Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


PRÉFACE

  

Voilà cinquante-huit ans[1] que l’Esprit d’Allan Kardec est retourné à la vie libre des Espaces et, pendant ce laps de temps, sa doctrine a pénétré jusqu’aux régions les plus reculées du globe ralliant dans l’ensemble des partisans, des adeptes par millions. Il serait vain d’énumérer tous les groupes, cercles, fédérations, instituts qui ont été fondés ; superflu de citer les journaux, revues, publications en toutes langues qui contribuent à la diffusion de nos croyances. Vain et superflu, disons-nous, car la liste n’en saurait être que provisoire puisque le nombre de ces organismes et de leurs œuvres s’accroît tous les jours.

Aujourd’hui, la doctrine des Esprits, condensée, coordonnée par le puissant cerveau d’Allan Kardec est adoptée par des foules de croyants et de penseurs dans le centre et le midi de l’Europe depuis le Portugal jusqu’en Roumanie ainsi qu’en Amérique du Centre et du Sud. Dans plusieurs milieux, des Instituts, des Universités lui ont fait une place dans leur programme ; on peut prévoir, d’après l’évolution générale de la spiritualité, l’heure où la doctrine des vies successives pénétrera dans l’enseignement populaire et idéaliste de tous les pays. On peut déjà supputer le chiffre énorme des désespérés à qui cette croyance a rendu la force morale, le courage de vivre, la confiance en l’avenir en les préservant du suicide ; de tous ceux qu’elle a aidé à supporter leurs épreuves, le poids lourd de vies obscures et douloureuses. J’en possède moi-même les témoignages émus sous la forme de lettres qui emplissent des cartons entiers et cependant je ne conserve que les plus importantes d’entre elles.

J’avais 18 ans lorsque j’ai lu « Le Livre des Esprits », et ce fut une illumination soudaine de tout mon être. Je n’eus pas besoin de preuves pour une doctrine qui répondait à toutes les questions, résolvait tous les problèmes de manière à satisfaire la raison et la conscience. D’ailleurs les preuves étaient en moi-même. C’était comme des voix lointaines qui me parlaient de vies évanouies ; l’évocation d’un passé oublié, tout un monde de souvenirs se réveillait avec son cortège de maux, de sang et de larmes.

Bientôt les lectures complémentaires suivirent, puis plus tard, lorsque ma maturité parut suffisante pour bien comprendre, vinrent les phénomènes convaincants, décisifs. A mon tour, pendant près d’un demi-siècle, j’ai travaillé à répandre nos croyances par la plume et la parole. Y a-t-il un lien mystérieux entre Le disciple et Le Maître ? Remarquons que mon nom est enchâssé dans celui d’Allan Kardec qui s’appelait en réalité : Hippolyte, Léon, Denisard Rivail. Les amateurs de nombres et de noms fatidiques peuvent trouver là matière à commentaires. J’ai rencontré plusieurs fois Allan Kardec sur Le plan terrestre. D’abord ce fut à Tours, lorsqu’il y vint vers 1867 au cours d’une tournée de conférences. Nous avions loué une salle pour le recevoir, mais la police impériale soupçonneuse nous en interdit l’usage. Il fallut nous réunir dans le jardin d’un ami, sous la clarté des étoiles. Nous étions bien trois cents debout, serrés, piétinant les plates-bandes, mais heureux de voir et d’entendre le Maître, assis au milieu de nous, à une petite table, qui nous parlait du phénomène des obsessions.

Le lendemain, comme j’allais lui rendre mes devoirs, je le trouvai dans ce même jardin, monté sur un escabeau et cueillant des cerises qu’il jetait à Madame Allan Kardec. Cette scène bucolique pleine de charme contrastait avec la gravité des personnages. Plus tard, ce fut à Bonneval, Eure-et-Loir, où il était venu participer à un meeting spirite qui réunissait tous les adeptes de la région. Enfin, à Paris, au cours de mes voyages, j’ai pu m ‘entretenir avec lui de la cause qui nous était chère.

Allan Kardec est mort en 1869 ; on a prétendu qu’il s’était réincarné au Havre en 1897. C’est inexact. En effet, comment un Esprit de sa valeur aurait-il attendu trente années pour se révéler dans la mesure de ses facultés et de sa mission providentielle ! C’est seulement aux approches du Congrès de 1925 que le grand initiateur a commencé à se manifester dans notre groupe par l’intermédiaire d’un médium entransé. Étant donné mon âge et mes infirmités, j’hésitais alors à prendre part à ces grandes assises du Spiritisme Mondial. Il m’y décida par ses arguments et toute la force de sa volonté. Pendant toute la durée de ce Congrès, j’ai ressenti son appui fluidique et l’efficacité de ses inspirations.

Depuis lors, il n’a pas cessé d’intervenir à toutes nos séances, insistant sur la nécessité de rédiger et publier un livre sur le Génie Celtique et le monde invisible, afin de démontrer que le mouvement spiritualiste actuel n’est pas autre chose qu’un réveil puissant des traditions de notre race. Cela n`étonnera pas de la part d’un druide réincarné qui a voulu un dolmen pour pierre tombale au Père-Lachaise et qui avait repris son nom celtique. Allan Kardec a fait plus : il a tenu à nous dicter toute une série de messages qui se trouvent à la fin de mon livre et dont quelques-uns s’élèvent à la dernière limite de la compréhension humaine. Deux surtout revêtent ce caractère et ont pour titre : Origine et évolution de la vie universelle ; Les forces radiantes de l’Espace : le champ magnétique vibratoire. Nos guides nous déclarent que tout lecteur pourra puiser dans cette œuvre une orientation nouvelle qui «au stade dévolution où nous sommes parvenus est seule compatible avec le degré de résistance du cerveau humain». Ajoutons enfin que l’Esprit d’Allan Kardec, au cours d’entretiens nombreux, m’a donné des preuves incontestables de son identité, entrant dans des détails précis sur sa succession et Les difficultés qu’elle a soulevées, détails que le médium n’a pas pu connaître n’étant alors qu’un petit enfant issu de parents qui ignoraient tout du spiritisme. Ces faits étaient effacés de ma propre mémoire et je n’ai pu les reconstituer qu’à la suite de certaines recherches et investigations.

Une fois de plus, le disciple s’est incliné devant la volonté impérieuse du Maître. Malgré mon grand âge et mon état de cécité, j’ai pu terminer le Génie celtique qui me tenait tant à cœur. Plus que jamais, au cours de ce travail, mes amis invisibles m’ont soutenu, aidé, éclairé; plus que jamais, j’ai senti que mon dernier ouvrage - voulu d’en haut - est vraiment le résultat d’une collaboration étroite entre les deux serviteurs d’une seule et même cause. Que dis-je, collaboration ? C’est mieux encore. C’est plutôt la communion complétée de deux âmes poursuivant un but commun : l’expansion universelle d’une croyance appelée à s’adapter rapidement à la mentalité moderne.

Rien n’arrêtera le spiritisme en marche parce qu’il est la vérité. Le jour n’est pas loin où l’humanité toute entière verra, dans Allan Kardec, un précurseur, un rénovateur de la pensée moderne et lui rendra les hommages dus à sa mémoire.

Léon Denis


 

[1] Préface écrite en 1927.

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