Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


1ère Partie - Le mystère de notre destinée
Chapitre I - Dieu et la vie

1. La cause première de toute existence
Dieu, Esprit, Créateur, de quelque nom qu’on le désigne, sous quelque forme qu’on le conçoive, demeure, pour tous les croyants, le foyer de la vie, la cause première de toute existence, l’origine de l’être. C’est la source inépuisable du fluide de vie, dont le rayonnement à travers les plans de la création assure à la fois, à toutes les créatures la perpétuation de la vie et l’évolution du germe vital involué dans la matière sous une forme visible.
Dieu, qu’on le croie pur Esprit ou Force, Substance, Intelligence et Puissance, demeure l’éternel, l’inextinguible foyer de la vie, d’où émane la plus infime, comme la plus grandiose manifestation de l’Etre. Foyer si puissant, si ardent, si lumineux, si radiant que l’intelligence humaine ne peut le concevoir dans son ampleur; et foyer dispensateur de toute force, de toute lumière, de tout pouvoir, dans tous les domaines, sous toutes les formes, et que jamais l’âme humaine ne peut embrasser dans sa plénitude.
Dès que l’Esprit humain a découvert ou plutôt pressenti la sublime Vérité de l’Etre Suprême, il se sent subitement inondé d’une telle joie, d’une telle puissance de vie, qu’aucune parole, aucun langage n’en peut traduire la félicité. La conception de Dieu déborde du cadre des possibilités de l’homme à l’état d’incarné.
On n’explique pas Dieu, pas plus qu’on ne peut, à l’état d’incarné, le concevoir dans Sa plénitude, Sa nature. On Le traduit, on Le pressent à peine, sous quelques-unes de Ses manifestations dans le créé.
Du Foyer divin émane incessamment des ondes de vie qui s’épanouissent en cercles concentriques et s’étendent à l’infini, passant en courants vivifiants dans toute la création. Ces rayons premiers, en traversant les plans de plus en plus dense de la substance, puis des fluides, puis de la matière, nous arrivent suffisamment atténués pour que nous n’en, puissions être consumés ni anéantis. Et la vague de vie, sous la forme d’un courant incessant, traverse et vitalise tous les êtres, toutes les créatures, ne dédaignant ni n’oubliant la moindre parcelle créée, la plus infime cellule vivante.
Selon les volontés de l’Intelligence première et érigées en Lois, la vie s’involue pour évoluer ensuite dans la matière, toujours renouvelée, toujours généreuse. Il semble, pour l’Esprit qui peut approcher des plans premiers où s’élabore la vie, que la substance de vie, qui émane du foyer, peut se traduire par : mouvement, lumière, chaleur, forces divines radiantes, dont la triple union fait de la vie.
Ainsi, dans l’Univers créé, le Créateur est présent en chaque créature, jusqu’au plus infime des êtres animés. La matière inerte elle-même, agrégat de molécules, qui nous apparaît comme dénuée de mouvement et de vie, reçoit, elle aussi, une étincelle de l’influx de vie qui la force à se transformer.
Rayon devenant substance, puis fluide et matière, telles sont, pour le voyant, les formes (accessibles à l’entendement humain) de la vie qui émane du Grand Tout, que les croyants appellent DIEU.

2. Le creuset de la vie
Mais le rayonnement porte en lui les qualités et les puissances du Foyer, dont il émane et transmet en partie aux créatures ces qualités et puissances. Le fluide vital a donc, en lui, non seulement la faculté d’assurer le maintien de l’être, mais encore celle de lui apporter la possibilité de perpétuer, de continuer cette vie, de l’enrichir et de l’embellir, selon les modalités du plan où elle se manifeste, d’après des Lois érigées par la Pensée divine.
On peut donc concevoir la création, non comme un tout, à jamais défini et complet, mais comme un immense creuset, où s’élaborent incessamment de nouvelles formes de vie, de nouveaux êtres. Dieu ne crée pas simplement, Il assure encore, à l’infini, dans le temps et l’espace, la perpétuation de la vie qu’Il créa. Et la vie ne peut pas finir, la vie peut se transformer, évoluer, modifier ses formes, ses manifestations, elle ne peut s’arrêter de produire. Car Dieu est l’Etre par définition, et l’Etre n’a pas de limite, ni dans le temps, ni dans l’espace, ni dans la puissance, ni dans le désir de vie. Il est donc juste de dire que Dieu est en tout, partout, et cela, depuis toujours et à jamais, termes qui n’ont, pour l’intelligence humaine, aucun sens véritablement accessible, ni précis.
Mais laissons là ces profondeurs ou plutôt ces altitudes métaphysiques. Pauvres intelligences murées par la chair, dans notre état terrestre, contentons-nous de nous représenter Dieu comme l’immense, l’inextinguible Foyer de la vie, dans son essence, sa pureté, sa virginité impolluée et sans forme accessible à notre intelligence. La plus sûre représentation de Dieu est bien dans la conception d’un astre sans limites, dont le rayonnement incessant et éternel anime la création et dispense à chaque être la puissance de vie.

3. La substance de vie
La matière est la substance de vie concrétisée, c’est-à-dire ayant raréfié ses vibrations jusqu’à l’apparence de l’inertie.
La substance de vie, qui est mouvement, lumière et force, au sortir du Foyer divin, vibre avec une rapidité dont nous ne pourrions, même avec des instruments subtils et perfectionnés, mesurer le rythme; vibrations qui dépassent en rapidité celles de la lumière physique, puisqu’elles sont celles de la Lumière et de la Puissance vitales dans leur essence. Mais cette substance de vie à mesure qu’elle s’involue, pour former des êtres et des formes, à travers les plans de vie, amoindrit le nombre de ses vibrations et devient de plus en plus dense.
Après avoir passé par les états subtils originels, elle prend les formes et les densités des divers éthers, puis des fluides. Chacune de ces essences de vie comporte elle-même diverses densités, selon les plans où elle réside et où elle assure la subsistance, la propagation et la continuité de la vie.
Au sortir des états fluidiques, la substance plastique éthérique comporte tous les états plus ou moins subtils de la matière : gazeux, liquide, etc.
Et les vibrations - qui sont l’expression même du mouvement vital et dont les ondes premières viennent du Foyer central - se ralentissent de plus en plus sans jamais, cependant, cesser ni s’arrêter.

4. La constitution des formes
La vie, sous tous ses aspects, ses multiples formes et son infinité de variétés de types, n’est qu’un perpétuel mouvement. La constitution des formes s’opère par la cristallisation, autour de la cellule vitale originelle, émanée du Foyer central, de toute la substance vitale, vierge encore, de densité correspondante au plan. Cette cristallisation est soumise aux Lois d’un magnétisme cosmique, dont les manifestations prennent de multiples formes et des aspects divers et obéissent aux forces naturelles, tant physiques que spirituelles, dont elles relèvent.
La substance de vie qui peuple l’espace, émane incessamment, en ondes concentriques, du Foyer de vie et, sous l’attraction d’un rayon d’Intelligence, de Volonté divines, d’une Pensée créatrice, une cellule vitale et motrice opère, sur tous les plans, une attraction cristallisante de substance vierge, s’englobant, s’enrobant de cette substance, pour former un être, un corps, une forme, portant en germes les qualités divines de la vie et pouvant donner de la vie à son tour.
Tel est, dans chaque créature, le germe initial de la vie, émanation originelle du Centre créateur.

5. La perfection de l’univers créé
A ne considérer que l’Univers visible, soumis à des lois de relativité qui en amoindrissent la perfection première, tout dénote, cependant, dans cet Univers, la qualité de l’Architecte qui en établit le plan et du Constructeur qui le réalisa. Mais si nous pouvions en sonder la structure secrète, invisible, combien plus nous serions émerveillés de l’Intelligence qui, non seulement présida à son établissement, mais régla les modalités de son évolution, de sa destinée.
Déjà, cependant, devant la multitude des merveilles offertes à la vision humaine, le cœur, l’Esprit de l’homme se sentent, une fois encore, écrasés, anéantis, par la Puissance créatrice et l’Intelligence directrice, que cette multitude révèle.
Depuis l’immensité des océans jusqu’à la miniature de l’insecte, tout indique, dans la création, le fini de la forme, l’ingéniosité de la fonction et son adaptation judicieuse, en un mot : la perfection finale du but. On ne peut, sans l’admirer, observer le plus infime des êtres, dans sa structure, dans ses mouvements et dans sa vie. Chacun des corps de l’innombrable légion des créatures est, à lui seul, un monde de merveilles, où la chimie, la physique, le magnétisme marquent une empreinte, accomplissent une Loi et se fondent en une harmonie dont le but ne varie pas : la vie, toujours la vie. Richesses dans la conception même des formes, puissance dans la réalisation, beauté jusque dans la plus humble créature : tout indique, proclame la qualité du Constructeur et de l’Inventeur : du Créateur.
Encore n’apparaît-il, aux regards humains, qu’un monde imparfait dont les tares ne se voilent guère, tares apparentes à la vision bornée et mal instruite de l’homme, et qui ne sont que l’expression des relativités imposées à la vie inférieure, encore en involution dans la matière.
Mais la splendeur même côtoyant l’indigence, la beauté frôlant la laideur, tout cela n’est-il pas encore le fruit et l’expression d’une Volonté cohérente, intelligente, qui permet aux créatures de mieux comprendre, de mieux apprécier la variété, la multiplicité, l’insondable richesse de la vie ?
Dans le coin de l’univers révélé à l’homme, sur ce pan du grand voile déchiré à ses yeux, déjà s’inscrivent, en caractère flamboyant, la puissance formidable, infinie, l’ingéniosité, la fécondité de l’Intelligence créatrice. Pas un être n’est absolument l’identique d’un autre; et tant de diversités dans les types, les espèces, les races, les genres; tant de fantaisie dans la manifestation d’une même Volonté créatrice ! N’est-ce pas là le signe même d’une intelligence, dont la richesse est infinie et la conception grandiose ?
L’homme n’aperçoit, dans l’Univers créé, qu’une parcelle de la splendeur totale, il n’a qu’un coin de sa perspective. Et, de cette parcelle même, il ne peut ni concevoir le cadre ni réaliser la richesse, la puissance de la multitude qui l’habite ! Car, dans la découverte que l’Esprit humain fit des beautés accessibles à son entendement, il a déjà de quoi être submergé. La légion des mondes accessibles au regard et qui se meuvent dans l’orbite terrestre, l’épouvante, le sidère. Il a peine à réaliser la puissance de la Pensée qui put concevoir, et la grandeur de l’acte qui put créer une telle merveille visible.

6. l’harmonie cachée
La machinerie secrète qui anime cet Univers visible n’est-elle pas aussi une merveille d’harmonie ? Pour que tant de planètes, d’astres, de satellites, tant d’étoiles ou de soleils puissent ainsi vivre, s’animer, se mouvoir, évoluer, quelle peut dont être l’immensité du champ de la vie ? Quelle peut donc être la grandeur de la Pensée créatrice, qui les voulut ainsi ? L’intelligence humaine succombe devant l’énigme de l’Intelligence créatrice !
Et cependant, tout cet Univers accessible à nos sens, toutes ces multitudes, ces milliards de mondes, connus et inconnus, parfois encore nébuleux et informes, tout ce qu’après des millénaires de recherches et d’études, d’observations, l’homme est parvenu à déchiffrer, découvrir, classer, cataloguer; tout cela, encore une fois, n’est qu’une parcelle de l’Infini, qu’un pan du grand Voile d’Isis, où sont inscrits, non pas seulement les mondes formés, mais les univers en formation, les mondes en gestation !
L’homme se sent frôlé de l’aile de la démence ou de celle du génie, lorsqu’il parvient jusqu’à la cime de son Univers terrestre. Il n’en peut plus et son Esprit s’essouffle dans cette ascension infinie, dans l’escalade de ces altitudes, où l’intelligence se perd, se fond dans l’océan de vie. Et, cependant, ce qu’il peut concevoir n’est rien, à côté de ce qui est déjà ou en puissance de devenir !
Le cadre même de la création est un chef-d’œuvre; mais, que dire de l’ingéniosité, de la souplesse, de l’harmonie des Lois qui régissent la vie de cette création ? Une fois de plus, l’homme se sent confondu ; lui qui croit toujours avoir fait la découverte finale, trouve toujours mieux, toujours plus beau !
La physique, la chimie, la biologie, le magnétisme, tour à tour lui ont ouvert des horizons insoupçonnés, des domaines secrets d’une incomparable richesse et dont les révélations s’accroissent chaque jour, lui permettant de croire à l’infini de leurs manifestations. Encore n’a-t-il exploré qu’un petit, tout petit domaine du champ scientifique; d’autres domaines, en multitudes, lui demeurent encore fermés.
Que de merveilles l’avenir encore ajoutera aux merveilles du passé, à celle du présent ! Aucun cerveau humain ne les peut concevoir, ni même oser concevoir ! Mais chacune de ses découvertes confirme à l’Esprit la certitude de l’harmonie et de la vie - la première corollaire de l’autre et, plus il avance sur la vie de la Connaissance, mieux lui apparaît cette Unité créatrice qui est bien la preuve de l’unité du Créateur, mieux lui apparaît aussi cette volonté d’harmonie, issue de la volonté d’amour du Créateur.
Quelles que soient les imperfections qui semblent gâter l’ouvrage du Créateur, imperfections imputables à l’indigence de l’intellect humain, qui ne peut en saisir les nécessités et les buts, l’Univers est bien un Tout harmonieux, dont le mécanisme secret porte la signature du Génie divin. Et, pourtant, notre monde - ne l’oublions pas - se classe parmi les mondes inférieurs, où la relativité est loi de vie et où l’involution est encore, pour la majorité des êtres, la forme vitale !
Comment concevoir, alors, la perfection des mondes supérieurs, de ceux où l’évolution a achevé son cycle et où règne l’Amour, où se manifeste l’Esprit dans la Connaissance?
Comment même pouvoir en imaginer l’harmonie, et quelles peuvent donc être la subtilité et l’intelligence des Lois qui régissent ?
Insondable abîme que l’être humain ne peut côtoyer qu’avec des frissons de crainte et des transports d’admiration, mais qui lui demeure encore interdit, tant qu’il subit la Loi de l’incarnation !

 

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