Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Chapitre XI - Les communications avec l’au-delà

1. Les groupes d’âmes
Comme nous l’avons dit, l’activité des âmes est incessante, d’autant plus utile et féconde qu’elles sont plus évoluées. Groupées selon les lois d’affinité subtile de la communauté d’aspiration et d’idéal, elles obéissent tout naturellement à la plus évoluées d’entre elles, lui confiant les soins de choisir et de répartir la tâche collective et celle de chacune d’elles. Ainsi chaque groupement représente, dans l’univers spirituel, une petite planète, ou plutôt une constellation, où l’activité est réglée selon les pouvoirs, les mérites de chaque âme.
Le groupe tout entier s’attacher à une double tâche : celle de l’étude et celle du service. Tour à tour, elles doivent relater le fruit de leurs observations spéciales et de leurs acquisitions, en même temps que fournir, pour ainsi dire, une part tangible de travail. De temps en temps, quelques-unes se détachent du groupe d’études, pour aller instruire leurs sœurs d’un plan inférieur, mais elles demeurent constamment reliées et en communication directe avec le groupe dont elles émanent, au centre même. Ainsi nos guides ne sont-ils, dans la plupart des cas, que des émissaires d’un foyer spirituel, d’un îlot d’étude, en un mot, d’une Ecole de l’Invisible ; et c’est ce qui nous explique qu’un même médium peut recevoir, sur le même sujet, des messages dont l’allure respective semble totalement différente ou même contradictoire.
Chaque groupe a, pour ainsi dire, une vue spéciale sur l’infini, une fenêtre plus ou moins ouverte sur la Connaissance qu’il a assimilée et adaptée à ses aspirations particulières. Mais riche peut-être déjà le bagage de certain groupe spirituel de l’au-delà, quand il est formé de d’évolués et qu’il possède un Maître pour chef, car, alors, devant lui s’ouvrent de grandes perspectives. Mais il va de soi que ces Maîtres ne peuvent communiquer qu’avec des groupes d’humains évolués.

2. La loi d’affinité
N’oublions pas que la loi d’affinité est, pour ainsi dire, la loi directrice, dominante, des rapports des êtres. Un groupe d’âmes désincarnées ne s’intéressera à nos groupements que selon la progression et la nature de notre altruisme, de notre idéal et ses points de contacts avec les siens. Ainsi la même vérité peut être enseignée et traduite sous plusieurs formes, selon les conceptions des groupes d’études qui enseignent. Mais la condition essentielle, pour communiquer avec un groupe invisible, est une atmosphère d’affinité, et, si nous voulons que les centres initiatiques condescendent à nous détacher un de leurs instructeurs, ils nous faut à la fois une évolution générale très élevée et une ambiance lumineuse, c’est-à-dire une attitude spirituelle de chacun des membres du groupe humain conforme aux Lois d’Affinité.
Plus un groupement reléguera au dernier plan les préoccupations mesquines, égoïstes, ou simplement humaines, plus ses membres communieront dans le désir de servir, de se dévouer et de ne s’instruire que pour cela, mieux le groupement attirera les guides des formations supérieures, et plus il aura de chances de n’enregistre que des messages exacts et de valeur.
Certes, il restera toujours de multiples causes d’erreur, dans les moyens imparfaits de la transmission.
Le médium, quoi qu’il fasse, apporte les échos de sa propre personnalité dans ce qu’il reçoit ou traduit, et, bien souvent, le guide est lui-même influencé ou gêné par tout le fatras d’idées, de conceptions personnelles du médium. Même à l’état d’inconscience, ce dernier demeure soumis à une sorte de réflexion inévitable sur lui-même, de toute sa mentalité ordinaire. Et, à moins d’avoir l’honneur d’incorporer un être des plans supérieurs, ce qui est une rarissime faveur ici-bas, il demeure le sujet à des erreurs, dues à sa propre ambiance.

3. Les relations avec les évolués désincarnés
a - Les manifestations mécaniques
Il est très difficile à des Esprits évolués d’employer des moyens mécaniques pour se manifester et, surtout, pour faire comprendre leurs volontés. Il leur faut :
- revêtir des formes fluidiques assez denses pour se maintenir en contact avec les plans inférieurs ;
- faire un effort douloureux, pour s’incorporer ou agir sur le périsprit du médium, de façon à diriger ses gestes et ses actes ou impressionner directement les objets mécaniques.
Aussi, ces manifestations sont-elles, plus que les autres, sujettes à l’erreur car, très souvent, les Esprits évolués n’ont plus la juste, l’exacte notion de la matière, ni de ses exigences et ne possèdent plus les moyens mécaniques du langage humain. Ils ne font cet effort, réellement difficile et douloureux pour eux, que dans les cas très rares, où il faut donner une preuve frappante, décisive de leur survie et de leur présence. Encore préfèrent-ils le plus souvent la manifestation visuelle et la constitution d’un vêtement fluidique apparent, mais provisoire, dont ils empruntent la substance à un médium puissant et spécialement organisé pour la matérialisation.
b - Le cliché éthérique
D’ailleurs, dans l’apparition, très souvent ils emploient surtout le cliché éthérique, c’est-à-dire qu’ils forment par la projection puissante de leur pensée, une image de la silhouette humaine de leur dernière incarnation, qui les rend reconnaissable à l’assistance ; sans recourir à la matérialisation proprement dite, ils envoient, par ce truchement, leurs messages. Dans ce cas, il leur faut, à proximité, un médium à la fois voyant et auditif, ou tout au moins inspiré, qui enregistre leurs pensées, comme le ferait un poste de radio invisible.
Souvenons-nous que toutes les manifestations d’ordre visuel et matériel exigent toujours un effort gigantesque de la part des évolués, effort qui a le grand inconvénient de leur imposer :
- la constitution d’un vêtement fluidique adéquat ;
- le séjour dans une atmosphère irrespirable, fluidiquement, pour eux ;
- une restriction, une gêne dans leur manifestation, à cause des limites et des relativités du plan terrestre et de l’imperfection des moyens qu’il leur impose.

4. Les médiums clairvoyants
Eux qui sont habitués aux espaces grandioses et lumineux de l’éther, eux qui vivent d’une vie puissante et libérée des moyens mesquins, eux dont l’ordinaire existence est joyeuse, légère, subtile, ils ne savent plus ou ne peuvent que difficilement s’astreindre de nouveau aux contingences de la chair et demeurer dans l’ombre si épaisse des fluides terrestres. Ils préfèrent de beaucoup, pour instruments de leurs messages, des médiums clairvoyants, dont l’âme est capable d’accéder au plan mental supérieur et d’enregistrer directement les ondes fluidiques de ce plan.
Alors, pour eux, la communication se mue en un entretien facile, fécond, harmonieux, où l’élève docile enregistre et traduit plus fidèlement, plus exactement leur volonté et leurs enseignements. Car la descente d’une âme évoluée dans le plan terrestre comporte de très gros risques et entraîne, non seulement une fatigue et une souffrance pour elle, mais, pour un certain temps, la perte ou l’amoindrissement de ses facultés spirituelles supérieures, qui ne peuvent s’exercer, en leur plénitude, dans une atmosphère fluidique inférieure. A l’issue d’une matérialisation ou d’une incorporation, l’évolué ressent une sorte de courbature spirituelle, annihilant pour un temps sa puissance.
Nous ne pouvons mieux comparer la descente d’une de ces âmes dans un corps ou même simplement dans l’ambiance humaine, qu’à la descente d’un oiseau habitué à la liberté des airs, à l’infini du ciel et à la pureté de l’azur, dans les profondeurs glauques de l’océan ou dans celles plus obscures encore des entrailles de la terre. Il y serait vite asphyxié.
Concevons alors, par cet exemple, en imaginant les souffrances du voyageur ailé, celle de la céleste messagère, habituée aux espaces intersidéraux, à la griserie de la lumière et à la beauté des séjours spirituels.

5. La neutralité du médium
Le cerveau n’est qu’un miroir, certes, mais un miroir qui garde pendant longtemps l’empreinte des reflets qui enregistre. Et, bien souvent, les guides sont obligés d’user d’images ou de comparaisons, pour nous faire comprendre leurs désirs ou leurs idées, parce qu’il leur est impossible d’imprégner le mental du médium de l’idée directe, tant celui-ci est surchargé de conceptions personnelles, fausses ou plus ou moins exactes, sur le sujet. La neutralité complète du médium est, certes, difficile à réaliser ; il lui est à peu près impossible, même à l’état de sommeil, d’oublier complètement sa vie mentale et d’en effacer l’empreinte dans son cerveau.
Toute idée, toute pensée, surtout souvent répétée, prend forme, une consistance fluidique, dont l’empreinte se fixe dans le périsprit, c’est-à-dire le miroir à mille face qui enveloppe l’Esprit, et c’est par ce miroir que se communiquent au cerveau les suggestions de l’intérieur. Ne nous étonnons donc point de retrouver, dans les messages, les préoccupations ou les opinions personnelles du médium. Il faut, de la part de celui-ci, une véritable gymnastique mentale, pour parvenir, par la concentration profonde sur l’unique point envisagé, à faire le vide dans son cerveau et à neutraliser toute influence personnelle.

6. L’influence de l’entourage
En outre, il est toujours plus ou moins influençable par les conceptions et l’activité mentale des assistants  qui, même à leur insu et contre leur volonté, dégagent des rayonnements particuliers ou contradictoires vers lui. Le médium étant, par définition et en fait, l’intermédiaire entre les Esprits, enregistre involontairement toute suggestion mentale ou simplement ambiante étrangère.
C’est pourquoi le travail de nos groupes serait beaucoup plus utile et offrirait plus de garanties d’exactitude et de précision si, au début de la réunion, après l’appel aux bonnes forces, tous concentraient leur Esprit sur le point essentiel à éclaircir. La plupart du temps, aucune direction, aucun but précis n’est fixé à l’activité du médium. Il erre dans les plans invisibles, à la recherche des instructions, quêtant à droite, à gauche, le message ou la suggestion. Et, dispersant ses efforts, non seulement il se fatigue davantage et plus vite, mais il ne peut espérer obtenir l’unité et la cohésion de son travail. Tandis que si la demande collective d’un éclaircissement quelconque sur la doctrine, la philosophie ou l’avenir, conserve, dans l’Esprit et le cœur des assistants, sa première direction et sa première impulsion, il y a beaucoup de chances pour que le message ait une tenue supérieure et une réelle unité de conception.

7. La concentration de l’Esprit
La concentration sur un sujet quelconque doit nous apporter inéluctablement des lumières sur ce sujet, nous donner des vues nouvelles et nous faciliter la compréhension des grandes Lois qui régissent la création. Si nous demeurons encore, malgré les multiples efforts des guides, si ignorants, si peu documentés, si sceptiques même, sur les graves problèmes de l’au-delà, et si indifférents aussi à cette activité invisible qui nous entoure  et nous influence, c’est que nous n’avons ni méthode, ni but précis, ni unité de direction dans notre travail d’investigations psychiques.
Bien souvent, il faut au guide une angélique patience et un surhumain effort, pour parvenir à faire entendre et enregistrer la millième partie de ses idées. Il doit, parfois même, ruser pour se faire comprendre. Parfois encore le cerveau du médium semble complètement obnubilé par des idées préconçues et, alors, c’est une véritable lutte entre lui et les guides.
La pureté, la précision de nos communications dépendent, en grande partie :
- de l’ambiance générale ;
- de l’unité de direction donnée aux préoccupations de l’Esprit.

8. Le vocabulaire mental
Une autre difficulté reste à résoudre avec des médiums de culture inférieure : le vocabulaire. Et, bien souvent, les guides ne peuvent s’exprimer, par suite de la pénurie du vocabulaire du sujet. C’est pourquoi, la encore, tant et tant de fois, il se résigne à employer l’image qui demeure, bien souvent, un moyen plus précis de fixer, dans le cerveau, leur désir ou leur volonté.
Peu à peu, le médium le plus ignorant, le moins expert, s’habitue à la lecture des images et à leur traduction presque littéral, et, bien souvent, il obtient, par ce moyen, des précisions plus certaines que par le langage direct, l’inspiration ou l’audition, toujours sujettes à erreurs, par suite de la nécessité d’en emprunter les matériaux de traduction au propre cru du médium.
Mais, en résumé, les séances seraient beaucoup plus intéressantes et plus fécondes, si les assistants se donnaient la peine de fixer leur désir sur un point précis, de concentrer leur attention sur une notion à acquérir, une vérité à éclaircir, puis, par l’élévation de leur âmes, constituaient une ambiance capable d’attirer, même passagèrement, les guides supérieurs.
Enfin, il serait désirable que le médium prît l’habitude de neutraliser, par une concentration profonde sur le point indiqué, ses propres conceptions et idées à ce sujet. On verrait, alors, la précision, la netteté, la hauteur remplacer, dans les messages, l’incohérence, l’imprécision, le vague et la banalité, si commune dans ce que nous appelons les « communications ».

 

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