Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


PREFACE DE LA NOUVELLE EDITION


Depuis l’apparition de cet ouvrage, dix années se sont écoulées, au cours desquelles le spiritisme a poursuivi sa marche ascendante et s’est enrichi d’expériences et de témoignages de grande valeur. Ceux de Lodge, Myers, Lombroso, notamment, sont venus rehausser son prestige, lui donner, avec l’autorité scientifique qui lui manquait encore, une sorte de consécration définitive. D’autre part, les abus et les fraudes, que nous signalions précédemment, se sont multipliés. Est-ce donc une loi de l’histoire ? Ce qu’une idée gagne en étendue, doit-elle le perdre en qualité, en force, en pénétration ?

Au point de vue des témoignages recueillis et des progrès réalisés, la situation du spiritisme n’est pas la même en France qu’en certains pays étrangers. Tandis qu’en Angleterre et en Italie, il a conquis, dans les milieux académiques, de retentissantes adhésions, la plupart des savants français ont pris, vis-à-vis de lui, une attitude dédaigneuse, méprisante même[1]. Ils ont montré, en cela, peu de clairvoyance, car l’idée spirite, si elle présente parfois des exagérations, repose sur des faits incontestables et répond aux nécessités impérieuses de notre temps.

Tout esprit impartial doit reconnaître que ni la science officielle ni la religion n’ont donné satisfaction aux besoins intellectuels et aux aspirations de la plus grande partie de l’humanité. Il ne faut donc pas s’étonner si tant d’hommes ont cherché en des domaines peu explorés, quoique très riches en ressources psychologiques, des solutions, des lumières que les vieilles institutions sont impuissantes à leur fournir. Ce genre d’études peut déplaire à certains esprits timorés ; il peut être, par eux, critiqué, condamné. Vains propos qu’emporte le vent ! En dépit des exigences, des objurgations et des anathèmes, les intelligences iront toujours vers ce qui leur paraît plus juste, plus clair et meilleur. Les mépris des uns, les condamnations des autres n’y feront rien. Donnez plus et mieux, leur répondra-t-on. Clercs et savants, vous qui pouvez vous consacrer aux loisirs de la pensée, au lieu de railler ou de fulminer dans le vide, sachez consoler, relever ceux qui sont courbés sous le poids d’une lourde tâche matérielle, sachez expliquer le pourquoi de leurs maux et leur fournir les preuves des compensations à venir. Ce sera l’unique moyen de conserver votre suprématie !

On peut se demander, d’ailleurs, lequel est le plus apte à juger les faits et à discerner la vérité, d’un cerveau bourré de préjugés et de théories préconçues, ou bien d’un esprit libre, affranchi de toute routine scientifique et religieuse ? L’histoire répond pour nous.

Certes, les savants officiels ont rendu des services éminents à la pensée ; ils lui ont évité bien des égarements ; mais quelle obstruction n’ont-ils pas opposée, en bien des cas, à l’extension, de la connaissance, véritable et intégrale !

Le professeur Ch. Richet, qui est un juge compétent, a fait ressortir avec vigueur, dans les Annales des Sciences psychiques de janvier 1905, les erreurs et les faiblesses de la science officielle.

Encore aujourd’hui, la routine exerce son empire dans les milieux académiques ; tout savant qui se refuse à suivre l’ornière tracée est considéré comme un hérétique et écarté des grasses prébendes. L’exemple du docteur Paul Gibier, obligé de s’expatrier pour se créer une situation, en est la pénible démonstration.

Sur ce point, la démocratie ne s’est pas montrée moins absolutiste, moins tyrannique que les régimes déchus. Elle aspire au nivellement des intelligences et proscrit ceux qui cherchent à l’arracher aux vulgaires matérialités. L’abaissement des études a appauvri la pensée universitaire, affaibli les caractères, paralysé les initiatives.

C’est en vain qu’on chercherait en France, parmi nos savants, un exemple de courage moral comparable à ceux qu’ont donnés, en Angleterre, W. Crookes, Russell Wallace, Lodge, etc., Lombroso et d’autres, en Italie. L’unique souci des hommes en situation semble être de modeler leurs opinions sur celles des « maîtres de l’heure », afin de bénéficier des profits dont ces derniers sont les dispensateurs.

En matière de psychisme, le bon sens vulgaire semble faire défaut à la plupart des savants. Le professeur Flournoy en fait l’aveu : « Pour toute l’humanité des anciens âges, actuellement encore pour sa grande masse, c’est l’hypothèse spirite qui est la seule vraiment conforme au bon sens le plus élémentaire ; tandis que pour nous, nourrissons de la science gavés de mécanisme naturaliste depuis les bancs du collège, cette même hypothèse révolte jusqu’en son tréfonds notre bon sens, également le plus élémentaire[2].

A l’appui de ses dires, il cite les deux exemples suivants[3], s’appliquant à un fait universellement reconnu exact :

« Le grand Helmholtz - raconte M. Barrett - me disait une fois que ni le témoignage de tous les membres de la Société royale, ni l’évidence de ses propres sens ne pourraient lui faire croire même à la transmission de pensée, ce phénomène étant impossible. »

« Un biologiste illustre - rapporte aussi M. W. James me disait un jour que, même si les preuves de la télépathie étaient vraies, les savants devraient se liguer entre eux, pour les supprimer ou les tenir cachées, parce que de tels faits renverseraient l’uniformité de la nature et toutes sortes d’autres choses dont les savants ne peuvent se passer pour continuer leurs recherches. »

Pourtant les faits spirites se sont multipliés, imposés avec tant de force que les savants ont dû tenter de les expliquer. Mais ce ne sont pas les élucubrations psycho-physiologiques de Pierre Janet, les théories polygonales du docteur Grasset, ni la cryptomnésie de Th. Flournoy qui peuvent satisfaire les chercheurs indépendants. Lorsqu’on a quelque expérience des phénomènes psychiques, on est confondu de la pauvreté des raisonnements des critiques scientifiques du spiritisme. Ils choisissent toujours, dans la multitude des faits, quelques cas se rapprochant de leurs théories, et ils passent soigneusement sous silence tous ceux, innombrables, qui les contredisent. Le procédé est-il vraiment digne de véritables savants ?

Les études impartiales et persistantes aboutissent à d’autres conclusions. Parlant du spiritisme, Oliver Lodge, recteur de l’Université de Birmingham et membre de l’Académie royale, a pu dire : « J’ai été amené personnellement à la certitude de l’existence future par des preuves reposant sur une base purement scientifique. » (Annales des Sciences psychiques, 1897, p. 158.)

J. Hyslop, professeur à l’Université de Columbia, écrivait : « La prudence et la réserve ne sont pas contraires à l’opinion que l’explication spirite est, jusqu’à présent, la plus rationnelle. »

On le voit, si les railleries n’ont pas manqué aux spirites, dans les milieux scientifiques, il est pourtant des savants qui ont su leur rendre justice. Le professeur Barrett, de l’Université de Dublin, s’exprimait ainsi, lors de son installation à la présidence de la Society for Psychical Research, le 29 janvier 1904[4] :

« Bon nombre de mes auditeurs se souviennent sans doute de la croisade qui eut lieu jadis contre l’hypnotisme, que l’on appelait alors mesmérisme. Les premières personnes qui se sont occupées de ces études ont été en butte à des attaques incessantes de la part du monde médical et scientifique, d’un côté, du monde religieux, de l’autre. Elles ont été dénoncées comme des imposteurs, repoussées comme des parias, mises sans façon à la porte des synagogues de la science et de la religion. Cela se passait à une époque assez rapprochée de nous, pour que je puisse moi-même m’en souvenir. La science physiologique et médicale ne peut s’empêcher de baisser la tête avec embarras en songeant à ce temps-là, et en voyant à présent l’hypnotisme et sa valeur thérapeutique reconnus, devenus partie intégrante de l’enseignement scientifique dans plusieurs écoles médicales, surtout sur le continent !… Ne devons-nous pas révérer actuellement la mémoire de ces chercheurs hardis, qui ont été les pionniers de cette branche des études psychiques ?

« De la même manière, nous ne devons point oublier ce petit nombre de chercheurs qui, avant notre temps, ont eu le courage, après de patientes recherches, de proclamer leur croyance à ces phénomènes, qu’ils appelèrent spiritiques… Sans doute, leurs méthodes d’investigation ne furent pas à l’abri de toute critique ; néanmoins, ils ont été des chercheurs de la vérité tout aussi honnêtes et dévoués que nous prétendons l’être, et ils méritent d’autant plus notre estime, qu’ils ont rencontré plus d’opposition et de dérisions. Les esprits forts souriaient alors, comme à présent, de ceux qui se montraient mieux informés qu’eux. Je suppose que nous sommes tous portés à considérer notre propre discernement comme supérieur à celui de notre prochain. Mais, enfin, n’est-ce pas le bon sens, les soins, la patience, l’étude continue des phénomènes psychiques qui donnent le plus, de valeur à l’opinion à laquelle, on est parvenu, et non pas l’esprit dé pénétration, ou le scepticisme de l’observateur ?

« Nous ne devons pas perdre de vue que ce qui est affirmé, même par le plus humble des hommes, par suite de son expérience personnelle, est toujours digne d’arrêter notre attention, tandis que ce qui est nié, même par les hommes les plus réputés, alors qu’ils ignorent la chose, ne mérite jamais que nous y prêtions attention.

« Cet esprit puissant et pénétrant qu’était le professeur De Morgan, le grand dénonciateur du charlatanisme scientifique, a eu le courage de publier, il y a longtemps déjà, qu’on a beau tâcher de ridiculiser les spirites, ils ne sont pas moins sur le chemin qui mène à tout avancement des connaissances humaines, parce qu’ils ont l’esprit et la méthode des premiers temps, lorsque les routes devaient être ouvertes à travers les forêts vierges, dans lesquelles nous pouvons maintenant avancer avec toute facilité. »

«

« «

Tout en rendant hommage aux spirites, le professeur Barrett, en juge impartial, reconnaissait que leur zèle n’était pas exempt de critiques. Aujourd’hui comme alors, cette opinion pourrait se vérifier. L’exaltation de certains adeptes, leur ardeur à proclamer des faits imaginaires ou douteux, l’insuffisance de contrôle dans les expériences, ont souvent nui à la cause qu’ils croyaient servir. C’est peut-être là ce qui justifie, dans une certaine mesure, l’attitude défiante, parfois hostile, de certains savants à l’égard du spiritisme.

Le professeur Ch. Richet écrivait dans les Annales des Sciences psychiques de janvier 1905, p. 211 : « Si les spirites ont été très audacieux, ils ont été, hélas, bien peu rigoureux, et c’est une lamentable histoire que celle de leurs aberrations... C’est assez, quant à présent, d’avoir établi qu’ils avaient le droit d’être très audacieux et que nous ne pouvons pas, de par notre science faillible, incomplète, embryonnaire encore, leur reprocher cette audace. Il faudrait les remercier, au contraire, d’avoir été si audacieux. »

Les réserves de M. Richet ne sont pas moins fondées que ses éloges. Beaucoup d’expérimentateurs n’apportent pas dans leurs études la pondération, la prudence nécessaires. Ils recherchent de préférence les manifestations tapageuses, les matérialisations nombreuses et répétées, les phénomènes bruyants, sans se rendre compte que la médiumnité ne peut produire des faits de cette nature qu’exceptionnellement et de loin en loin. Quand on possède un médium professionnel de cet ordre, on l’obsède, on le surmène, on le pousse à donner des séances fréquentes. Fatalement, on le fait glisser sur la pente de la simulation. De là les fraudes, les mystifications signalées par tant de feuilles publiques.

Bien préférables, à mon sens, sont les faits médianimiques d’ordre modeste et plus intime, les séances où règnent l’ordre, l’harmonie, l’unité des pensées, par où les choses célestes découlent comme une rosée sur l’âme altérée, l’éclairent, la consolent, la rendent meilleure. Les séances à faits physiques, même lorsqu’elles étaient sincères, m’ont toujours laissé une impression de vide, de gêne, de malaise, par suite des influences qui y dominaient.

Sans doute, des savants, comme Crookes, Hyslop, Lombroso, etc., ont dû à des professionnels les beaux résultats qu’ils obtenaient ; mais ils s’entouraient, dans leurs expériences, de précautions dont les spirites ne sont pas coutumiers. Au cours de séances de matérialisations données à Paris par un médium américain, en 1906 et 1907, et qui eurent un fâcheux retentissement, les spirites avaient établi un règlement, que les assistants s’engageaient d’honneur à observer et dont les stipulations avaient pour conséquence imprévue de libérer le médium de tout contrôle efficace. L’obscurité était presque entière au moment des apparitions. Les assistants devaient causer à haute voix, chanter, se tenir les mains en formant la chaîne magnétique et se garder, par-dessus tout, de toucher aux formes matérialisées. De cette façon, la vue, l’ouïe, le tact se trouvaient à peu près annihilés. Ces conditions, il est vrai, étaient dictées par une intention louable, car, en thèse générale, comme on le verra au cours de cet ouvrage, elles favorisent la production des faits ; mais, en la circonstance, elles aidaient aussi à masquer les supercheries. Les facultés du médium étaient réelles, cependant, et, dans les premières séances, il se produisit des phénomènes authentiques, que nous relatons plus loin. Puis, ce fut un mélange de faits réels et simulés. Enfin, la supercherie devint évidente et continue. Après avoir signalé, dans une revue spéciale, les phénomènes présentant des garanties de sincérité, je me trouvai, par la suite, contraint moralement de dénoncer des fraudes avérées et compromettantes.

Après une longue enquête et de mûres réflexions, Je n’ai rien à retirer de mes appréciations antérieures. J’ai rendu justice à ce médium en faisant la part de ce qu’il y avait de réel dans ses séances, mais je n’ai pas hésité à dénoncer ses simulations, le jour où des témoignages nombreux et autorisés les ont rendues certaines. Parmi ces témoignages, on rencontre celui d’un magistrat de Cour d’appel, qui est, en même temps, un éminent psychiste.

En faisant le silence sur ces fraudes, en les couvrant d’une sorte d’approbation tacite, nous ouvrions la porte à tout un cortège d’abus, qui ont discrédité le spiritisme en certains milieux et arrêté son développement. Déjà, à la suite de l’habile simulateur, on voyait accourir chez nous des fraudeurs condamnés par les tribunaux des pays voisins. Plus récemment, le médium Abendt fut démasqué à Berlin en des circonstances identiques. Puis ce fut Carancini à Londres et Bailey à Grenoble. Sans le cri d’alarme jeté par nous, on risquait de glisser sur une pente fatale et d’aboutir à quelque effondrement.

Les spirites sont des hommes de foi et de conviction. Mais si la foi éclairée attire à nous, sur les plans spirituel et matériel, des âmes nobles et élevées, la crédulité, sur le plan terrestre, attire les charlatans, les exploiteurs de tous ordres, la nuée des chevaliers d’industrie qui ne cherchent qu’à nous tromper. Là est le péril du spiritisme. Il appartient à tous ceux qui ont au cœur le souci de la dignité et de la vérité de cette cause, de le conjurer. On a répété à satiété : Le spiritisme sera scientifique ou ne sera pas ! Nous ajouterons : Le spiritisme doit être  honnête, avant tout !

«

« «

Quelques mots encore au sujet de la doctrine du spiritisme, synthèse des révélations médianimiques concordantes, obtenues sur toute la surface du monde, sous l’inspiration des grands Esprits. Elle s’affirme de plus en plus, cette doctrine, et se vulgarise. Il n’est pas jusqu’à nos contradicteurs, eux-mêmes, qui ne se voient dans l’obligation morale de lui rendre justice, en constatant tous ses bienfaits et les consolations ineffables qu’elle a répandues sur les âmes souffrantes.

Le professeur Th. Flournoy, de l’Université de Genève, en parle en ces termes dans son livre : Esprits et Médiums : « Exempte de toutes les complications et subtilités de la théorie de la connaissance et des problèmes de haute métaphysique, cette philosophie simpliste se trouve par là même assez bien adaptée aux besoins de la masse. »

De son côté, J. Maxwell, avocat général à la Cour d’appel de Paris, s’exprimait ainsi dans son ouvrage : Phénomènes psychiques : « L’extension que prend la doctrine spirite, est un des plus curieux phénomènes de l’époque actuelle. J’ai l’impression d’assister à la naissance d’un mouvement religieux appelé à de grandes destinées. »

En outre, Th. Flournoy, à la suite d’une enquête dont il consigne, les résultats dans l’ouvrage précité, se livre aux commentaires suivants[5] :

« Ici c’est un concert général d’éloges sur la beauté et l’excellence de la philosophie spirite, un témoignage à peu près unanime rendu à son influence salutaire sur la vie intellectuelle, morale et religieuse de ses adeptes. Même les personnes qui en sont venues à se méfier complètement des phénomènes et leur en veulent, pour ainsi dire, des déceptions et des doutes qu’ils laissent après eux, reconnaissent les bienfaits qu’elles ont retirés des doctrines. »

Et plus loin :

« On rencontre des spirites qui n’ont encore jamais assisté à une expérience et n’en éprouvent pas même le désir, mais qui affirment avoir été conquis par la simplicité, la beauté, l’évidence morale et religieuse des enseignements spirites (existences successives, progrès indéfini de l’âme, etc.). Il ne faut donc point dénigrer la valeur de ces croyances, valeur indéniable, puisque de nombreuses âmes déclarent en vivre et y avoir trouvé un échappatoire de salut entre l’orthodoxie, d’une part, dont elles ne pouvaient plus accepter certains dogmes répugnants (comme celui des peines éternelles), et, d’autre part, les négations désespérantes du matérialisme athée[6]. »

Pourtant, même au sein du camp spirite, quoi qu’en dise M. Flournoy, les objections n’ont pas manqué. Parmi ceux que le côté scientifique du spiritisme attire, il en est qui font peu de cas de la philosophie. C’est que, pour apprécier toute la grandeur de la doctrine des Esprits, il faut avoir souffert. Les gens heureux sont toujours plus ou moins égoïstes et ne peuvent comprendre quelle source de consolations elle renferme. Les phénomènes peuvent les intéresser, mais, pour attiser en eux la flamme intérieure, il faut les souffles froids de l’adversité. Les vérités profondes n’apparaissent dans leur plénitude qu’aux esprits mûris par l’épreuve et la douleur.

En ces matières, tout dépend des prédispositions antérieures. Les uns, captivés par les faits, s’attachent de préférence à l’expérimentation. D’autres, éclairés par l’expérience des siècles parcourus ou par les leçons de la vie présente, mettent l’enseignement au-dessus de tout. La sagesse consiste à réunir les deux côtés du spiritisme dans un ensemble harmonieux.

Comme on le verra au cours de cet ouvrage, l’expérimentation exige des qualités rares. Beaucoup, manquant de persévérance s’éloignent après quelques tentatives infructueuses et retombent dans l’indifférence pour n’avoir pas obtenu, aussi rapidement qu’ils l’eussent voulu, les preuves recherchées.

Ceux qui savent persister rencontrent, tôt ou tard, les éléments solides et probants sur lesquels s’édifiera une conviction inébranlable. Ce fut mon cas. De bonne heure, la doctrine des Esprits m’a séduit ; mais les preuves expérimentales ont été lentes à venir. Ce n’est qu’après dix ou quinze années de recherches qu’elles se sont produites, abondantes, irrésistibles. Je m’explique maintenant cette longue attente, ces nombreuses expériences aboutissant à des résultats incohérents et souvent contradictoires. Je n’étais pas encore mûr pour une divulgation complète des hautes vérités. Mais, à mesure que j’avançais dans la voie tracée, la communion avec mes protecteurs invisibles devenait plus étroite, plus profonde. Je me sentais guidé à travers les embûches et les difficultés de ma tâche. Aux heures d’épreuves, de tendres consolations descendaient sur moi. Aujourd’hui, j’en suis arrivé à ressentir la présence fréquente des Esprits, à distinguer, à l’aide d’un sens intime et très sûr, la nature et la personnalité de ceux qui m’influencent et m’inspirent. Je ne puis, évidemment, procurer à autrui les sensations intenses que je perçois. Elles expliquent ma certitude de l’Au-delà, ma conviction absolue de l’existence du monde invisible. C’est pourquoi toutes les tentatives faites pour me détourner de ma route sont restées et resteront vaines. Ma confiance et ma foi sont entretenues par des manifestations quotidiennes ; mon existence est devenue une vie en partie double, partagée entre les hommes et les Esprits. Aussi est-ce pour moi un devoir sacré de travailler à répandre, à mettre à la portée de tous, la connaissance des lois qui relient l’humanité de la terre à celle de l’espace et tracent à toutes les âmes la voie de l’évolution sans fin.

Septembre 1911.


[1]Voir la préface de G. Lebon au livre de LOMBROSO : Hypnotisme et Spiritisme, traduction française.

[2] Esprits et Médiums, p. 230.

[3] Ibid., p. 226.

[4] Voir Revue des Études psychiques, juin 1904.

[5] Esprits et Médiums, p. 204. Paris, Fischbacher, éditeur, 1911.

[6] Ouvr. cité, p. 543.

Chapitre suivant




Téléchargement | Bulletin
nous écrire | L’Agora Spirite