Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

Le récit de Miss Florence Cook

Je me rendis chez M. W. Crookes sans prévenir mes parents ou mes amis ; je m’offris comme un sacrifice volontaire sur l’autel de son incrédulité.
L’incident désagréable de M. Volckmann venait d’avoir lieu, et ceux qui ne comprenaient pas, disaient des choses cruelles sur moi.
M. W. Crookes qui avait déjà fait quelques expériences, ne m’épargna pas plus que les autres. Une chose qu’il avait dite, me tourmenta tellement, que j’allai tout droit le trouver, sans autre pensée que celle de me disculper devant lui et le monde entier. Voici ce que je lui dis.
« Vous croyez que je suis un imposteur, eh bien vous allez voir. Je viendrai dans votre maison, Mme Crookes me donnera les vêtements qu’elle voudra et renverra ceux dans lesquels j’arriverai chez vous. »
« Vous me surveillerez, aussi longtemps qu’il vous plaira, vous ferez toutes les expériences que vous désirerez, afin de vous convaincre complètement, et finalement, dans un sens ou dans l’autre. »
« Je n’y mets qu’une condition : si vous trouvez que je suis l’agent d’une mystification, dénoncez-moi, aussi fortement et aussi publiquement que vous voudrez, mais si vous trouvez que les phénomènes sont véritables et que je ne suis qu’un instrument dans les mains invisibles, dites-le franchement, bien haut, pour me disculper aux yeux du monde. »

La révélation est nécessaire, elle n’atteint en rien le libre arbitre, car elle s’adresse à la raison humaine selon les circonstances, les temps et les lieux.
J.E. Guillet

M. Crookes tint parole, en parfait gentilhomme qu’il est du reste ; quoiqu’il lui coûtât beaucoup d’en faire l’aveu, il le fit franchement et sans équivoque possible.
Tous ceux qui ont lu quelque peu les ouvrages traitant du Spiritisme moderne, savent comment les choses se passèrent.
M. Crookes m’entendit d’abord respirer et soupirer dans le cabinet noir, pendant que Katie était visible au dehors. Plus tard, il nous vit ensemble bien des fois, et sa famille nous aperçut également quand une forte lumière électrique nous éclaira. Katie voulut bien se prêter aux expériences, et lorsqu’elle eut appris qu’elle pouvait se confier entièrement au professeur Crookes, elle écouta ses moindres désirs et fit tout son possible pour le seconder dans ses plans.
Plusieurs douzaines de photographies furent prises, de Katie seule, et de nous tous ensemble. Lorsque Katie était matérialisée, M. Crookes s’assurait qu’elle avait bien l’apparence d’une femme vivante, en char et en os, dont le cœur et le pouls battaient ; elle respirait comme nous tous, et malgré cela, elle fondait et disparaissait constamment devant lui.
Il assista à la dernière séance pathétique où Katie me fit des adieux si touchants que j’en avais les larmes aux yeux, l’émotion m’étouffait.
M. Crookes a raconté tout ceci dans son livre. Enfin, il m’a rendu un hommage aussi complet qu’il m’était possible de le désirer.
Je cite ce témoignage, non parce qu’il s’agit de moi, mais parce qu’il justifie entièrement Katie King, l’Esprit qui se servit de moi pendant trois ans, pour produire quelques-uns des phénomènes spirites les plus merveilleux qui aient été rapportés.
Les expériences célèbres de M. Cromwell Varley l’ont amené également aux mêmes conclusions ; mais, quoique complètes, ces expériences ne peuvent être comparées à celles de M. W. Crookes qui, par son observation incessante et infatigable, les rend plus complètes et plus compréhensibles.
Par cette lettre, il est certain que Melle Cook désirait l’appui du savant M. W. Crookes ; elle l’obtint, comme on le sait, et trouva en lui un ardent défenseur.
Tout d’abord, l’opinion générale crut trouver dans M. Crookes un pourfendeur du Spiritisme, et on acclama cette décision avec une grande joie, pensant qu’il découvrirait le secret de toutes les mystifications ; ce serait la ruine des croyances absurdes que les spirites prétendaient être la vérité. Mais il ne devait pas en être ainsi ! A la satisfaction de tous, M. William Crookes conclut dans le sens affirmatif : tout était vrai.
On dut accepter bon gré mal gré, les faits prouvés scientifiquement. Aussitôt le vent tourna ; le savant si glorifié au début fut couvert de railleries et d’épithètes mal sonnantes.
Un autre que M. Crookes n’y eut pas résisté, mais sa renommée était si immense qu’on ne put reculer devant ses observations. Tout ce que l’on put faire ou dire, ne l’empêcha pas de suivre, avec un succès toujours croissant, le chemin de sa destinée.

 

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