Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


Chapitre IX - Manifestations et formes de la médiumnité

1. Le sixième sens
La médiumnité comporte, en somme, un sixième sens, plus complet et plus subtil que les sens corporels. Ce sens est en général synthétique, c’est-à-dire, donne la possibilité de perception multiples dans plusieurs domaines extra-sensoriels.
Un médium peut, en général, à la fois, voir, entendre, sentir, à des degrés différents, certes mais sa médiumnité peut se développer sous trois ou quatre formes. Dans la pratique, une forme seulement s’intensifie, se perfectionne. On dit, alors, que le médium est « voyant », ou « auditif » ou « sensitif ».
Ces formes sont l’expression des facultés médiumniques ordinaires et requièrent la participation obligatoire de guides et entités invisibles.
L’inspiration ou la clairvoyance directe sur les plans invisibles, implique une faculté supérieure, distincte de la médiumnité ordinaire. C’est un don psychique et spirituel initial personnel ; c’est le pouvoir de pénétration directe et celui de la réceptivité, des ondes d’Intelligence divine. Ici, les facultés intellectuelles et mentales prennent part au travail d’assimilation nécessaire.
Dans le cas ordinaire, le médium est presque toujours un instrument passif, subissant et enregistrant les influences invisibles. Dans le second, il est actif et fait un travail personnel, psychique, intense de prospection, à l’aide de ses antennes invisibles sur les plans supérieurs.
En fait, les deux moyens d’investigation se confondent et se complètent, dans la pratique ordinaire, et un médium développé peut, à la fois, recevoir et subir, agir et investiguer. Dans la première forme, il est davantage l’instrument des entités invisibles et leur interprète; dans la seconde, il est leur correspondant direct, leur « interlocuteur », pourrait-on dire.

2. L’investigation directe
Il est évident que cette seconde forme est préférable. Elle présente, avec un médium développé et évolué, de sérieuses garanties de véracité et d’exactitude, puisque le médium va à la source même puiser les enseignements et les directions.
Mais il est également évident que cette forme-là exige une évolution supérieure, tant morale que spirituelle, car elle est le fruit d’un long passé de travail et de « service », et n’est accordée qu’au vrai « serviteur », en vue de fins nobles et altruistes. La grande loi de l’évolution joue implacablemet : pouvoirs et dons psychiques sont le fruit de l’évolution spirituelle, et, au fur et à mesure que l’âme gravit le « sentier », souvrent graduellement, à elle et en elle, les portes de la connaissance.
Cependant, sur un plan plus modeste, le médium ordinaire, qui a vue sur tout l’astral, peut déjà recevoir et transmettre une part importante de la connaissance. Instrument plus frustre, certes, mais déjà exercé, il peut-être un excellent truchement des instructions des « invisibles », qui, eux, doués des pouvoirs psychiques (vision, audition supérieures) peuvent ainsi, par son intermédiaire, enseigner aux hommes les grandes vérités spirituelles.
Ce qui importe à la médiumnité, quelle que soit sa forme, c’est de se consacrer en totalité au « service ». Elle peut, alors, être vraiment un instrument de vérité et de bonheur pour l’humanité.
Nous ne voulons pas, ici, entrer dans le détail des formes de la médiumnité ; elles sont nombreuses, variées, et, en général, se rencontrent multiples chez le même médium. Cependant, à l’ordinaire, une seule forme prédomine et c’est celle-là qu’on développe plus facilement, donc plus couramment.
Mais, avec un peu d’exercice et de pratique, un médium voyant peut aussi entendre; un médium écrivain, entendre et voir ; un médium à inspiration, voir, entendre, etc. La médiumnité est plus une synthèse des sens internes qu’un sens déterminé, c’est un état psychique, une façon d’être intime, qui possède des antennes et des fenêtres ouvertes sur l’invisible, qu’il peut investiguer par de multiples moyens et dans de multiples directions.
On peut donc classer les états médiumniques en trois séries : 1° médiumnité mécanique ; 2° médiumnité semi-mécanique ou semi-consciente ; 3° médiumnité consciente, qu’il serait plus exact de qualifier de faculté psychique (la clairvoyance, principalement).
Beaucoup de médiumnités peuvent s’exercer dans la conscience, mais il en est d’autres qui entraînent l’inconscience et qui sont absolument mécaniques. Elles débutent par l’entransement, perte momentanée de la conscience et de la personnalité spirituelle. L’incorporation en est la forme la plus complète, avec la matérialisation (l’écriture mécanique, qui emprunte souvent une part de conscience, l’est déjà moins).

3. Médiumnité mécanique
Ceux qui fréquentent les cercles spirites savent que le médium devient, à la lettre, l’instrument docile de l’entité étrangère qui l’incorpore, qu’il ne s’appartient plus et que, pour un temps donné, il a prêté son corps, son cerveau et ses enveloppes psychophysiques (sympathiques et nerveuses) à un intrus. C’est cette personnalité qui parle, agit, se meut par le truchement du corps du médium et si ce sont encore la voix, les membres du médium qui fonctionnent, ce n’est plus son Esprit qui commande, et il a abandonné sa personnalité, pour le temps de l’incorporation, et il est tout simplement le logis et le serviteur d’un autre. L’incorporation est toujours précédée d’un phénomène de transe, c’est-à-dire de prise de possession du corps du médium par une entité consciente fluidique, désincarnée ou extériorisée. Quelquefois, l’incorporation n’est qu’à demi réalisée par une sorte de sommeil hypnotique où le médium demeure le truchement ou le messager des entités. La matérialisation est un autre phénomène de cette première série de médiumnités mécaniques. Là, le médium ne prête plus son corps entier, il en prête seulement la substance fluidique, plastique, qui permettra à une entité de se créer un vêtement et de se matérialiser. Tous les éléments, ainsi que la puissance dynamique, que l’entité emploie momentanément, elle les emprunte au médium. Dans ce cas, le médium entransé, réduit souvent à l’état cataleptique, n’a ni conscience ni souvenir de ce qui se passe. Ce n’est que, plongé dans un profond sommeil hypnotique (soit par l’entité elle-même, soit par un magnétisme étranger) qu’il peut extérioriser ses fluides et les prêter. Ce phénomène est contrôlable par les mesures humaines : un médium entransé perd de son poids - justement celui de la substance fluidique, nommée ectoplasme par certains psychistes, et qui permet la formation temporaire d’un autre corps fluidique, dont l’entité a besoin pour se manifester. Parfois, les matérialisations consistent en des apports nécessitent simplement un emprunt de force, pour transporter des objets (fleurs, papiers, meuble, etc.) à distance. Mais, parfois aussi, elles exigent un travail occulte très puissant, consistant, à l’aide de la force empruntée au médium, dans la dématérialisation, puis la reconstitution d’un objet qui, d’une pièce passe à travers les cloisons dans une autre, ou provient d’une source lointaine inconnue. Le médium n’est, dans cette circonstance, qu’un simple réservoir de fluides, où l’entité invisible puise les éléments dynamiques du phénomène. Dans ce genre de phénomènes, on peut placer aussi les lévitations, les coups frappés, les tables tournantes, etc., moyens inférieurs, d’ailleurs, de correspondre avec l’au-delà,  moyens qui ne relèvent que du plan astral et qui s’inscrivent aux derniers échelons du phénomène spirite. Ce travail tient beaucoup plus de l’occultisme que du psychisme, et les étudiants en occultisme connaissent très bien le mécanisme et les lois de ces phénomènes, qui peuvent, en certains cas, du reste, se réaliser sous la puissance de la volonté, sans aide médiumnique quelconque, à condition d’en connaître le dynamisme secret.

4. Médiumnité semi-mécanique
Les médiumnités dites "semi-mécaniques" ont besoin, pour s’exercer, de certains accessoires: oui-ja, crayons, ardoises. Les médiums voyants emploient aussi les cartes, le verre d’eau, les épingles, le marc de café, les taches d’encre, etc. Mais ces divers accessoires n’ont par eux-mêmes aucune propriété médiumnique ni psychique, tout au plus sont-ils un moyen mécanique d’aider la concentration (qui précède toujours, ou à peu près, l’état médiumnique) ou de réaliser la manifestation. En fixant du regard le verre, la boule de cristal, etc, ils aident à la concentration : en donnant une signification conventionnelle à certains signes, à certaines cartes, le médium en fait des instruments indicatifs, mais qui n’ont par eux-mêmes aucune influence sur la faculté psychique de voyance, faculté qui peut s’exercer, d’ailleurs, sans aucun accessoire.
Naturellement, nous exceptons ici, la psychométrie, sorte de radiesthésie mentale, à laquelle nous consacrons, ci-après, un chapitre spécial.
Parmi les médiums semi-mécaniques, il faut compter les médiums artistes : musiciens, peintres, dessinateurs et les médiums polyglottes, qui, sous une influence occulte, sans qu’il y ait, cependant, incorporation, dessinent, peignent, composent et parlent des langues étrangères (talents qui leur sont inconnus à l’état ordinaire).
On a vu des médiums composer, à l’aide d’instruments, des morceaux de musique magnifiques, peindre des tableaux à qui un connaisseur reconnaît une valeur, ou parler et chanter dans une langue dont ils ne possèdent pas le premier élément, à l’état habituel. Il est évident qu’ils sont inspirés, conduit par des entités, grandes artistes elles-mêmes ; et souvent il est même possible de reconnaître le style musical, la facture, la méthode d’artistes célèbres désincarnés.
Bien souvent même, les artistes de théâtre sentent auprès d’eux une présence invisible qui les inspire et leur infuse un talent exceptionnel portant l’empreinte d’un grand artiste décédé.
Les vrais artistes, d’ailleurs, sont médiums et ils concèdent qu’ils ne peuvent produire à volonté et qu’il leur faut, pour créer, un état spécial d’extériorisation, de transe ou d’extase, caractéristique de l’état médiumnique.

5. Médiumnité consciente
Dans cette troisième catégorie, nous plaçons l’inspiration, la dictée invisible, l’audition et surtout la clairvoyance.
Cette dernière n’est pas, à proprement parler, une forme de médiumnité, ou, tout au moins, n’emprunte à celle-ci qu’une partie de ses éléments. Elle est constituée par une faculté spéciale, un sens psychique complet par lui-même, et qui peut s’exercer sans le secours des entités invisibles. Elle permet l’investigation volontaire des plans invisibles (astral ou spirituels) des plans matériels et la perception des clichés fluidiques. Elle demeure toujours consciente et s’exerce à volonté, précédée, d’une concentration mentale. Sur l’écran éthérique et perceptible seulement au mental, se déroule le film invisible, dont les antennes psychiques du clairvoyant captent les épisodes. C’est, en somme, une sorte de radiesthésie mentale n’empruntant rien ou presque rien à la médiumnité ordinaire, une sorte de rayon X pouvant pénétrer même la matière. Elle rend de grands services dans le diagnostic des maladies, par la prospection du corps humain.
Cependant, très souvent, à la clairvoyance se mêle un apport médiumnique, c’est-à-dire que les guides ou entités aident le percipient à déchiffrer les clichés et, au besoin par audition, lui en donne l’explication. La clairvoyance proprement dite demeure sur le plan de la conscience ; c’est une faculté personnelle plutôt qu’une médiumnité, et qui sera l’apanage certain de l’humanité évoluée.
Cette faculté est complétée par un travail cérébral de traduction et d’interprétation, puisque le clairvoyant doit exprimer ce qu’il voit. Et il est évident qu’il lui faut une grande expérience, jointe à une intuition affinée, pour traduire avec précision et exactitude ce qu’il n’aperçoit qu’en images ou clichés, ou tout au moins sous une forme fluidique.
L’inspiration, qui se complète parfois d’une dictée invisible, consiste en une sorte de radio psychique. C’est une semi-médiumnité car, là aussi, le récepteur est conscient et participe, par un travail cérébral et mental, à la traduction du message reçu.
Très souvent, cependant, l’audition s’unit à l’inspiration, et il n’est pas rare que des phrases entières soient écrites sous la dictée mentale d’une entité, guide ou Maître, qui veille sur le travail d’un élève, le dirige et lui facilite le perception et la réception des ondes psychiques, constituant le message télépathique.

6. Médiumnité guérissante
Nous avons réservé une place spéciale à cette forme de médiumnité, car elle est peut-être celle qui répond le mieux au but suprême de l’exercice médiumnique : le service de l’humanité, par le soulagement des maux humains.
Le guérisseur reçoit directement, par le truchement de ses centres psychiques, les ondes spirituelles, sous forme de fluide vital curatif. Il est l’instrument des forces bienfaisantes ; c’est pourquoi c’est aussi un médium. Mais, au lieu de traduire les volontés et les pensées des entités, il en reçoit et transmet les forces directes, qu’il assimile et projette sur les malades.
Comme chez le médium ordinaire, c’est par son grand sympathique, doué particulièrement d’un dynamisme d’accumulation et de projection fluidique, qu’il transmet ces forces. Il est le canal bienfaisant drainant les fluides supérieurs, non pour les conserver, mais pour les distribuer à ses frères malades.
Comme tout médium, il emploie la concentration et la prière comme moyen d’appel et il sait que son pouvoir doit être employé exclusivement au « service », qu’il ne doit jamais viser un but égoïste ou mercantile, et qu’il aura à répondre de son exercice devant le tribunal spirituel.
La vraie médiumnité guérissante est, comme les médiumnités supérieures, le fruit de l’évolution et l’acquis des existences antérieures, récompense des efforts faits dans la voie du progrès et de l’altruisme, réalisation du grand désir de « servir », qui doit toujours en être l’origine et la fin.

7. Médiumnité radiesthésique
a) La psychométrie
Dans ce recueil, consacré tout entier à la médiumnité et surtout à la mise en valeur de son caractère de spiritualité et de « service », nous nous devons de faire une place spéciale, à côté de la médiumnité guérissante, à son auxilliaire la plus précieuse et la plus immédiate : la psychométrie, puisque, par celle-ci, le voyant peut aider au diagnostic de la maladie et diriger les soins du guérisseur, avec plus de précision et de sûreté, vers les points déficients ou malades de l’organisme.
Le mot « psychométrie » signifie littéralement : mesure de l’âme mais, dans la pratique, cette mesure s’étend, non seulement à l’âme, mais au corps et au caractère - et plus encore - à l’ambiance fluidique et à l’avenir.
En quoi consiste la psychométrie et quels en sont le principe, les procédés, les résultats ?
La faculté de psychométrie est, sans contredit, une forme de la médiumnité ou plutôt une faculté psychique supérieure ressortissant de la clairvoyance, puisqu’elle peut s’accomplir dans la conscience. A l’aide d’un objet touché ou fluidifié par une personne, c’est-à-dire ayant subi un contact prolongé, ou encore d’une mèche de ses cheveux, le psychomètre peut retrouver, en les touchant, les fluides du possesseur et en faire l’analyse : fluide corporel qui lui permet de détecter l’état de santé, les déficiences ou les affections organiques; fluide mental qui lui découvre l’état mental, le caractère, l’intellectualité, du détecté ; fluide psychique qui lui révèle l’état d’évolution, les facultés supra-normales, la sensibilité psychique, etc., de la personne prospectée.
Il se crée, par l’intermédiaire de l’objet fluidifié, entre l’opérant et le détecté, un lien invisible, un contact fluidique, qui permet au clairvoyant d’investiguer psychiquement et à distance la vie de son correspondant. Il le rejoint par la vision interne et peut l’examiner à loisir - corps, coeur, âme - et, pénétrant encore plus loin, détecte aussi son ambiance.
Enfin, si le psychomètre est très doué, s’il a la faculté de clairvoyance affinée, il peut lire dans cette ambiance invisible les clichés d’avenir - tout au moins les grands jalons de la destinée - et retrouver aussi les empreintes fluidiques du passé et du présent.
Prodige inconcevable : une mèche de cheveux, dans la main du psychomètre, peut révéler le mystère de toute une vie et aider le guérisseur, par le diagnostic, à diriger ses soins !
Forme certainement supérieure de la médiumnité, la psychométrie peut apporter une aide efficace au traitement médical et, par cela seul, mérite une place d’honneur dans la hiérarchie médiumnique, puisqu’elle concourt au soulagement des maux humains, au service et au progrès de l’humanité, par les indications précieuses qu’elle peut offrir au médecin de l’âme et du corps.

b) Comment procède le psychomètre ?
Plaçant l’objet fluidifié - cheveux, ou lettre, linge, vêtement, tissu, papier, etc. - entre ses mains, il se concentre par une prière, un appel aux bonnes forces. Puis, les yeux fermés (pour aider à la concentration), il se met en contact avec le détecté, à l’aide du lien fluidique créé par l’objet. Telle une lampe de rayon X, il investigue, avec sa vision interne, l’ambiance, les fluides, et la personne elle-même. Il en détecte, alors mentalement, le « potentiel » fluidique, ses caractères, ses déficiences, ses facultés, etc.
Un bon psychomètre peut, par ce procédé, obtenir des révélations si justes, faire des découvertes si surprenantes sur la vie, la santé, l’avenir de quelqu’un, qu’on serait tenté de crier au miracle, si l’on ne savait que les puissances secrètes de l’homme sont infinies, bien qu’à peine reconnues, explorées ou défrichées par la science actuelle.

 

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