Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

Récit de Florence Marryat – Mme Ross Church

 

« Les séances spirites ne peuvent avoir lieu avec une lumière éclatante. La chaleur et la clarté dispersent les fluides amassés par les invisibles pour les manifestations. (On n’obtiendra donc jamais le résultat désiré, si l’on n’observe pas cette règle essentielle.) »
« On demanda un soir à Katie King pourquoi elle ne pouvait pas se montrer avec une lumière plus forte. (Elle ne permettait qu’un seul bec de gaz et encore fallait-il le baisser beaucoup.) »
« La question sembla l’irriter énormément, elle nous fit la réponse suivante. »
« Je vous ai souvent déclaré que je ne pouvais subir l’intensité d’une grande lumière. »
« Je ne sais pas pourquoi cela m’est impossible et si vous doutez de mes paroles, allumez partout et vous verrez ce qui m’arrivera. Je vous préviens seulement que si vous me mettez à l’épreuve, la séance sera terminée tout de suite, je ne pourrai pas reparaître devant vous, ainsi choisissez. »
« Les personnes présentes se consultèrent, on décida de tenter l’expérience afin de voir ce qu’il en adviendrait. Nous voulions trancher définitivement la question de savoir si le plus ou moins d’éclairage gênait le phénomène de matérialisation. Katie fut avisée de notre décision et consentit à faire l’essai. »
« Nous sûmes plus tard que nous lui avions causé une grande souffrance. L’Esprit Katie se plaça debout contre le mur du salon et elle étendit ses bras en croix en attendant sa dissolution. »
« On alluma les trois becs de gaz (la chambre mesurait seize pieds carrés environ.) »
« L’effet produit sur Katie King fut extraordinaire. Elle ne résista qu’un instant, puis nous la vîmes fondre sous nos yeux tout comme une poupée de cire devant un grand feu. »
« D’abord, ses traits s’effacèrent, on ne les distinguait plus. Les yeux s’enfoncèrent dans les orbites, le nez disparut, le front sembla rentrer dans la tête. Puis les membres cédèrent et tout son corps s’affaissa comme un édifice qui s’écroule. Il ne resta plus que sa tête sur le tapis, puis un peu de draperie blanche qui disparut comme si, subitement on eut tiré dessus, nous restâmes quelques instants les yeux fixés sur l’endroit où Katie avait cessé de paraître. Ainsi se termina cette séance mémorable. »
« Les personnes qui assistaient aux séances demandaient souvent à Katie de leur donner un morceau de sa robe en souvenir d’elle, elle en distribuait volontiers et chacun en emportait ; quelques-uns avaient même eu la précaution de le placer dans une enveloppe cachetée. »
« Mais en rentrant chez eux, l’étoffe avait disparu, à leur grand étonnement. Katie nous disait toujours que rien ne pouvait être matérialisé suffisamment pour durer sans emprunter la vitalité du médium ce qui l’affaiblirait beaucoup. »
« Un soir Katie avait beaucoup coupé sa robe, je lui dis qu’elle aurait besoin de grandes réparations. Elle répliqua : « je vais vous montrer comment nous travaillons dans le monde des Esprits. »
« Elle plia le devant de sa robe puis elle coupa avec les ciseaux ; en la dépliant, il y avait bien une quarantaine de trous. Katie s’écria : « n’est-ce pas une jolie passoire ? »
« Nous étions tout près d’elle, nous la vîmes alors secouer doucement sa jupe et aussitôt tous les trous disparurent sans laisser aucune trace. »
« Voyant notre étonnement, elle dit : « coupez mes cheveux. »
« Ce soir là, Katie avait une masse de boucles qui descendaient jusqu’à la taille. Je pris les ciseaux et me mis à couper sérieusement, aussi vite que je le pus. Elle me disait : « coupez toujours, coupez toujours, pas pour vous, vous savez, car vous ne pourrez pas les garder. »
« Je coupais donc, boucle après boucle, et aussitôt qu’elles touchaient terre, elles se reformaient sur la tête de Katie. Elle me dit alors de bien examiner ses cheveux pour voir où j’avais coupé. J’eus beau chercher, aucune coupure n’était apparente, les boucles tombées à terre s’étaient soustraites à nos regards. »
Mme Ross Church termine ainsi son récit, mais ces intéressants détails ne sont pas les seuls qu’elle nous ait fournis. La lettre suivante fut publiée dans le « Spiritualist » de Londres. Elle s’exprime ainsi.
« Le soir du 9 mai 1874, Katie King me conduisit, sur ma demande, derrière son rideau, je pouvais facilement distinguer les objets qui m’environnaient ; je m’approchai de Melle Cook dont je pressai la main, tandis que Katie me tenait par l’autre en se penchant sur mon épaule. »
« Je suis certaine que ce soir-là deux intelligences distinctes étaient auprès de moi, et je puis jurer très solennellement que quelque fut la personnalité de Katie King, elle n’était pas Melle Cook. »
« Le 13 mai, j’ai pu voir une fois de plus simultanément les deux formes. Katie permit à toutes les personnes présentes de s’approcher du rideau. On augmenta la lumière, et chacun put voir le médium en robe bleue, couché par terre et l’Esprit vêtu de blanc debout à côté d’elle. »
« A la séance du 21 mai, qui fut la dernière, Katie me permit de la voir derrière le rideau. Elle me dit de placer la main sur son cœur, j’en sentis parfaitement les battements et je puis affirmer que si elle est en force psychique, la force psychique ressemble absolument à une femme. Katie avait demandé un grand panier plein de fleurs et de rubans pour la dernière séance. Elle s’assit par terre au milieu de nous et distribua des bouquets en souvenir d’elle. Le mien était composé de muguet et de géranium rose clair ; je l’ai gardé, les fleurs sont à peine fanées. Elle écrivit quelques mots devant moi sur un papier qu’elle me remit avec les fleurs. »
« Voici ce qu’il contenait : Annie Owen Morgan (Alias Katie King) à son amie Florence Marryat Ross Church. Amitiés. Pensez à moi. 21 mai 1874. »
« La scène d’adieux fut aussi pathétique que si la mort devait nous séparer ; Katie ne semblait pas pouvoir nous quitter. Elle revint nous voir une dernière fois et s’occupa surtout de M. Crookes qu’elle avait pris en grande amitié. Puis elle disparut pour toujours et jamais nous ne la revîmes. »
« Je pense que si les sceptiques et les incrédules continuent à douter, malgré tous les témoignages fournis, ils ne pourront cependant pas croire que Melle Cook était capable de retisser instantanément le tissu de sa robe que nous l’avions vu découper, cela dépasse les forces humaines. »
« Ils aiment à croire que Melle Cook sautait hors des vêtements blancs de l’Esprit qui s’était manifesté, et remettait les siens avec la rapidité de l’éclair, plutôt que d’adopter la théorie spirite qui est la plus simple. »
« Si on n’admet pas la présence spirituelle de Katie, on attribue forcément un pouvoir surnaturel à Melle Florence Cook le médium, ce qui est tout aussi difficile à croire. Mais je n’ai pas pris la plume pour discuter, je raconte tout simplement ce dont j’ai été témoin. »
F. Marryat.

Ceci termine l’histoire de Katie King et de sa mission terrestre.

En semant une graine féconde, cet Esprit a fait germer dans bien des âmes des idées sérieuses sur des doctrines occultes et les mystères de l’Invisible. Sa venue a marqué une ère importante dans le développement du Spiritisme, et nous avons pensé qu’il était utile de faire connaître son histoire aussi complète que possible.
B. de Laversay

Le 24 avril 1904, se désincarne Mme Corner (ex Melle Florence Cook).

William Crookes écrit cette lettre de condoléances à la famille.
« Transmettez de la part de Lady Crookes et moi-même notre sincère sympathie à la famille pour cette perte irréparable.
Nous sommes persuadés que la croyance certaine que ceux que nous aimons veillent sur nous quand ils sont trépassés –croyance qui doit tant de sa certitude à la médiumnité de Mme Corner, ainsi qu’elle restera toujours dans notre souvenir- se renforcera et consolera ceux qui restent ici-bas.
»

Annonçant la désincarnation de Mme Corner ou Florence Cook, sa fille disait : « elle s’est désincarnée dans une paix et un bonheur profonds.»

Oui, je crois qu’à la mort, notre esprit se dégage
De l’emprise du corps et monte vers les cieux,
Retrouver les Esprits qui l’attirent vers eux
Pour ses affinités qui forment son bagage.

Si le corps va pourrir sous quelque sarcophage,
L’âme poursuit alors son chemin lumineux,
S’éclairant toujours plus à la clarté de Dieu
Qui la suit dans sa course et veut son sauvetage.

Le corps est à la terre et l’esprit est au ciel !
Sauver l’esprit est donc notre but essentiel,
Car la matière meurt si l’âme doit survivre !…

La mort nous apparaît au jour libérateur
Comme un ange des cieux qui, enfin nous délivre,
Nous guérissant de la souffrance et de la peur !

Gaston Dalavière

 

FIN




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