Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Après avoir passé en revue les principaux phénomènes qui servent de base au spiritualisme moderne, notre résumé serait incomplet, si nous ne disions quelques mots des objections présentées et des théories contraires, à l'aide desquelles on a cherché à les expliquer.

Le spiritisme, a-t-on dit, n'est qu'un ensemble de fraudes et de supercheries. Tous les faits extraordinaires sur lesquels il s'appuie sont des faits simulés.

Il est vrai que des imposteurs ont cherché à imiter ces phénomènes ; leurs ruses ont été facilement découvertes, et les spirites ont été les premiers à les signaler. Dans presque tous les cas cités plus haut : apparitions, matérialisations d'Esprits, les médiums sont liés, attachés sur leur chaise ; fréquemment, leurs pieds et leurs mains sont tenus par les expérimentateurs. Parfois même, ils sont placés dans des cages spécialement préparées à cet effet, cages fermées, dont la clé est aux mains des opérateurs, rangés autour du médium. C'est dans de telles conditions que de nombreuses matérialisations de fantômes se sont produites.

Somme toute, les impostures ont presque toujours été démasquées, et beaucoup de phénomènes n'ont jamais été imités, par la raison qu'ils échappent à toute imitation possible.

Les phénomènes spirites ont été observés, vérifiés, contrôlés, par des savants sceptiques, qui ont passé par tous les degrés de l'incrédulité, et dont la conviction ne s'est faite que peu à peu, sous la pression continue des faits.

Ces savants étaient des hommes de laboratoire, des physiciens et des chimistes éprouvés, des médecins et des magistrats. Ils avaient toutes les qualités requises, toute la compétence nécessaire, pour démasquer les fraudes les plus habiles, pour déjouer les trames les mieux ourdies. Leurs noms sont parmi ceux que l'humanité entière respecte et honore. A côté de ces hommes illustres, tous ceux qui se sont livrés à une étude patiente, consciencieuse et persévérante de ces phénomènes viennent en affirmer la réalité, tandis que la critique et la négation émanent de personnes dont le jugement, basé sur des notions insuffisantes, ne saurait être que superficiel.

Il est arrivé à quelques-uns d'entre eux ce qui arrive souvent aux observateurs inconstants. Ils n'ont obtenu que de faibles résultats, parfois même des résultats négatifs, et ils en sont devenus d'autant plus sceptiques. Ils n'ont pas voulu tenir compte d'une chose essentielle : c'est que le phénomène spirite est soumis à des conditions qu'il faut connaître et observer[1]. Leur patience s'est trop vite lassée. Les preuves qu'ils exigent ne s'obtiennent pas en quelques jours. Les savants qui ont formulé des conclusions affirmatives et que nous avons citées ont étudié la question pendant de nombreuses années. Ils ne se sont pas contentés d'assister à quelques séances plus ou moins bien dirigées et pourvues de bons médiums. Ils se sont donné la peine de rechercher les faits, de les grouper, de les analyser ; ils sont allés au fond des choses. Aussi, leur persévérance a été couronnée de succès, et leur méthode d'investigation peut être offerte en exemple à tout chercheur sérieux.

Parmi les théories mises en avant pour expliquer les phénomènes spirites, celle de l'hallucination tient toujours la plus grande place. Elle a perdu toute raison d'être cependant, devant les photographies d'Esprits obtenues par Aksakof, Crookes, Volpi, Ochorowicz, W. Stead et tant d'autres. On ne photographie pas des hallucinations !

Les Invisibles impressionnent non seulement les plaques photographiques, mais encore des instruments de précision, comme les enregistreurs Marey[2] ; ils soulèvent des objets matériels, les décomposent et les recomposent ; ils laissent des empreintes dans la paraffine chaude. Ce sont là autant de preuves contre la théorie de l'hallucination, soit individuelle, soit collective.

Certains critiques accusent les phénomènes spirites de vulgarité, de grossièreté, de trivialité ; ils les considèrent comme ridicules. Ces appréciations prouvent leur incompétence. Les manifestations ne peuvent être différentes de ce qu'elles eussent été, venant du même Esprit, lorsqu'il vivait sur la terre. La mort ne nous change pas, et nous sommes seulement, dans l'Au-delà, ce que nous nous sommes faits durant cette vie. De là, l'infériorité de tant d'êtres désincarnés.

D'un autre côté, ces manifestations triviales et grossières ont leur utilité : ce sont elles qui révèlent le mieux l'identité de l'Esprit. Elles ont convaincu nombre d'expérimentateurs de la réalité de la survivance, et les ont amenés peu à peu à observer, à étudier des phénomènes d'un ordre plus élevé. Car, nous l'avons vu, les faits s'enchaînent et se lient dans un ordre gradué, en vertu d'un plan qui semble indiquer l'action d'une puissance, d'une volonté supérieure, cherchant à arracher l'humanité à son indifférence, à la pousser vers l'étude et la recherche de ses destinées. Les phénomènes physiques : tables parlantes, maisons hantées, étaient nécessaires pour frapper l'attention des hommes, mais il ne faut voir là que des moyens préliminaires, un acheminement vers des domaines plus élevés de la connaissance.

A chaque siècle, l'histoire rectifie ses jugements. Ce qui paraissait grand devient petit, et ce qui semblait petit s'élève. Aujourd'hui déjà, on commence à comprendre que le spiritisme est un des événements les plus considérables des temps modernes, une des formes les plus remarquables de l'évolution de la pensée, le germe d'une des plus grandes révolutions morales que le monde ait connues.

En ce qui concerne l'étude des manifestations psychiques, les spirites se savent en bonne compagnie. Les noms illustres de Russell Wallace, de Crookes, de Robert Hare, de Mapes, de Zöllner, d'Aksakof, de Boutlerof, de Wagner, de Flammarion, de Myers, de Lombroso, ont été souvent cités. On voit aussi des savants, comme les professeurs Barlett, Hyslop, Morselli, Botazzi, William James, Lodge, le professeur Richet, le colonel de Rochas, etc., qui ne considèrent pas ces études comme indignes d'eux. Que penser, après cela, des accusations de ridicule, de folie ? Que prouvent-elles, sinon une chose attristante : c'est que le règne de l'aveugle routine persiste dans certains milieux. L'homme incline trop souvent à juger les faits d'après l'horizon étroit de ses préjugés et de ses connaissances. Il faut élever plus haut, étendre plus loin ses regards et mesurer sa faiblesse en face de l'univers. On apprendra par là à être modeste, à ne rien rejeter ni condamner sans examen.


[1] Voir Dans l'Invisible, chap. IX et X.

[2] Voir Annales des Sciences psychiques, août, septembre et novembre 1907, février 1909.

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