|
Chapitre IV
La
psychologie subconsciente
1° La cryptopsychie [1] Je crois superflu de citer des exemples
bien connus. Consulter en outre de la Thèse de Chabaneix, L'Inconscient,
de M. Dwelshauvers et généralement tous les travaux sur la psychologie
subconsciente.
[2] Flournoy : Esprits et médiums.
[3]Cité par M. Dwelshauvers.
[4] Pitres : L'Hystérie et l'hypnotisme.
[5] Flournoy: Des Indes à la planète
Mars.
[6] Consulter surtout le travail d'ensemble
de M. Jastrow : la subconscience.
« Le subconscient, a-t-on dit, est moins un problème psychologique
que le problème de la psychologie ! »
Parole profondément vraie : toute étude, toute théorie,
toute conception philosophique refusant de faire à l'inconscient sa part
légitime, qui est la part prépondérante, est faussée
d'avance dans son essence et dans ses enseignements. Elle voit immédiatement
les faits se dresser contre elle et la submerger.
L'importance de la psychologie subconsciente ne s'est imposée que de
nos jours à la critique scientifique.
Entièrement méconnue par elle, jusqu'au XIXe siècle, puis
considérée d'abord uniquement comme le fait d'anomalies, d'accidents
ou de maladies, elle s'affirme progressivement et désormais toute nouvelle
recherche, toute nouvelle découverte accroissent son domaine et sa profondeur.
On se voit forcé d'attribuer à l'Inconscient un rôle primordial
dans l'instinct, dans l'innéité psychologique, dans le psychisme
latent, dans le génie.
Avec les travaux contemporains, le psychisme subconscient apparaît, de
plus en plus, infiniment complexe et varié. Son rôle ressort nettement
prépondérant dans tous les domaines de la vie intellectuelle,
et affective.
La thèse bien connue du docteur Chabaneix « le Subconscient chez
les artistes, les savants et les écrivains » donne un certain nombre
d'exemples particulièrement frappants. Mais en réalité,
les exemples sont innombrables. On peut dire qu'il n'est pas d'artiste, de savant
ou d'écrivain de valeur qui ne connaisse, par son expérience personnelle,
pour peu qu'il soit apte à l'auto observation, l'importance sans égale
du subconscient[1].
L'influence subconsciente est parfois souveraine et impérative. Elle
constitue alors « l'Inspiration ».
Sous son influence, l'artiste ou le savant produit son oeuvre, parfois un chef
d'oeuvre, d'un jet, sans réflexion et sans raisonnement ; bien souvent
en dehors de toute direction voulue et coordonnée ; toujours sans effort.
L'inspiration subconsciente se fait parfois sentir pendant le sommeil, sous
forme de rêves coordonnés et lucides.
Dans d'autres cas, plus nombreux, il y a comme une collaboration entre le conscient
et l'inconscient. L'oeuvre est « amorcée » par un acte de
volonté et faite à la fois d'efforts réfléchis et
d'inspiration spontanée et tout à fait involontaire.
Cette collaboration aboutit parfois à des résultats différents
des résultats primitivement cherchés. Il est extrêmement
rare qu'un grand artiste ou écrivain dresse d'avance le plan d'une oeuvre
et y reste fidèle ; commence son oeuvre par le commencement et la termine
par la fin : compose régulièrement et sans à coups, comme
un maçon, par exemple, bâtit une maison.
Le travail du grand artiste est irrégulier ; le plan qu'il avait primitivement
conçu subit, en cours d'ouvrage, des modifications profondes, et parfois
complètes. Les ébauches ne procèdent pas les unes des autres,
avec régularité, du commencement à la fin de l'oeuvre.
Elles alternent au gré de l'inspiration du moment. L'artiste n'est pas
maître en effet, de son inspiration. Parfois elle est absente : si l'artiste
s'obstine, malgré tous ses efforts, il n'arrivera ce jour-là qu'à
une tâche médiocre, qu'il jugera ensuite inférieure et mauvaise.
S'il a la sagesse de ne pas insister, il verra, un autre jour, la tâche
abandonnée se terminer comme par enchantement : car le travail inconscient
se poursuit pendant le repos et surtout pendant le repos.
L'artiste sent parfaitement s'il est inspiré ou s il ne l'est pas. Dans
le premier cas, travail facile, presque sans obstacles, accompagné d'une
profonde satisfaction, parfois de ravissement. Dans le deuxième cas,
fatigue non seulement intellectuelle, mais vraiment physique ; arrêts
perpétuels ; labeur fastidieux et douloureux accompagné d'une
impression d'impuissance découragée.
L'inspiration ne vient pas de l'effort, au contraire ; elle vient parfois au
moment où on l'attend le moins, surtout en dehors des périodes
de travail réfléchi, quand l'esprit est distrait.
Il est des écrivains ou artistes qui ont toujours avec eux un carnet
pour noter, à toute heure et en toute circonstance, ce que leur soufflera
le caprice de l'inspiration : quelques vers si c'est un poète ; un postulat
philosophique si c'est un penseur ; la solution d'un problème vainement
creusé auparavant si c'est un savant ; une période bien faite
si c'est un littérateur, etc., etc.
Ainsi guettent-ils, toujours et partout, prêts à l'accueillir,
l'inspiration bienfaisante : dans leur cabinet de travail ou en promenade ;
dans l'isolement ou dans la foule ; dans leur lit de repos ; dans le train qui
les emporte en voyage ; dans la voiture qui les emmène à leurs
affaires ; au sein d'une réunion mondaine où ils s'isolent ; au
cours d'une conversation banale qu'ils n'écoutent pas et à laquelle
ils ne s'associent que par monosyllabes ; parfois enfin en rêve conscient.
Dans les cas les plus remarquables de la collaboration conscience subconsciente,
il semble que l'oeuvre, amorcée consciemment s'élabore tout entière
peu à peu dans la subconscience, avec le plan définitif, les différents
casiers et tous les détails. Mais ces différents casiers et tous
les détails n'arrivent à la conscience que peu à peu et
non dans un ordre de suite régulier. Ce n'est que quand l'oeuvre est
très avancée, que le plan et l'ordre de disposition des parties
se révèlent peu à peu. Il y a là comme un jeu de
puzzle subconscient et l'artiste ou écrivain (car c'est surtout des écrivains
qu'il s'agit) doit faire effort pour trouver où vont se placer les pages
ou les phrases inspirées.
Quand l'oeuvre est terminée, elle se trouve totalement différente
de l'ébauche du début ; mais elle donne une impression de beauté
et d'arrangement qui semble à l'artiste supérieure à ses
propres capacités. Elle lui laisse l'impression de lui être en
partie étrangère et il l'admire objectivement, comme il admirerait
une œuvre qui ne serait pas de lui.
Il y a d'ailleurs tous les degrés, toutes les modalités possibles
dans la collaboration consciente subconsciente. Certains artistes ou savants,
en général (mais non toujours) de valeur médiocre, ne la
perçoivent pas. Ils croient sincèrement que tout ce qu'ils produisent
est le résultat de leur effort. D'autres la perçoivent plus ou
moins et l'utilisent sans l'analyser. D'autres enfin la comprennent si bien
qu'ils l'emploient systématiquement, limitent rationnellement leurs efforts
et arrivent à sentir très bien, en travaillant, s'ils sont ou
non dans la bonne voie, large, facile, bien défrichée, ou s'ils
s'égarent sans profit dans des sentiers broussailleux et perdus.
L'inspiration, néanmoins, sauf dans des cas très rares, ne dispense
pas de l’effort. Elle rend simplement l'effort fécond et le réduit
au minimum. L'effort, par contre, ne peut se passer de l'inspiration. La collaboration
de l'effort conscient et de l'inspiration subconsciente produit les chefs-d'oeuvre
les plus parfaits.
Sans l'effort rationnel et le contrôle conscientiel, l'inspiration, même
géniale, risque de s'égarer. Une oeuvre magnifique, mais anarchique
et exubérante, sans proportions, gâtée par des erreurs,
des fautes ou des déviations peut être le résultat de l'inspiration
désordonnée et sans guide.
De même qu'une forêt vierge présente des frondaisons magnifiques,
se détachant sur le ciel et, en même temps, des taillis broussailleux,
obscurs, impénétrables et des végétations parasites
étouffées ou avortées ; ainsi une oeuvre puissante mais
dont la géniale beauté disparaît parfois sous les aberrations
et les erreurs grossières, serait le fruit d'une inspiration créatrice
soustraite à la direction d'une conscience robuste et saine.
A côté de l'inspiration, il faut placer l’Intuition, comme
elle subconsciente et comme elle toute puissante, à condition de subir,
dans une juste mesure, le contrôle du jugement rationnel.
Les données de l'intuition sont acquises en dehors des faits, de l'expérience,
de la réflexion, et dépassent ces faits, cette expérience
et cette réflexion. L'intuition est l'essence même de la subconscience.
Ebauchée dans l'animal où elle se manifeste sous forme d'instinct,
elle acquiert, chez l'homme, les caractères de faculté supérieure
géniale.
L'inconscient ne se révèle pas seulement pas l'inspiration ou
l'intuition ; mais aussi par une intrusion perpétuelle, d'ordre sentimental,
esthétique, religieux, etc..
Les décisions inattendues, les changements brusques d'opinions, une foule
de sentiments non raisonnés, sont en grande partie d'origine subconsciente
ou le fait d'une élaboration subconsciente.
Qui sait même si certaines idées qui nous paraissent parfaitement
réfléchies ne sont pas comme les floraisons d'une végétation
subconsciente invisible ?
Enfin, tout le fond de notre être ; ce qui constitue le principal du moi
: les capacités innées, les dispositions bonnes ou mauvaises,
le caractère, ce qui sépare essentiellement une intelligence d'une
autre intelligence, n'est pas le produit d'un effort personnel ou de l'éducation
ou des exemples ambiants.
Efforts, éducation, exemples peuvent développer ce qu'il y a dans
l'Etre d'inné et d'essentiel ; ils ne peuvent pas le créer. Ce
fond inné et essentiel c'est le subconscient, dont l'activité
constitue la cryptopsychie formidable que nous venons de passer en revue.
2° La cryptomnésie.
A côté de la cryptopsychie se place naturellement la cryptomnésie,
c'est-à-dire la mémoire subconsciente.
En effet, le subconscient n'apporte pas seulement à l'Etre ce qu'il a
de psychiquement essentiel ; il conserve aussi et recèle tout ce que
l'Etre, au cours de la vie, semble avoir acquis par son psychisme conscient.
Pour lui, il n'y a pas d'oubli. Il garde tout, intégralement.
La cryptomnésie s'observe dans la psychologie normale comme dans la psychologie
anormale ; mais c'est naturellement dans cette dernière qu'elle est le
plus remarquable.
Flournoy[2]
est peut-être le psychologue qui a le mieux étudié la cryptomnésie.
Les faits de réapparition de souvenirs oubliés, que le sujet prend
à tort pour quelque chose de nouveau et d'inédit, sont, dit-il,
beaucoup plus fréquents qu'on ne croit. « Les simples mortels,
comme les plus grands génies, sont exposés à ces lapsus
de mémoire, portant non sur le contenu mnésique lui-même,
puisque précisément le contenu revient avec une exactitude parfois
désolante et traîtresse, mais sur ses associations locales et temporelles
(ou sur son caractère de « déjà vu ») qui l'auraient
fait reconnaître pour ce qu'il est et auraient empêché le
sujet de se parer innocemment des plumes du paon.
On en a signalé chez Hélène Keller, la célèbre
aveugle sourde muette, qui, ayant à onze ans composé son fameux
conte du Roi du Gel, se vit bien injustement et cruellement accusée de
fausseté parce que ce conte présentait la plus grande analogie
avec une histoire qu'on lui avait lue trois ans auparavant. On en a découvert
chez Nietsche, dont le « Zarathustra » renferme des petits détails
provenant à son insu d'un ouvrage de Kerner que le philosophe avait étudié
à l'âge de 12 ou 15 ans. Mais c'est naturellement chez les individus
particulièrement prédisposés aux phénomènes
de dissociation mentale et de dédoublement de la personnalité
que la cryptomnésie atteint son apogée. »
Un exemple classique de la cryptomnésie dans la psychologie normale est
celui du rappel instantané de souvenirs latents, lors d'un violent bouleversement
psychologique tel que celui que peut produire un danger brusque de mort accidentelle
: on a cité des cas où l'individu aurait ainsi vu défiler
devant son esprit tous les événements de sa vie, tous ses actes
et toutes ses pensées, même les plus insignifiantes et les plus
effacées de sa conscience.
La cryptomnésie peut se manifester dans le rêve.
Le cas classique de Delboeuf[3]
est tout à fait caractéristique à cet égard ; dans
un rêve compliqué, il vit entre autres choses, une plante avec
son nom botanique, l’asplenium ruta muraria. Or, Delboeuf ignorait totalement
ce nom ou du moins croyait l'ignorer. Il finit, après de longues recherches,
par trouver qu'il avait feuilleté distraitement, deux ans auparavant,
un album de botanique et qu'il avait sûrement vu là ce nom de plante
et la plante elle-même, auxquels il n'avait jamais songé depuis
lors.
Dans l'hypnose et les états connexes, la cryptomnésie se manifeste
parfois avec une remarquable intensité.
Si le sujet est reporté, spontanément ou par suggestion, à
une époque reculée de sa vie, tous les souvenirs oubliés
reparaissent et le psychisme manifesté est exactement celui que le sujet
avait à cet âge. Les expériences de Janet et celles plus
récentes de de Rochas sur la régression de la mémoire ont
mis le fait en évidence.
Parfois le sujet, dans cet état de régression à un âge
antérieur, fait preuve de connaissances complètes totalement oubliées,
par exemple celle d'une langue apprise dans l'enfance. Pitres[4]
cite le cas d'une malade, Albertine M. qui employait ainsi le patois de la Saintonge,
qu'elle avait parlé seulement dans son enfance. Pendant ce délire
de régression, dit Pitres, « elle s'exprimait en patois, et si
nous la priions de parler français, elle répondait invariablement
et toujours en patois qu'elle ne connaissait pas la langue des messieurs de
la ville ».
On connaît le cas fameux du sujet de Flournoy, qui, dans un état
de somnambulisme médiumnique, parlait en sanscrit, langue qu'il ignorait
totalement, n'avait jamais apprise et dont malgré toutes ses recherches,
Flournoy n'a pu découvrir la source[5]
.
C'est dans le médiumnisme, en effet, que la cryptomnésie se manifeste
dans toute sa splendeur. Elle serait alors la source insoupçonnée
de messages stupéfiants ;
M. Flournoy cite en effet une foule de faits qu'il attribue tous à la
cryptomnésie : médiums décrivant la biographie de personnages
inconnus d'eux mais qu'ils ont pu connaître, à leur insu, par un
coup d'oeil oublié sur un journal ayant donné cette biologie :
médiums parlant des lambeaux d'une langue ignorée, d'eux, simplement
parce que ces lambeaux de phrase leur sont un jour quelconque et oublié,
tombé sous les yeux, etc., etc.
« En somme, conclut Flournoy, le contenu mnésique, quelque soit
d'ailleurs la voie par laquelle il est entré, lecture, conversation,
etc., ressort en automatismes sensoriels (visions, voix, etc.) ou moteurs (dictées
typtologiques, écriture mécanique) ou totaux (transes, incarnations,
personnifications somnambuliques).
Cette diversité, cela va sans dire, se complique encore des broderies
dont la fantaisie du médium entoure souvent des fragments proprement
cryptomnésiques ».
Parmi les exemples donnés par Flournoy, il en est de particulièrement
remarquables. En voici quelques-uns :
Cas Elisa Wood : Mme Elisa Wood, veuve depuis une semaine, reçut la visite
d'une amie, Mme Darel, (l'écrivain genevois bien connu) qui possédait
alors de remarquables facultés médiumniques. Mme Darel lui apportait
« de la part du défunt le message suivant obtenu à sa table
: « dites à Elisa qu'elle se rappelle le lundi de Pâques.
»
« C'était une allusion frappante à un fait connu de M. et
Mme Wood seuls ; il s'agissait d'une promenade faite en cachette de leurs familles,
un certain lundi de Pâques avant leurs fiançailles, et qui leur
avait laissé un souvenir ineffaçable. Cette preuve éclatante
d'identité convainquit Mme Wood, qui ne tarda pas à en avoir une
seconde, encore plus importante, aux séances qu'elle alla faire chez
Mme Darel. M. Wood étant mort assez rapidement après leur voyage
de noce, sa veuve ne croyait pas qu'il eût laissé un testament,
et les recherches qu'elle fit à ce sujet, sur le conseil de ses parents,
restèrent vaines, jusqu'à ce qu'un jour où elle était
avec Mme Darel à la table, celle-ci lui dicta de la part du défunt
: « tu trouveras quelque chose de moi sous une soutasse dans le tiroir
du lavabo ». Elle y trouva en effet une feuille de papier constituant
le document en question. Elle se souvint alors qu'à l'instant de partir
en voyage, son mari l'avait fait attendre un moment et était rentré
sous un prétexte quelconque dans leur chambre à coucher, évidemment
pour y écrire et y cacher son testament.
Or, dit M. Flournoy, rien ne prouve que Mme Darel ou l'un des siens, se promenant
le lundi de Pâques (qui est jour férié chez nous) dans les
environs de Genève, n'ont pas rencontré ou aperçu de loin
le couple des futurs fiancés, et que ce souvenir oublié ne soit
pas l'origine du message qui impressionna tant la jeune veuve ; de même
le second message concernant le testament caché, peut fort bien avoir
eu sa source dans de simples réminiscences et inférences subconscientes
de Mme Wood ».
Cas du curé Burnet :
le sujet de Flournoy, dans l'état second, reproduisit un jour un prétendu
message d'un certain Burnet, curé d'une commune de la Haute-Savoie, mort
depuis un siècle. Les recherches entreprises par le Professeur démontrèrent
l'identité absolue de l'écriture et de la signature du message
avec celles du curé, de son vivant.
Comment expliquer cela ? Le médium, suppose Flournoy, avait passé
un jour, dans son enfance, par la commune qu'avait habitée le curé.
Il avait vu par hasard, (c'est toujours l'hypothèse de Flournoy) sur
un document quelconque, par exemple un vieux contrat de mariage, l'écriture
et la signature du curé. En tous cas, il n'avait pas le moindre souvenir
de ce voyage. Il s'agissait d'un souvenir acquis à son insu et ignoré,
mais intact, qui avait provoqué dans l'état second, cette étrange
et parfaite réminiscence.
A côté de ces exemples remarquables, que les spirites attribuent,
non à la cryptomnésie, mais à des manifestations post-mortem,
Flournoy en donne d'autres, très nombreux qui, sous des allures tout
aussi mystérieuses en apparence, relèvent, à coup sûr,
de la pure cryptomnésie : médiums donnant, comme venant de soi-disant
défunts, des preuves d'identité reconnues, après enquête,
erronées, mais conformes à des clichés parus dans tel ou
tel journal, clichés qui avaient évidemment frappé les
regards du médium, à un moment quelconque, sans éveiller
son attention consciente.
Ce qui frappe particulièrement, dans l'étude de la psychologie
subconsciente, pour peu que l'on mette dans cette étude un peu de sens
philosophique, c'est qu'elle ne répond à aucune loi physiologique
connue : toujours la même question, fatalement, s'impose à l'esprit
du chercheur : pourquoi et comment la portion du psychisme qui constitue ce
qu'il y a de plus important dans le moi est-elle cryptoïde ? Pourquoi et
comment la conscience et la volonté de l'Etre, sans lesquelles il n'y
aurait pas de moi, voient-elles leur échapper la majeure partie de ce
moi ? Le mystère est également profond, qu'il s'agisse de cryptomnésie
ou de cryptopsychie. Il est physiologiquement impossible de comprendre comment
la mémoire consciente, soumise à la volonté et à
la direction de l'Etre est éminemment caduque, débile, infidèle
alors que la mémoire subconsciente, qui ne lui est accessible que par
accidents ou dans les états anormaux ou supra normaux, semble aussi étendue
qu'infaillible.
C'est ce que tout démontre cependant.
Bien mieux, la débilité et l'impuissance de la mémoire
normale sont telles que parfois les connaissances ou capacités subconscientes
qui échappent à la direction du moi paraissent lui être
totalement étrangères et constituent, dans l'individu, comme de
véritables « consciences secondes».
C'est ainsi que surgissent, dans la complexité effarante du subconscient,
non seulement le dédoublement, mais la multiplication de la personnalité.
3° Les altérations de la personnalité
Les problèmes principaux que pose la mise au jour des personnalités
secondes sont au nombre de deux, également ardus :
1° Le problème de la différence psychologique avec la personnalité
normale : différence non seulement de direction, de volonté ;
mais de caractère général, de tendances, de facultés,
de connaissances ; différences tellement radicales parfois, qu'elles
impliquent entre le moi normal et la personnalité seconde opposition
complète et hostilité.
2° Le problème des capacités supra normales, qui sont liées
fréquemment aux manifestations de personnalités secondes.
Or, si les travaux sur les personnalités multiples sont aujourd'hui innombrables
et ont mis en lumière la fréquence, l'importance et le caractère
polymorphe de ces manifestations, ils n'ont rien fait pour la solution de ces
deux problèmes[6].
Ils n'ont réussi qu'à révéler l'abîme qu'il
y a entre les personnalités banales et sans originalité de la
suggestion hypnotique, les altérations psychiques d'origine pathologique
ou traumatique, et les personnalités autonomes et complètes qui
semblent parfois occuper tout le champ psychique du sujet.
Ils ont montré, surtout, l'impuissance totale des explications de la
psychophysiologie classique vis-à-vis des facultés supra normales.
Téléchargement | Bulletin nous écrire | LAgora Spirite |