Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


XXIV. ABUS DE LA MEDIUMNITE.


Au premier rang des abus que nous devons signaler, il faut placer les fraudes, les supercheries. Les fraudes sont, ou conscientes et voulues, ou bien inconscientes ; dans ce dernier cas, elles sont provoquées, soit par l’action d’Esprits malfaisants, soit par des suggestions exercées sur le médium par les expérimentateurs et les assistants.

Les fraudes conscientes proviennent, tantôt de faux médiums, tantôt de médiums véritables, mais déloyaux, qui ont fait de leur faculté une source de profits matériels. Méconnaissant la noblesse et l’importance de leur mission, d’une qualité précieuse, ils font un moyen d’exploitation et ne craignent pas, lorsque le phénomène se dérobe, de le simuler par des artifices.

Les faux médiums se rencontrent un peu partout. Les uns ne sont que de mauvais plaisants qui s’amusent aux dépens du vulgaire et se trahissent eux-mêmes, tôt ou tard.

Il en est d’autres, industriels habiles, pour qui le spiritisme n’est qu’une marchandise ; ils s’ingénient à imiter les manifestations en vue du gain à réaliser. Plusieurs ont été démasqués en pleine séance ; quelques-uns ont été la cause de procès retentissants. Dans cet ordre de faits, on a vu se produire les plus audacieuses fourberies[1]. Certains hommes, se jouant de la bonne foi de ceux qui les consultent, n’ont pas hésité à profaner les sentiments les plus sacrés et à jeter la suspicion sur une science et des doctrines qui peuvent être un moyen de régénération. Le sentiment de leur responsabilité leur échappe le plus souvent, mais la vie d’outre-tombe leur réserve des surprises désagréables.

Le mal que ces fourbes ont fait à la vérité est incalculable. Leurs manœuvres ont détourné bien des penseurs de l’étude sérieuse du spiritisme. Aussi est-il du devoir de tout honnête homme de les démasquer, de les flétrir. Le mépris dans ce monde, le remords et la honte dans l’autre, voilà ce qui les attend. Car tout se paie, nous le savons ; le mal retombe toujours sur celui qui l’a causé.

Il n’est rien de plus vil, de plus méprisable, que de battre monnaie avec la douleur des autres, de contrefaire pour de l’argent les amis, les êtres chers que nous pleurons, de faire de la mort elle-même une spéculation éhontée, un objet de falsification !

Le spiritisme ne saurait être rendu responsable de tels agissements. L’abus ou l’imitation d’une chose ne peut rien faire préjuger contre la chose elle-même. Ne voyons-nous pas les phénomènes de la physique imités fréquemment par les faiseurs de tours et cela démontre-t-il quoi que ce soit contre la science véritable ? Le chercheur intelligent doit se tenir sur ses gardes et faire un usage constant de sa raison. S’il est quelques officines où, sous prétexte de manifestations, on se livre à un trafic odieux, il est de nombreux cercles composés de personnes dont le caractère, la position, l’honorabilité sont autant de garanties de sincérité et où aucun soupçon de charlatanisme ne saurait pénétrer.

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Il est arrivé, disons-nous, que certains médiums, doués de facultés remarquables, n’ont pas craint de mêler, dans leurs séances, les supercheries aux faits réels, dans le but d’accroître leurs profits ou leur renom.

On se demandera peut-être comment les habitants de l’Au-delà consentent à prêter leur concours à des êtres aussi indignes. La réponse est facile. Ces Esprits, dans leur ardent désir de se manifester à ceux qu’ils ont aimés sur la terre, trouvant en ces médiums les éléments nécessaires pour se matérialiser, apparaître et démontrer ainsi leur survivance, n’hésitent pas à utiliser les moyens qui s’offrent à eux, malgré l’indignité des sujets.

C’est ce qui eut lieu, en 1906, 1907, 1908, au cours de séances données à Paris par un médium étranger, et dont j’ai déjà parlé dans la préface de cet ouvrage.

Le 18 juin 1908, chez M. David, boulevard des Batignolles, le médium étant assis en dehors du cabinet de matérialisations, en demi-lumière, dans le cercle des assistants, on vit se former un bras, qui semblait sortir d’un angle de la salle. Il décrivit un mouvement circulaire et vint me toucher la tête, ainsi qu’au révérend Benezech, pasteur protestant, assis près de moi. Un fantôme vaporeux sortit du parquet, se dressa sous les regards de tous ; une voix en sortit, qui fit entendre un nom bien connu. Puis il s’affaissa et s’évanouit graduellement dans le parquet. Le médium, très éveillé, signalait lui-même ces phénomènes, au moment où ils se produisaient sur des points de la salle qu’il n’aurait pu atteindre.

A la séance du 12 juillet, chez Mme Cornély, j’étais placé à l’entrée du cabinet, devant l’ouverture des rideaux. Un Esprit de taille enfantine, négligeant cette ouverture, traversa l’étoffe, à ma gauche, près de M. Debrus, assis derrière moi, et prononça ces mots : Marie, R..o..s..e, puis : papa, maman ! Il toucha M. Debrus, et l’on vit son joli bras rond s’allonger au-dessus de sa tête et de la mienne. M. et Mme Debrus sont convaincus d’avoir vu là une apparition de leur propre fille, décédée à Valence, le 4 novembre 1902, et dont j’ai parlé dans le Problème de la Destinée. Dans ce cas, la simulation nous parut impossible, le médium n’ayant jamais connu la jeune fille.

L’authenticité de ces phénomènes est incontestable, car ils avaient lieu en d’excellentes conditions de contrôle. Il n’en fut pas de même par la suite. Dès que le médium s’était retiré sous les tentures et que l’obscurité était faite, des bruits significatifs se faisaient entendre. Au cours des onze séances auxquelles j’assistai, j’acquis la certitude que le médium se déshabillait, ôtait ses chaussures, puis se grimait pour simuler les apparitions.

A l’une des séances tenues chez Mme Noeggerath, rue Milton, deux dames placées favorablement pour bien observer, alors que j’étais assis plus loin, virent distinctement le médium dévêtu, accroupi, puis allongé sur le parquet, se relevant peu à peu pour soulever le tulle flottant qui lui servait à imiter les fantômes. Ces dames, dont l’une était Mlle Noeggerath, me firent part séparément de leurs impressions, qui concordaient, avant de s’être entretenues du fait observé.

Le 9 septembre, M. Drubay, spirite intègre et convaincu, trouva chez lui, au lendemain d’une séance, en défaisant le cabinet de matérialisations, un lambeau de tulle de soie, d’une grande finesse, qui semblait détaché ou arraché d’un morceau plus grand. Quelques jours après, au local de la Société des Études psychiques, rue du Faubourg Saint-Martin, dans les mêmes conditions, il ramassait un chiffon noir, assez long, fortement imprégné d’une odeur de santal et de rose combinée, que l’on respire à certains moments des séances et que le médium prétendait provenir des Esprits. En résumé, plus de vingt témoins constatèrent les fraudes, au cours de séances ultérieures[2]. L’engagement formel qu’ils avaient pris d’observer le règlement, les empêcha seul de démasquer le coupable.

Les Annales des Sciences psychiques ayant dénoncé ces agissements, je crus devoir élever la voix à mon tour pour dégager nos responsabilités et celle d’une cause compromise par ces divulgations[3]. Par là, le public put voir que les spirites ne se laissent pas duper et qu’ils savent discerner le vrai du faux. En effet, signaler les fraudes partout où elles se produisent est le plus sûr moyen de les décourager.

En procédant comme je l’ai fait, j’ai accompli une besogne désagréable, mais nécessaire, et les honnêtes gens m'ont approuvé. Si, d’une part, j’ai été l’objet de critiques malveillantes, de l’autre, j’ai reçu de hautes et chaleureuses approbations. Un éminent psychiste, qui occupe une situation élevée dans la magistrature, m’écrivait à ce sujet :

Paris, 8 avril 1910. - J’ai admiré votre courage dans l’affaire M.... parce que je devinais combien vous avez dû souffrir d’être obligé de protester. Vous avez bien fait et vous vous êtes montré encore une fois l’homme honnête et sincère que vous êtes. Je sais que certains groupes vous en ont un peu voulu, mais vous avez accompli un devoir en chassant les « marchands du temple ». Ce qui jette de la défaveur sur le mouvement dont vous êtes un des chefs les plus respectés, c’est justement l’aveuglement de certains groupes, qui favorisent, par leur indifférence à la sincérité des phénomènes, et les fraudeurs et ceux qui se réjouissent de ces fraudes.

En ce qui me concerne, je suis avec vous. La fraude de M... m’a été démontrée dès les premières séances et j’ai compris facilement ses procédés, qui sont grossiers. Je n’en ai rien dit publiquement, par égard pour les personnes dont j’étais l’hôte. M... m’avait d’ailleurs promis des séances sérieuses ; il n’a pas tenu ses promesses.

Ces faits eurent un épilogue. Les spirites réunis à Bruxelles, en congrès international, en mai 1910, ont émis le vœu suivant :

Le Congrès spirite de Bruxelles, ému des fraudes nombreuses et répétées qui se produisent dans les séances obscures données par des médiums professionnels, ému du préjudice moral qu’elles causent à notre doctrine,

Invite les groupes d’études et les expérimentateurs qui recherchent les faits physiques, les apports et les phénomènes de matérialisation, à n’utiliser les séances obscures ou en demi-lumière que dans des conditions de rigoureux contrôle.

Il recommande notamment de faire tenir les mains et les pieds du médium par deux assistants éprouvés, pendant toute la durée de la séance, ou bien d’isoler le médium à l’aide d’un filet tendu ne présentant aucune solution de continuité ; ou encore de le placer dans une cage soigneusement close et dont la clé restera en possession d’une personne sûre.

Les séances en demi-lumière sont de beaucoup préférables, car les phénomènes sont contrôlés par tous les assistants. Un médium bien doué doit s’en contenter. Il devient suspect quand il exige l’obscurité, quoique celle-ci augmente la force psychique, car on peut craindre qu’il n’en profite pour frauder, ce qui a eu lieu dans certains cas. On doit se contenter de résultats moindres, mais plus sûrs.

Le Congrès adresse, en outre, un pressant appel aux médiums honnêtes et désintéressés. Il leur demande de redoubler de zèle pour le service d’une vérité sacrée, vérité compromise par des simulateurs éhontés. Il leur rappelle que, si la fourberie entraîne une juste et sévère réprobation, par contre le dévouement et la sincérité leur mériteront l’estime et la reconnaissance de tous et l’assistance des hautes Intelligences invisibles, qui veillent au progrès de nos croyances dans le monde.

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Il est des fraudes inconscientes, avons-nous dit, qui s’expliquent par la suggestion. Les médiums sont très sensibles à l’action suggestive, soit des vivants, soit des défunts[4]. L’état d’esprit des personnes participant aux expériences réagit sur eux et exerce une influence dont ils n’ont pas conscience, mais qui, parfois, est considérable.

Des médiums parfaitement honnêtes et désintéressés avouent être poussés à tricher, dans certains milieux par une force occulte. La plupart résistent et préféreraient renoncer à l’exercice de leur faculté plutôt que de glisser sur cette pente. Quelques-uns se laissent aller à ces influences. Et il suffira d’un instant de faiblesse pour jeter le doute sur toutes les expériences auxquelles ils auront participé.

Certaines fraudes, constatées chez divers médiums, peuvent être attribuées à des suggestions extérieures, soit humaines, soit spirites. Parfois, les deux influences se combinent et s’ajoutent l’une à l’autre. Les sceptiques malintentionnés sont aidés par des auxiliaires de l’Au-delà. Dès lors, la puissance suggestive sera d’autant plus irrésistible que le médium sera plus impressionnable, plus profondément endormi, insuffisamment protégé. On voit quels dangers celui-ci peut courir ; dans certaines séances mal composées, mal dirigées, il peut devenir la victime des forces extérieures combinées. Ce n’était pas le cas pour le médium M., dont nous venons de parler et qui apportait sur lui le tulle et les autres objets nécessaires aux simulations. Chez lui, la préméditation était évidente. Les supercheries étaient calculées, préparées à l’avance.

Il arrive que le médium, surtout le médium écrivain, se suggestionne lui-même et, d’un mouvement automatique, trace des communications, qu’il attribue abusivement à des Esprits désincarnés. Cette autosuggestion est comme un appel du moi normal au moi subconscient, qui n’est pas un être distinct, comme nous l’avons vu précédemment, mais une forme plus étendue de la personnalité. Dans ce cas, de la meilleure foi du monde, le médium répond à ses propres questions ; il extériorise ses pensées cachées, ses propres raisonnements, les produits d’une vie psychique plus profonde et plus intense. Allan Kardec, Davis, Hudson Tuttle, Aksakof, etc., ont parlé, dans leurs oeuvres, de cette catégorie de médiums, que M. G. Delanne appelle des automatistes :

« L’automatisme de l’écriture, » dit-il[5], « l’oubli immédiat des idées énoncées, qui donne à l’écrivain l’illusion d’être sous l’influence d’une volonté étrangère, la personnification des idées, les notions qui gisent dans la mémoire latente, les impressions sensorielles inconscientes, tous ces faits se comprennent et s’expliquent par des raisons tirées de l’étude plus complète de l’intelligence humaine et ne supposent aucunement la nécessité de l’intervention des Esprits. »

La crédulité sans bornes, l’oubli de tout principe élémentaire de contrôle, qui règnent dans certains milieux, favorisent et entretiennent ces abus. Il existe, en différents pays, des groupes de spirites bénévoles, où de pseudo-médiums automates écrivent de vastes élucubrations, sous l’inspiration de saint Antoine de Padoue, de saint Joseph, de la Vierge. Ou bien ils incarneront Socrate et Mahomet, et ceux-ci, dans un langage vulgaire, viendront débiter mille absurdités à des auditoires émerveillés, leur défendant de lire et de s’instruire, afin de les soustraire à toute influence éclairée, à tout contrôle sérieux.

Dans ces milieux, les mystifications ne se comptent plus. J’ai connu un brave jardinier qui, sur les conseils d’un Esprit, allait creuser, à minuit, dans un endroit désert, un trou énorme, à la recherche d’un trésor imaginaire. Une dame de 55 ans, très dévote, épouse d’un officier retraité, poussait la naïveté jusqu’à préparer la layette d’un enfant qu’elle devait mettre au monde et qui serait la réincarnation du Christ, disaient ses instructeurs invisibles. Les uns voient partout l’intervention des Esprits, jusque dans les faits les plus matériels. D’autres consultent les Invisibles sur les moindres détails de leur existence, sur leurs entreprises commerciales et leurs opérations de Bourse.

On attribue généralement ces aberrations à des Esprits trompeurs. Certes, les mystifications d’outre-tombe sont fréquentes. Elles s’expliquent aisément par le fait que l’on demande trop souvent aux Esprits des choses qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas dire. On fait du spiritisme un moyen de divination et l’on attire à soi les Esprits légers. Mais, souvent, la suggestion mentale a une grande part dans ces erreurs.

C’est pourquoi, dans ce domaine difficile et parfois obscur de l’expérimentation, il importe d’examiner, d’analyser les choses avec un jugement froid, une grande circonspection, et d’admettre seulement ce qui se présente avec un caractère d’authenticité bien tranché. Notre connaissance des conditions de la vie future et le spiritisme tout entier reposent sur les phénomènes médianimiques. Il convient d’étudier sérieusement ceux-ci et d’éliminer avec rigueur tout ce qui ne porte pas la marque d’une origine extra-humaine. Il ne faut pas, sous prétexte de progrès, remplacer l’incrédulité systématique par une confiance aveugle, par une crédulité ridicule, mais faire avec soin la part du factice et du réel. L’avenir du spiritisme en dépend.

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Abordons maintenant une question extrêmement délicate ; celle de la médiumnité professionnelle. La médiumnité peut-elle être rétribuée ? ou doit-elle être, exercée avec un désintéressement absolu ?

Remarquons d’abord que la faculté médianimique est, de sa nature, une chose variable, mobile, intermittente. Les Esprits n’étant aux ordres ni au caprice de personne, on n’est jamais assuré, au préalable, du résultat des séances. Le médium peut être indisposé, mal entraîné ; l’assistance, mal composée au point de vue psychique. D’autre part, la protection des Esprits élevés ne s’allie guère avec une mise à prix du spiritisme. Aussi le médium professionnel, celui qui s’est habitué à vivre du produit de sa faculté, s’expose-t-il à bien des mécomptes. Comment fera-t-il argent d’une chose dont la production n’est jamais certaine ? Comment satisfera-t-il les curieux, lorsque les Esprits ne répondront pas à son appel ? Ne sera-t-il pas tenté quelque jour, quand les assistants seront nombreux et la perspective du gain alléchante, de provoquer frauduleusement les phénomènes ? Dès qu’on a glissé sur cette pente, il est difficile de la remonter. On arrive à user habituellement de supercherie et l’on tombe peu à peu dans le charlatanisme le plus éhonté.

Les délégués américains au Congrès spirite de 1900, à Paris, Mme Addi-Balou, entre autres, ont déclaré que la médiumnité professionnelle et les fraudes qu’elle entraîne, ont été depuis quelques années une cause de recul et de discrédit pour le spiritisme aux Etats-Unis.

La meilleure garantie de sincérité que peut offrir un médium, c’est le désintéressement. C’est aussi le plus sûr moyen d’obtenir l’appui d’en haut.

Pour conserver son prestige moral, pour produire des fruits de vérité, la médiumnité doit être pratiquée avec élévation et détachement ; sans quoi, elle devient une source d’abus, l’instrument de contradiction et de trouble dont se serviront les Entités malfaisantes. Le médium vénal est comme le mauvais prêtre qui introduit dans le sanctuaire ses passions égoïstes et ses intérêts matériels. La comparaison n’est pas déplacée, car la médiumnité, elle aussi, est une sorte de sacerdoce. Tout être humain marqué de ce signe doit se préparer au sacrifice de son repos, de ses intérêts et même de son bonheur terrestre ; mais, en agissant ainsi, il obtiendra la satisfaction de sa conscience et se rapprochera de ses guides spirituels.

Faire commerce de médiumnité, c’est disposer de ressources dont on n’est pas maître ; c’est abuser du bon vouloir des morts, les asservir à une œuvre indigne d’eux ; c’est détourner le spiritisme de son but providentiel. Il est préférable, pour le médium, de chercher ailleurs des moyens d’existence, et de ne consacrer aux séances que le temps dont il pourra disposer. Il y gagnera en estime et en considération.

Toutefois, il faut reconnaître que des médiums publics et rétribués ont rendu de réels services. Les personnes peu fortunées ne peuvent pas toujours répondre aux appels des savants, se déplacer, entreprendre des voyages, comme l’exige l’intérêt de la cause qu’ils servent.

Voici ce que dit Stainton Moses, qui fut un expérimentateur consciencieux et un bon juge en la matière[6] :

« Parmi les médiums publics, certains ne voient que les bénéfices à réaliser et ne reculent pas toujours devant les fraudes pour arriver à leur but. Cependant, il en est beaucoup dont on ne peut dire que du bien et qui sont fort utiles. Neuf fois sur dix, ceux qui viennent à eux en si grand nombre, incapables de comprendre et de suivre une expérience scientifique, demandent seulement que pour leurs dix francs on leur fasse la preuve de l’immortalité. La foule épuise vite les facultés du médium, qui, pour ne pas rester court, cède à la tentation de recourir à la fraude. Malgré ces détestables conditions, j’ai été souvent étonné des résultats obtenus et des preuves éclatantes qui ont été fournies. »

Que déduire de tout ceci ? C’est qu’il est une juste mesure que le médium, doué de conscience, éclairé sur la valeur de sa mission, peut facilement observer. Si, dans certains cas, il est contraint d’accepter un dédommagement pour le temps perdu et les déplacements effectués, que ce soit de façon à ne pas compromettre sa dignité en ce monde et sa situation dans l’autre. L’usage de la médiumnité doit rester un acte grave et religieux, dégagé de tout caractère mercantile, de tout ce qui peut l’amoindrir ou l’abaisser.

 

[1] Le Banner of Light, de Boston, du 5 août 1899, annonce qu'on a saisi la trace d'une vaste association entre certains médiums de profession, pour l'exploitation du bon public spiritualiste. Cette association a adressé à tous les médiums professionnels sa circulaire offrant une série d'appareils destinés à imiter les manifestations spirites, avec indication des prix, de 1 à 5 dollars.

[2] Voir Revue spirite, février et avril 1909.

[3]Voir Annales des Sciences psychiques, décembre 1908.

[4]Cette action n'est plus guère contestée en haut lieu. La science officielle, dit le professeur Falcomer, enseigne maintenant qu'un sujet peut tromper par une suggestion mentale venant d'autrui (Phénoménographie, par le professeur FALCOMER). Voir Revue spirite, 1903, p. 173.

[5] GABRIEL DELANNE, Recherches sur la Médiumnité, p. 185.

[6] STAINTON MOSES (alias OXON), Spirit Identity. Revue scientifique et morale, janvier 1900, p. 397.

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