Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


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I – La vie dans l’au-delà
J'ai signalé dans le texte de cet ouvrage la concordance frappante des différents récits, venus des sources les plus variées et les plus indépendantes, qui nous dépeignent la phase d'existence à venir concordance qui parfois s'étend même jusqu'aux plus petits détails. Quelque variété est apportée à ces récits, lorsque la vision est plus complète et permet d'embrasser une plus vaste surface ; mais toutes les descriptions de cette bienheureuse contrée, à laquelle les mortels aspirent, sont très précises. Depuis que j'ai écrit cet « essai », trois nouvelles relations sont venues à ma connaissance et confirment mes dires : l'une d'elles est donnée par A King's Counsel dans son livre récent : I heard a Voice (Kegan Paul, Editeur), que je recommande aux chercheurs, bien que son auteur ait un penchant prononcé pour le catholicisme, ce qui montre combien nous avons de peine à nous défaire de notre première façon de penser. La seconde de ces relations, intitulée The Light on the Future, est une réunion de messages des plus intéressants sur l'Au-delà, recueillis par un cercle de Dublin aussi sérieux que réputé. La troisième est contenue dans une lettre particulière que m'adressa M. Hubert Wales et est, je pense, la plus instructive.
M. Wales est un investigateur consciencieux et plutôt sceptique, qui a rejeté ses résultats avec incrédulité, il les avait obtenus personnellement par écriture automatique. Ayant pris connaissance de mon étude sur les descriptions de l'Au-delà, il rechercha ses anciens écrits auxquels il avait accordé d'abord si peu d'importance. Voici la teneur de sa lettre :
« Après avoir lu votre article, je fus frappé, presque saisi, par le fait que les communications qui m'étaient parvenues, dans le but de me dépeindre notre sort après la mort, coïncidaient presque dans tous les points avec celles que vous publiez dans votre collationnement de documents, puisés à de si nombreuses sources. Je ne crois pas avoir rien trouvé dans mes précédentes lectures capable d'expliquer une telle conformité ; je n'avais non plus rien lu de ce que vous avez écrit sur ce sujet, et enfin j'avais à dessein évité de lire Raymond et autres productions de ce genre, pour ne pas influencer mes propres résultats ; les Proceedings de la Psychical Research Society ne traitent point, comme vous le savez, des circonstances qui suivent la mort. Quoi qu'il en soit, j'obtins à différentes époques des déclarations (comme le montrent mes notes rédigées au moment même) qui établissent que, dans cette nouvelle période d'existence, les esprits ont des corps qui, bien qu'imperceptibles à nos sens, sont aussi tangibles pour eux que les nôtres le sont pour nous ; que ces corps possèdent les caractéristiques générales de nos corps mortels, mais perfectionnés ; que les esprits n'ont pas d'âge, ne souffrent pas ; qu'il n'y a ni riches ni pauvres ; ils portent des vêtements et prennent des aliments ; ils ne dorment point, quoiqu'ils parlent d'un état de demi-conscience qu'ils appellent sommeil latent, lequel me semble correspondre à peu près à l'état d'hypnose. Après une période, qui est généralement plus courte que la moyenne de la vie ici-bas, ils entrent dans une autre phase d'existence. Les Esprits, de pensées, de goûts et de sentiments similaires, gravitent ensemble ; les époux ne sont pas forcément réunis, mais l'amour se perpétue et est débarrassé des éléments qui, si souvent sur cette terre, nuisent à son parfait épanouissement ; immédiatement après la mort, on passe par un état de repos demi-conscient, comprenant différentes périodes ; ils ne sentent point de douleurs corporelles, mais sont susceptibles d'éprouver quelquefois des anxiétés morales ; une mort douloureuse est « absolument inconnue » ; il n'y a point de différence par suite des croyances religieuses ; enfin l'ensemble de leur existence est excessivement heureuse et ils n'ont jamais souhaité retourner sur cette terre. Je n'ai aucun renseignement précis sur leur « travail », au sens propre du mot ; ils se disent intéressés par des occupations variées ; ce qui, en d'autres termes, signifie la même chose. « Travail », pour nous, veut dire généralement « travailler pour gagner sa vie », et cela, j'en suis absolument informé, n'existe pas chez eux. Ils sont mystérieusement pourvus de tout ce qui leur est nécessaire. Je n'ai pas non plus d'informations sur « un état de pénitence temporaire » ; d'après ce que j'ai recueilli, les Esprits, en quittant ce monde, partent du degré de développement moral et intellectuel qu'ils possédaient et comme leur bonheur est surtout basé sur la sympathie, ceux qui trépassent dans un état moral peu élevé ne peuvent, les premiers temps, pour une période plus ou moins longue, jouir du bonheur d'être aimés et d'aimer ».
Je voudrais encore parler d'un autre petit livre, Do Thoughts Perish ? qui vient précisément de me tomber sous les yeux. Bien que son auteur garde l'anonymat, il a évidemment été écrit par une femme de beaucoup d'expérience et tout à fait supérieure. Les dates des communications prouvent qu'il est de la même époque que Raymond et sans aucun rapport avec lui. Cependant les descriptions des sensations et des expériences des jeunes soldats qui venaient de mourir sont identiques à celles de Raymond. Que pense le critique hostile de la parfaite concordance des récits de deux témoins entièrement étrangers l'un à l'autre ?

 

II – Ecriture automatique
Cette forme de médiumnité, ainsi que je l'ai déjà dit, donne les meilleurs résultats et cependant, par sa nature, elle est susceptible de nous causer d'amères déceptions. Ecrivons-nous de notre propre chef ? Ou notre main obéit-elle à un pouvoir indépendant de notre volonté. C'est seulement par les communications reçues que nous pouvons le savoir, et même alors nous devons faire une large part à l'action des connaissances de notre subconscient. Il est bon, je pense, de reproduire un cas d'écriture médianimique, qui prouve et démontre aux chercheurs que ces messages ne viennent point de la personne qui écrit. Ce cas est cité dans le livre récent de M. Arthur Hill, Man is a Spirit (Cassell and Co, éditeurs) ; il émane d'un correspondant qui déclare se nommer le capitaine James Burton. C'est grâce aux communications de ce médium amateur qu'on a dernièrement découvert, si je comprends bien l'endroit où sont situées les ruines souterraines de Glastonbury.
« Une semaine après les funérailles de mon père, raconte-t-il, j'étais occupé à écrire une lettre d'affaires, lorsque quelque chose sembla s'interposer entre ma main et les centres moteurs de mon cerveau ; ma main traça alors une lettre étonnante, la signant des nom et prénoms de mon père, afin d'attester qu'elle venait de lui. J'étais bouleversé en outre, mon côté droit et mon bras s'étaient refroidis et engourdis. Un an après, ces lettres devinrent fréquentes, me parvenant toujours au moment où je les attendais le moins. Je ne connaissais ce qu'elles contenaient qu'en les examinant à la loupe, car l'écriture était microscopique et elles entraient dans une quantité de détails que j'ignorais totalement.
Je ne savais pas que ma mère, qui habitait à une distance de soixante milles environ, avait perdu le chien que mon père lui avait donné. La même nuit, j'eus une lettre de lui, prenant part à la peine de ma mère et disant que le chien était maintenant près de lui : « Tout ce que nous aimons, et est nécessaire à notre bonheur dans ce monde, nous suit dans celui-ci », me fut-il dicté. Un secret des plus sacrés, connu seulement de mon père et de ma mère, concernant une chose arrivée plusieurs années avant ma naissance, me fut ainsi révélé avec cette recommandation : « Dites ceci à votre mère et elle comprendra que c'est moi, votre père, qui écrit. » Ma mère avait été incrédule jusque-là ; mais quand je lui révélai cela, elle s'évanouit. Les lettres devinrent désormais sa plus grande consolation, car mon père et elle avaient été très unis pendant les quarante années de leur mariage, et la mort de mon père avait été un profond chagrin pour ma mère.
Quant à moi, continue le capitaine Burton, je suis parfaitement convaincu que mon père existe sous sa forme première, comme s'il était encore présent au milieu de nous. Il n'est pas mort, il n'est qu'absent.

J'ai comparé le style et les expressions usitées dans les lettres en question avec ma propre façon d'écrire. J'ai acquis une certaine notoriété en collaborant à des magazines ; il n'y a aucune ressemblance entre ces lettres et les miennes. »
Il y a dans ce cas une évidence plus que complète et je renvoie le lecteur au livre lui-même.

 

III – L’abri chériton
J'ai, quelques pages plus haut, fait allusion à un cas récent de « poltergeist », c'est-à-dire un cas où un esprit malfaisant se signale à notre attention. Ces entités paraissent appartenir à une catégorie peu perfectionnée, et être plus près des conditions terrestres qu'aucune des autres que nous connaissions. Ce matérialisme comparatif les place au dernier degré dans la gradation des esprits, et ne nous fait point souhaiter d'être en rapport avec elles ; toutefois il leur donne une certaine valeur lorsqu'elles se manifestent par ces grossiers phénomènes qui attestent, et nous obligent à constater, qu'il y a plus d'une forme de vies dans l'univers. Ces forces qui confinent à la terre ont, à plusieurs époques et en divers endroits, excité la curiosité générale ; c'est à ce genre de prodiges que se rattachent les persécutions des Wesley à Epworth, le tambour de Tedworth, les cloches de Bealing, etc., qui étonnèrent tout le monde alentour un certain temps ; chacun de ces cas était une agression de ces forces inconnues contre la vie humaine. Puis, presque simultanément, vinrent les événements de Hydesville en Amérique, ceux de Cideville en France, qui furent si frappants qu'ils ne purent passer inaperçus ; ils furent le point initial de ce mouvement moderne qui, se basant sur le raisonnement, partit des plus petites choses pour arriver aux grandes, développa ses conclusions et les mit au point, allant des phénomènes aux messages, pour donner à cette religion les fondements les plus solides que l'on connaisse. Ainsi, malgré leur apparence vulgaire et stupide, ces étranges manifestations ont été fertiles en conséquences et méritent pour cela notre respectueuse, quoique circonspecte attention.
Beaucoup de ces manifestations se sont produites dans ces dernières années, sur plusieurs points du globe ; la presse n'a pas manqué de les relater sur un ton plus ou moins moqueur, convaincue évidemment que l'emploi du mot « revenant » discréditait l'incident et mettait fin à la discussion. On doit remarquer que chacun de ces phénomènes est représenté comme un fait isolé, et que de la sorte les lecteurs ne peuvent point se faire une idée de la force de ces preuves accumulées. Dans le cas particulier de l'abri Cheriton, les faits sont les suivants :
M. Jaques, juge de paix, résidant à Embrook House, Cheriton, près de Folkestone, fit creuser en face de son habitation un abri contre les raids aériens. Il faut dire que sa maison était très ancienne ; une partie provenait d'une fondation religieuse du quatorzième siècle. L'abri fut construit à la base d'une petite falaise et le fond était de grès friable ; travail qui avait été confié à un entrepreneur de la contrée, appelé Rolfe, se faisant aider par un manœuvre. Peu après s'être mis à la tâche, il fut gêné par des jets de sable, qui éteignaient continuellement sa lumière, et par d'autres qui l'atteignaient même en pleine figure. Il pensa d'abord qu'il fallait attribuer ces phénomènes à des dégagements de gaz ou d'électricité, mais ils devinrent si fréquents que sa besogne en était sérieusement troublée ; il s'en plaignit à M. Jaques, qui écouta cette histoire avec une parfaite incrédulité. La persécution continuait cependant et augmentait d'intensité ; c'étaient maintenant des souffles de vent, assez forts pour soulever des pierres et des morceaux de briques, qui passaient devant M. Rolfe et frappaient violemment le mur. M. Rolfe, cherchant toujours une explication physique à ces faits, rendit visite à M. Hesketh, l'ingénieur électricien de la ville. Celui-ci, homme instruit et d'une intelligence au-dessus de la moyenne, se rendit sur les lieux et en vit assez pour se convaincre que le phénomène était réel et tout à fait inexplicable par les lois ordinaires. Un soldat canadien, qui était logé chez M. Rolfe, entendit raconter ce qui arrivait à son hôte ; et après avoir émis l'opinion que ce dernier avait « une araignée dans le plafond » (sic), il visita l'abri où les phénomènes en question se produisirent avec une telle force, qu'il s'enfuit glacé d'horreur. La femme de charge de la maison constata aussi que des briques se déplaçaient sans qu'on y touchât. M. Jaques, dont l'incrédulité avait fondu graduellement devant l'évidence, alla seul à l'abri, quand il n'y avait personne ; il en sortait, lorsque cinq pierres lancées de l'intérieur frappèrent la porte ; il la rouvrit et vit les cinq pierres sur le plancher. Sir William Barrett vint à son tour, mais ne fut témoin d'aucun phénomène le peu de temps qu'il resta sur place. Je fis ensuite quatre visites, d'environ deux heures chacune, sans rien remarquer de particulier, sinon que le nouvel ouvrage en briques était ébréché par les coups qu'il avait reçus. Ces forces mystérieuses négligèrent ceux qui s'occupent de phénomènes psychiques, car elles ne se mirent en frais pour aucun investigateur et cependant on ne peut douter de leur existence et de leurs manifestations, puisque, au moins, comme je l'ai dit, sept témoins eurent l'occasion de les constater ; ces forces laissèrent en effet des traces de leur action, comme d'arracher les pierres qui avaient été nouvellement cimentées pour former le plancher, et en firent des petites piles bien symétriques. La supposition que l'aide-maçon pouvait être l'auteur de tout cela dut être écartée, les faits s'étant produits pendant son absence. Sur ces entrefaites, un physicien visita la grotte et suggéra que tous ces phénomènes pouvaient provenir de l'émanation de gaz de marais, ce qui n'éclaircissait pas la question. Les troubles continuent toujours et le 21 février 1918, je reçus une lettre de l'ingénieur, M. Hesketh, me donnant les détails les plus récents et les plus complets.
Quelle peut être la réelle explication de ces événements ? Il serait difficile de répondre. Tout ce que je puis dire, c'est que j'ai conseillé à M. Jaques de pratiquer des fouilles dans le morne au-dessous duquel il faisait construire son abri. J'ai moi-même effectué quelques recherches aux alentours, et je me suis rendu compte que le terrain en cet endroit a été autrefois bouleversé à une profondeur d'au moins cinq pieds. Quelque chose, autant que je puis en juger, a été enterré là à une date reculée, et il est probable que, ainsi que dans le cas cité au cours de cet ouvrage, il y a une connexion entre cette particularité et les troubles actuels. Peut-être M. Rolfe est-il, sans qu'il s'en doute, un médium physique et que, lorsqu'il était enfermé dans le caveau, ses pouvoirs magnétiques s'y trouvaient accumulés comme dans un cabinet et prêts à entrer en action. Il devait y avoir par hasard, en cet endroit, quelque intermédiaire à qui il plut d'employer ce magnétisme et, de là, la production des phénomènes. Quand M. Jaques vint seul dans la grotte, le pouvoir laissé par M. Rolfe, qui y avait séjourné toute la matinée, n'était pas encore épuisé, ce qui lui valut d'être témoin de quelques manifestations. Voilà mon opinion ; mais il est bon de ne pas être trop dogmatique en pareilles matières. S'il est fait des fouilles systématiques, j'attends un épilogue à cette histoire.
Pendant que ce livre était sous presse, un second cas très remarquable de « poltergeist » m'a été signalé. Je ne puis en révéler les détails, sans trahir le secret qui m'a été confié ; les phénomènes se produisent actuellement. Il est assez curieux de constater que c'est parce qu'un des intéressés avait lu quelques-unes de mes remarques à propos de l'abri Cheriton, que ces derniers faits sont parvenus à ma connaissance, car on m'écrivit immédiatement pour me demander aide et conseil. Je n'ai pas encore pu me rendre sur place, l'endroit étant éloigné ; mais, d'après le compte rendu très complet qui m'a été envoyé, les incidents présentent toutes les caractéristiques qui nous sont si familières, accompagnés au surplus de phénomènes d'écriture directe (dont j'ai sous les yeux quelques spécimens). Deux pasteurs de l'Église anglicane ont essayé sans résultat de faire cesser ces manifestations, qui revêtent parfois une grande violence. Les personnes que poursuivent semblables persécutions apprendront, je pense, avec consolation, que, dans les nombreux cas de poltergeist que l'on a observés, on n'a jamais signalé qu'aucun mal physique ait été infligé à un homme ou à un animal.
Revenant au dernier cas dont je parlais, je dois dire que depuis que ce qui précède a été écrit, un troisième pasteur, possédant quelques notions de sciences occultes, est intervenu ; il a obtenu par des raisonnements et des prières que les mauvais esprits s'abstiennent de tourmenter désormais leurs victimes. Reste à savoir combien de temps les esprits tiendront leur promesse !


 

Fin




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