Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

Les témoignages - suite


Le témoignage de M. Benjamin

Le 18 novembre 1873, une réunion eut lieu chez M. Luxmoore ; les observations suivantes furent rapportées par M. Coleman.
La séance eut lieu dans le grand salon ; on y fit du feu toute la soirée. Le petit salon servit de cabinet noir, des rideaux sombres furent pendus à l’ouverture ; une lampe éclairait le grand salon. Les quatorze assistants des deux sexes assis à une petite distance du cabinet, pouvaient se voir distinctement ; à aucun moment la lumière ne fut éteinte.
Une chaise basse fut placée dans le cabinet noir pour Melle Cook ; elle s’assit dessus. M. Luxmoore pria M. Blackburn et M. Coleman de l’attacher ; ses mains furent liées avec un ruban de fil dont les bouts furent cousus ensemble et cachetés ; on passa ensuite ce ruban autour de sa taille où il fut solidement noué, puis cousu, et on l’attacha à un crampon de fer fixé au sol en lui laissant quelques centimètres de jeu.
Il était absolument impossible à Melle Cook de s’éloigner de sa chaise de plus de quelques pouces. Lorsque toutes ces précautions furent prises, on attendit.
Au bout d’un instant, la forme de Katie King s’avança, libre, dans le salon, elle était vêtue d’une robe blanche flottante, retenue à la taille par une ceinture ; ses manches étaient longues et descendaient au poignet ; une sorte de capuchon couvrait sa tête, les pans retombant sur ses épaules ; ses cheveux étaient serrés par des bandes d’étoffe.
Elle salua les personnes présentes, chacune à leur tour, mais s’inquiéta d’abord du nom d’un nouveau venu qui lui était inconnu. M. Coleman demanda à Katie si elle avait des chaussures ou des bas.
Elle répondit non en soulevant sa robe, laissa voir ses pieds nus ; afin que tous fussent satisfaits, elle posa son pied sur le genou de Mme Corner, d’une manière très naturelle et dit : « à présent, vous pouvez tous voir que mes pieds sont nus, n’est ce pas ? »
On avait préparé des crayons et du papier sur la table ; M. Coleman demanda si elle consentirait à lui écrire quelques paroles : « oui, je veux bien » dit-elle ; prenant une chaise elle demanda : « que faut-il écrire ? »
M. Coleman répondit qu’il préparait un ouvrage sur le grand Juge Edmonds et que peut-être, elle pourrait lui envoyer quelque message. Katie essaya d’écrire sur ses genoux, et ne se trouvant pas à l’aise, elle demanda un objet dur pour mettre sous le papier ; on lui passa un livre et elle écrivit la lettre suivante.
« Mon cher ami, vous m’avez demandé de vous écrire quelques mots. Je souhaite un grand succès pour votre ouvrage sur le Juge Edmonds ; ce juge est très bon, il travaille sérieusement, donnez-lui un affectueux souvenir de ma part. »
« Je l’apprécie bien, quoiqu’il ne me connaisse pas. Mon pouvoir diminue et je vous fais mes meilleurs souhaits. Je suis votre amie sincère, Katie King de son vrai nom : Annie Morgan. »
Elle donna la lettre à M. Coleman qui la lut tout haut ; puis, il dit à Katie : « je remarque que vous avez omis l’adresse » ; elle la reprit et la déplia, alors elle écrivit sur le dos, le nom de M. Coleman. Ce dernier demanda ensuite la permission de toucher l’étoffe de sa robe ; elle s’approcha de lui et il prit la robe des deux mains, tirant sur l’étoffe ; il eut cette impression que c’était du tissu très léger, blanc et solide, ressemblant à du nansouk. Katie passa ensuite autour du groupe et pressa délicatement la main de chaque personne.
Pendant la séance, ses mains et sa figure étaient rosées, vivantes et point pâles, comme jadis ; ses joues étaient colorées et, en somme, elle avait l’apparence d’une jeune femme distinguée et gracieuse ; elle se baissa même pour ramasser deux feuilles de papier tombées à terre, se dérangeant pour les remettre sur la table.
Ce fait compléta l’impression que tous les assistants avaient ressentie, que, pendant une heure et demie, nous avions causé avec une femme vivante, intelligente, qui glissait plutôt qu’elle ne marchait parmi nous. Par sa surveillance constante du médium elle prouvait que là était sa source de vie, le lien qui la soutenait.
En résumé, nous avions été les témoins de faits absolument naturels et merveilleux. Après la séance, nous constatâmes que les rubans qui retenaient Melle Cook étaient intacts ; du reste, le fait que Melle Cook fut trouvée endormie, habillée autrement que l’Esprit, et la disparition de Katie suffirait à prouver que Melle Cook et l’apparition étaient deux individualités très distinctes l’une de l’autre.

Témoignage du Dr Sexton

Pendant plusieurs années, le Dr Sexton, professeur très connu, s’était signalé par son hostilité contre le Spiritisme, ses principes et ses phénomènes. Il était matérialiste et niait l’existence d’une vie future. Il combattait dans des conférences publiques la doctrine spirite.
Après quinze ans de scepticisme, au cours desquels il ne négligea cependant pas de faire des investigations, il finit par trouver des preuves qui modifièrent sa manière de voir et dut s’incliner devant l’évidence.
Voici à la suite de quels faits sa conversion se produisit. Des réunions eurent lieu chez lui, composées des seuls membres de sa famille et de quelques amis intimes, dont la médiumnité s’était développée.
Il obtint enfin des preuves irréfutables qui établissaient l’authenticité des communications données par des parents et amis défunts, pendant les séances tenues dans sa propre maison.
Quelque temps après, le Dr Sexton désira assister à une séance spirite organisée par M. Luxmoore, chez lequel on se réunissait souvent pour observer les manifestations de Katie King.
M. Sexton se rendit à la séance du 25 novembre 1873. Les précautions habituelles furent prises ; on attacha Melle Cook à sa chaise pour la satisfaction des sceptiques. Attachée comme elle l’était, il lui semblait impossible que Melle Cook pût bouger plus de quelques centimètres.
Voici le résultat de ses observations.
« A l’ouverture de la séance, on chanta comme d’habitude. »
« Les lumières furent baissées, cependant on pouvait s’apercevoir distinctement, ainsi que tout ce qui se passait dans la salle. Le médium fut vivement entransé, puis des mains parurent par une ouverture en haut du cabinet, et Katie fit entendre qu’elle était présente. »
« Peu de temps après, le rideau s’écarta et la forme complète de l’Esprit, vêtue de blanc, parut distinctement visible pour tous. Katie King me pria de lui poser des questions, ce que je fis pendant une demi-heure au moins. Mes questions étaient plutôt d’une nature philosophique et se rapportaient principalement aux lois et aux conditions d’après lesquelles les Esprits peuvent se matérialiser. »
« Il était très douteux qu’une jeune personne comme le médium pût y répondre elle-même. Les réponses que fit l’Esprit à mes questions étaient si satisfaisantes que plusieurs personnes présentes, très instruites, déclarèrent que l’information donnée était telle qu’elles l’avaient souvent désirée, mais n’avaient jamais pu l’obtenir. »
« L’Esprit Katie sortit du cabinet plusieurs fois dans la soirée et se promena parmi nous. Elle montra ses pieds qui étaient parfaitement nus ; ellle frappa du pied pour nous prouver qu’elle ne se tenait pas sur ses pointes, détail qui a une grande importance, car elle était de quatre centimètres plus grande que le médium Melle Cook. Sa figure et son teint étaient presque totalement différents de ceux du médium. »

Le phénonème de la matérialisation d’un Esprit était si nouveau pour tous, que même des spirites incrédules cherchaient à expliquer par la fraude ce qu’ils ne comprenaient pas. Ils supposaient que miss Cook se déguisait pour jouer le rôle de Katie King. Un M. Volckmann voulut le prouver en saisissant l’Esprit. Il se leva subitement et chercha à maintenir Katie : celle-ci, cependant, réussit à lui échapper et l’on trouva miss Cook sur sa chaise, comme à l’ordinaire, avec tous les liens qu’on lui avait mis au début de la séance. Cet incident confirma l’authenticité du phénomène et beaucoup de personnes écrivirent alors des témoignages en faveur du médium.

« Elle traversa la chambre pour s’approcher de moi, me toucha à la tête et s’éloigna aussitôt. Je lui demandai de venir m’embrasser. Elle répondit qu’elle essaierait. Quelques instants après, elle vint vers moi et m’embrassa sur le front, trois ou quatre fois. »
« Je dois ici faire la remarque que, quoique le bruit des baisers fut distinctement entendu par tous et que chacun l’eût vue se pencher sur moi, je n’ai pas ressenti, cependant, le contact de ses lèvres. »
« Vers la fin de la séance, l’Esprit me pria de voir si le médium était toujours attaché à la chaise. M. Luxmoore souleva la portière, en disant : « elle est là, étendue dans le coin, puis il referma l’ouverture. »
« Comme j’étais au fond de la pièce, je n’avais pu voir l’intérieur du cabinet. »
« Katie demanda tout de suite : « est-ce que le Dr Sexton a bien vu ? »
« Je répondis : « non, pas tout. »
« Alors, dit-elle, venez voir, je désire que vous regardiez vous-même. »
« Je traversai la salle de suite et soulevai le rideau que fermait le cabinet. Je vis alors Melle Cook assise ou plutôt étendue, en transe sur la chaise à laquelle elle était liée. Les nœuds et les cachets étaient intacts. »
« La séance continua encore pendant une bonne heure. Je dois ajouter que l’Esprit écrivit plusieurs billets, dans le cours de la soirée, pour les personnes présentes. »
« Voici celui que je reçus : « mon cher Dr Sexton je suis contente que vous m’ayez adressé des questions. Bien à vous, Annie Morgan. »
« Ainsi se termina l’une des plus merveilleuses séances à laquelle j’ai eu le bonheur d’assister. »

Témoignage du Dr J.M. Gully

Très renommé comme praticien. Habile et distingué, le Dr Gully a dirigé pendant plusieurs années l’établissement situé à Great Malver (Angleterre), bien connu pour les cures d’eau.
Le docteur avait déjà étudié les manifestations spirites obtenues par la présence du médium D. Home et il était convaincu de la réalité des phénomènes.
Il donne le compte rendu suivant de séance qui eut lieu chez M. Luxmoore, le 28 novembre 1873, avec le médium Melle Cook.
« L’Esprit Katie King parut, cette fois vêtu d’une robe blanche beaucoup plus longue et plus flottante que d’habitude ; les manches descendaient jusqu’aux poignets où elles étaient serrées. »
« Un voile d’une transparence merveilleuse couvrait sa tête et son visage et donnait à toute sa personne une apparence de grâce et de pureté que les mots sont impuissants à décrire. »
« L’Esprit souhaita la bienvenue à chaque personne du cercle en les nommant ; puis elle rentra dans le cabinet noir où on l’entendit remuer des meubles et parler au médium qui était attaché comme de coutume. »
« Elle revint, apportant une chaise basse qu’elle plaça au milieu de notre cercle ; elle s’assit dessus et nous demanda de chanter tous en chœur, mais pas trop fort, car elle voulait essayer de joindre sa voix à la nôtre. »
« Nous entendîmes alors la voix claire de contralto qu’elle a fait entendre à différentes occasions. Il est impossible de traduire, en paroles, l’impression de cette voix émise par un habitant d’outre-tombe ! »
« Après cela, elle nous pria de former la chaîne afin de lui fournir le plus de force possible, pour lui permettre d’accomplir ce qu’elle désirait. Elle se retira pendant quelques minutes auprès de son médium pour puiser une énergie nouvelle dans son fluide vital. »
« Revenant parmi nous, elle fit le tour du cercle d’un pas délibéré, touchant chaque personne à son tour, les dames à la joue, les messieurs sur les mains ; nous étions au nombre de quatorze. »
« A un monsieur, Katie dit d’étendre la main, qu’elle voulait la lui serrer, ce qu’elle fit. Puis elle nous demanda de la questionner et voici, à peu près, la conversation qui eut lieu. »
« Vous est-il possible de nous expliquer quelles sont les forces que vous employez pour former ou dissoudre votre corps ? »
« Non, je ne le puis ! »
« Est-ce de l’électricité ou quelque chose de similaire ? »
« Non, on dit des bêtises en disant que c’est de l’électricité. »
« Mais, n’avez-vous pas un nom ou un mot pour nous expliquer votre procédé ? »
« C’est plutôt par une puissance de volonté que par autre chose ; en somme c’est la volonté qui est la base du pouvoir que j’emploie. »
« Où allez-vous quand vous disparaissez ? »
« Je rentre dans le médium en lui rendant toute la vitalité que je lui ai prise. Quand je lui ai emprunté une grande force elle n’en a presque plus, et si l’un de vous la saisissait par la taille et essayait de la soulever, vous pourriez causer sa mort subite ; elle serait suffoquée. »
« Je puis me réunir à mon médium ou me former hors de son corps, facilement, mais comprenez bien que je ne suis pas elle, ni son double non plus, je suis moi-même, toujours. »
« Quand vous vous dématérialisez, qu’est-ce qui disparaît d’abord, votre corps ou votre robe ? »
« Le corps, bien sûr, le pouvoir matériel qui l’animait retourne au médium, ensuite la robe rentre dans ses éléments. »
« Pensez-vous qu’une personne de ce monde puisse jamais comprendre les pouvoirs que vous employez en vous manifestant ? »
« Non, jamais vous ne le pourrez. »
« Vous nous dites que vous êtes vous-même et non pas le double du médium, qui étiez-vous donc sur cette Terre ? »
« J’étais Annie Morgan. »
« Etiez-vous mariée ? »
« Oui, mais ne me parlez pas de cela. » « (En disant ces mots, elle se retira derrière le rideau, apparemment elle était peinée ou vexée de la question ; cela lui était déjà arrivé auparavant lorsqu’on la questionnait sur sa vie de jeune femme.) Elle revint bientôt parmi nous ; on lui demanda alors si elle avait un mari actuellement. »
« Certainement que j’en ai un. »
« Pouvez-vous nous dire à quelle époque vous viviez sur la Terre ? »
« Je me suis désincarnée à l’âge de vingt-trois ans ; j’ai vécu pendant la fin du règne de Charles Ier, pendant la république et pendant le commencement du règne de Charles II. »
« Je me souviens très bien des grands chapeaux pointus du temps de Cromwell et des chapeaux à larges bords que l’on portait sous Charles Ier et Charles II ; les hommes avaient les cheveux courts, mais Cromwell les portait longs. »

« A ce moment, l’heure était venue de terminer la réunion, le médium ne pouvant rester plus longtemps en transe sans que sa santé en souffrit. »
« L’Esprit Katie aurait voulu parler encore, mais M. Luxmoore insista vivement pour qu’elle se retirât et la séance prit fin. »
« Ce n’est pas toujours, ni même souvent que Katie King est en humeur de donner des informations sur son histoire présente ou passée. Je pense qu’elle refuse d’en parler parce qu’on l’a habituée, trop, à mon avis, à plaisanter en causant avec les assistants. »
« Les facéties lui plaisaient, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’elle déclarait appartenir à une sphère spirituelle peu élevée. Ceci n’est qu’une supposition de ma part. »
Ainsi se termine le récit du Dr Gully. Nous ajouterons que les Esprits qui se prêtent aux phénomènes physiques ne sont jamais d’un rang élevé, ils sont incapables d’apporter de grands enseignements.
Cette mission incombe à des Esprits supérieurs et ceux-ci ne supportent jamais la trivialité.

Témoignage du Prince Emile de Sayn Wittgenstein

Les détails qui suivent ont été envoyés à M. Leymarie par le prince E. De Sayn Wittgenstein à la suite d’une séance à laquelle il avait assisté.
« Le 16 décembre 1873, je rentrai émerveillé à mon hôtel, j’étais ahuri de tout ce que j’avais vu et entendu. »
« Chez Melle Cook où j’étais à huit heures, M. Luxmoore a permis que l’on visitât en toute liberté les deux salons ainsi que leurs meubles, liberté dont pour ma part j’ai usé largement ; Melle Florence Cook fit son entrée ; ses mains furent liées solidement l’une contre l’autre par nous, avec des rubans en fil ; un autre ruban fut passé autour de sa taille ; elle s’assit et le ruban passé dans un anneau rivé au siège fut enroulé sur son cou, de telle manière qu’elle ne pouvait bouger. Les nœuds furent cachetés avec de la cire par les assistants. »
« Une seule lampe, légèrement baissée et recouverte d’un abat-jour bleu, éclairait suffisamment le salon ; on forma la chaîne en un demi-cercle dont les extrémités touchaient le cabinet. »
« Après quelques minutes d’attente, une sorte de doux chuchotement nous prévint de la présence de l’Esprit ; puis la draperie formant portière devant le cabinet s’agita vivement. Un bras nu en sortit pour faire un signe. »
« Enfin la tenture s’ouvrit et la plus ravissante des apparitions se présenta à nos yeux ; elle se tenait droite, le bras droit posé sur sa poitrine, l’autre bras pendant le long du corps. Elle semblait passer en revue les personnes présentes. »
« C’était l’Esprit de Katie King, mille fois plus belle que sa photographie ; j’avais devant moi une jeune femme idéale, grande, souple, élégante au possible ; sous son voile blanc passaient quelques boucles de cheveux châtains ; sa robe traînante comme un péplum gracieusement drapé, couvrait entièrement ses pieds nus ; ses bras ravissants, minces et blancs, étaient visibles jusqu’au-dessus du coude. »
« Les attaches de ce corps sont fines ; les mains un peu grandes ont des doigts longs et effilés, roses vers les extrémités ; la figure est plutôt ronde qu’allongée et un peu pâle ; la bouche est souriante, les dents fort belles, le nez aquilin, les yeux bleus fort grands, fendus en amande et frangés de longs cils qui semblent les abriter ; les sourcils sont beaux et finement arqués. Dans cette vision que j’ai froidement contemplée et analysée, tout est vivant, l’étoffe même de son voile est réelle au toucher. A une certaine distance on la prendrait pour Melle Cook. »
« D’après la loi établie, le périsprit emprunté par un Esprit au médium en garde l’empreinte. C’est comme un air de famille. Mais ici, l’apparition est grande, svelte, pleine de distinction, tandis que Melle Cook, quoique très jolie, est beaucoup plus petite. Les mains sont menues et il ne peut y avoir de confusion ; ce sont deux personnes distinctes. »
« L’apparition se retira, pour reparaître de mon côté, près du rideau où j’étais placé. Elle semblait m’examiner curieusement, et je m’aperçus qu’en elle ce qui rappelle le spectre, c’est l’œil ; il est beau au possible, mais il est hagard, fixe, avec un regard glacial ; malgré cela la bouche sourit, la poitrine se soulève ; en elle tout dit : je suis heureuse d’être un moment parmi les mortels. »
« De son petit ton saccadé, mais infiniment gracieux, elle nous dit. »
« Je ne puis encore trop m’éloigner de mon médium mais bientôt j’aurai plus de force. »
« Quand on ne comprenait pas ce qu’elle disait, elle le répétait avec une impatience marquée. Elle s’avança vers moi, m’inspectant avec une sorte de curiosité méfiante, faisant de petits signes de tête coquets et souriants, quand tout bas je lui adressais des paroles émues. »
« Devenue plus hardie, elle me demanda mon nom, voulut savoir ce que signifiait la décoration que je portais, puis disparut ensuite pour reparaître de l’autre côté de la porte. Pendant sa courte absence, dans les pièces contiguës, on entendait les meubles rouler, se bousculer avec bruit et des coups furent frappés. »
« A deux reprises, je lui demandai de me montrer son pied. Elle releva d’abord gracieusement sa robe et me présenta le bout de son pied. Sur mon insistance, elle le découvrit jusqu’à la cheville ; je vis un pied délicat, celui d’une statue antique, blanc, potelé et mignon, haut et cambré, les doigts finement attachés et d’une ligne irréprochable, mais tout cet ensemble se mouvait d’une pièce : la vie réelle manquait. »
« Katie King riait, plaisantait avec chaque assistant, les interpellant par leur nom, avec une espièglerie enfantine. Elle gesticulait de la main droite comme le font les femmes d’Orient avec les mouvements de doigts et les flexions de poignets particuliers à ces races, accentuant ainsi ses paroles en les accompagnant de gracieuses inclinaisons de la tête. »
« Souvent, avec un geste pudique, elle ramenait le voile sur son cou ; en un mot, tout en elle, traits, taille, costume, gestes, porte l’empreinte des femmes du Levant. »
« Je la priai, si cela était possible, de m’écrire quelque chose. M. Luxmoore voulut s’y opposer, mais Katie King donna une petite tape sur la tête et demanda du papier et une plume. On plaça du papier à terre devant elle. »
« Se baissant avec rapidité, elle écarta vivement ce qui ne lui convenait pas, avec un geste mutin ; prenant une feuille de papier blanc que je lui tendis, elle la trouva trop résistante et en choisit elle-même quelques autres dans le tiroir d’une table ; elle se décida pour un porte-crayon offert par M. Luxmoore, puis écrivit rapidement en l’air, sans appuyer la feuille de papier. »
« Mon cher Emile, je n’oublierai pas ma promesse de venir en Allemagne. Je vous reverrai avant peu ; toujours votre amie. Annie Morgan. »
« Elle signa ainsi, prétendant que c’était là son vrai nom. L’écriture est celle d’une communication médiumnique ordinaire, mais il est curieux et très intéressant d’avoir vu un Esprit nous donner personnellement de son écriture. »
« Le sens de la lettre fut motivé par ma prière mentale ; je désirais, en effet, qu’elle vint en Allemagne. Elle demanda mon adresse, mais je la priai de s’adresser à mes Esprits protecteurs qui la guideraient ; elle répondit. »
« J’irai » mais elle ajouta verbalement : « sans doute vous ne pourrez me voir. Je ne viendrai qu’après avoir quitté mon médium, dans quelques mois. »
« Melle Cook m’avait dit, au commencement de la soirée, que Katie King la quitterait dans quelques mois ; elle n’en semblait point contrariée, car souvent elle avait des disputes avec elle, tout en étant soumise à l’Esprit protecteur du médium. Melle Cook, chose curieuse, tout en aimant Katie King et en étant sans cesse avec elle, en a peur, surtout la nuit. »
« A cette heure, elle n’aime pas la voir paraître inopinément, d’autant plus qu’elle lui fait des farces ; elle la jette quelquefois hors de son lit ; évidemment, parfois, il y a un cas d’obsession. »
« Vers la fin de la soirée, Katie King, semblait peu à peu se familiariser avec moi et me prendre en amitié, grâce aux paroles bienveillantes et fraternelles que je lui adressais tout bas. De préférence, elle se tenait de mon côté, sans avancer plus loin que la porte, répondant avec ingénuité à mes demandes. »
« Un monsieur de la société, peu intelligent, ayant adressé une demande inconvenante à Katie King, elle froissa vivement quelques feuilles de papier qu’elle lui jeta avec dédain ; elle déclara vouloir réveiller son médium et, pendant le chant qui termine les séances, elle démagnétisa Melle Cook avec vivacité, nous dit bonsoir et disparut. »
Ainsi se termine le récit du prince ; lorsqu’il fut rentré en Allemagne, il eut l’idée d’une expérience nouvelle avec Melle Cook, qui réussit parfaitement.
Le « Spiritualist » publia une lettre du prince de Wittgenstein dans son numéro du 10 juillet 1874. Dans cette lettre, datée de Nieder walluf, sur le Rhin, le prince donne les résultats de son expérience ; voici la traduction de son article.
« Un phénomène fort curieux, l’écriture directe, a été récemment obtenu par Melle Cook. Je lui avais demandé de placer la nuit, sur sa table, une lettre cachetée que je lui avais envoyée, et de mettre à côté des crayons et du papier. M. William Crookes, prenant part à l’expérience, enferma ma lettre dans une nouvelle enveloppe sur laquelle il apposa lui-même plusieurs cachets pour être sûr que la lettre ne pouvait pas être lue sans qu’ils fussent brisés. (L’Esprit Katie devait donc faire preuve de clairvoyance.) »
« Après l’expérience, la lettre me fut renvoyée, je remarquai que les cachets de M. Crookes étaient intacts, ainsi que tous les miens. Katie King avait copié le contenu de ma lettre, mot pour mot, sans erreur ni omission, sur une feuille de papier séparée. Elle m’écrivit une réponse personnelle, avec le post-scriptum suivant. »
« J’ai recopié votre lettre, cher ami, pour vous montrer que je l’ai réellement lue. Je m’en remets à votre bonté pour excuser les erreurs, s’il y en a, car je n’ai encore rien fait de pareil.
Annie Morgan ou Katie King. »


« Je ne dis pas que cela est possible, je dis que cela est. » William Crookes

On comprend, d’après l’intérêt que présentent ces témoignages multiples, quelle place occupe dans l’histoire du Spiritisme, la figure étrange de Katie King, et l’on s’explique que M. Sardou ait tenu à citer son nom dans sa dernière pièce, comme un des plus curieux exemples de médiumnité contemporaine.
Parmi les témoins qui eurent le privilège d’assister à ces séances remarquables, plusieurs émirent des doutes sur la réalité des apparitions. Il leur semblait presque impossible de croire qu’un Esprit puisse se matérialiser et se rendre ainsi visible et tangible pour tous.
Ils s’étonnaient de voir que Katie King se laissait toucher, qu’elle pouvait écrire des lettres sous les yeux des spectateurs, sa conversation même les remplissait d’étonnement. Elle montrait tous les traits de caractère d’une jeune femme vive et pétulante, puis elle disparaissait tout-à-coup en rentrant dans le cabinet et plus rien !
C’était plus qu’il n’en fallait pour mettre en éveil la curiosité de tous les spirites ou des sceptiques qui avaient pu contempler ses traits et toucher son corps improvisé. Les uns voulaient dévoiler le truc qu’ils supposaient exister ; les autres cherchaient à contrôler scientifiquement les faits spirites ; ce sont ces derniers qui l’emportèrent, hâtons-nous de l’ajouter, pour la plus grande gloire du Spiritisme !…
Depuis le départ de Katie King, d’autres médiums ont obtenu les mêmes phénomènes, qui ne sont pas aussi rares qu’on le pense ; seulement, les conditions nécessaires à leur obtention sont insuffisamment connues.

On possède un grand nombre d’affirmations en faveur de la sincérité de miss Cook et de l’impossibilité qu’il y aurait eu pour elle de tromper, étant données les précautions avec lesquelles les expériences se faisaient. Il faut lire les récits de M. Coleman, du Dr Sexton, qui resta quinze ans, un adversaire décidé du Spiritisme, de M. le docteur Gully, praticien distingué, du Prince de Sayn-Wittgenstein, etc. pour être convaincu que les séances avaient lieu dans des conditions sévères de contrôle.
Extrait du livre de Gabriel Delaune, Les Apparitions Matérialisées.

Témoignage de M. George H. Tapp

Ce monsieur, membre de la Société spirite de Dalston avait connu Melle Cook au début. Il donne beaucoup de détails afin de mieux établir la différence qui existait entre Melle Florence Cook le médium et l’Esprit Katie.
Il déclare que :
Les points de dissemblance entre Katie et le médium étaient souvent remarquables, non seulement pour les traits, mais aussi pour la grandeur et la forme. La ressemblance entre les deux était parfois à peine perceptible. Lorsqu’il vit la forme complète de l’Esprit pour la première fois, elle mesurait cinq pieds six pouces, debout et pieds nus sur le parquet. Elle était forte et large des épaules et contrastait beaucoup avec son médium qui était beaucoup plus petite et plus mince.
Katie King s’est souvent tenue debout à côté de M. Tapp, elle s’est même appuyée contre lui, pendant plusieurs minutes en lui permettant de bien examiner sa figure sous une forte lumière.
Une fois, l’Esprit posa son bras droit sur ses mains étendues et lui permit de l’examiner de près. M. Tapp remarqua que le bras était rond ; bien formé et aussi plus long que celui de Melle Cook. Les mains étaient beaucoup plus grandes et les ongles bien faits, très différents de ceux du médium qui avait la mauvaise habitude de les ronger. Ce dernier détail prouve bien la différence des deux personnes.
Pendant que d’une main il tenait le bras de Katie. M. Tapp passa légèrement son autre main le long du bras, commençant par le haut.
La peau était excessivement lisse, comme de la cire ou du marbre, cependant il était chaud, la température était la même que celle d’une personne ordinaire en bonne santé.
Il n’y avait pas d’os au poignet. Je la serrai légèrement de nouveau, puis, je dis à Katie que les os manquaient.
Elle se mit à rire et répondit : « attendez un moment. »
Alors elle circula parmi les autres personnes, puis revint et plaça de nouveau son bras sur la main de M. Tapp ; cette fois, il fut satisfait, il reconnut la présence des os…
En deux autres occasions, il vit que Katie avait de longues boucles qui lui tombaient jusqu’à la taille ; les cheveux étaient de couleur châtain clair, tandis qu’au contraire, les cheveux du médium étaient coupés courts, non frisés et étaient d’un brun foncé, presque noir.
Les yeux de Katie n’étaient pas toujours de la même nuance, quelquefois ils étaient bleu clair, d’autres fois brun foncé, différence remarquée par plusieurs témoins (rien n’est plus difficile que de dire exactement la couleur des yeux en général, car ils changent par le reflet des couleurs qui sont près du visage, chacun peut le constater).
Un certain soir, Katie King sortant du cabinet, leva son bras droit, il était de couleur sombre, presque noir ; puis le laissant tomber le long de son corps, elle le releva de nouveau et le bras avait repris sa couleur naturelle de chair blanche, comme l’autre.
A l’une des séances, M. Tapp se permit de plaisanter avec Katie ; elle se fâcha et lui envoya brusquement un fort coup de poing à la poitrine, il fut fort surpris, le coup lui ayant fait assez de mal et il saisit immédiatement Katie par le poignet droit.
« Son poignet, dit-il, céda sous ma pression, comme un morceau de carton mince ou de papier, et même, je dirai plus, mes doigts se rencontrèrent à travers son bras qui fondait en fluide. »
« Je desserrai mes doigts, et exprimai mes regrets d’avoir oublié les conditions, car je craignais vivement que le médium ne souffrit par mon imprudence ; mais Katie King me rassura en me disant que mon acte ayant été involontaire, elle pourrait empêcher de mauvais résultats pour la santé de Melle Cook. »
Pour conclure, M. Tapp se porte garant de la bonne foi et de l’intégrité de Melle Cool et de sa famille. Il est évident que quelque pouvoir anormal était en œuvre pendant les séances de Melle Cook, aucun investigateur intelligent ne semble l’avoir nié.
Katie était à peine partie depuis quarante secondes qu’on tirait le rideau du cabinet ; on voyait alors Melle Florence Cook se réveiller lentement.
Matériellement, il était impossible que le médium eût pu changer de robe et mettre ses bottines en un instant ; de plus, la couleur des cheveux était changée, toute trace de vêtements blancs et flottants dont l’Esprit se servait, avait disparu.
Miss Cook portait généralement une robe noire, ajustée et se chaussait de bottines très hautes qui demandaient un certain temps à mettre. Ceci pour bien démontrer la différence qu’il y avait entre elle et l’Esprit qui se promenait pieds nus.
Du reste, plus tard, Katie se montra à côté du médium dans le cabinet ; les témoignages à cet effet sont aussi probants que possible.
La différence de nuance des cheveux était tellement marquée, que quelques-uns émirent la supposition d’une perruque ; cette explication fut également repoussée, car le professeur Crookes ainsi que Mme Ross-Church avaient vérifié jusqu’à la racine des cheveux sur la tête de Katie.
Quelques spécimens des cheveux de l’Esprit étant examinés au microscope, ils furent trouvés naturels, quoiqu’un peu gros pour une femme. Par la suite, aucun doute ne fut possible, car les expériences qui furent faites fournirent la preuve indéniable de l’individualité distincte de Melle Cook et de l’apparition.
Le phénomène de la matérialisation d’un Esprit était si nouveau pour tous, que même des spirites incrédules cherchaient à expliquer par la fraude ce qu’ils ne comprenaient pas. Ils supposaient que Melle Cook se déguisait, et venait jouer le rôle de Katie King.
Un M. Volckmann voulut le prouver en saisissant l’Esprit. Il se leva subitement et chercha à maintenir Katie ; celle-ci, cependant, réussit à lui échapper et l’on trouva Melle Cook sur sa chaise comme à l’ordinaire, avec tous les liens qu’on lui avait mis au début de la séance.
Cet incident confirma l’authenticité du phénomène et beaucoup de personnes écrivirent alors des témoignages en faveur du médium.
Quelques détails de la soirée furent publiés par le « London Society », en février 1874, sous la signature de M. Dunphy avocat, homme de lettres bien connu.

Témoignage de M. Henry Dunphy

« Je me rendis à la séance qui eut lieu chez M. Luxmoore, le 9 décembre 1887. Je pris place entre Lady C. et M. Blackburn, tenant leurs mains pour former la chaîne magnétique. »
« L’apparition se montra plusieurs fois et enfin s’avança jusqu’au milieu de la chambre. Elle était vêtue d’une longue robe blanche, avait une double jupe et les pieds nus ; elle portait un long voile blanc, qui couvrait sa tête et retombait le long de la robe. »
« Un monsieur de la société demanda la permission de s’approcher de l’Esprit, ce qui lui fut accordé ; il quitta donc la chaîne et s’avança vers Katie qui lui tendit la main ; il la pressa dans la sienne, puis retourna prendre sa place. »
« L’apparition s’avança alors au fond de la salle, lorsqu’une personne qui m’était totalement inconnue s’élança et saisit l’Esprit par la taille en s’écriant : c’est le médium ; aussitôt deux ou trois messieurs se précipitèrent sur lui pour lui faire lâcher prise et une lutte s’ensuivit. Comme je n’y prenais pas part, je pus observer à mon aise ce qui se passait. »
« Je remarquai que la forme semblait perdre d’abord ses pieds et ses jambes, et pour s’échapper faisait des mouvements ondulatoires, semblables à ceux d’un phoque dans l’eau ; la personne qui avait saisi Katie King semblait la maintenir solidement, mais elle ne put l’empêcher de disparaître, car elle réussit à se dégager de son étreinte brutale sans laisser aucune trace de son existence corporelle, pas même un lambeau d’étoffe. Il ne put rien garder, malgré ses efforts. »
A la suite de cette brusque attaque, Melle Cook fut très malade toute la nuit, deux médecins la veillèrent car elle avait de violentes convulsions.
Lady C. et Mme Ross-Church passèrent également la nuit à son chevet, veillant sur elle de leur mieux.
Bien des médiums ont été saisis depuis cette histoire, les uns trichaient, les autres obtenaient des phénomènes réels ; mais aucun des faux médiums n’avait consenti à être ligoté sur sa chaise, comme l’était Melle Cook, ni à supporter une lumière suffisante pour distinguer la vérité de l’imposture.
Au contraire, des médiums authentiques tel que William Eglinton, pour ne nommer que celui-là, ont obtenu des apparitions réelles, malgré les conditions sévères imposées et acceptées.
Eglinton se plaçait dans une sorte de cage en fil de fer ; la porte se fermait avec des cadenas que les spectateurs apportaient eux-mêmes et dont ils gardaient la clef pendant la séance.
Donc, avant de paraître, les Esprits devaient passer à travers la cage et le rideau qui fermait le cabinet noir ; ils triomphaient de ces obstacles et paraissaient quand même dans la salle. Dans ces conditions, il était impossible de douter de la bonne foi du médium.
Depuis Katie King, d’autres médiums se sont développés et ont obtenu des manifestations identiques.
M. Sargent, lors de la compilation de son livre, écrivit au Dr Gully pour lui demander de plus amples renseignements ; voici sa réponse.
« A la question spéciale que vous me posez, relative à mes expériences pour la matérialisation des Esprits, par la médiumnité de Melle Cook, je dois dire que depuis deux ans que je fais mes observations, j’ai assisté à de nombreuses séances et n’ai plus le moindre doute ; au contraire, j’ai la plus forte conviction que les matérialisations sont réelles. »
« Il n’y a pas lieu de mettre en doute l’honnêteté des personnes présentes ou d’accuser qui que ce soit de supercherie. J’ai observé que le pouvoir de l’Esprit augmentait graduellement, les faits suivants vous le prouveront. »
« Pendant les premières séances, la figure seule était formée, quelquefois les bras et les mains apparurent ; la figure se montrait sans cheveux, le crâne n’était pas visible et nous apercevions comme un masque animé. »
« Les yeux et la bouche remuaient. Graduellement, nous avons pu obtenir la forme entière qui parut après cinq mois de séances tenues une ou deux fois par semaine. Peu à peu, l’apparition se forma plus rapidement. »
« Elle changeait ses cheveux, ses vêtements, la couleur de sa peau, selon notre désir. La voix se fit entendre longtemps avant la formation complète du corps ; elle avait un son rauque, sauf quand Katie se joignait à nous pour chanter. Elle faisait alors entendre une voix claire et sonore de contralto. »
« Au contact sa peau semblait douce et d’une chaleur naturelle, ses mouvements étaient fort gracieux, mais quand elle se baissait à terre pour ramasser un objet, il me semblait que son corps et ses jambes se pliaient en arrière. »
« Quand la photographie fut prise, celle où je me suis assis à côté de Katie, j’ai tenu sa main pendant deux minutes au moins, à trois reprises différentes, car nous avons posé trois fois le même soir, je fus forcé de fermer les yeux à cause de la lumière intense du magnésium qui nous éclairait, Katie avait déclaré qu’il fallait éviter de la regarder fixement pendant qu’elle posait devant l’appareil. »
« Je crois que l’on eut pu obtenir d’elle beaucoup d’informations concernant les mystères d’outre-tombe, mais les assistants semblaient toujours préférer la plaisanterie ; ils complimentaient Katie et la séance se passait en conversations inutiles et sans intérêt. »
« J’étais ennuyé de toutes ces futilités dites pour elle et par elle. J’aurais voulu la questionner sur les sujets qui intéressent tous les spirites sérieux. Je n’ai pu lui parler qu’une ou deux fois, à mon grand regret. »
« L’on peut se demander si ces Esprits peuvent donner une idée exacte de leur état et, pour ma part, je pense que leurs facultés se développent en même temps, soit au moral, soit au physique, et que si on les questionnait intelligemment, ils répondraient de même. »
« Je crois que si les assistants avaient davantage le désir de s’instruire, des Esprits d’un ordre plus élevé seraient envoyés dans les cercles, nous instruiraient sympathiquement à l’aide de la parole, par écrit ou par inspiration. »
« Aussitôt qu’un homme a la conviction de la réalité de la présence des Esprits et de l’absence de toute duperie, il devrait avec volonté se préparer à recevoir l’instruction spirituelle qui lui serait sûrement donnée. Des manifestations physiques s’obtiennent par l’alphabet ; si le Spiritisme s’en tenait à cela, l’humanité n’en profiterait guère. »
« Je pense, comme vous, que le Spiritisme est destiné à écarter l’épais nuage d’obscurité qui rend actuellement toutes les religions plus ou moins superstitieuses. »
« Le Spiritisme est une vérité nouvelle qui permettra aux âmes de la Terre d’entrer en communion avec les âmes libres de l’espace ; ces âmes pourront nous révéler encore l’œuvre mystérieuse de la grande cause et du grand effet, nous pourrons alors établir une religion philosophique. »
« De son côté, la philosophie pourra progresser au lieu de tourner dans un cercle restreint comme elle l’a fait depuis Platon jusqu’à nos jours. L’étude en est aride et le résultat négatif. »

Ainsi se termine la lettre du Dr Gully ; on le voit, après deux ans d’études, le docteur est devenu un spirite convaincu, il avait compris la haute importance de notre cause et l’influence qu’elle était destinée à exercer sur l’orientation nouvelle de la pensée.

 

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