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TROISIEME PARTIE
Les théories philosophiques de l’évolution
Avant-propos
Les fondements scientifiques des philosophies de l'évolution
Les philosophies qui prennent pour base la connaissance des faits connus, sur
l'évolution collective et sur l'évolution individuelle, arrivent
à des conclusions extrêmement différentes, suivant qu'elles
embrassent plus ou moins de ces faits connus et suivant qu'elles vont plus ou
moins loin au-delà de ces faits connus. [1] M. Gustave Le Bon : L'Evolution de
la matière.
D'ailleurs, au fur et à mesure du progrès ininterrompu des sciences
naturelles, la conception de l'évolution doit s'adapter aux connaissances
nouvellement acquises. Elle subit ainsi des modifications successives, parfois
complètes. Les questions générales que soulève l'évolution
peuvent être ramenées à trois :
Y a-t-il évolution ? Qu'est-ce qui évolue ? Comment et pourquoi
l'évolution ?
Y a-t-il évolution ? On peut considérer la question comme résolue
scientifiquement. Oui, il y a évolution, évolution ininterrompue
du simple au complexe.
Qu'est-ce qui évolue ? La question est déjà infiniment
plus compliquée et difficile. Les notions scientifiques actuelles tendent
à établir l'unité de substance. Elles tendent en outre
à décomposer cette substance une jusqu'à l'atome. Elles
tendent enfin, aujourd'hui, à faire de l'atome non pas quelque chose
de matériel proprement dit, mais quelque chose comme un centre de forces.
« La matière, écrit M. Gustave Le Bon[1]
a successivement passé par des stades d'existence fort différents
: le premier nous reporte à l'origine même des mondes et échappe
à toutes les données de l'expérience. C'est la période
du chaos des vieilles légendes. Ce qui devait former l'univers n'était
alors constitué que par des nuages informes d'éther.
En s'orientant et en se condensant sous l'influence de forces inconnues, agissant
pendant des entassements d'âges, l'éther a fini par s'organiser
sous forme d'atomes. C'est de l'agrégation de ces derniers que se compose
la matière telle qu'elle existe dans notre globe ou telle que nous pouvons
l'observer dans les astres à diverses phases d'évolution.
Pendant cette période de formation progressive, les atomes ont emmagasiné
la provision d'énergie qu'ils devaient dépenser sous des formes
diverses : chaleur, électricité, etc.. dans la suite des temps.
En perdant lentement ensuite l'énergie, d'abord accumulée par
eux, ils ont subi des évolutions diverses et revêtu par conséquent
des aspects variés.
Quand ils ont rayonné toute leur énergie sous forme de vibrations
lumineuses, caloriques ou autres, ils retournent par le fait même des
rayonnements consécutifs à leur dissociation, à l'éther
primitif, d'où ils dérivent. Ce dernier représente donc
le nirvana final auquel reviennent toutes choses après une existence
plus ou moins éphémère.
Ces aperçus sommaires sur les origines de notre univers et sur sa fin
ne constituent évidemment que de faibles lueurs projetées dans
les ténèbres profondes qui enveloppent notre passé et voilent
notre avenir. Ce sont de bien insuffisantes explications. La science ne peut
en proposer d'autres. Elle n'entrevoit pas encore le moment où elle pourra
découvrir la véritable raison première des choses, ni même
atteindre les causes réelles d'un seul phénomène.
Il lui faut donc laisser aux religions et aux philosophies le soin d'imaginer
des systèmes capables de satisfaire notre besoin de connaître.
»
Nous essayerons, dans la suite de cet ouvrage, de montrer que nos connaissances
actuelles nous permettent d'aller bien plus loin que ne le pense M. Le Bon à
la recherche du sens de l'évolution.
Analysons d'abord les systèmes proposés, jusqu'à présent,
pour la solution de la 3e question : Comment et pourquoi révolution ?
Les théories philosophiques de l'évolution pourraient à
la rigueur, se ramener à deux : La théorie déiste ou providentielle
et la théorie panthéiste.
En fait, la métaphysique panthéistique est infiniment complexe,
puisqu'elle embrasse tous les systèmes qui placent dans l'univers même
sa raison d'être et sa fin.
Ces systèmes, soit par leur développement, soit par leurs conclusions,
sont très différents les uns des autres et ne sauraient être
confondus dans une étude uniforme.
Nous ne saurions, d'ailleurs, dans le cadre de cet ouvrage, les passer tous
en revue. Un choix s'impose, et ce choix sera naturellement déterminé
par l'objectif que nous poursuivons.
Nous considérerons simplement :
La philosophie de révolution providentielle et dogmatique.
L'évolution panthéistique ou monistique contemporaine.
Le système de « l’Evolution créatrice » de M.
Bergson.
La philosophie de l'Inconscient, d'après Schopenhauer et de Hartmann.
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