Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Avant propos

Ceci est l’exposé, par un profane, des principaux éléments de la doctrine spirite. Je dis par un profane, parce que mon expérience pratique du Spiritisme n’est pas suffisante pour convaincre qui que ce soit pas même pour me convaincre moi-même.
Ce que je tente, c’est une sorte de revue générale d’une question entrée maintenant dans le domaine scientifique, et qui présente en tout cas, quelle que soit la fortune que lui réserve l’avenir, un très grand intérêt.
Tout le monde parle aujourd’hui du Spiritisme ; mais, en dehors des initiés ou du groupe de savants et de penseurs qui ont pris la peine de l’étudier, rien n’égale l’ignorance de la foule à son sujet.
Les uns n’y voient qu’une religion nouvelle ; d’autres en sont encore aux pauvres explications qu’on crut pouvoir fournir au début du mouvement : hallucinations, phénomènes inconscients, craquements de tendons, fraudes, etc.
Pour presque tous, le spiritisme se réduit à des pratiques bizarres de niais ou d’hallucinés, qui croient de bonne foi converser avec leurs parents décédés, ou recevoir la visite des grands hommes qui ne sont plus…
Lorsque pour la première fois, on étudie sérieusement la question, on éprouve une véritable satisfaction : on s’aperçoit que les phénomènes spirites, ou dits spirites, se réduisent, somme toute, à quelques types principaux très fixes et très nets ; qu’ils sont solidement établis par le témoignage concordant de milliers et de milliers de chercheurs ; qu’ils ont été contrôlés, avec toute la rigueur des méthodes expérimentales, par des savants illustres de tous les pays ; que leur négation pure et simple équivaut aujourd’hui à un aveu d’ignorance.
Avec non moi de surprise, on constate que ces faits ont été le point de départ à la base d’une doctrine rationnelle et vraiment scientifique ; d’une philosophie à la foi très simple, très claire et très belle.
Ces faits et cette doctrine sont longuement développés dans la littérature spéciale du Spiritisme, qui renferme de nombreux ouvrages d’une valeur inattendue et d’un grand intérêt.
Je voudrais, dans cette étude, les exposer aussi succinctement que possible, et tenter l’essai d’une synthèse à la fois courte et complète, que je n’ai pas trouvée dans mes recherches sur ce sujet.
J’ai écrit ce petit travail, sans prétention, et dans le seul but, tout d’abord, d’éclaircir et de fixer mes idées.
Puis, j’ai pensé qu‘il pourrait peut-être intéresser quelques-uns de mes amis.
Somme toute, alors même (ce que je ne crois pas), que la doctrine Spirite ne serait qu’une illusion, elle est assez originale et assez belle pour appeler l’attention des penseurs et mériter une sérieuse discussion.
Combien de systèmes philosophiques dont on nous a si longtemps obsédés, étaient, à tous égards, inférieurs au Spiritisme !
Pour apprécier à sa valeur cette doctrine, il est utile de laisser momentanément de côté toute idée philosophique ou religieuse antérieure. Elle présente, en effet, avec les systèmes métaphysiques ou religieux, une série de contrastes frappants.
Le Spiritisme diffère des religions par l’absence totale de mysticisme, n’invoquant ni révélations, ni surnaturel. Il n’admet que des faits expérimentaux avec les déductions qu’ils comportent.
Il se distingue tout autant de la métaphysique, en repoussant tout raisonnement a priori et toute solution purement imaginative.
Il n’aspire qu’au titre de science et ne se donne que comme une branche de l’histoire naturelle.
C’est au nom de la science, en dépit des anathèmes des Brunetière et des Sous-Brunetière, qu’il prétend donner la clé des grands problèmes.
C’est par des déductions scientifiques que, bouleversant de fond en comble le fatras des idées reçues, il affirme unir enfin ces deux adversaires en apparence irréconciliables : le spiritisme et le matérialisme, dont la vieille querelle reposait sur un simple malentendu.
Enfin, dernière originalité : le Spiritisme se défend de la prétention superbe des religions ou des philosophies, de tout expliquer.
Il admet, certes, l’existence de la Divinité ; mais il n’affirme rien sur sa nature exacte et se contente d’en faire l’âme de l’Univers : « Définir Dieu, dit excellemment M. Léon Denis[1], ce serait le circonscrire et presque le nier ! »
Il affirme que notre âme subsiste à la destruction de l’organisme, comme elle préexistait à sa formation ; qu’elle est soumise à la grande loi de l’évolution progressive ; mais il réserve prudemment la question du commencement et de la fin. Sommes-nous partie intégrante, partie « extériorisée », ou création pure et simple de la Divinité ? Quel sera le terme de l’évolution, et cette évolution peut-elle même avoir un terme ?
Tout cela sera clair pour nous, dit le Spiritisme, quand nous serons parvenus à un état supérieur.
Pour le moment, son enseignement nous empêchera seulement de nous égarer dans les sentiers perdus de la métaphysique, ou de nous empêtrer dans les lianes paralysantes des religions. Il projettera simplement sur notre route, un peu de lumière devant nous et derrière nous.
Dans le cours de notre évolution progressive, enseigne-t-il, une seule existence terrestre ne constitue qu’un instant insignifiant.
Renfermer toute notre vie matérielle et intellectuelle dans la durée moyenne d’un demi-siècle passé sur notre planète est aussi enfantin que faire, comme jadis, tenir dans cette planète l’univers tout entier.
Il n’est pas possible de rien comprendre à notre existence envisagée d’une façon si mesquine ; pas plus qu’on ne saurait comprendre un livre dont on ne connaîtrait qu’une ligne, sur une page ouverte au hasard. Mais donnons-nous la peine de feuilleter quelques-unes des pages qui précèdent et qui suivent, et nous saurons alors en grande partie, deviner le sens général de l’ouvrage.
Point ne sera besoin, pour cela, de nous préoccuper outre mesure de la préface, de la conclusion … ni même de l’auteur.

[1] Léon Denis : Après la mort.

 

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