Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


X. FORMATION ET DIRECTION DES GROUPES. PREMIERE EXPERIENCES.


La constitution des groupes, avons-nous dit, comporte des règles et des conditions dont l’observation influe considérablement sur le résultat poursuivi. Suivant leur état psychique, les assistants aident ou entravent l’action des Esprits. Tandis que les uns, par leur seule présence, facilitent les manifestations d’autres y opposent un obstacle presque insurmontable.

Il est donc nécessaire de se livrer à un certain choix, surtout au début des expériences. Ce choix ne peut être inspiré, sanctionné que par les résultats acquis ou bien par les indications d’un Esprit-guide. Lorsque, après un certain nombre de séances, aucun effet satisfaisant ne s’est produit, on peut procéder par voie d’élimination et de remplacement, jusqu’à ce que l’assistance paraisse composée de façon à fournir aux invisibles les ressources fluidiques nécessaires à leur action.

De même, la direction du groupe doit être confiée à une personne bien douée sous le rapport des attractions psychiques et, en outre, digne de confiance et de sympathie.

Il y a, dans cet ordre d’études, tout un ensemble de règles à observer, de précautions à prendre, qui rebutent les chercheurs timides. Il faut cependant remarquer que ces exigences se représentent dans toute expérience délicate, dans toute étude psychologique et même dans l’application journalière de nos propres facultés. Ne ressentons-nous pas, en bien ou en mal, l’influence de nos semblables ? En présence des uns, nous sommes comme entraînés, soutenus, inspirés. Notre pensée prend son essor : la parole devient plus facile, les images plus vives, plus colorées. D’autres nous paralysent et nous glacent. Il n’est pas étonnant que les Esprits, dans leurs manifestations si complexes, se retrouvent, à un plus haut degré, en présence des mêmes difficultés et que, dans les expériences, il faille tenir un compte rigoureux de l’état d’esprit et de volonté des assistants.

Par la suite, lorsque le groupe sera fortement constitué et ses travaux couronnés de succès, on pourra se départir de la rigueur des premiers jours et admettre de nouveaux membres, dans une proportion limitée.

La tâche de diriger un groupe est des plus délicates. Elle exige des qualités rares, des connaissances étendues et surtout une longue pratique du monde invisible.

Aucun groupe ne peut fonctionner sans être soumis à une certaine discipline. Celle-ci s’impose, non seulement aux expérimentateurs, mais encore aux Esprits. Le chef de groupe doit être doublé, assisté d’un Esprit-guide qui établira l’ordre dans le milieu occulte, comme lui-même le maintiendra dans le milieu terrestre et humain. Ces deux directions doivent se compléter l’une par l’autre, s’inspirer d’une pensée également haute, s’unir dans la poursuite d’un but commun.

Dans les cas où cette protection occulte fait défaut, la mission du chef de groupe devient plus difficile encore. Il lui faut toute l’expérience nécessaire pour discerner la nature des Esprits qui interviennent, démasquer les imposteurs, moraliser les arriérés, opposer une volonté ferme aux Esprits légers et perturbateurs, donner une appréciation éclairée sur les communications obtenues.

Les membres du groupe, eux-mêmes, ne lui causeront pas moins de souci. Réfréner les exigences et les vues trop personnelles des uns, la jalousie possible des autres, et surtout des médiums entre eux, éviter l’intrusion des sentiments égoïstes, qui attirent les éléments mauvais de l’Au-delà et donnent aux phénomènes des allures étranges, désordonnées : la tâche du président est, on le voit, parmi les plus ardues.

Dans le groupe que nous avons longtemps dirigé, l’assistance efficace des invisibles s’était fait sentir dès le début et nous eûmes peu de difficultés de ce genre. Nous nous efforcions, par l’essor de nos pensées et de nos cœurs, de nous mettre à l’unisson de nos guides et, grâce à nos efforts et avec leur aide, nous étions parvenus à créer autour de nous, par nos radiations mentales, une atmosphère de paix et de sérénité imprimant à la plupart des manifestations un caractère d’élévation morale, de sincérité, de franchise, qui impressionnait les assistants et éloignait les Esprits trompeurs.

Plus tard, par suite de l’introduction dans notre groupe d’un expérimentateur enthousiaste de faits matériels et assisté de tout un cortège d’Esprits inférieurs, des phénomènes vulgaires vinrent s’ajouter aux manifestations élevées. Des Esprits légers, enclins aux trivialités, s’immiscèrent parmi nous, et il fallut toute l’énergie de nos volontés réunies pour réagir contre les mauvaises influences qui nous envahissaient.

Mais avant cette période troublée, grâce à notre persistance et à notre union, les manifestations avaient pris graduellement un caractère de netteté et de grandeur qui nous captivait ; les preuves se multipliaient, fortifiant nos convictions, les rendant définitives. Des prédictions d’un ordre intime s’étaient réalisées. Des conseils, des instructions, des aperçus scientifiques et philosophiques, formant la matière de plusieurs volumes, furent obtenus.

Nous pûmes attirer à nous et retenir à nos séances des hommes de valeur appartenant à tous les camps, à toutes les opinions : des matérialistes, des indifférents, des croyants religieux et jusqu’à des prêtres, dont l’esprit large et investigateur ne répugnait pas à ces recherches.

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Beaucoup de tentatives restent infructueuses ; nombre de groupements n’ont qu’une existence éphémère, par suite du manque de patience, de dévouement, de cohésion.

On recherche avec avidité les phénomènes transcendants ; mais lorsque, pour les obtenir, on apprend qu’il faut se soumettre à un entraînement graduel de plusieurs mois, de plusieurs années, se réunir à date fixe, au moins chaque semaine et ne pas se décourager par des insuccès répétés, beaucoup hésitent et reculent. Il ne faut donc admettre dans les groupes en formation que des membres absolument résolus à persévérer, en dépit des lenteurs et des obstacles. C’est seulement avec le temps et par des efforts soutenus que l’organisme des médiums et des expérimentateurs peut subir les modifications profondes qui permettent d’extérioriser les forces indispensables à la production des phénomènes.

S’il est bon de choisir avec soin ses collaborateurs, il ne faut cependant pas pousser les choses à l’extrême et se montrer trop exclusif. Avec les secours d’en haut et l’assistance des Esprits-guides, les discordances, qui règnent au début dans certains cercles, peuvent s’atténuer et faire place à l’homogénéité. C’est ce que nous disent les Entités de l’espace

« Vous êtes en contact journalier avec quantité de gens, qui, fatalement, agissent sur vous comme vous agissez sur eux. Ces actions et ces réactions sont nécessaires, car, sans elles, le progrès ne pourrait s’accomplir. Croyez à notre secours constant, à notre présence affectueuse auprès de vous. C’est dans notre amour que nous puisons la force de rester, près de ceux qui nous aiment, leurs guides, leurs protecteurs dévoués. Imitez-nous. Chassez toute pensée jalouse ou malveillante. Apprenez à vous sacrifier, à vivre et à travailler en commun. Ne vous ménagez pas ; c’est-à-dire : ne craignez pas les troubles qui peuvent résulter de certains rapports avec vos semblables. Ils entraînent pour vous une diminution de jouissances, sans doute ; mais ces rapports constituent la loi de l’humanité. Vous ne devez pas vivre en égoïstes, mais faire participer les autres à vos propres biens. »

(Communication médianimique.)

Ces instructions tracent, en ce qui concerne la fréquentation des séances, notre ligne de conduite. La similitude dans les goûts, les affinités que créent entre les hommes les conditions sociales et la culture d’esprit, influeront nécessairement, dans une certaine mesure, sur la constitution des groupes. Mais, si haut placé soit-il dans l’échelle sociale, un adepte ne doit pas dédaigner les réunions populaires, ni s’appesantir sur le manque d’instruction ou d’éducation de ceux qui les composent. Les intellectuels prouveront leur supériorité en s’associant aux travaux des groupes ouvriers, en s’efforçant de mettre à la portée de leurs frères, moins favorisés, leurs connaissances et leurs jugements. C’est surtout dans les associations spirites que la fusion des classes doit se réaliser.

Le spiritisme nous le démontre : nos avantages sociaux sont passagers ; le progrès, l’éducation de l’esprit l’appellent à naître et à renaître successivement dans les conditions les plus diverses de la vie, afin d’y acquérir les mérites inhérents à ces milieux. Il fait ressortir, avec une puissance de logique qu’aucune autre doctrine n’a possédée, la fraternité et la solidarité des âmes, découlant de leur origine et de leurs fins communes. La véritable supériorité consiste dans les qualités acquises ; elle se traduit surtout par un sentiment profond de nos devoirs envers les humbles et les déshérités de ce monde.

Il y a loin pourtant du principe à l’application, Si les progrès de l’idée spirite sont moins accentués en France qu’en certains pays étrangers, c’est surtout à l’indifférence, à l’apathie des spirites aisés qu’il faut attribuer cet état de choses. Un petit nombre seulement semble se soucier des responsabilités encourues. Il faut le reconnaître, ce sont les groupes ouvriers qui s’organisent avec le plus de facilité et durent le plus longtemps. Leurs membres savent vivre leurs croyances. Ils s’entendent, ils s’entraident au moyen de caisses de secours, péniblement alimentées sou à sou et destinées à secourir ceux d’entre eux que visite l’épreuve.

Certains de ces groupes fonctionnent depuis dix et vingt ans. Tous les dimanches, leurs membres se réunissent à heure fixe pour entendre les instructions des Esprits. Leur assiduité est remarquable, et la pratique du spiritisme produit sur eux des résultats sensibles. Ils trouvent là un dérivatif à leur vie de labeur et de misère, un enseignement et un réconfort. La description faite par les défunts des sensations éprouvées, des situations subies après la mort, les conséquences des mauvaises habitudes contractées durant l’existence terrestre, tout ce qui se dégage de ces entretiens les impressionne, les émeut, influe profondément sur leur caractère et leurs actes. Leur jugement se forme peu à peu, sur les choses de l’Au-delà ; une notion précise du but de la vie se dessine pour eux, leur rend la résignation plus facile, le devoir plus aimable.

Ce ne sont plus là les exhortations apprêtées d’un prédicateur, les spéculations d’un professeur de philosophie ou les froids enseignements d’un livre. C’est l’exemple vivant, dramatique, parfois terrible, donné par ceux qu’ils ont connus ; qui ont vécu près d’eux et qui recueillent dans l’Au-delà les fruits de toute une vie. Ce sont les voix d’outre-tombe dans leur simple et brutale éloquence, l’appel vibrant, spontané, de la souffrance morale, l’expression d’angoisse de l’Esprit coupable qui voit pour toujours s’envoler ses chimères terrestres, se dévoiler ses erreurs et ses hontes, qui sent le remords descendre comme du plomb fondu au fond de sa conscience, affinée parle détachement de toute matière corporelle.

Le jour où ces pratiques se seront répandues, où, sur tous les points du monde, la communication des vivants et des morts donnera à l’homme la connaissance anticipée de la destinée et de ses lois, un principe nouveau d’éducation et de régénération aura surgi. On trouvera là un instrument incomparable pour réagir contre les effets morbides produits sur les masses par le matérialisme et la superstition.

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Le groupe étant constitué et composé de quatre à huit personnes des deux sexes, par quelles expériences devra-t-on commencer ?

Si aucune médiumnité ne s’est encore révélée, il sera bon de débuter par la table. C’est le moyen le plus simple, le plus rudimentaire ; il est, par cela même, à la portée du plus grand nombre.

Placés alternativement, hommes et dames, autour d’une table légère, les mains à plat sur le bois nu, les assistants adresseront un appel à leurs amis de l’espace, puis attendront dans le silence, avec le désir d’obtenir, mais sans pression des doigts, sans tension d’esprit.

Il est inutile de prolonger les essais pendant plus d’une demi-heure. Presque toujours, dès la première séance, des impressions fluidiques sont ressenties, des courants se dégagent des mains des expérimentateurs, révélant par leur intensité le degré d’aptitude de chacun d’eux ; des craquements se font entendre dans le meuble, qui finit par osciller, par s’agiter, puis se détache du sol et reste suspendu sur l’un de ses pieds.

Dès lors, il est bon de convenir d’un ensemble de signaux. On prie la force-intelligence de se manifester en frappant, soit avec les pieds, soit à l’intérieur de la table, un nombre de coups correspondant à celui des lettres de l’alphabet. Ainsi des mots, des phrases peuvent être dictés, des questions posées, des réponses obtenues ; un entretien s’établira entre le chef de groupe et l’intelligence invisible. On peut abréger et simplifier par des signes de convention ; par exemple, un seul coup pour l’affirmative ; deux pour la négative. Ce mode de communication, lent et fastidieux au début, deviendra assez rapide dans la pratique.

Lorsque les médiums seront connus, il suffira de les placer au centre du groupe, autour d’un guéridon, afin d’accélérer les mouvements et de faciliter les communications, les autres membres faisant cercle autour d’eux.

Des feuilles de papier, des crayons étant placés à proximité, les questions et les réponses seront scrupuleusement transcrites. Dès que l’Intelligence se sera révélée par des réponses précises, sensées, caractéristiques, on pourra la consulter sur la constitution du groupe, les aptitudes médianimiques des assistants, la marche à suivre dans les travaux. Toutefois, il faudra se tenir en garde contre les Esprits vains et légers qui affluent autour de nous et ne craignent pas de prendre des noms célèbres pour nous mystifier.

On peut expérimenter simultanément par la table et par l’écriture. Les phénomènes de cet ordre conduisent généralement à d’autres manifestations plus élevées, par exemple, à la trance ou sommeil magnétique et à l’incorporation. Il sera bon, au début, d’y consacrer successivement chaque moitié de la séance.

Presque toujours, chacun des assistants a près de lui des Esprits désireux de se communiquer et d’adresser un message amical à ceux qu’ils ont laissés sur la terre. A toutes les séances de notre groupe, les médiums voyants décrivaient ces Esprits et, d’après certains détails de costumes, certains signes distinctifs, la personne assistée reconnaissait un parent, un ami défunt, des êtres que, souvent, les médiums n’avaient pas connus.

La façon de procéder par l’écriture automatique est fort simple. L’expérimentateur, muni d’un crayon dont la pointe repose légèrement sur le papier, évoque mentalement quelqu’un des siens et attend. Au bout d’un certain laps de temps, très variable selon les cas et les personnes, l’écrivain ressent une agitation fébrile du bras, de la main, qui va s’accentuant ; puis une impulsion étrangère lui fait tracer des signes informes, des lignes, des dessins. Il faut obéir à cette impulsion et se soumettre patiemment à des exercices d’apparence bizarre, mais nécessaires pour assouplir l’organisme et régulariser l’émission fluidique.

Peu à peu, au bout de quelques séances, des lettres apparaîtront parmi les signes incohérents, puis viendront des mots et des phrases. Le médium obtiendra des messages, d’abord brefs et consistant en quelques lignes, mais qui s’allongeront de plus en plus, à mesure que sa faculté progressera. Enfin viendront des instructions plus précises et plus étendues.

Pendant la période des exercices, le médium pourra travailler en dehors des réunions, chaque jour, à heure fixe, afin d’activer le développement de sa faculté ; mais aussitôt que cette période aura pris fin, dès que les manifestations revêtiront un caractère intelligent, il devra éviter l’isolement, ne plus travailler qu’en séance et soumettre les productions de sa main au contrôle du président et des guides du groupe.

Il existe différents procédés pour faciliter la communication alphabétique. Les lettres sont tracées sur un cadran, à la surface duquel glisse un triangle mobile. Il suffit du contact des doigts d’un médium pour transmettre à ce petit meuble la force fluidique nécessaire. Sous cette action, le triangle se déplace rapidement et va désigner les lettres choisies par l’Esprit. Dans certains groupes, les lettres sont indiquées à l’aide de coups frappés dans l’intérieur de la table. D’autres se servent avec succès de la corbeille à écrire ou de la planchette américaine. Les systèmes sont nombreux et variés. On peut les mettre à l’essai jusqu’à ce que l’on ait trouvé celui qui s’adapte le mieux aux ressources fluidiques et au goût des expérimentateurs.

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Nous ne saurions trop insister sur les dangers que présente l’intrusion des mauvais Esprits dans les séances d’un groupe en formation ou les essais d’un médium isolé. Trop souvent, ce sont nos pensées qui les attirent.

Écartez donc, dans vos réunions, dirons-nous aux chercheurs sincères, toute préoccupation d’affaires ou de plaisirs. Ne laissez pas flotter vos pensées vers des objets divers, mais fixez-les sur un but élevé ; mettez-vous en harmonie de vues et de sentiments avec les âmes supérieures. En vous maintenant dans cet état d’esprit, vous sentirez peu à peu des courants puissants descendre sur vous, vous pénétrer, augmenter la sensibilité de votre organisme fluidique. D’abord passagère, intermittente, cette sensibilité s’accroîtra, deviendra permanente. Votre périsprit se dilatant, se purifiant, aura plus d’affinité avec les Esprits-guides et des facultés ignorées se révéleront en vous : médiumnité voyante, parlante, auditive, curative, etc. C’est par le perfectionnement, l’élévation morale, que vous acquerrez cette sensibilité profonde, cette sensitivité psychique qui permet d’obtenir les manifestations les plus hautes, les preuves les plus convaincantes, les identités les plus précises.

Priez au début et à la fin de chaque séance ; au début, pour élever vos âmes et attirer les Esprits sages et éclairés ; à la fin, pour remercier quand vous aurez obtenu des faveurs et des enseignements. Que votre prière soit courte et fervente, et bien moins une formule qu’un élan du cœur.

La prière détache l’âme humaine de la matière qui l’emprisonne et la rapproche du foyer divin. Elle établit une sorte de télégraphie spirituelle, par laquelle la pensée d’en haut, répondant à l’appel d’en bas, descend dans nos obscures régions. Nos explorations dans les abîmes de l’invisible seraient pleines de périls, si nous n’avions au-dessus de nous des êtres plus puissants et plus parfaits pour nous diriger et éclairer notre chemin.

Il n’est pas indispensable de se livrer à des évocations. Dans notre groupe, nous les pratiquions rarement. Nous préférions adresser un appel à nos guides et protecteurs habituels, laissant à tout Esprit la liberté de se manifester sous leur contrôle. Il en est de même dans beaucoup de groupes de notre connaissance. Ainsi tombe de lui-même le grand argument de certains adversaires du spiritisme, qu’il est coupable de se livrer à des évocations et de contraindre les Esprits à redescendre sur la terre. L’Esprit, comme l’homme, est libre et ne répond que s’il lui plaît aux appels qui lui sont adressés. Toute injonction est vaine ; toute incantation, superflue. Ce sont là procédés faits pour en imposer aux simples.

Il est bon d’ouvrir les séances par une lecture sérieuse et attrayante, puisée dans des ouvrages ou revues spirites choisis. Cette lecture doit être l’objet de commentaires et d’échanges de vues entre les assistants, sous la direction du président. Il arrive fréquemment que les communications données par les Esprits, à la suite de ces lectures, se rapportent aux sujets traités et les complètent en les développant. C’est là un mode d’enseignement mutuel, qu’on ne saurait trop recommander.

On peut aussi poser des questions aux Esprits sur tous les nombreux problèmes qui se rattachent au domaine de la philosophie et de la vie sociale, sur les conditions de l’être dans l’Au-delà, les impressions ressenties après la mort, l’évolution de l’âme, etc.

Toutes ces questions doivent être posées par le président. Simples et claires, elles seront toujours d’ordre moral et désintéressées. En interrogeant les invisibles sur des intérêts personnels, des trésors cachés ; en demandant la révélation des événements à venir ; en se livrant à des pactes cabalistiques ; en faisant usage d’emblèmes, de talismans, de formules bizarres, non seulement on donne prise à la critique et à la raillerie, mais on attire à soi les Esprits moqueurs et l’on s’expose aux pièges dont ils sont coutumiers.

Au contraire, en abordant les côtés élevés du spiritisme, on s’assure la collaboration d’Esprits sérieux, qui se font un devoir de coopérer à notre avancement et à notre éducation. En s’engageant dans cet ordre d’études, on reconnaîtra bientôt la richesse et la variété des enseignements spirites et combien il devient facile de résoudre, avec leur aide, mille problèmes restés jusqu’ici obscurs ou indéchiffrables.

Si le concours des Esprits supérieurs est désirable et doit être recherché, celui des Esprits vulgaires et arriérés a quelquefois son utilité. Il est bon, de leur laisser une place dans les travaux des groupes fortement constitués et assurés d’une protection suffisante. Par leur infériorité même, ils présentent un sujet d’étude caractéristique ; leur identité s’affirme parfois par des traits qui forcent la conviction. La situation qu’ils occupent dans l’espace et les conséquences qui résultent de leur passé sont des éléments précieux pour la connaissance des lois universelles.

Quelques groupes s’imposent comme tâche spéciale d’évoquer les Esprits inférieurs et, par des conseils, de les instruire, de les moraliser, de les aider à se dégager des liens qui les rattachent encore à la matière. Cette mission est parmi les plus méritoires ; elle exige l’union parfaite des volontés, une profonde expérience des choses de l’invisible, que l’on rencontre seulement dans les milieux depuis longtemps acquis au spiritisme.

Dans le cas où les médiums font défaut ou sont improductifs, le groupe ne doit pas pour cela être réduit à l’inaction. A l’exemple des sociétés ou groupements scientifiques, il doit chercher un aliment dans toutes les questions se rattachant à l’objet de ses prédilections. Ces questions doivent être mises à l’ordre du jour et, de même que les lectures dont nous parlions plus haut, commentées, discutées, au grand profit des auditeurs. De loin en loin, certaines séances peuvent être consacrées à des conférences ou causeries, à la suite desquelles chacun présentera ses objections et ses arguments. Par ce moyen, les travaux d’un groupe deviendront non seulement un excellent moyen d’instruction, mais aussi un exercice oratoire qui préparera ses membres à la propagande publique. En s’armant pour les discussions et les joutes de la parole, ils pourront devenir d’utiles défenseurs et propagateurs de l’idée spirite.

C’est toujours par des débats de cette nature que se forment les orateurs ; c’est par là qu’ils acquièrent l’éloquence, ce don de remuer les âmes, de s’en emparer, de les entraîner vers un but. Les adeptes du spiritualisme ne doivent négliger aucun moyen de se préparer aux luttes à venir, de s’approprier cette double puissance de la parole et du savoir, qui permet à une doctrine de s’affirmer dans le monde.

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