Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

La médiumnité de Miss Florence Cook

A la même époque, c’est-à-dire à la fin de 1871, les premiers phénomènes eurent lieu en la présence de Melle Cook, une jeune fille de quinze ans. Son père devint membre de l’Union Spirite de Dalston.
C’est ce qui explique l’attention qui fut donnée au développement de la belle médiumnité de Miss Cook, qui devint si célèbre par les investigations de M. Crookes. Ces phénomènes, dans tout autre milieu, eussent été infailliblement étouffés ou négligés.
L’histoire de Miss Cook est fort intéressante. Les principaux détails ont été recueillis et publiés en un volume par M. Epes Sargent, à Boston, en 1875. Nous traduisons d’après ce dernier. Les premiers détails sont donnés par Miss Cook elle-même dans une lettre adressée à M. Harrisson en mai 1872, voici le texte.
« Je suis âgée de seize ans. Depuis mon enfance, j’ai vu des Esprits et j’ai entendu des voix, j’avais l’habitude de m’asseoir toute seule et de causer avec les Esprits qui m’entouraient, que je prenais pour des personnes vivantes. Comme personne ne pouvait les voir ni les entendre, mes parents essayèrent de me faire croire que c’était de l’imagination, mais je ne voulais pas changer d’avis, aussi l’on me considérait comme une enfant très excentrique. » « Au printemps de 1870, je fus invitée chez une amie de pension. Elle me demanda si j’avais entendu parler de Spiritisme, ajoutant que son père, sa mère et elle s’étaient réunis autour d’une table et avaient obtenu des mouvements, et que si je voulais, ils essaieraient ce soir-là avec moi. »

La première séance spirite

Miss Cook demanda la permission de sa mère et la première séance eut lieu. Une communication lui fut donnée par un Esprit qui se disait sa tante ; puis lorsqu’elle resta seule à la table, celle-ci s’éleva à une hauteur de 1,20 m. Melle Cook continue le récit de ses premières séances.
« Je rentais à la maison fort étonnée de ce que j’avais vu. Quelques jours après, je retournais avec ma mère pour faire la deuxième séance. »
« Les Esprits nous donnèrent quelques preuves d’identité, mais nous n’avions pas confiance en eux. Enfin une communication par coups frappés nous fut donnée, disant que si on voulait faire l’obscurité, je serais portée autour de la chambre. J’éclatais de rire, ne croyant pas que cela fût possible ; on éteignit la lampe mais l’obscurité n’était pas complète, car il entrait de la lumière par la fenêtre. Bientôt, je sentis que l’on me prenait ma chaise. »
« Je fus soulevée jusqu’au plafond. Tout le monde a pu me voir en l’air. J’étais trop effrayée pour crier, et je fus portée au-dessus de la tête des assistants et déposée sur une table à l’extérieur de la chambre. »
« Ma mère demanda alors si nous pouvions avoir des phénomènes chez nous. La table répondit « oui » et que j’étais un médium. Le lendemain soir, nous étions réunis dans notre maison. Les Esprits nous cassèrent une table et deux chaises et occasionnèrent de nombreux dégâts. »
« Là-dessus, nous avons déclaré que nous ne voulions plus jamais faire de séance. Les Esprits commencèrent à nous tourmenter. Des livres et autres objets furent lancés contre moi, les chaises se promenaient toutes seules, la table se soulevait violemment pendant les repas et des bruits terribles nous troublaient au milieu de la nuit. »
« Enfin nous avons cédé, nous nous sommes remis à la table pour causer avec les Esprits. Ceux-ci nous dirent de nous rendre au 74 rue Navarino, que nous trouverions une association spirite. »
« Nous y sommes allés ma mère et moi par curiosité, l’adresse était exacte. Nous y avons rencontré M. Thomas Blyton qui nous invita à une séance. Nous y avons fait la connaissance de M. Harrisson, qui a demandé à assister à nos séances. »
« Nous ne doutions plus alors de la réalité de la communication des Esprits. Je commençais, dès ce moment, à tomber en transe. La première fois, un Esprit me fit parler et annonça à mon père que si je faisais des séances avec MM. Herne et Williams, nous obtiendrions des voix célestes dans la pièce. »
« Nous nous réunîmes plusieurs fois avec ces messieurs et finalement nous obtînmes les phénomènes annoncés. L’Esprit qui dirige ces séances a dit se nommer Katie King. »

Un curieux incident

Le 21 avril 1972 eut lieu une nouvelle réunion avec Melle Cook et M. Herne : le compte rendu en fut fait par M. Harrisson dans son journal Spiritualist qui paraissait alors à Londres.
On ouvrit la fenêtre et les volets, sans rien découvrir. La voix d’un Esprit se fit alors entendre, s’écriant : « M. Cook, il faut débarrasser la gouttière, si vous ne voulez pas que les fondations de votre maison soient attaquées. La gouttière est engorgée. »
Fort étonné, on fit un examen immédiat. C’était vrai ! Il avait plu et la cour de la maison était pleine d’eau qui avait débordé. Personne n’était instruit de cet accident avant que l’Esprit ne l’eût annoncé de cette façon remarquable.
En suivant la marche de la médiumnité de Melle Cook, on voit comment tous les phénomènes se produisent de plus en plus puissants et extraordinaires. Nous arriverons bientôt à l’apogée de ses forces magnétiques.

Première séance de matérialisation de Katie King

Jusqu’à présent, les séances spirites de Melle Florence Cook avaient lieu dans l’obscurité. M. Harrisson voulut remédier à cet état de choses et fit plusieurs essais avec des lumières différentes, chez M. Cook. Il obtint une lumière phosphorescente, au moyen d’une bouteille chauffée qu’il revêtit intérieurement d’une couche de phosphore mélangé avec l’huile de clous de girofles.
Le 22 avril 1872, une séance eut lieu, les personnes présentes étaient Mme Cook, les enfants, la tante et la domestique. L’Esprit de Katie King se matérialisa partiellement pour la première fois. Melle Cook ne dormit pas pendant l’expérience ainsi qu’il ressort d’une lettre qu’elle écrivit à M. Harrisson, à la date du 23 avril 1872 ; voici ce qu’elle raconta.
« Dans l’après-midi d’hier, Katie King nous dit qu’elle essaierait de produire quelques phénomènes, si toutefois nous consentions à faire un cabinet noir à l’aide de rideaux. »
« Elle ajouta qu’il fallait lui donner une bouteille d’huile phosphorescente, parce qu’elle ne pouvait prendre le phosphore nécessaire sur moi, à cause du peu de développement de ma médiumnité ; elle désirait éclairer sa figure pour se rendre visible. »
« Enchantée de l’idée, je fis les préparatifs nécessaires ; tout fut prêt à huit heures et demie, hier soir ; ma mère, ma tante, les enfants et la bonne prirent place dehors, sur les marches de l’escalier. »
« On me laissa toute seule dans la salle à manger (je n’étais pas fière car j’étais trop effrayée). Katie revint se montrer à l’ouverture du rideau ; ses lèvres s’agitèrent et enfin, elle put parler. Elle causa avec maman, pendant quelques minutes ; tout le monde a pu voir le mouvement de ses lèvres. »
« Comme je ne la voyais pas bien de ma place, je lui demandai de se tourner vers moi. L’Esprit me répondit : certainement, je veux bien ; alors je vis que le haut de son corps, seulement, était formé jusqu’au buste, le reste de l’apparition était comme un nuage vaguement lumineux. »
« L’Esprit Katie commença, après quelques instants d’attente, par apporter quelques feuilles fraîches de lierre ; il n’y en avait pas de pareilles dans notre jardin. »
« Puis on vit paraître, hors du rideau, un bras et une main tenant une bouteille lumineuse. Une figure se montra, la tête était couverte d’une quantité de draperies blanches. »
« Katie approcha la bouteille de sa figure et nous l’aperçûmes tous, distinctement. Elle resta deux minutes, puis elle disparut. La figure était ovale, le nez aquilin, les yeux vifs, et la bouche fort jolie. »
« Katie dit à maman de bien la regarder, car elle savait qu’elle avait un air lugubre. Pour ma part, j’étais trop émue pour parler ou même faire un geste. La dernière fois qu’elle se montra au rideau, elle resta cinq bonnes minutes, et chargea maman de vous demander de venir ici un jour de cette semaine. »
« Katie King termina la séance en appelant la bénédiction de Dieu sur nous. Elle témoigna sa joie d’avoir pu se montrer à nos yeux. L’Esprit de Katie ne se servit pas de tubes pour nous parler. Ma mère déclara que la figure de Katie lui parut pâle et peu vivante. Les yeux étaient fixes, sans expression, tout comme des yeux de verre. »

La seconde séance de matérialisation

M. Harrisson se rendit à l’invitation de Katie, le 25 avril ; la seconde séance de matérialisation eut lieu devant lui. Il prit des notes intéressantes qu’il publia dans son journal. En voici des extraits.
« Une séance eut lieu le 25 avril 1872, chez M. Cook, en ma présence ; le médium Melle Cook, était assise dans un cabinet obscur. On entendait gratter, de temps en temps ; l’Esprit de Katie, tenait un tissu léger qu’elle avait fabriqué avec lequel elle s’efforçait de récolter, autour du médium, les fluides nécessaires pour se matérialiser complètement. »
« Elle frottait donc le médium avec le tissu qu’elle tenait. La conversation suivante, à voix basse, eut lieu entre Melle Florence Cook et l’Esprit. »
Melle Cook : « allez-vous en Katie, je n’aime pas être frictionnée ainsi. »
Katie : « ne soyez pas sotte, ôtez ce que vous avez sur la tête, et regardez-moi. » (Elle frictionnait toujours)
Melle Cook : « je ne veux pas. Laissez-moi Katie. Je ne vous aime pas. Vous me faites peur. »
Katie : « que vous êtes sotte ! » (Elle frictionnait tout le temps)
Melle Cook : « je ne veux pas me prêter à ces manifestations. Je ne les aime pas. Laissez-moi tranquille. »
Katie : « vous n’êtes que mon médium, et un médium est une simple machine dont les Esprits se servent. »
Melle Cook : « eh bien ! Si je ne suis qu’une machine, je n’aime pas à être effrayée de la sorte. Allez-vous-en. »
Katie : « ne soyez pas étourdie. »
« Pendant la séance, Melle Cook, qui ne dormait pas, remarqua que l’Esprit n’avait de formées que la tête et les épaules ; le reste du corps semblait un nuage. Katie ne se tenait pas toujours à la même hauteur, tantôt élevée, tantôt près du sol, de sorte que son buste touchait le plancher. »
« Dans cette position, elle effrayait particulièrement le médium. Parfois, on ne voyait qu’une tête, qui errait de tous côtés, sans jambe, ni corps visibles. »
« A la séance suivante, la quatrième par conséquent, Melle Cook fut endormie par l’Esprit ; une lampe à benzoline éclairait la salle. Ce n’était déjà plus les séances obscures ; l’Esprit se contentait de faire baisser la lampe, lorsque la lumière le fatiguait. »

 

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