Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


PREMIERE PARTIE

LE SPIRITISME EXPERIMENTAL : LES LOIS

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I. LA SCIENCE SPIRITE


A mesure que l’homme avance à pas lents dans le chemin de la connaissance, l’horizon s’élargit et des perspectives nouvelles s’ouvrent devant lui. Sa science est bornée, mais la nature est sans limites.

La science n’est que l’ensemble des conceptions d’un siècle, que la science du siècle suivant dépasse et submerge. Tout en elle est provisoire et incomplet. Elle étudie les lois du mouvement, les manifestations de la force et de la vie ; cependant, elle ne sait rien encore des causes agissantes, rien de la force et du mouvement en leur principe. Le problème de la vie lui échappe et l’essence des choses reste pour elle un mystère impénétrable.

Malgré les négations obstinées et l’aveuglement de certains savants, chaque jour leurs vues se trouvent démenties sur quelque point. C’est ce qui arrive aux représentants des écoles matérialistes et positivistes. L’étude et l’observation des phénomènes psychiques viennent bouleverser leurs théories sur la nature et la destinée des êtres.

L’âme humaine n’est pas, comme elles l’affirmaient, une résultante de l’organisme, s’évanouissant avec lui ; c’est une cause qui préexiste et survit au corps.

L’expérience nous démontre chaque jour que l’âme est pourvue d’une forme fluidique, d’un organisme intime et subtil, dont elle est inséparable. Cet organisme impondérable, qui a ses sens propres, distincts des sens corporels, est seul en jeu quand elle exerce ses pouvoirs supérieurs. Grâce à lui, l’âme peut, pendant la vie et durant le sommeil, se dégager de l’enveloppe physique, pénétrer la matière, franchir l’espace, percevoir les réalités du monde invisible. De cette forme fluidique se dégagent des radiations, des effluves, qui peuvent s’extérioriser en couches concentriques au corps humain[1], et même, en certains cas, se condenser à des degrés divers et se matérialiser au point d’impressionner des plaques photographiques et des appareils enregistreurs[2].

L’action d’une âme sur une autre à distance est établie par les phénomènes télépathiques et magnétiques, la transmission de la pensée, l’extériorisation des sens et des facultés. Les vibrations de la pensée peuvent se propager dans l’espace, comme la lumière et le son, et impressionner un autre organisme fluidique en affinité avec celui du manifestant. Les ondes psychiques se propagent au loin et vont éveiller dans l’enveloppe du sensitif des impressions de nature variée, suivant son état dynamique : visions, auditions ou mouvements.

Parfois, l’âme elle-même, pendant le sommeil, quitte son enveloppe matérielle et, sous sa forme fluidique, se rend visible à distance. Certaines apparitions ont été vues par plusieurs personnes à la fois ; d’autres ont exercé une action sur la matière, ouvert des portes, déplacé des objets, laissé des traces de leur passage. Quelques-unes ont impressionné des animaux[3].

Les apparitions de mourants ont été constatées des milliers de fois. Les procès-verbaux de la Société des recherches psychiques, de Londres, les Annales des Sciences psychiques, de Paris, en signalent un grand nombre. M. Flammarion, dans son beau livre l’Inconnu et les problèmes psychiques, en relate une centaine de cas, avec coïncidence de mort, ce qui ne permet pas de voir en eux de simples hallucinations, mais des faits réels, avec relation de cause à effet.

Ces phénomènes ont été constatés si souvent, ils s’appuient sur des témoignages si nombreux et si importants, que des savants d’une prudence excessive, comme M. Ch. Richet, de l’Académie de médecine de Paris, ont pu dire : « On trouve une telle quantité de faits impossibles à expliquer autrement que par la télépathie, qu’il faut admettre une action à distance... le fait semble prouvé et absolument prouvé. »

Dans ces phénomènes, nous trouvons déjà une démonstration positive de l’indépendance de l’âme. En effet, si l’intelligence était une propriété de la matière et devait s’éteindre à la mort, on ne pourrait s’expliquer qu’au moment où le corps s’affaisse, où l’organisme cesse de fonctionner, cette intelligence se manifeste parfois avec une intensité plus vive, avec une recrudescence d’activité.

Les cas de lucidité, de clairvoyance, de prévision de l’avenir, sont fréquents chez les mourants. Dans ces cas, le dégagement de l’enveloppe ouvre à l’esprit un champ nouveau de perception. L’âme se révèle, au moment de la mort, avec des facultés, des qualités supérieures à celles qu’elle possédait dans la vie normale. Il faut voir là une preuve que notre personnalité psychique n’est pas une résultante de l’organisme, étroitement liée à lui, mais qu’elle jouit d’une vie profonde, différente de celle du corps, celui-ci étant plutôt pour elle une prison temporaire et une entrave.

Cette démonstration se fait plus évidente encore lorsque, après la mort, l’esprit désincarné peut trouver dans l’enveloppe physique des médiums les éléments nécessaires pour se matérialiser et tomber sous l’action des sens.

On peut constater alors, à l’aide de balances munies d’appareils enregistreurs, que le corps du médium perd une partie de son poids, et la différence se retrouve dans l’apparition matérialisée[4].

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D’année en année, les faits se multiplient, les attestations s’accumulent, l’existence du monde des Esprits s’affirme avec une autorité et une puissance grandissantes. Depuis un demi-siècle, l’étude de l’âme est passée, du domaine de la métaphysique et des purs concepts, à celui de l’observation et de l’expérience.

La vie se révèle sous un double aspect : physique et supra-physique. L’homme participe à deux modes d’existence. Par son corps physique, il appartient au monde visible ; par son corps fluidique, au monde invisible. Ces deux corps coexistent en lui durant la vie. La mort en est la séparation.

Au-dessus de notre humanité matérielle s’agite une humanité invisible, composée des êtres qui ont vécu sur la terre et ont dépouillé le vêtement de chair. Au-dessus des vivants, incarnés dans un corps mortel, les survivants poursuivent, dans l’espace, la vie libre de l’esprit.

Ces deux humanités se renouvellent l’une par l’autre, au moyen de la naissance et de la mort. Elles se pénètrent, s’influencent réciproquement et peuvent entrer en rapport au moyen de certains sujets, doués de facultés spéciales, nommés médiums. De chaque âme, incarnée ou désincarnée, émane et rayonne une force, productrice de phénomènes, que l’on nomme force psychique.

L’existence de cette force est établie par de nombreuses expériences. On peut en constater les effets dans les soulèvements de tables, les déplacements d’objets sans contact, les cas de lévitation, etc.

L’action des invisibles se révèle dans les phénomènes de l’écriture directe, les cas d’incorporation, les matérialisations et apparitions temporaires, les photographies et les moulages.

Des apparitions matérialisées ont été photographiées en présence de nombreux témoins : tel l’esprit de Katie King chez W. Crookes, les esprits de Yolande et Lélia chez Mme d’Espérance ; celui d’Abdullah, fixé sur la plaque sensible par Aksakof[5].

Des empreintes et moulages de mains, pieds, visages, laissés dans des substances molles ou friables par des formes matérialisées, ont été recueillis par Zoellner, astronome allemand, par les professeurs W. Denton et Wagner, les docteurs Wolff, Friese, etc. Les moules, d’une seule pièce, reproduisaient les inflexions des membres, les détails de la structure et les altérations accidentelles de la peau[6]

Cette action se manifeste encore dans les phénomènes d’incorporation, comme ceux signalés par le docteur Hodgson dans son étude sur la faculté de Mrs. Piper[7]. L’auteur, adversaire déclaré de la médiumnité dans toutes ses applications, avait commencé son enquête dans le but de démasquer ce qu’il considérait comme une imposture. Il déclare avoir poursuivi ses observations pendant douze années, en de nombreuses séances, au cours desquelles cent vingt personnalités invisibles se manifestèrent, entre autres George Pellew, son ami d’enfance, membre, comme lui, de la Psychical research Society, décédé depuis plusieurs années. Ces personnalités lui révélèrent des faits inconnus de tout être vivant sur la terre. Aussi dit-il : « La démonstration de la survivance m’a été faite de façon à m’ôter même la possibilité d’un doute[8]. »

Les professeurs Ch. W. Elliot, président de l’Université d’Harward, W. James, professeur de psychologie à la même Université ; Newbold, professeur de psychologie à l’Université de Pensylvanie, et d’autres savants ont participé à ces expériences et contresigné ces déclarations.

Dans un ouvrage plus récent[9], le professeur Hyslop, de l’Université de Columbia, New-York, se prononce dans le même sens au sujet de Mrs. Piper, qu’il a observée pendant de nombreuses séances. Celles-ci ont été menées dans le plus grand secret. Le professeur était présenté sous le nom de Smith. Il portait un masque noir, qui eût empêché son plus intime ami de le reconnaître, et il s’est abstenu de prononcer une seule parole, de sorte que Mrs. Piper, ni aucune autre personne ne pouvait être mise sur les traces de son identité.

C’est dans ces conditions que le professeur obtint, avec ses parents morts, au moyen des organes de Mrs. Piper entrancée, des entretiens pleins de détails précis, de particularités, oubliées par lui, de leur vie intime. Aussi conclut-il en ces termes :

« Quand on considère le phénomène de Mrs. Piper, il faut éliminer et la transmission de pensée et l’action télépathique. En considérant le problème avec impartialité, il n’y a pas d’autre explication que l’intervention des morts. »

Au cours de l’année 1900, du sein des assemblées savantes, d’imposants témoignages se sont élevés en faveur du spiritisme. Une place considérable lui a été faite dans les programmes et les travaux du Congrès de psychologie de Paris, par les représentants de la science officielle.

Le 22 août, une séance plénière, toutes sections réunies, était consacrée à l’examen des phénomènes psychiques. L’un des présidents d’honneur du Congrès, Myers, professeur à Cambridge, justement célèbre, non seulement comme expérimentateur, mais encore comme philosophe et moraliste, y donnait lecture d’un travail sur la « trance[10] ou médiumnité à incorporations[11] ».

Après avoir énuméré « toute une série d’expériences attestées par plus de vingt témoins compétents, qui assurent que les faits à eux révélés par Mrs. Tompson, entrancée, étaient absolument inconnus d’elle et suggèrent le caractère et la mémoire de certaines personnes mortes, desquelles les messages obtenus affirment provenir », il conclut ainsi :

« J’affirme que cette substitution de personnalité ou contrôle d’esprit ou possession marque bien un progrès dans l’évolution de notre race. J’affirme qu’un esprit existe dans l’homme, et qu’il est salutaire et désirable que cet esprit soit, de par ces faits, capable de se dégager partiellement et temporairement de son organisme, ce qui le favoriserait d’une liberté et d’une vision plus étendues, en même temps que cela permettrait à l’esprit d’un décédé de pouvoir faire usage de cet organisme laissé temporairement vacant, pour entrer en communication avec les autres esprits encore incarnés sur cette terre. Je prétends que beaucoup de connaissances dans cette voie ont déjà été acquises et qu’il en reste encore beaucoup d’autres à acquérir dans l’avenir. »

Dans la cinquième section de ce Congrès, trois séances furent consacrées aux mêmes études. Les docteurs Paul Gibier, directeur de l’Institut antirabique de New-York, Dariex, directeur des Annales des Sciences psychiques, Encausse, Joire, Pascal, etc., envoyèrent ou présentèrent eux-mêmes des travaux très documentés établissant la réalité des phénomènes psychiques et la communication possible avec les décédés.

Un institut international pour l’étude des phénomènes psychiques, entre autres ceux de la médiumnité, a été fondé à l’issue du Congrès de psychologie. Parmi les membres du Comité de direction, nous trouvons, pour la France, les noms de MM. Ch. Richet, professeur à la Faculté de médecine, directeur de la Revue scientifique, le colonel de Rochas, C. Flammarion, docteur Duclaux, directeur de l’Institut Pasteur, Sully-Prudhomme, Fouillée, Bergson, Séailles, etc. ; pour l’étranger, tout ce que l’Europe compte de plus illustres parmi les représentants de la science psychique : W. Crookes, Lodge, Aksakof, Lombroso, docteur Ochorowicz, etc.

D’autres attestations importantes, en faveur du spiritisme, se produisirent au cours de l’année 1900. Le docteur Bayol, ancien gouverneur du Dahomey, communiquait au Congrès spirite et spiritualiste, réuni en septembre à Paris, toute une série d’expériences de matérialisations allant depuis l’apparition d’une forme lumineuse jusqu’au moulage dans la paraffine d’un visage d’Esprit qu’il dit être celui d’Acella, jeune fille romaine, morte à Arles, au temps des Antonins. Les docteurs Bonnet, Chazarain, Dusart, de la Faculté de Paris, apportèrent des témoignages de même nature et des preuves d’identité d’Esprits[12].

Le professeur Ch. Richet, de l’Académie de médecine de Paris, dans un article très étendu ayant pour titre : « Faut-il étudier le spiritisme ? » publié par les Annales des Sciences psychiques de janvier 1905, reconnaît qu’il n’existe « aucune contradiction entre la science classique et le phénomène le plus extraordinaire du spiritisme. La matérialisation, elle-même, est un phénomène étrange, inconnu, inhabituel, dit-il, mais c’est un phénomène qui ne contredit rien. Et nous savons, de par l’histoire[13], que notre science actuelle est constituée par des faits qui ont paru jadis étranges, inconnus, inhabituels... Autant la science est inattaquable quand elle établit des faits, autant elle est misérablement sujette à l’erreur quand elle prétend établir des négations. »

Et M. Ch. Richet conclut en ces termes :

« 1° Il n’y a aucune contradiction entre les faits et théories du spiritisme et les faits positifs établis par la science. 2° Le nombre des écrits, livres, mémoires, récits, notes, expériences est si considérable et appuyé par de telles autorités, qu’il n’est pas permis de repousser ces innombrables documents sans une étude approfondie. 3° Notre science contemporaine est tellement peu avancée encore, par rapport à ce que seront un jour les connaissances humaines, que tout est possible, même ce qui nous paraît le plus extraordinaire... Donc, au lieu de paraître ignorer le spiritisme, les savants doivent l’étudier. Physiciens, chimistes, physiologistes, philosophes, il faut qu’ils prennent la peine de se mettre au courant des faits spirites. Une longue et laborieuse étude est nécessaire. Elle sera certainement féconde. »

Peu après l’article de M. Ch. Richet, paraissait un important ouvrage, qui eut dans le monde entier un grand retentissement : Human Personnality, de F. Myers, professeur à Cambridge[14]. C’est une étude méthodique et approfondie des phénomènes spirites, appuyée sur une riche documentation et couronnée d’une synthèse philosophique, dans laquelle les vastes conséquences de la science psychique sont magistralement exposées.

Les conclusions de Frédéric Myers sont formelles : « L’observation et l’expérimentation, dit-il, ont amené beaucoup de chercheurs dont je suis (of whom I am one) à croire à la communication, soit directe, soit télépathique, non seulement entre les esprits des vivants, mais encore entre les esprits de ceux qui demeurent sur cette terre et les esprits de ceux qui l’ont quittée[15]. »

Le professeur Flournoy, de l’Université de Genève, dans son livre Esprits et Médiums, p. 266, apprécie en ces termes l’oeuvre de F. Myers :

« A l’heure présente, nul ne peut prévoir le sort que l’avenir réserve à la doctrine spirite de Myers. Si les découvertes futures viennent confirmer sa thèse de l’intervention empiriquement vérifiable des désincarnés dans la trame physique ou psychologique de notre monde phénoménal, alors son nom s’inscrira au livre d’or des grands initiateurs, et, joint à ceux de Copernic et de Darwin, il complétera la triade des génies ayant le plus profondément révolutionné la pensée scientifique dans l’ordre cosmologique, biologique, psychologique. »

En 1905, 1906, 1907, 1908, l’Institut général psychologique de Paris a pris l’initiative d’un grand nombre de séances expérimentales, avec le concours du médium Eusapia Paladino, sous le contrôle de MM. Curie, Richet, d’Arsonval, Dubierne, etc. Le rapport de M. Courtier, secrétaire de l’Institut, quoique plein de réticences et de réserves, constate cependant que des phénomènes de lévitation et de déplacement d’objets sans contact se produisirent au cours de ces séances. Toutes les précautions furent prises contre les possibilités d’erreur ou de fraude. Des instruments spéciaux furent construits et employés pour l’enregistrement mécanique des phénomènes. Un contrôle incessant fut exercé. L’emploi d’appareils photographiques fit écarter toute hypothèse d’hallucination collective.

M. Dubierne ayant dit, au cours d’une séance, que John, l’Esprit-guide d’Eusapia peut briser la table, aussitôt on entend se rompre le pied de celle-ci.

Eusapia augmente et diminue à volonté son poids et celui de la table. A la distance de 45 centimètres, elle peut provoquer la rupture d’un tube de caoutchouc et celle d’un crayon. Elle brise en trois morceaux une petite table de bois, posée derrière sa chaise, annonçant à l’avance le nombre des morceaux, chose incompréhensible, étant donné qu’elle est dans l’obscurité et tourne le dos à la table[16].

Malgré ces faits, le 29 mai 1908, le docteur Lebon pose, dans le Matin, aux spirites et aux médiums, le défi suivant : « Bien que le professeur Morselli déclare que le soulèvement d’une table, sans contact, soit l’a b c des phénomènes spirites, je doute fort qu’elle serait jamais réalisée... J’offre 500 francs à celui qui me montrera le phénomène en plein jour. »

Quelques jours après, un journaliste bien connu, M. Montorgueil, répondait dans l’Éclair : « Nous sommes des centaines qui avons vu des phénomènes de lévitations de tables, sans contact. On vient nous dire qu’il y a suggestion, prestidigitation, un truc. A l’imitation de M. Lebon, j’offre 500 francs au prestidigitateur qui se présentera à l’Éclair et qui nous trompera avec les mêmes trucs en reproduisant, les mêmes phénomènes. »

L’astronome C. Flammarion, de son côté, répondait, dans le Matin, à M. Lebon : « On peut voir dans mon ouvrage : Forces naturelles inconnues, des photographies directes et sans retouches, à propos desquelles je suis parfaitement disposé à donner, moi aussi, un prix de 500 francs à celui qui pourra y découvrir un truc quelconque. »

Plus loin il dit : « On voit des rotations s’opérer sans contact, de la farine ayant été répandue avec un soufflet et aucun doigt ne l’ayant effleurée... Au cours de ces expériences, nous voyions un piano pesant 300 kilogrammes résonner et se soulever, tandis qu’il n’y avait auprès de lui qu’un enfant de onze ans, médium sans le savoir. »

Enfin le docteur Ochorowicz, professeur à l’Université de Varsovie, publiait, dans les Annales des Sciences psychiques de 1910 (voir toute l’année), la relation de ses expériences avec le médium Mlle Tomsick, accompagnée de reproductions photographiques de nombreux cas de lévitations d’objets sans contact. Ces faits constituent un ensemble de preuves objectives de nature à convaincre les plus sceptiques.

Le professeur César Lombroso, de l’Université de Turin, célèbre dans le monde entier par ses travaux d’anthropologie criminaliste, publiait en 1910, peu avant sa mort, un livre : Hypnotisme et Spiritisme[17], dans lequel il relatait toutes ses expériences, poursuivies pendant des années, et concluait dans un sens absolument affirmatif, au point de vue spirite. Cet ouvrage est un bel exemple de probité scientifique à opposer au parti pris et aux vues routinières de la plupart des savants français. Nous croyons devoir reproduire ici les considérations qui ont amené Lombroso à l’écrire : « Lorsque, dit-il, j’ai voulu faire un livre sur les phénomènes dits spirites, après une vie consacrée au développement de la psychiatrie et de l’anthropologie, mes meilleurs amis m’ont accablé d’objections, disant que j’allais gâter ma réputation. Malgré tout, je n’ai pas hésité à poursuivre, estimant qu’il était de mon devoir de couronner ma carrière de luttes pour le progrès des idées en luttant pour l’idée la plus contestée et bafouée du siècle. »

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Ainsi, de jour en jour, les expériences se répètent, les témoignages deviennent plus nombreux. Dans leur ensemble, tous ces faits constituent déjà une science nouvelle, basée sur la méthode positive. Pour édifier sa doctrine, le spiritualisme moderne n’a pas eu besoin de recourir à la spéculation métaphysique ; il lui a suffi de s’appuyer sur l’observation et sur l’expérience. Les phénomènes qu’il étudie ne pouvant s’expliquer par des lois connues, il les a longuement et mûrement examinés, analysés, puis, par un enchaînement rationnel, il est remonté des effets aux causes. L’intervention des Esprits, l’existence du corps fluidique, l’extériorisation des vivants n’ont été affirmées que lorsque les faits sont venus par milliers en démontrer la réalité.

La nouvelle science spiritualiste n’est donc pas une œuvre d’imagination ; elle est le résultat de longues et patientes recherches, le fruit de nombreuses investigations. Les hommes qui en ont pris l’initiative ont connus dans tous les milieux scientifiques. Ils portent des noms célèbres et respectés.

Des enquêtes ont été poursuivies pendant des années par des commissions de savants de profession. Les plus connues sont l’enquête de la Société de dialectique, de Londres ; celle de la Société des recherches psychiques, qui dure depuis vingt ans et a donné des résultats considérables ; plus récemment, celle de M. Flammarion. Toutes ont recueilli des milliers d’observations, soumises à un examen sévère, à un contrôle des plus rigoureux.

Quelle que soit la part que l’on ait pu faire aux exagérations, aux fraudes, aux supercheries, il se dégage de l’ensemble de ces études un nombre si imposant de preuves et de faits, qu’il n’est plus permis, après cela, à un ami du vrai de rester indifférent ou silencieux. Le temps des ironies faciles est passé. La raillerie n’est pas une solution. Il faut que la science se prononce ; car le phénomène est là, revêtant tant d’aspects, se multipliant tellement, qu’il s’impose à son attention. L’âme, libre et immortelle, s’affirme, non plus comme une vague et idéale entité, mais comme un être réel, associé à une forme et producteur d’une force subtile, dont la constante manifestation sollicite l’attention des chercheurs.

Depuis les coups frappés et, les simples faits de typtologie jusqu’aux apparitions matérialisées, le phénomène spirite s’est déroulé sous des formes de plus en plus puissantes, portant la conviction chez les plus sceptiques et les plus prévenus.

C’est la fin du surnaturel et du miracle, mais de cet ensemble de faits, aussi anciens que l’humanité, mal compris, mal observés jusqu’ici, se dégagent maintenant une conception plus haute de la vie et de l’univers et la connaissance d’une loi suprême qui guide les êtres dans leur ascension à travers les splendeurs de l’infini, vers le Bien, vers le Parfait !


[1] Voir DE ROCHAS, Extériorisation de la sensibilité, motricité, passim.

[2] Voir docteur BARADUC, l'Ame humaine, ses mouvements, ses lumières, passim.

[3] Proceedings of the Society for psychical research, 1882 à 1902.

[4] Voir W. CROOKES, Recherches expérimentales sur le spiritualisme, pp. 159 et suiv.; A. RUSSEL-WALLACE, les Miracles et le Moderne Spiritualisme, pp. 325 et suiv. ; AKSAKOF, Animisme et Spiritisme, chap. le,.

[5] Voir W. CROOKES, loc. cit. ; E. D'ESPERANCE, Au Pays de l’ombre, p. 194 ; AKSAKOF, loc. cit. ; G. DELANNE, les Apparitions matérialisées.

[6]Voir AKSAKOF, Animisme et Spiritisme, pp. 127 à 138.

[7]Proceedings psychical R. S. P., t. XV. Voir aussi M. SAGE, Madame Piper (Leymarie, éditeur), passim.

[8] Proceedings, 1897.

[9]Rapport du professeur Hyslop, Proceedings ; G. DELANNE, Recherches sur la Médiumnité, p. 355.

[10] Nous adoptons pour ce mot l'orthographe anglaise, le mot français transe ayant un tout autre sens.

[11]Voir Compte rendu des séances du IVème Congrès international de psychologie, pp. 113 à 121, reproduit par la Revue scientifique et morale du spiritisme, octobre 1900, p. 213 ; septembre 1902, p. 158.

[12]Voir Compte rendu du Congrès spirite et spiritualiste de 1900 (Leymarie, édit.), pp. 211 et suiv.

[13] L'histoire nous apprend également que les phénomènes d'apparition et de matérialisation ne sont pas aussi inconnus que l'assure M. Ch. Richet.

[14] Traduit par le docteur Jankelevitch et publié en français sous le titre: la Personnalité humaine, réduit en un seul volume. L'édition anglaise comporte deux in-8. F. Alcan, édit., 1905.

[15] Human Personnality, t. II, p. 287.

[16]Voir Bulletin de l'Institut général psychologique de décembre 1908 et l'ouvrage de CESAR LOMBROSO, Hypnotisme et Spiritisme.

[17] CESAR LOMBROSO, Hypnotisme et Spiritisme trad. Rossigneux préface.

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