidée par ses bons Esprits, car, à cette époque, nul ne pouvait dire si elle sortirait victorieuse du combat terrible qui lui était livré par les ennemis déclarés du Spiritisme.
Miss Cook, raconte elle-même les faits, voici ce qu’elle dit.

 

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